Il lève son drapeau, siffle, lair décidé. Le train, monstre dacier docile et débonnaire, Sébranle et part au loin dans un bruit de tonnerre. Lhomme, comme toujours, demeure sur le quai …
Partir … Partir aussi … Faire de longs voyages … Il rêve un peu, si peu ! Déjà est annoncé Un autre train hurlant qui, dans un bruit dorage, Stoppera devant lui et son drapeau levé.
Vers Rome ou Stalingrad … Vers Londres ou Paris … Les voyageurs pressés se croisent, se bousculent. Lhomme ressent parfois au cœur une fêlure, Un vague sentiment, une pointe denvie.
Il aimerait pourtant, lui aussi, quelquefois, Avec femme et enfants partir autour du monde. Il voudrait, lui aussi, accéder à la ronde De tous ces gens heureux empruntant ses convois.
Il rêve lui aussi de départs, de vacances, Ciels bleus et mers dazur, rires et amitiés. Mais ce nest pas pour eux. Il en rêve en silence, Sans dévoiler chez lui daussi folles pensées.
Hélas ! Voilà longtemps que sa femme immobile De son lit de douleur ne peut plus se lever. Et quand il rentrera, le visage tranquille, Il dira : - jai passé une bonne journée !
Les gens étaient sympa, et aucune anicroche. Les trains étaient à lheure, pas de souci majeur. Dautre part, chaque jour la retraite sapproche … Et toi, mon cher amour, quas-tu donc fait, mon cœur ?
Ainsi coule la vie, jour à jour, heure à heure, Entre rêve et désirs toujours inassouvis. Les trains peuvent partir : il veut sa femme heureuse, Et cet amour suffit à sublimer sa vie.
Comme il est beau, ce don dune vie goutte à goutte, Don scandé par les roues des trains tonitruants Qui, aveugles et sourds, vont poursuivant leur route, Accrochant tous les rêves pour les semer au vent …
Photos trouvées sur Internet Texte de Jacky Musique : la Raya blue Train, de Michel Cambou dont le site vous réserve des merveilles ! Diaporama de Jacky Questel, ambassadrice de la Paix gmail.com