Michael Esfeld Université de Lausanne

Slides:



Advertisements
Présentations similaires
L’UNIVERS MATÉRIEL Les propriétés de la matière
Advertisements

Fonction de nutrition.
1 1 Momentum. 2 2 Tout objet en mouvement continuera son mouvement tant que rien nentrave sa progression.
La théorie particulaire
Introduction à la POO: Les classes vs les objets
Les modèles de l’atome.
2.5 Champ électrique produit par une distribution continue de charges.
LES TRANSFORMATIONS DE L’ÉNERGIE
Michael Esfeld Université de Lausanne
Chapitre V : Cinétique chimique
L’expérience de Young Sur une plage de Tel Aviv, (Israël), on peut très bien voir le phénomène de diffraction.
Sommaire I- Définition et généralité
Michael Esfeld Université de Lausanne
La philosophie de l’esprit La survenance psychophysique (ch. 4)
Michael Esfeld Université de Lausanne
1.2 COMPOSANTES DES VECTEURS
Le magnétisme.
La Physique et le CERN.
Michael Esfeld Université de Lausanne
Michael Esfeld Université de Lausanne
1 La philosophie de lesprit La théorie de lidentité psychophysique (ch. 5) Michael Esfeld Université de Lausanne
La philosophie de la nature La géométrisation de la matière (ch. 8)
Les fluides non newtoniens
Introduction à la Théorie géométrique de la diffraction
Un réseau de cavités techniques.
3.1 DÉTERMINANTS (SUITE) Cours 6.
1.1 LES VECTEURS GÉOMÉTRIQUES
3.2 PRODUIT VECTORIEL Cours 7.
© Alain Noël, Ph.D., F.Adm.A. 1 Le concept de stratégie par Alain Noël, M.B.A.,Ph.D., F.Adm.A.
Michael Esfeld Université de Lausanne
Michael Esfeld Université de Lausanne
1 La philosophie de lesprit Le défi de lexpérience vécue (ch. 9) Michael Esfeld Université de Lausanne
Michael Esfeld Université de Lausanne
Michael Esfeld Université de Lausanne
1 La philosophie de lesprit Corps et esprit : le problème philosophique de leur rapport (ch. 1) Michael Esfeld Université de Lausanne
La philosophie de l’esprit Le libre arbitre (ch. 8)
La philosophie de l’esprit Le dualisme interactionniste (ch. 2)
La philosophie de l’esprit Le dualisme sans interaction (ch. 3)
Michael Esfeld Université de Lausanne
Michael Esfeld Université de Lausanne
Michael Esfeld Université de Lausanne
SHS BA 3ème année automne La philosophie de la nature Physique et philosophie au XXe siècle Qu’est-ce que la philosophie de la nature ? (ch. 1) Michael.
La philosophie de la nature L’intrication quantique (ch. 16)
(c) McGraw Hill Ryerson 2007
Points essentiels La force gravitationnelle;
Chapitre 4 L’inertie et le mouvement à deux dimensions
Chapitre 3 La cinématique à une dimension
Cinématique du point Chapitre 1
Maison de l’Orient et de la Méditerranée
TAUX DE VARIATION Cours 9.
Exploré en 1ere année du 1er cycle Révision
COMPRENDRE LOIS ET MODELES.
UHA-FST Année L1S1-2 Examen de janvier 2007 – Durée 90 minutes Introduction aux concepts de la Physique N° carte étudiant:………………… 1-Donner la propriété.
Classe du 1er octobre 2010 Par: Tena Bieber
Electrostatique- Chap.2 CHAPITRE 2 CHAMP ELECTROSTATIQUE Objectif :
Les Gaz Propriétés physiques.
UHA-FST Année L1S1-2 Examen de janvier 2006 – Durée 90 minutes Introduction aux concepts de la Physique N° carte étudiant:………………… 1-Donnez votre.
Partie II: Temps et évolution Energie et mouvements des particules
Électricité et magnétisme (203-NYB) Chapitre 2: Le champ électrique
Introduction.
Un nouveau regard sur la gravitation
Le rationalisme.
Gottfried Wilhelm Leibniz Vème partie. Leibniz La Monadologie Les monades qui n'ont que la perception et l'appétit sont des entéléchies. Elles.
René Descartes XIIème partie. De Dieu qui vient à l’idée Descartes s’intéresse alors à l’être humain comme cause des idées. D’où proviennent-elles exactement?
Epicure VIIème partie. Les idées d’Epicure en matière de physique préfigurent beaucoup de thèses de philosophes athées. La connaissance de la nature et.
Cicéron Vème partie. La raison de la loi naturelle est difficile à établir. Les philosophes évoquent souvent « la » raison et en font d’une certaine manière,
Gottfried Wilhelm Leibniz VIème partie. Leibniz La Monadologie On devrait donc concevoir le monde comme étendue et pensée. Or, ce sont là non.
René Descartes XIème partie. « une substance pensante dont toute l'essence ou la nature n'est que de penser, et qui, pour être, n'a besoin d'au­cun lieu,
René Descartes Xème partie
Histoire de la gravité.
Transcription de la présentation:

Michael Esfeld Université de Lausanne Michael-Andreas.Esfeld@unil.ch La philosophie de la nature L’espace, le temps et la matière : les conceptions classiques (Newton, Leibniz, Spinoza) (ch. 11) Michael Esfeld Université de Lausanne Michael-Andreas.Esfeld@unil.ch

Les trois conceptions espace, temps / matière : entités distinctes espace, temps réductibles à la matière  matière réductible à l’espace et au temps

Isaac Newton (1642-1727) Principes mathématiques de la philosophie naturelle espace absolu, temps absolu existeraient même s’il n’y avait pas de matière matière : atomisme ; propriétés fondamentales intrinsèques

Newton, l’Optique (1704) « … il me paraît très probable que Dieu forma au commencement la matière de particules solides, pesantes, dures, impénétrables, mobiles, … rien n’étant capable (suivant le cours ordinaire de la Nature) de diviser ce qui a été primitivement uni par Dieu même. … Pour que l’ordre des choses puisse être constant, l’altération des corps ne doit donc consister qu’en séparations, nouvelles combinaisons, et mouvements de ces particules. »

Le mouvement espace vide lois déterministes mouvement absolu gravitation : action à distance = un effet qui se propage instantanément sur une quelconque région de l’espace

La conception générale espace, temps / matière : entités distinctes pas liée à l’atomisme pas liée à l’idée de l’espace vide compatible avec physique de champs

Le statut ontologique de l’espace et du temps absolus matière : ontologiquement dépendante de l’espace et du temps l’espace et le temps : pas ontologiquement dépendants de la matière

Le statut ontologique de l’espace et du temps absolus Démocrite : l’espace comme non-être. L’être ne peut exister que dans l’espace. Le non-être existe aussi bien que l’être. Newton : l’espace comme organe sensoriel infini et homogène de Dieu Clarke : l’espace absolu comme propriété de Dieu Kant : l’espace absolu, indépendant de la matière est une absurdité – quelque chose qui est là sans que rien de réel n’existe.

Le problème problème pas éliminé si l’on regardait l’espace et le temps comme étant ontologiquement dépendants de la matière difficile d’expliquer quel type d’étant pourraient être l’espace et le temps en tant qu’entités distinctes de la matière

Gottfried Wilhelm Leibniz (1646–1716) espace, temps : relations entre des particules matérielles espace : ordre des coexistants temps : ordre des successions mouvement relatif

L’argument contre Newton espace et temps homogènes aucune raison pour Dieu de créer la matière en certains points (ou régions) de l’espace et du temps, plutôt qu’en d’autres espace absolu, temps absolu pleins : différentes possibilités de disposer la matière aucune raison pour Dieu de choisir une de ces dispositions

L’argument contre Newton espace, temps absolus et distincts de la matière plusieurs arrangements possibles de la matière dans l’espace et le temps Toutes les relations entre les parties de la matière restent identiques. différence entre ces possibilités uniquement du point de vue de la théorie d’un espace et d’un temps absolus, distincts de la matière ; indiscernables empiriquement

Le problème insuffisant de dire que l’espace et le temps ne sont rien que des relations spatio-temporelles entre des objets matériels présuppose simplement l’existence du système des relations spatiales et temporelles

Les exigences 1) définir la matière sans utiliser ni la notion d’étendue spatiale et temporelle, ni celle de position Leibniz : points de forces qui ne possèdent pas d’étendue et pas de position en tant que telles. conception causale de la matière 2) reconstruire des relations spatiales et temporelles à partir d’une telle définition Leibniz : réduire toutes les relations, y compris les relations spatiales et temporelles, à des propriétés intrinsèques des points de force (des monades).

Le problème (Leibniz) pas compréhensible comment des points de force (des monades), ne possédant pas d’étendue ni de position, puissent engendrer à eux seuls des relations spatiales et temporelles entre eux ordre spatial et temporel entre des points de force inétendus spatialement et temporellement seulement si ceux-ci ont primitivement une position spatiale et temporelle

Le problème (façon générale) candidat pour une conception de la matière qui n’utilise pas de notions spatio-temporelles: conception causale pas clair comment comprendre le système des relations spatio-temporelles sur la base d’une telle conception de la matière difficile de rendre plausible comment l’espace et le temps pourraient être non fondamentaux, étant réduites à des propriétés de la matière plus fondamentales que l’étendue et la position

L’identification de la matière avec l’espace et le temps la matière  l’étendue spatiale et temporelle espace et temps absolus, mais pas distincts de la matière l’espace-temps = la matière

René Descartes (1596-1650) Toute la matière est une seule substance. la matière : l’étendue spatiale la matière = l’espace

Baruch de Spinoza (1632-1677), L’Éthique (1677) une seule substance physique = matériel = étendu

Jonathan Bennett A study of Spinoza’s “Ethics” (1984) « Cette position suggère qu’il n’y a qu’une seule substance – à savoir l’espace dans sa totalité – dont les régions reçoivent des qualités variées telles que l’impénétrabilité, la masse, et ainsi de suite, de sorte qu’une proposition quelconque affirmant l’existence d’un corps se réduit à une proposition disant quelque chose d’une région de l’espace. »

Jonathan Bennett A study of Spinoza’s “Ethics” (1984) « Dire de la flaque qu’elle est visqueuse c’est dire d’une certaine région de l’espace qu’elle est visqueuse* – c’est-à-dire qu’elle a cette propriété-là des régions que nous conceptualisons en disant qu’il y a des choses visqueuses dans ces régions. Et dire qu’il y a une région visqueuse* c’est dire que l’espace est visqueux* localement … »

La conception générale pas de systèmes physiques en plus de l’espace la matière = l’espace les points et les régions de l’espace comme parties de la matière possèdent des propriétés physiques ; toutes les propriétés physiques = des propriétés de points ou de régions de l’espace les corps = des régions de l’espace ayant certaines propriétés physiques

La conception générale l’espace : structure interne, constituée par les différentes propriétés physiques en différentes régions pas d’espace vide pas de problème du statut ontologique de l’espace et du temps : une seule substance, l’espace-temps-matière lien avec physique de champs

Le problème Quelles sont les propriétés physiques des points de l’espace et du temps auxquelles on peut réduire les propriétés physiques traditionnelles que nous attribuons à des objets dans l’espace et dans le temps ?