Y Roquelaure1, C Ha2, E Chiron1, C Rouillon1, A Descatha3, P Bidron4, TMS du coude : résultats de la surveillance épidémiologique des TMS dans les entreprises des Pays de la Loire Y Roquelaure1, C Ha2, E Chiron1, C Rouillon1, A Descatha3, P Bidron4, A Chotard4, B Ledenvic4, F Leroux4, A Mazoyer4, A Leclerc3, A Touranchet5, E Imbernon2, M Goldberg2 et 78 médecins du travail de la région des Pays de la Loire4 1.Laboratoire d’ergonomie et de santé au travail, Université d’Angers, UA InVS, EA –IFR 132 ; 2. DST, InVS ; 3. Inserm U687-IFR69; 4 Services de santé au travail des Payse de la Loire; 5. DRTEFP Pays de la Loire
Objectifs du réseau de surveillance Programme de l’Institut de veille sanitaire (InVS) mis en œuvre dans les Pays de la Loire (2002-2005) Description de la prévalence des principaux TMS et des facteurs de risque de TMS en milieu professionnel en fonction de l’âge et du sexe en fonction des secteurs d’activité et des professions Suivi dans le temps prévalence des symptômes MS et des TMS fréquence et intensité de l’exposition aux facteurs de risque
Méthodes Réseau de 83 médecins du travail volontaires Echantillon aléatoire de 3710 salariés âgés de 20 à 59 ans 58 % hommes et 42 % femmes Âge moyen 36,4 ± 10,3 ans Globalement représentatif pour âge, catégorie socioprofessionnelle et secteur d’activité Protocole strict de recueil des données pendant 3 ans Autoquestionnaire « Nordic » sur les symptômes MS Examen clinique standardisé (protocole européen) Auto-questionnaire sur les conditions de travail (facteurs de risque biomécaniques, organisationnels et psychosociaux)
Critères diagnostiques Epicondylite laterale Symptômes Signes d’examen Critères temporels au moins une douleur intermittente, liée à l’activité manuelle, directement localisée dans la zone de l'épicondyle latérale ET douleur localisée lors de l’extension contrariée du poignet ET symptômes présents actuellement ou au moins 4 jours au cours des 7 derniers jours Syndrome du tunnel ulnaire au coude Au moins paresthésies intermittentes dans les 4e et/ou 5e doigts ou paresthésies intermittentes du bord cubital de l’avant-bras, du poignet ou de la main. ET Test de flexion – compression de la gouttière épitrochléo-olécranienne positif en moins de 60 secondes
11D 11G
13D 13G
Evaluation de l’exposition aux facteurs de risque de TMS du coude Critères du consensus SALTSA (Sluiter et al., 2001) Répétitivité, force, absence de récupération Postures inconfortables Mouvements de flexion-extension du coude plus de 2 heures / jour Mouvements de prono-supination plus de 2 heures / jour Demande psychologique élevée, soutien social faible Scores de 0 à 7 par sommation des facteurs de risque Classification en 3 niveaux d’intensité Faible (vert) : aucun des facteurs de risque Modéré (jaune): un seul facteur de risque Elevé (rouge): au moins deux facteurs de risque
Symptômes musculo-squelettiques Prévalence épaule coude poignet membre supérieur (%) H F 12 derniers mois 34 39 17 22 30 52 57 avec symptômes > 1 mois 28 35 37 45 32 36 avec symptômes quotidiens 1 12 15 20 11 13 14 16 7 derniers jours 23 9 10 27 Environ 17 % des femmes et des hommes ont souffert au niveau du coude au cours des 12 derniers mois et près de 10 % des femmes et 9 % des hommes au cours des 7 derniers jours (tableau 3). L'intensité moyenne des symptômes du coude au moment de l’examen clinique était de 4,8 2,2 sur une échelle visuelle analogique de 0 à 10. La prévalence des symptômes musculo-squelettiques des coudes est très élevée chez les salariés des deux sexes de 50 ans et plus: 25 % des hommes et des femmes au cours des 12 derniers mois et 13 % des hommes et 17 % des femmes au cours des 7 derniers jours. H : hommes, F : femmes 1 parmi les salariés ayant eu des symptômes durant les 12 derniers mois
Prévalence des TMS (diagnostic basé sur symptômes et signes physiques) L’épicondylite latérale est la seconde tendinite après la tendinite de l’épaule par ordre de fréquence. Ainsi 90 salariés présentaient une forme avérée unilatérale et/ou bilatérale d’épicondylite latérale, soit une prévalence globale de 2,4 %. La douleur de la région du coude était permanente dans 42 % des cas et avait duré au moins 30 jours 7 fois sur 10. Son intensité au cours des 7 derniers jours était en moyenne de 5,5 sur une échelle de 0 à 10. La prédominance des atteintes droites est nette (61 %), les formes bilatérales étant relativement rares (8 %). Les syndromes du tunnel ulnaire au coude (STUC) sont nettement plus rares puisque seulement 34 cas ont été diagnostiqués chez 30 salariés, soit une prévalence globale de 0,8 %. N = 3710
Epicondylite, sexe et âge La prévalence de l’épicondylite latérale augmente avec l’âge pour les deux sexes, la tendance étant moins nette pour le STUC. N = 3710
Epicondylite latérale et catégorie socio-professionnelle Catégorie socioprofessionnelle (PCS) hommes femmes ensemble N % 3. Cadres et professions intellectuelles supérieures 2 1,0 3 3,8 5 1,7 4. Professions intermédiaires 9 11 20 2,4 45. professions intermédiaires administratives F Publique 5,8 6,1 5,9 47. techniciens (sauf technicien tertiaire) 1,4 6,3 2,1 5. Employés 4 15 1,5 55. employés de commerce 1 2,6 2,7 6. Ouvriers 35 2,9 14 3,7 49 3,1 62. ouvriers qualifiés de type industriel 3,2 3,3 13 63. ouvriers qualifiés de type artisanal 8 65. ouvriers qualifiés de la manutention, du magasinage 3,9 0,0 3,4 67. ouvriers non qualifiés de type industriel 4,4 18 Ensemble 51 39 2,5 90 La prévalence de l’épicondylite latérale est élevée pour les catégories ouvrières des deux sexes. Chez les femmes, la prévalence est également élevée pour les professions intermédiaires, notamment les professions intermédiaires administratives de la fonction publique et les techniciennes. Chez les hommes, les professions les plus touchées sont les ouvriers, notamment les ouvriers qualifiés ou non de l’industrie, les manutentionnaires, les ouvriers qualifiés de type artisanal. Pour les employés et les professions intermédiaires, les effectifs sont trop faibles pour tirer des conclusions.
Epicondylite latérale et secteur d’activité La prévalence de l’épicondylite latérale est inégalement répartie en fonction des secteurs d’activité . Chez les femmes, elle est élevée pour l’agriculture et l’industrie manufacturière Chez les hommes, elle est élevée pour l’administration, mais il peut y avoir un effet de l’âge car les données ne sont pas ajustées, l’industrie manufacturière, la construction et le secteur des transports
Exposition élevée: près d’un salarié sur deux La majorité de salariés des deux sexes est fortement exposée aux facteurs biomécaniques, psychosociaux et organisationnels de risque de TMS (fig. 1). Les salariés les plus jeunes (classe d’âge de 20-29 ans) sont les plus exposés : 72 % d’entre eux sont exposés à deux facteurs de risque ou plus contre 65 % des 30-39 ans, 63 % des 40-49 ans et 62 % des 50-59 ans. La surexposition au risque de TMS chez les 20-29 ans concerne principalement les hommes (76%) et s’explique principalement par la surexposition des personnels intérimaires. N = 3710
Exposition aux facteurs de risque de TMS du coude en fonction des secteurs d’activité Quatre secteurs sont plus exposés que les autres: l’agroalimentaire (58 %) l’industrie des biens de consommation (62 %) l’industrie des biens intermédiaire (56 %) la construction (57 %) A l’inverse, trois secteurs le sont moins : les activités financières (26 %) l’éducation (42 %) l’administration (36 %)
Exposition à un risque élevé de TMS du coude en fonction de catégories socioprofessionnelles Surexposition des catégories ouvrières et employées. Ouvriers : hommes (68 %) et femmes (70 %) Employés : hommes (40 %) et femmes (41 %) Exposition élevée au risque de TMS du coude Ouvriers non qualifiés de type industriel (76 %) Ouvriers qualifiés de type artisanal (72 %) Manutentionnaires (70 %) Ouvriers non qualifiés de type artisanal (63 %) Ouvriers qualifiés de type industriel (63 %).
Exposition aux facteurs de risque de TMS du coude Exposition élevee (%) Hommes Femmes Age < 50 ≥ 50 Facteurs de risque % Répétitivité élevée 22 21 32 Force élevée 43 24 18 Flexion-extension du coude 35 31 30 Prono-supination 6 7 Charge physique lourde (Borg > 15) 23 19 Demande psychologique élevée 29 27 28 25 Latitude décisionnelle faible 54 55 66 73 Soutien social faible 26 Tension au travail 13 12 17 14
Discussion Prévalence très élevée des TMS des membres supérieurs Forte prévalence des symptômes musculo-squelettiques de la région du coude Epicondylite latérale au 3° rang après les tendinopathies de l’épaule et le syndrome du canal carpien Augmentation avec âge après ajustement sur ancienneté Excès de prévalence parmi le ouvriers Intensité élevée de l’exposition aux facteurs de risque Peu de diminution chez les 50 ans et plus Surexposition des ouvriers, quel que soit l’âge
Conclusion L’étude d’un échantillon représentatif de salariés d’une région française montre la forte prévalence des TMS du coude et de l’exposition au risque La cohorte COSALI permettra de préciser le devenir de ces salariés Outil d’aide à la planification d’une politique globale de prévention des TMS
Remerciements aux médecins du travail sentinelles et aux services de santé au travail des Pays de la Loire Docteurs Abonnat, Banon, Bardet, Benetti, Becquemie, Bertin, Bertrand, Bidron, Biton, Bizouarne, Boisse, Bonamy, Bonneau, Bouguer, Bouguer-Diquelou, Bourut-Lacouture, Breton, Caillon, Cesbron, Chisacoff, Chotard, Compain, Coquin-Geogeac, Cordes, Couet, Coutand, Daniellou, Darcy, Davenas, De Lescure, Delansalut, Dupas, Evano, Fontaine, Frampas-Chotard, Guiller, Guillimin, Harinte, Harrigan, Hervio, Hirigoyen, Jahan, Joliveau, Jube, Kalfon, Laine-Colin, Laventure, Le Dizet, Lechevalier, Leclerc, Ledenvic, Leroux, Leroy-Maguer, Levrard, Levy, Logeay, Lucas, Mallet, Martin, Mazoyer, Meritet, Michel, Migne-Cousseau, Moisan, Page, Patillot, Pinaud, Pineau, Pizzala, Plessis, Plouhinec, Raffray, Roussel, Russu, Saboureault, Schlindwein, Soulard, Thomson, Treillard, Tripodi.
Annexes non présentées
Modèle multifactoriel du risque de TMS-MS avoir au moins un des six principaux TMS* (n = 472, N = 3700) FACTEURS DE RISQUE OR IC 95 % Age (ans) 20-29 30-39 40-49 50-59 Sexe féminin Obésité 1 2,5 2,6 1,4 1,5 - 1,7 - 3,6 2,0 – 3,3 2,1 – 3,2 1,1 – 1,7 2,1 – 2,0 Torsion du poignet Répétitivité élévée Travail mains au-dessus des épaules Travail physique lourd (Borg > 15) Flexion du coude 2,3 1,8 1,7 1,3 1,8 – 2,8 1,4 – 2,2 1,3 – 2,2 1,0 – 1,7 Soutien social faible 1,1 – 1,8 Polyvalence fréquente ( 1 / semaine) Régression logistique sans interaction; *Tendinites coiffe rotateur, épicondylite latérale, tendinites de De Quervain et fléchisseurs et extenseurs des doigts; SCC et S Tunnel Cubital
Représentativité de l ’échantillon de salariés des Pays de la Loire Secteurs d’activité Données régionales INSEE (1999)
Représentativité de l ’échantillon de salariés des Pays de la Loire Catégories socio-professionnelles % Données régionales INSEE (1999)
Examen clinique codifié selon le protocole SALTSA (Sluiter et al 1. Analyse des symptômes au cours des 12 derniers mois: douleur, gêne, inconfort, courbature 1. Absence de symptômes: arrêt de l’examen 2. Présence de symptômes: poursuite examen 2. Recherche des TMS en fonction de la localisation des symptômes 3. Démarche diagnostique codifiée: 1. Arbre diagnostique 2. Manœuvre(s) clinique(s) standardisée(s)
ARBRE DECISIONNEL (1) I. RECHERCHE D’UNE FORME SYMPTOMATIQUE D’EPICONDYLITE LATERALE InVS, 2005
ARBRE DECISIONNEL (2) II. RECHERCHE D’UNE FORME AVEREE D’EPICONDYLITE LATERALE Au moins une douleur intermittente, liée à l’activité manuelle, directement localisée dans la zone de l’épicondyle latérale InVS, 2005