Suite Le Théâtre de l’entre-deux-guerres (Les Années folles) ROGER VITRAC (1899-1952)
Quelques éléments biographiques Né en Provence (Lot). Il arrive à Paris en 1910. Etudes secondaires au lycée Buffon. Passion pour la poésie (Lautréamont, le symbolisme) et le théâtre (Jarry). Il participe aux soirées dadaïstes. Amitié avec André Breton (1922) et collaboration aux premiers numéros de la Révolution surréaliste.
(suite) Il se fait connaître d’abord par la poésie (Connaissance de la mort). Fondation du théâtre Alfred-Jarry avec Antonin Artaud (1926-1930), théâtre d’avant-garde. Exclu du groupe à la fin des années ‘20. Pièces ubuesques et surréalistes. Elles explorent l’inconscient. Les Mystères de l'amour (1927), drame à trente-huit personnages, mélange d’ironie et d’érotisme. La plus surréaliste de ses pièces, trouvailles de l’écriture automatique.
Le Théâtre Alfred-Jarry
(suite) Victor ou les enfants au pouvoir (1929): satire du conformisme bourgeois. Longtemps sous-estimée, cette pièce a été reprise avec beaucoup d’éclat en 1962 (mise en scène d’Anouilh). Elle a ouvert la voie au Nouveau Théâtre. Ces deux pièces sont considérées comme ses chefs-d’œuvre. Mise à mal des principes d’ordre et d’unité.
(suite) Le Coup de Trafalgar (1934): stigmatisation de la science, du langage, de la famille, de la religion, de la patrie.
Victor ou les enfants au pouvoir Sujet: un enfant de neuf ans, Victor, adulte par la taille et l’intelligence, s’avère particulièrement féroce et cynique. Folie surréelle des monologues intérieurs du héros, violence des rapports, mélange des tons.
Affiche de la pièce
Résumé de la pièce (éd. Folio) « Pièce étonnante, chef-d'œuvre du théâtre surréaliste (d'ailleurs créé par Antonin Artaud, en 1928), Victor ou Les enfants au pouvoir est en apparence une comédie bourgeoise: à l'occasion d'un anniversaire, celui d'un garçon de neuf ans, éclatent la folie des uns, l'adultère des autres ; la bonne couche avec le maître de maison. Mais Victor, l'enfant, a la taille et l'esprit d'un adulte ; avec une petite amie de cinq ans, il s'emploie à dénoncer les apparences, à révéler toutes les laideurs et tous les secrets, avec une terrible cruauté. Le langage lui-même s'emballe : tantôt vers le délire surréaliste, tantôt en créant des mots nouveaux, ou des images poétiques. Vingt ans avant Ionesco, c'est déjà le théâtre de l'absurde, ou celui de la cruauté cher à Artaud. Sous le rire, que suscitent les moyens les plus divers et les plus grossiers, cet enfant de Jarry laisse un goût de cendre. »
ARMAND SALACROU (1899-1989) Etudes de droit, de médecine et de lettres. Licencié en philosophie. Journaliste à l’Humanité et à l’International. Secrétaire de Charles Dullin. Il a participé à la Résistance. Abondante création théâtrale. Membre de l’Académie Goncourt.
(suite) Intérêt dès son plus jeune âge pour les questions sociales. Débuts surréalistes. Fortune dans une boîte de publicité (ne s’intéresse pas à l’audience de ses pièces). Ecrivain engagé, il fait la critique de la société bourgeoise. Le mystère de la vie et de la mort le préoccupe aussi (problème du mal, Dieu doit exister alors).
Quelques exemples de pièces Un homme comme les autres (1936) La Terre est ronde (1938) : histoire de Savonarole (prédicateur brûlé comme hérétique) Archipel Lenoir (1949) Dieu le savait (1950) Boulevard Durand (1960): histoire d’un syndicaliste.
A propos de l’Archipel Lenoir Histoire d’un petit commerçant « exécuté » par sa famille parce qu’il voulait fermer sa boutique et fuir les siens. Satire de la bourgeoisie et farce philosophique. Méditation qui s’allie au réalisme et au burlesque.
Couverture de la pièce de théâtre Archipel Lenoir