Des pensées en images: les vanités
a. Une nature morte: Vanité, de Philippe de Champaigne, 1646 « Vanité des vanités, tout est vanité! Quel intérêt a l’homme à toute la peine qu’il prend sous le soleil? » (L’Ecclésiaste) La « vanité » est une catégorie de nature morte qui apparaît à la fin du XVIe siècle. Elle s’inscrit dans le genre artistique des Memento mori, ce qui signifie « Souviens-toi que tu vas mourir ». Questions: A votre avis, que signifient chacun des éléments de ce tableau? Qu’est-ce qui frappe dans sa composition?
b. Un tableau-sermon: Madeleine à la veilleuse, de Georges de La Tour, 1642-1644 La vanité a une visée argumentative, puisqu’il s’agit d’amener à se détourner des choses terrestres pour se tourner vers Dieu. Ainsi, un symbole religieux y est parfois représenté. Par exemple, le crâne, symbole très fréquent, renvoie au crâne d’Adam qui est traditionnellement représenté au pied de la croix dans les images de la Passion du Christ, afin de rappeler que la mort est une conséquence du péché originel. Question: Dans ce document qui représente Marie-Madeleine, la prostituée repentie et pardonnée par le Christ, comment interprétez-vous l’attitude du personnage?
c. Une composition métaphorique: Les Ambassadeurs, de Hans Holbein le jeune, 1533 À travers des objets, les vanités mettent en scène les occupations, plaisirs et désirs de l’existence, tels que la science, l’art, la beauté féminine, la gloire… Mais, parmi ces objets, s’en glisse au moins un autre qui évoque métaphoriquement le caractère éphémère de la vie, comme un crâne, une bulle de savon ou une bougie qui va s’éteindre, afin de signifier que les préoccupations terrestres restent limitées. Question: Quels sont les objets ici représentés et que symbolise chacun?
La musique: instruments et carnet de chants
Les mathématiques: le livre d’arithmétique et l’équerre
La géographie: le globe terrestre
L’astronomie: le globe céleste…
… et les cadrans solaires
Un objet singulier et troublant: l’anamorphose du crâne Anamorphose: déformation d’une image, réversible avec un certain éloignement ou un objet comme un miroir courbe. Au XVIIe siècle, les vanités connaissent un essor considérable et relèvent du mouvement baroque. Elles jouent ainsi parfois sur des procédés de trompe-l’œil et d’illusion pour amener le spectateur à réfléchir sur la vanité des apparences.
Un objet caché: le crucifix Le crucifix, à moitié caché, se trouve dans une position intermédiaire entre ce qui se trouve devant le rideau, le monde des hommes, et ce qui est dissimulé par la tenture de couleur verte (couleur ambiguë, symbole de l’inconnu). Cela présente le Christ comme un médiateur entre l’ici-bas et l’au-delà, et comme le Deus absconditus, la divinité cachée qu’on ne peut connaître que par la foi.