Qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui? 2 A l’image de Dieu il les créa

Genèse 1, 26-27 Dieu dit : « Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance. Qu’il soit le maître des poissons de la mer, des oiseaux du ciel, des bestiaux, de toutes les bêtes sauvages, et de toutes les bestioles qui vont et viennent sur la terre. » Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, il les créa homme et femme.

L’interprétation classique A la suite de saint Augustin et de saint Thomas les théologiens ont estimé que c’est en raison de son âme raisonnable que l’homme est dit être créé à l’image de Dieu L’âme raisonnable est donc une image invisible du Dieu invisible Tout cela est juste mais insuffisant et ne donne pas au corps la place qui lui revient

Genèse 2,18-20 Yahweh Dieu dit: " Il n'est pas bon que l'homme soit seul; je lui ferai une aide semblable à lui. »Et Yahweh Dieu, qui avait formé du sol tous les animaux des champs et tous les oiseaux du ciel, les fit venir vers l'homme pour voir comment il les appellerait, et pour que tout être vivant portât le nom que lui donnerait l'homme. Et l'homme donna des noms à tous les animaux domestiques, aux oiseaux du ciel et à tous les animaux des champs; mais il ne trouva pas pour l'homme une aide semblable à lui.

La dignité de l’être humain Le récit de la genèse nous parle ici de l’être humain en général. Qu’il soit homme ou femme, l’être humain a conscience d’être « à part », d’être différent des animaux. Le pape Jean-Paul II souligne l’importance du corps qui permet à l’être humain de se sentir « à part ».

Le corps rend visible le mystère de l’homme Ce mystère de l’homme est double Tout d’abord l’homme a la conscience de son identité et dispose du pouvoir de se déterminer par lui-même. En d’autres termes il a une dimension spirituelle Mais de plus l’homme est en relation avec Dieu. Il est le partenaire de l’alliance avec Dieu:

La dignité de la personne humaine L’être humain est une personne. Il se distingue des animaux parce qu’il a conscience de son identité et de sa liberté. C’est cela qui constitue sa dignité Séparé des animaux, il prend conscience de sa relation avec Dieu. Mais cette relation ne lui permet pas de traiter d’égal à égal avec Dieu. Il découvre que Dieu est bien au dessus de lui

Comment comprendre cela? Pour comprendre la pensée de Jean-Paul II et pour en percevoir la justesse, nous pouvons utiliser notre schéma Le corps manifeste en effet la vie intérieure de l’homme

De l’intérieur vers l’extérieur Cœur Raison Sensibilité supérieure Sensibilité inférieure Corps Manifestation de la vie intérieure La personne exprime ce qu’elle ressent Ce qu’elle pense Ce qu’elle désire Action sur le monde extérieur

Mais en manifestant le cœur de l’homme, le corps manifeste aussi ce Dieu avec qui l’homme est en relation

L’homme avant la chute Trinité présente au cœur de l’homme Père Esprit Fils Trinité présente au cœur de l’homme Raison éclairée par Dieu Sensibilité pacifiée Sensibilité soumise à la raison Corps bien gouverné

Ainsi, non seulement le corps n’est pas étranger à l’image de Dieu, mais il est ce qui rend visible le spirituel et le divin « Le corps en effet et seulement lui est capable de rendre visible ce qui est invisible: le spirituel et le divin. Il a été créé pour transférer dans la réalité visible du monde le mystère caché de toute éternité en Dieu et en être le signe visible » TDC 19,4

Que veut dire le mot « image »? Toute cette réflexion nous conduit à nous demander ce que nous voulons dire au juste quand nous parlons d’image. Pour y voir plus clair nous pouvons remarquer que ce mot traduit deux mots grecs le mot idole et le mot icône

L’idole et l’icône Dans la langue moderne façonnée par le christianisme l’idole évoque un culte païen qui est condamné et l’icône une vénération chrétienne qui est encouragée. Mais il est intéressant de comprendre ce que ces mots signifiaient dans la langue grecque classique.

Dans le grec classique L’idole c’est l’image que l’on regarde pour elle-même. L’icône c’est ce qui fait signe vers autre chose Ainsi on peut parler d’icône en plusieurs sens 1°) L’image visible d’une chose visible 2°) L’image invisible d’une chose invisible 3°) La manifestation visible d’une réalité invisible 4°) L’indication d’une autre chose

Faisons l’homme à notre image Dans le texte de la genèse ceux qui ont traduit le texte hébreu en grec ont utilisé le mot « icône » Puisque Dieu est invisible, on ne peut pas comprendre ce mot dans le sens « image visible d’une chose visible » Selon l’interprétation classique ce serait l’âme invisible de l’homme qui serait à l’image du Dieu invisible

Une interprétation nouvelle Jean-Paul II veut donner toute son importance au corps. Il comprend le mot image au sens de manifestation et d’indication. Le corps permet la manifestation visible de la vie spirituelle. Le corps indique de façon visible Dieu comme partenaire de l’Alliance.

TDC 6, 2 Cet homme qui, selon le récit du premier chapitre de la Genèse a été créé « à l'image de Dieu », se manifeste dans le second récit comme sujet de l'Alliance, c'est-à-dire un sujet constitué comme personne, constitué à la dimension de « partenaire de l'Absolu »[…] A travers sa propre humanité, à travers ce qu'il est, il est en même temps constitué en une unique, exclusive, irréductible relation avec Dieu lui-même.

La relation homme/femme Le texte de la genèse commence par nous parler de l’être humain en général. Il nous manifeste le caractère propre et la dignité de l’être humain indépendamment du fait qu’il soit homme ou femme. Puis le texte prend une orientation nouvelle. Il nous montre la différence et la complémentarité de l’homme et de la femme Remarquez l’importance du corps pour la compréhension de la relation homme/femme

Genèse 2, 21-25 Alors le Seigneur Dieu fit tomber sur lui un sommeil mystérieux, et l’homme s’endormit. Le Seigneur Dieu prit une de ses côtes, puis il referma la chair à sa place. Avec la côte qu’il avait prise à l’homme, il façonna une femme et il l’amena vers l’homme. L’homme dit alors : « Cette fois-ci, voilà l’os de mes os et la chair de ma chair ! On l’appellera femme – Ishsha –, elle qui fut tirée de l’homme – Ish. » À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu’un. Tous les deux, l’homme et sa femme, étaient nus, et ils n’en éprouvaient aucune honte l’un devant l’autre.

Le couple humain à l’image de Dieu Ce n’est pas seulement l’être humain en général qui est à l’image de Dieu. Il faut dire avec Gn 1,27 que le couple homme femme est à l’image de Dieu En effet l’homme et la femme sont appelés à vivre une communion de personnes « L'homme est devenu image et ressemblance de Dieu non seulement par sa propre humanité mais aussi par la communion des personnes, que l'homme et la femme forment dès le début. » TDC 9, 3  Et il est clair que la communion personnelle de l’homme et de la femme se situe aussi bien au plan corporel visible qu’au plan spirituel et invisible

La grandeur de la sexualité humaine La sexualité n’est donc pas étrangère à l’image de Dieu. Par le sexe le corps reçoit une « signification conjugale ». Jean-Paul II veut dire par là que le sexe d’une personne humaine indique que cette personne est faite pour entrer dans une communion de corps et d’âme avec une personne de l’autre sexe. Ainsi il peut écrire: « Ce qui reflète également cette ressemblance [avec Dieu], c'est la conscience primordiale de la signification conjugale du corps, conscience imprégnée du mystère de l'innocence originelle ». TDC 19,3

Le couple humain est un sacrement La communion de l’homme et de la femme dans le mariage engage les deux personnes dans la totalité de leur être, elle met en œuvre les cinq zones de notre schéma. Ainsi cette communion qui engage si radicalement le corps dans sa dimension sexuée est de façon étonnante appelée à devenir une image visible de la communion des trois personnes divines. C’est ce que Jean-Paul II désigne comme un sacrement :

Et ainsi, dans cette dimension se constitue un sacrement primordial entendu comme signe qui transmet efficacement dans le monde visible le mystère invisible caché en Dieu de toute éternité. Et ceci est le mystère de la Vérité et de l'Amour, le mystère de la vie divine à laquelle l'homme participe réellement. Dans l'histoire de l'homme, c'est l'innocence originelle qui ouvre cette participation et elle est également la source de la félicité originelle. Comme signe visible, le sacrement se constitue avec l'être humain en tant que corps et par le fait de sa visible masculinité et féminité. Le corps en effet - et seulement lui - est capable de rendre visible ce qui est invisible: le spirituel et le divin. Il a été créé pour transférer dans la réalité visible du monde le mystère caché de toute éternité en Dieu et en être le signe visible. TDC 19,4