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BROU
En 1480, Philippe, Comte de Bresse, a un accident de chasse et son épouse, Marguerite de Bourbon (fille de Charles le Téméraire et grand-mère de François Ier), fait le vœu de transformer en monastère le petit prieuré de Brou, à proximité de Bourg en Bresse, si elle obtient sa guérison. Il guérit mais elle meurt avant d’avoir pu réaliser son vœu qu’elle a confié à son fils, Philibert le Beau. Vingt ans plus tard, celui-ci décède brusquement. Son épouse, Marguerite d’Autriche y voit le châtiment du ciel et décide, de réaliser ce vœu en donnant au nouvel édifice toute la splendeur qui pourra le mieux témoigner de son amour.
Le chevet et la porte latérale
Marguerite d’Autriche est née à Bruxelles en 1480 Marguerite d’Autriche est née à Bruxelles en 1480. Promise, dès son jeune âge, à Charles VIII, le fils de Louis XI, elle est répudiée quand des raisons d’état poussent le roi à épouser Anne de Bretagne. Elle est ensuite unie à Juan de Castille, Infant d’Espagne, qui décède quelques mois plus tard. En 1501, elle épouse Philibert le Beau, Duc de Savoie, du même âge qu’elle. Hélas, il meurt, à son tour, trois ans plus tard. Au même moment, son frère Philippe le Beau meurt lui aussi. Sa veuve Jeanne d’Aragon est folle et Marguerite est nommée Régente. Elle doit vivre aux Pays-Bas pour élever ses neveux.
La façade, merveille de l’art gothique flamand.
L’église est dédiée à Saint Nicolas de Tolentin, moine espagnol, fêté le jour du décès de Philibert. Outre cette église, sont prévus les appartements de Marguerite et de sa suite ainsi que les bâtiments du monastère. La construction commence, en 1506, par ce dernier. L’église, commencée en 1512, sera terminée en 1532. Marguerite d’Autriche supervise les travaux depuis Malines et elle ne verra jamais les constructions terminées car elle décèdera deux ans avant la fin.
Le troisième cloître, ci-contre, borde les services de subsistance. Au-dessus de ce premier cloître et à l’ouest, sont prévus les appartements de Marguerite et de sa suite. Le troisième cloître, ci-contre, borde les services de subsistance.
L’église est essentiellement conçue pour servir d’écrin aux trois magnifiques tombeaux, celui de Marguerite de Bourbon, la mère, celui de Philibert le Beau et la sépulture destinée à Marguerite d’Autriche, elle-même. Ils sont placés dans le chœur séparé du reste de l’église par un splendide jubé, pure dentelle sculptée, qui supporte le passage qui devait permettre à Marguerite d’Autriche de passer de ses appartements à l’oratoire de sa chapelle.
Parmi les sculptures du jubé, comme à l’extérieur, partout les initiales du couple reliées par des entrelacs.
74 stalles de chêne sont disposées sur deux rangs, de chaque côté du chœur. Elles ont été réalisées entre 1530 et 1532 par deux équipes, l’une bressanne pour une partie du décor flamboyant, l’autre flamande pour les sculptures surplombant et encadrant les stalles ainsi que pour la statuaire. Ce décor est magnifique mais l’on ne peut s’empêcher de sourire en examinant les motifs un peu grivois qui ornent les « miséricordes », ces petits supports permettant aux moines fatigués de s’y appuyer sans que cela ne se remarque!
A droite, sur le mur sud de l’église, se trouve le tombeau le plus simple et le plus traditionnel des trois. Il est placé en enfeu, c’est-à-dire dans une niche creusée dans le mur. A sa base, sont sculptés des petits pleurants, qui font écho aux personnages qui ornent les tombeaux des Ducs de Bourgogne à Dijon.
Tombeau de Marguerite de Bourbon
Les tombeaux ont été commandés, en 1516, à Jean Van Roome dit Jean de Bruxelles, qui en a conçu les dessins. Les sculptures ont été réalisées par un atelier brabançon et les gisants par l’Allemand, Conrad Meir. Le gisant de Marguerite de Bourbon et celui de Marguerite d’Autriche qui se trouve de l’autre côté du chœur, sont tournés en direction de Philibert le Beau, placé au centre. Les tombeaux du couple sont à deux niveaux, avec un gisant en costume d’apparat (figure au vif) sur la partie supérieure et au-dessous, le transi nu dans son linceul (l’image de la mort). Dans les niches qui entourent le tombeau de Philibert, veillent dix élégantes sibylles.
Tombeau de Philibert le Beau
Le gisant, avec un chien à ses pieds, est entouré d’angelots.
Le tombeau de Marguerite d’Autriche est constitué d’un baldaquin monumental de pierre ciselée. Décoré de multiples statuettes, il se veut une évocation des imposants lits de parade de funérailles princières. Sur le dais est gravée sa devise « Fortune infortune fort une » que l’on peut traduire par « Le destin accable (persécute) cruellement une femme ».
Tombeau de Marguerite d’Autriche
Les magnifiques verrières de Brou ont été réalisées, de 1525 à 1531, dans un atelier local, inspirées par des gravures de Dürer. Celles de l’abside représentent des scènes de la vie du Christ et, de chaque côté, Philibert et Marguerite agenouillés auprès de leur Saint patron. Au-dessus d’eux sont reproduits les blasons de leurs familles et ceux des villes de l’État savoyard. Dans la chapelle de Marguerite on retrouve une somptueuse Assomption, avec le couple agenouillé à la base.
A gauche et à droite, des vitraux de l’abside. Au centre, l’Assomption.
La chapelle de Marguerite d’Autriche est dédiée à la Vierge La chapelle de Marguerite d’Autriche est dédiée à la Vierge. Le décor, en albâtre blanc et marbre noir, est particulièrement élégant. Le retable dû à des artistes brabançons, représente les Sept Joies de la Vierge.
Ci-haut, l’Annonciation et ci-contre, la Visitation. Ci-dessus, la Nativité.
L’église est désaffectée et un musée est installé dans le monastère. Maintenant restaurée, l’église, dans toute sa blancheur, permet de bien profiter de ce chef- d’œuvre que l’on doit à une fille d’Empereur (Maximilien d’Autriche), femme de tête et grande amoureuse, qui a voulu laisser une trace indélébile de son passage.
Musique : Giovanni Battista Pergolèse - Stabat Mater Andante Amorosa (Aria) Documentation prise sur place. Photos, conception et réalisation: Marie-Josèphe Farizy-Chaussé Avril 2007
Au revoir