La politique monétaire HEC Montréal Mars 2003
Les politiques macro Notre attention se porte maintenant sur les impacts des politiques macroéconomiques sur la demande agrégée. Les autorités politiques utilisent souvent ces outils pour contrebalancer les effets de chocs sur la demande ou l’offre agrégées. Dans ce chapitre, nous aborderons la politique monétaire. Dans le chapitre qui suit, ce sera le tour de la politique budgétaire.
La détermination des taux d’intérêt à court terme Afin de comprendre les effets des politiques macroéconomiques sur la DA, il faut une explication de la détermination à court terme des taux d’intérêt. « Théorie de la préférence pour la liquidité » (J.M. Keynes, 1936). La théorie : le taux d’intérêt équilibre, à court terme, l’offre et la demande de monnaie.
Quelques rappels La monnaie : l’ensemble des actifs financiers les plus liquides liquidité : facilité à transformer un actif en moyen d’échange Il y a un avantage et un coût à détenir de la monnaie : Avantage : liquidité Coût : coût de renonciation (la valeur des intérêts perdus).
La demande de monnaie Deux facteurs importants déterminent la quantité de monnaie que le public veut détenir (la demande de monnaie) : La taux d’intérêt : une hausse de i augmente le coût de renonciation de la détention de monnaie et en réduit la quantité demandée; Le PIB nominal : une hausse des prix ou de la production augmente la quantité de monnaie nécessaire pour acheter les biens et services.
La demande de monnaie DM La position de DM dépend de la valeur des transactions à réaliser: P DM (déplacement vers la droite) Y DM (déplacement vers la droite) Taux d’intérêt = i Relation négative entre le taux d’intérêt et la quantité demandée de monnaie DM M = Qté de monnaie
La courbe de demande de monnaie Taux d’intérêt DM 2 DM 1 DM Quantité de monnaie
L’offre de monnaie OM Taux d’intérêt = i La quantité offerte est déterminée par la Banque du Canada La quantité offerte de monnaie (le stock de monnaie) est une donnée M = Qté de monnaie
L’offre de monnaie OM Taux d’intérêt Quantité de monnaie
L’équilibre du marché monétaire OM Taux d’intérêt Le taux d’intérêt du marché équilibre l’offre et la demande i0 DM M = Qté de monnaie
L’équilibre du marché monétaire Le taux d’intérêt équilibre le marché monétaire. Si le taux d’intérêt (7 %) est plus élevé que celui d’équilibre, les agents détiennent plus de monnaie que désiré. Ils achètent des titres Le prix des titres augmente et leur rendement diminue Le taux d’intérêt du marché diminue On évolue vers l’équilibre du marché monétaire (5 %).
Équilibre du marché monétaire Taux d’intérêt OM 7 % 5 % DM Quantité de monnaie
La politique monétaire La Banque du Canada est responsable de la formulation et de la mise en œuvre de la politique monétaire canadienne. Depuis 1991, un seul objectif : contrôler l’inflation. Cible d’inflation : maintenir TCIPC dans une fourchette variant entre 1 % et 3 % ; Fourchette en vigueur jusqu’à la fin de 2006. Méthode : influencer indirectement la quantité de monnaie offerte. Lien empirique étroit entre la monnaie et l’inflation
Le contrôle de l’offre de monnaie La Banque du Canada « contrôle » indirectement la création de monnaie. Outil principal : Le taux sur le financement à un jour (aussi appelé « taux directeur » ou « taux interbancaire ») Augmentation du taux directeur = resserrement monétaire et diminution de la masse monétaire La Banque souhaite une réduction de la DA Réduction du taux directeur = assouplissement et augmentation de la masse monétaire (la Banque La Banque souhaite une augmentation de la DA
Le schéma d’analyse Nous ferons à partir de maintenant l’hypothèse que la Banque du Canada « contrôle » directement l’offre de monnaie. Ceci simplifie l’analyse.
Une injection de monnaie OM0 OM1 Taux d’intérêt i0 DM i1 Q
Une contraction monétaire OM1 OM0 Taux d’intérêt i1 DM i0 Q
Le mécanisme de transmission de la politique monétaire Par mécanisme de transmission, on entend la chaîne de réactions provoquées par les modifications des taux d’intérêt à court terme. Le mécanisme de transmission relie les actions de la banque centrale à son objectif de maîtrise de l’inflation: Taux d’intérêt Demande agrégée Politique monétaire Prix Production Taux de change
Le mécanisme de transmission en économie fermée OM (injection monétaire) DA C et I DM Effet net : i Y P i DA
Injection monétaire: économie fermée Marché monétaire Marché des b&s i P OM1 OM2 B DM2 C DA2 3 B DA3 6 C A i1 DA1 i2 i3 A DM1 Q PIBréel
La politique monétaire en économie ouverte Le Canada est une petite économie ouverte. À long terme, le taux d’intérêt canadien est donc égal au taux mondial. Le taux d’intérêt canadien peut cependant différer du taux mondial à court terme. Les effets d’une injection monétaire sont plus complexes dans une économie ouverte que dans une économie fermée.
Le mécanisme de transmission en régime de change flexible (politique expansionniste) OM (injection monétaire) DA C et I (Ex – IM) DM Effet net (court terme) : i Y P i On passe de A à C DA Note : la DA se déplace + en économie ouverte
Les effets à long terme À long terme, le taux d’intérêt canadien doit rejoindre le taux mondial. Notre schéma est donc incomplet. Les titres financiers canadiens sont maintenant moins intéressants, car ican < iM Les canadiens et les non-résidents vont vendre des titres canadiens et acheter des titres étrangers demande dollars US (dans le marché des changes) E XN DA La DA fait DM i DA De façon nette, on passe de C à D: i3 à iM DA2 à DA3
Les effets à long terme en régime de change flexible (politique expansionniste) Tant que ican < iw DA (Ex – IM) DM Effet net (long terme) : i revient à iM Y P i On passe de C à D Note : la DA se déplace encore + en économie ouverte à LT
Injection monétaire: économie ouverte et change flexible Marché monétaire Marché des b&s r P OM1 OM2 OACT DA3 DA2 D iw DA1 D A C i3 C A i2 DM3 DM2 DM1 Q PIBréel
Inefficacité de la politique monétaire en taux de change fixe (ex: politique expansionniste) OM taux d’intérêt Banque du Canada doit intervenir dans le marché des changes pour empêcher E Vend $US et achète $CDN auprès des banques canadiennes réserves officielles ( actif) et encaisses de règlement ( passif) OM diminue donc ! i revient au niveau initial (celui d’avant la politique monétaire expansionniste) Conclusions : La banque centrale ne peut choisir simultanément i et E En régime de change fixe, la Banque ne contrôle plus i
Inefficacité de la politique monétaire : taux de change fixe (ex: politique expansionniste) OM0 i0 OM1 Dans un régime de change fixe pas de politique monétaire autonome Change fixe pas de contrôle de la DA et de l’inflation i1 DM M
Quand utiliser une politique monétaire restrictive ? OALT Régime de change flexible politique monétaire restrictive sert à lutter contre l’inflation i I et C E EX et IM Y et P But visé : maintenir l’inflation entre 1 et 3 % OACT P0 P1 DA0 DA0 Y1 Y
Politique monétaire vs laisser-faire En équilibre de sur-emploi et absence de politique le marché du travail s’ajuste salaires OACT Y et P L’inflation augmente La politique monétaire restrictive permet donc de retourner au potentiel tout en contrôlant l’inflation P OALT OACT1 P1 OACT0 P0 DA0 Y1 Y
Quand utiliser une politique monétaire expansionniste ? OALT Régime de change flexible politique monétaire expansionniste sert à augmenter la croissance i I et C E EX et IM Y et P But visé : éliminer un écart récessionniste OACT P1 P0 DA1 DA0 Y1 Y
Politique monétaire expansionniste Vise à atteindre le plein-emploi rapidement Difficultés : Évaluer l’écart de production L’effet des politiques sur la DA est incertain Délai d’impacts la Banque du Canada doit agir par anticipation Pour ces raisons politique expansionniste seulement lors de récessions majeures
Un exemple de problème de stabilisation Politique expansionniste si on surévalue l’écart récessionniste inflation Si la politique persiste spirale inflationniste et hyperinflation M P w M P w etc.. L’inflation est un phénomène monétaire OACT2 P OALT P4 OACT1 P3 P2 OACT0 DA2 P1 P0 DA1 DA0 Y1 Y