Le roman, un genre en quête de ses lettres de noblesse
Aux sources du roman Au XIIème siècle, c’est la langue romane qui s’opposant au latin, donne son nom au roman. Ecrit dans une langue populaire, le roman parodie la chanson de geste qui vante le système féodal (Le Roman de Renard). Au XIIIème siècle, Chrétien de Troyes consacre le preux chevalier et les codes de la courtoisie dans ses nobles romans de chevalerie en vers. A la fin du XVIème siècle, Rabelais et Cervantès lui opposent leur réalisme et leur trivialité : tous trois fondent le roman occidental.
Le roman a-t-il mauvais genre ? Mal considéré car il est accusé de corrompre les âmes, le roman trouve néanmoins un large public. Au XVIIème siècle, on lit aussi bien des romans idéalistes, s’illustrant dans des récits héroïques (Clélie, 1654 -1660) ou psychologiques (La Princesse de Clèves, 1678) que des histoires comiques (Le Roman bourgeois, 1666). Au XVIIIème siècle, le roman veut « faire vrai » avec des mémoires romanesques ou la vogue du roman épistolaire. Désormais, il s’écrit volontiers à la première personne et cherche à s’inscrire dans la réalité sociale (Manon Lescaut).
L’Age d’or du roman Au XIXème siècle, la lecture se démocratise. Accompagnant les révolutions, le roman réaliste essaie de retranscrire le monde réel ; donner une vision complète de la société (Balzac), décrire sans concession la bourgeoisie (Flaubert). Ce réalisme évolue vers le naturalisme avec Zola qui s’appuie sur les lois héréditaires et sociales. L‘épopée des dieux et des héros a disparu au profit du roman des hommes, même de basse condition.
« L’ère du soupçon » et de la remise en question Au XXème siècle, les deux Guerres mondiales défient les écrivains : le roman peut-il transmettre une vérité ? Quel rapport entretient-il avec la réalité ? Les romanciers engagés (Camus) travaillent la langue pour dénoncer les dérives guerrières. Les romanciers du Nouveau Roman (Sarraute, Butor, Duras …) déconstruisent l’intrigue et les personnages traditionnels pour exposer les conventions du roman et trouver une nouvelle vérité dans l’écriture.