Les fonctionnement socio-économique du territoire Sud Grésivaudan

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Transcription de la présentation:

Les fonctionnement socio-économique du territoire Sud Grésivaudan Une approche par les moteurs du développement  Le 7 février 2014

Plan Introduction Partie 1 : Les moteurs du développement du territoire Partie 2 : Dynamique économique du territoire Partie 3 : Le niveau de développement social du territoire Conclusion

Introduction Pourquoi recourir à l’analyse par les moteurs du développement ?

Pourquoi recourir à l’analyse par les moteurs du développement ? Rappels conceptuels Depuis une quinzaine d'années, les travaux développés par le chercheur Laurent Davezies ont permis de démontrer que les mécanismes du développement territorial répondaient à des logiques radicalement différentes de celles du développement macro-économique. Alors qu’à l’échelle des nations, la variable clef du développement demeure le PIB, c'est-à-dire la création de richesses, au niveau local, c’est le revenu qui demeure la pierre angulaire. La relation croissance du PIB - croissance de l’emploi - réduction du chômage et de la pauvreté qui s’opère assez mécaniquement à l’échelle des nations (phénomène cependant de moins en moins évident et de plus en plus contesté par certains économistes) n’est pas nécessairement opératoire à des échelles géographiques plus fines. Il est fréquent d'observer des territoires bénéficiant d’une forte croissance de leur PIB et de l'emploi pâtir d’une détérioration manifeste de leur niveau de cohésion sociale (tel était le cas par exemple de la Communauté d'Agglomération du Pays Châtelleraudais dans la Vienne au début des années 2000). En d'autres termes, au niveau territorial, et pour reprendre le titre d'une étude réalisée par le chercheur sur le cas francilien, croissance ne signifie pas nécessairement développement. Effectivement, le niveau de développement d’un territoire dépend en réalité bien plus de sa capacité à capter de la richesse (revenu) qu’à seulement en produire (PIB). Or les modalités de captation du revenu ne se limitent pas à la seule exportation de biens et de services par son système productif compétitif. Mais aussi à de puissants mécanismes redistributifs, tant publics que privés, n’ayant aucun lien avec sa capacité productive. Laurent Davezies a classé ces mécanismes en trois composantes : l’économie résidentielle, l'économie publique et les transferts sociaux. En substance, un territoire se développe donc en deux temps. Dans un premier temps, en fonction de sa capacité à capter des revenus à l'extérieur de ses "frontières". Puis, dans un second temps, en fonction de son aptitude à redistribuer ces revenus sous la forme de dépenses de consommation courante dans son économie locale pour stimuler ce que Laurent Davezies qualifie de secteur d'activité domestique, l’Insee l’économie présentielle et la région Rhône Alpes, l’économie de proximité ; terminologie que nous privilégierons dans la suite de ce document.

Les moteurs du développement : éléments de définition Davezies, identifie donc quatre grands types de revenus « importés », qu’il qualifie de revenus basiques, en référence à la Théorie de la Base qui lui a servi de point d’appui pour conceptualiser son approche : Les revenus basiques productifs ou Base productive exportatrice ; Les revenus basiques publics ou Base publique; Les revenus basiques résidentiels ou Base résidentielle ; Les revenus basiques sociaux ou Base sociale. La Base productive exportatrice : composante mondialisée des économies locales Les revenus basiques productifs se composent des salaires, bénéfices industriels et commerciaux, bénéfices non commerciaux et agricoles des actifs qui travaillent dans des secteurs d'activité "exportateurs", c'est-à-dire qui ont pour vocation de produire des biens et des services vendus à l'extérieur du territoire. Le choix de localisation des entreprises de ces secteurs d’activité est généralement guidé par la nécessité d'améliorer, dans une logique d'optimisation de l'offre, leur capacité de production. La qualité de la main d'œuvre, le coût du foncier et de l'immobilier, la pression fiscale, la densité du tissu industriel local constituent à ce titre des variables à forte influence. Elles exposent plus lourdement les territoires aux risques de délocalisation que les entreprises de du secteur domestique. La Base productive constitue en quelque sorte la dimension compétitive des économies locales et demeure la composante la plus soumise aux aléas économiques conjoncturels et aux mouvements de restructuration. Il est fondamental d'avoir à l'esprit que la Base productive conditionne l'existence même des trois autres Bases : sans croissance et création de valeur ajoutée, c'est effectivement tout l'équilibre du système national de redistribution inter-territoriale de richesses qui serait mis en péril. Les Base publique : un amortisseur de choc économique Les revenus basiques publics se composent des salaires des actifs résidant sur le territoire et travaillant dans la fonction publique d'État, Territoriale et Hospitalière. Assez peu sensible aux aléas économiques, la Base publique constitue un véritable amortisseur de choc pour les territoires en temps de crise. Il se pourrait que ce rôle se réduise dans les années à venir en raison de la volonté affichée par nos gouvernants de réduire le poids de la dette publique et d’assainir les comptes publics. Les activités publiques se localisent en règle générale plutôt en fonction de la densité de population.

Les moteurs du développement : éléments de définition La Base résidentielle : moteur majeur des économies locales Les revenus basiques résidentiels se composent des pensions de retraite, des dépenses touristiques marchandes et non marchandes (liées à la présence de résidents secondaires), des revenus des capitaux mobiliers et fonciers liés à la présence de leurs titulaires sur le territoire et des revenus dont bénéficient les actifs qui résident sur le territoire mais travaillent ailleurs (appelés revenus "dortoirs"). Le niveau et la dynamique de la Base résidentielle dépendent très largement des aménités des territoires (qualité du cadre de vie, ensoleillement, proximité de la mer ou de la montagne…). Au même titre que la Base publique, la Base résidentielle dépend de puissants mécanismes de redistribution inter-territoriaux. Pour les pensions de retraite, il s'agit d'un double mécanisme redistributifs à la fois intergénérationnel (conforme à notre système de répartition : les actifs actuels paient pour les "anciens") et géographique (par exemple, un actif ayant travaillé toute sa vie à Lille et qui s'installe pour sa retraite dans le sud de la France). Pour les revenus "dortoirs", il s'agit d'un mécanisme de transfert géographique lié aux migrations domicile-travail quotidiennes des actifs résidant qui travaillent en dehors du territoire. La Base sociale : un vecteur implicite de réduction des disparités spatiales Les revenus basiques sociaux (hors pensions de retraite qui sont intégrées dans la Base résidentielle) se composent des prestations sociales (ou transferts sociaux). Sont comptabilisés dans notre approche les transferts versés en espèces et en nature à des individus ou à des familles. Ces transferts ont pour vocation de réduire la charge financière que représente la protection contre divers risques. Outre la vieillesse et la survie (intégrée dans la Base résidentielle), elles sont associées à cinq grandes catégories de risques : la santé (prise en charge totale ou partielle de frais liés à la maladie, à l'invalidité, aux accidents du travail et aux maladies professionnelles) ; la maternité-famille (prestations liées à la maternité, allocations familiales, aides pour la garde d'enfants) ; la perte d'emploi (indemnisation du chômage) et les difficultés d'insertion ou de réinsertion professionnelle ; les difficultés de logement (aides au logement) ; la pauvreté et l'exclusion sociale (minimas sociaux : revenu minimum d'insertion -RMI, minimum vieillesse, etc.). Les transferts sociaux assurent une fonction explicite de réduction des inégalités sociales et implicite de réduction des disparités territoriales. En général, mais sans que cela soit strictement mécanique, plus leur part est élevée dans l'ensemble des revenus basiques, plus les problèmes sociaux rencontrés sur les territoires sont aiguës.

L’économie de proximité : éléments de définition L’économie de proximité : un gisement d’emplois considérable pour les territoires Les secteurs d’activité de l’économie de proximité se composent, par opposition à ceux de la Base productive exportatrice, de secteurs d'activité assez peu concurrentiels et peu exposés aux aléas conjoncturels (on l'appelle aussi à cet effet le secteur abrité). Tournés exclusivement vers la satisfaction des besoins des populations présentes, ces secteurs d'activité se localisent sur les territoires largement plus pour vendre que pour produire. Leur niveau de développement dépend préférentiellement de la propension à consommer localement des populations résidentes (actives et inactives) et des populations ponctuelles (touristes et résidents secondaires), que l'on peut regrouper sous le terme générique de population présente. L’économie de proximité présente de multiples avantages. Moins concentrée géographiquement que les secteurs d’activité concurrentiels et exportateurs de la Base productive, ses secteurs d’activité se localisent plutôt en fonction de la densité présentielle et se répartissent de manière plus homogène sur le territoire national. Peu soumises aux risques de délocalisation, elles exposent moins les territoires à des chocs brutaux de réduction d'emplois. De surcroît, les compétences requises par les secteurs de l'économie de proximité couvrent un très large spectre de qualifications (allant du boulanger au médecin en passant par le chauffeur de taxi, l'artisan couvreur ou le pâtissier…). Ils demeurent ainsi beaucoup plus ouverts aux populations peu et pas qualifiées que les secteurs d'activité de la Base productive. Les secteurs de proximité concentrent un volume d'emplois particulièrement significatif pour les territoires : 54 % des emplois en moyenne contre 46 % pour les secteurs d'activité concurrentiels de la Base productive (source Insee - Clap 2006). L’économie de proximité ne présente évidemment pas que des vertus. Sans doute plus que les secteurs d’activité concurrentiels, les secteurs d'activité qui la composent ont tendance à offrir des emplois à faibles niveaux de rémunération et/ou à statut précaire (temps partiel, CDD, emploi saisonnier). Si son dynamisme peut avoir une influence tout à fait positive sur le niveau de chômage des territoires, il peut également avoir un effet assez néfaste sur celui de la qualité de l'emploi.

Raccourci conceptuel La prolifération sémantique qui a succédé aux travaux de Laurent Davezies a généré et génère encore de nombreuses confusions qui peuvent avoir une incidence directe dans la compréhension des phénomènes et indirecte sur les choix opérationnels de l’acteur public. Il est pour ce motif impératif de revenir sur quelques définitions et d’avoir l’esprit bien au clair sur ces questions. Éclaircissement sémantique Économie résidentielle : Définition : l’économie résidentielle est une économie de flux qui se compose de différents types de revenu qui viennent de l’extérieur (pensions de retraite, dépenses touristiques, revenus fonciers et « revenus dortoir », cf. supra) Ressort : le développement de l’économie résidentielle dépend du niveau d’aménité des territoires (ensoleillement, qualité environnementale, cadre de vie…) Économie domestique (Davezies) = Économie/Sphère présentielle (Insee) = Économie de proximité (Rhône Alpes) : Définition : ces trois notions regroupent strictement la même chose, à savoir les secteurs d’activité dont le développement ne dépend que de la consommation locale (par opposition aux secteurs d’activité de la Base productive exportatrice) Ressort : la propension à consommer localement des population présentes, en d’autres termes, la propension à redistribuer dans l’économie locale les différents types de revenus captés Ce qu’il faut absolument intégrer - Un territoire se développe en deux temps : Temps 1 : en fonction de sa capacité à capter de la richesse en provenance de l’extérieur Temps 2 : en fonction de sa capacité à redistribuer la richesse captée dans les circuits économiques locaux (économie de proximité) Ce qu’il ne faut ABSOLUMENT pas croire L’économie résidentielle et l’économie de proximité sont des notions qui renvoient à la même chose Seule l’économie résidentielle stimule l’économie de proximité (effectivement, même les transferts sociaux, comme par exemple des indemnités chômage, lorsqu’ils sont dépensés sur le territoire par leur titulaire pour acheter le pain ou le journal, contribuent à alimenter l’économie de proximité)

Représentation simplifiée d’un système socio-économique local Consommation Source : D’après L. Davezies – CNAM

Partie 1 : Les moteurs du développement du territoire Pour une identification de son modèle de développement

La structure des moteurs du développement du territoire Un territoire marqué par une sur-représentation de ses revenus résidentiels… … liés à une sur-représentation manifeste des revenus « dortoirs » qui compense le déficit en dépenses touristiques Une sous représentation marquée des revenus productifs exportateurs et publics Les transferts sociaux pèsent d’un poids similaire à la moyenne Un modèle de développement relativement déséquilibré de type « résidentialo-dortoir » assez caractéristique des territoires péri-urbains localisés dans l’aire d’influence d’une grande agglomération

Le fonctionnement du système de consommation du territoire La problématique de la consommation, pourtant abondamment traitée à l'échelle macro-économique (tant par les experts que par les politiques publiques) et surtout fondamentale pour notre développement, est totalement mise de côté à l'échelon territorial. Aucune statistique n'existe sur le sujet au niveau des territoires. Pour cette raison, nous sommes contraints d’élaborer nous-mêmes les indicateurs nécessaires à son traitement et à son analyse.   Nous avons élaborés trois indicateurs : le potentiel de captation : cet indicateur permet d'appréhender le degré d'attractivité d'un territoire à travers sa capacité à capter de la richesse à l'extérieur de son périmètre. Il est calculé en rapportant le volume total de revenus captés (revenus basiques) à la population résidante. Plus l'indicateur est important, plus cela signifie que le potentiel de captation est élevé. l'effet multiplicateur : cet indicateur permet d'appréhender le degré de redistribution des revenus captés à l'extérieur d'un territoire dans son économie locale ; autrement dit la propension à consommer localement. Il est calculé en rapportant le volume total de revenus captés à l'extérieur (revenus basiques) au nombre d'emplois de l'économie de proximité. Exprimé en euros, l'effet multiplicateur peut se lire comme le volume de revenus basiques nécessaire pour la création d'un emploi de proximité supplémentaire. Attention : contrairement au potentiel de captation, plus le montant exprimé par l'effet multiplicateur est important, plus cela signifie qu'il est faible et inversement. le taux de couverture en emplois de proximité : cet indicateur permet de mesurer la densité en emplois de proximité sur un territoire donné. Il est calculé en rapportant le nombre d'emplois de proximité à la population résidante. Du fait de leur robustesse partielle, ces indicateurs ne doivent pas être interprétés isolement mais toujours dans le cadre d'une double mise en perspective avec une moyenne de référence et les uns aux autres. Ce n'est qu'en procédant de la sorte que leur analyse peut permettre d'appréhender les effets de la consommation en matière d’emploi sur les territoires.

Le fonctionnement du système de consommation du territoire Un territoire qui se caractérise par un potentiel de captation de richesse légèrement inférieur à la moyenne des ZE françaises illustratif d’une faible attractivité… … et une très faible propension à redistribuer la richesse captée dans l’économie locale (cf. l’effet multiplicateur supérieur à la moyenne), très probablement en raison de l’attractivité commerciale de l’agglomération grenobloise Combinaison qui se traduit par un fort déficit en emplois de proximité (cf. le taux de couverture) Un système de consommation au fonctionnement clairement sous-optimal marqué par une faible potentiel de captation de richesses et une faible propension à consommer localement

Partie 2 : Dynamique économique du territoire Analyse de la structure de spécialisation du tissu productif

Mise en perspective de la dynamique de l’emploi salarié privé durant la « grande récession » Un territoire confronté à une très lourde réduction de ses effectifs salariés privés durant la dernière récession liées à une très forte sensibilité à la crise dès la 1ère année (- 4,9 % de croissance entre 2008 et 2009), une capacité de rebond modérée entre 2009-2010 et une dégradation continue et qui s’accentue entre 2010-2011 et 2011-2012 Les piètres performances du tissu productif local en matière de créations d’emplois salariés privés durant la dernière récession s’expliquent à la fois par une orientation sectorielle défavorable (cf. l’évolution structurelle de – 4,3 %) et un dynamisme propre des entreprises lui aussi largement défavorable (cf. l’évolution spécifique de – 4,1 %)

La structure de spécialisation économique du territoire Un territoire qui présente une structure de spécialisation relativement étroite marquée par une très forte spécialisation industrielle Effectivement, seuls trois secteurs d’activité apparaissent comme de véritables secteurs de spécialisation sur le territoire : Construction (1 054 emplois en 2012), Industrie manufacturière (216 emplois en 2012) et Agriculture, sylviculture… (174 emplois en 2012) . Compte tenu de son faible poids en valeur absolu (15 emplois en 2012), le secteurs des Industries extractives ne peut être considéré comme un secteur de spécialisation à part entière On relèvera cependant la « montée en puissance » des secteurs des services à la population Santé humaine et action sociale et Hébergement et restauration dont le poids tend à converger vers la moyenne nationale On relèvera également la forte dégradation du poids des secteurs Production et distribution d’eau… et Arts, spectacles et activités récréatives La question de la diversification du tissu économique se pose comme un axe de développement prioritaire pour favoriser un regain économique et sortir le territoire de la crise

Dynamique de l’emploi par grands secteurs d’activité Si seulement 7 secteurs d’activité ont connu une évolution positive de leurs effectifs salariés privés entre 2008 et 2012… … seulement 4 ont connu une augmentation significative en valeur absolue : Santé humaine et action sociale (+ 68 emplois), Commerce ; réparation d’automobiles… (+ 45 emplois), Hébergement et restauration (+ 32 emplois) et dans une moindre mesure encore Activités financières et d’assurance (+ 21 emplois) On notera les performances très défavorables des secteurs Industrie manufacturière (- 448 emplois), Activités de services administratifs et de soutien (- 168 emplois), Transport et entreposage (- 54 emplois) et de manière tout à fait singulière le secteur Arts, spectacles et activités récréatives (- 53 emplois) ; ce à des rythmes baissiers systématiquement supérieurs à ceux observés en moyenne au niveau national Le secteur de la Construction, principal secteur de spécialisation du territoire, a également enregistré de lourdes pertes d’emplois (- 61 emplois) mais à un rythme légèrement inférieur à la moyenne nationale

Dynamique de l’emploi par sphère : une transformation du tissu productif local Si la part des emplois de la sphère présentielle a considérablement augmenté sur la période entre 1975 et 2010 et est devenue majoritaire en 2010… … elle n’en reste pas moins encore sensiblement inférieur aux moyennes de comparaison … la mutation du profil du système productif est le produit combiné de la forte progression des emplois de la sphère présentielle (à un rythme supérieur aux moyennes) et de a chute des effets de la sphère non présentielles (diminution plus intense que celles observées en moyennes)

Dynamique des emplois de « proximité » : une approche « segmentée » de la sphère présentielle La lecture de la structure de spécialisation du tissu productif que nous donne la grille de lecture proposée par l’Insee à partir du découpage en sphères présentielle et non présentielle recèle un certain nombre de biais. Effectivement, il existe tout une gamme de secteurs d’activité dont le marché peut potentiellement être local et extérieur au territoire. C’est ce que nous appelons les secteurs « mixtes » (cf. en annexe la liste des secteurs d’activité classés comme mixte). Or il est intéressant de travailler sur les secteurs mixtes à double titre : d’une part leur identification implique mécaniquement une diminution du poids de la sphère présentielle (au sens de l’Insee) et d’autre part, elle nous permet d’identifier les potentialités de montée en gamme des tissus productifs locaux (c’est-à-dire des secteurs d’activité dont le marché pourrait s’étendre du local vers l’extérieur) L’application de cette nouvelle grille de lecture nous permet de porter un regard complémentaire sur le système productif du Sud Grésivaudan : les secteurs d’activité « mixtes » et présentiels apparaissent sous-représentés au regard de la moyenne nationale tant en 2008 qu’en 2012 alors que les secteurs exclusivement non-présentiels y apparaissent nettement sur-représentés. Cette nouvelle décomposition fait ainsi apparaître, de manière tout à fait concordante avec l’approche précédente, le caractère pérenne de l’orientation non-présentielle du tissu productif local, ce en dépits des moindres potentialités de « montée en gamme » des secteurs d’activité présentielle synthétisée par le faible poids des secteurs d’activité « mixtes » (poids de surcroît en forte baisse entre 2008 et 2012)

Dynamique des emplois de « proximité » : une décomposition en trois fonctions Si l’économie de proximité (présentielle) reste une économie largement centrée sur des activités de service, un certain nombre de ses secteurs d’activité n’en demeurent pas moins spécialisés dans des activités de production et des activités que nous avons appelé « service de production » (par exemple les activités de réparation qui sont au départ des activités de service mais nécessitent un acte de production). La décomposition des secteurs de proximité en trois fonctions nous permet d’observer que la part des secteurs de proximité de production demeure bien plus importante localement qu’en moyennes tant en 2008 qu’en 2012 (ce en dépit d’une légère baisse sur la période) On notera cependant que les effectifs des secteurs présentiels de production ont enregistré une rapide diminution sur la période, ce à un rythme sensiblement supérieur à la tendance nationale. A contrario, les secteurs d’activité présentiels de service et de service de production ont enregistré une forte dynamique, particulièrement pour ces derniers, dans un contexte pourtant plutôt défavorable

Le dynamisme des secteurs d’activité de l’économie de proximité : le palmarès des secteurs les plus dynamiques et les plus en difficulté

Partie 3 : Le niveau de développement social du territoire Une approche synthétique

Les effets du modèle de développement sur la qualité de l’emploi La part des actifs en emploi à temps partiel du territoire demeure sensiblement supérieure aux moyennes régionale et de province Le poids des femmes parmi les actifs en emploi à temps partiel demeure lui aussi supérieur aux moyennes de comparaison La proportion d’actifs en contrat stable demeure en revanche strictement similaire aux moyennes de comparaison On notera la légère sous-représentation des actifs en CDD et la légère sur-représentation des actifs intérimaires Un territoire confronté à une qualité de l’emploi mitigée en raison d’une forte proportion d’actifs occupés à temps partiel

Analyse synthétique du fonctionnement du marché du travail local Le taux de chômage demeure structurellement inférieur aux moyennes de comparaison La baisse du taux de chômage entre 1999 et 2010 est liée à la forte hausse de la population active (à un rythme bien supérieur aux moyennes) combinée à la baisse du nombre de chômeurs Un territoire marqué par un taux de chômage structurellement inférieur à la moyenne et de surcroit en baisse en raison d’une évolution favorable de la population active et du nombre de chômeurs

Analyse synthétique du fonctionnement du marché du travail local La progression du nombre de demandeurs d’emploi (DEFM) du territoire entre 2001 et 2011 a été sensiblement supérieure à la moyenne de province et légèrement supérieure à la moyenne régionale Ce en raison d’une très forte sensibilité du territoire à la dernière entrée en récession et malgré de plutôt bonnes performances de réduction des DEFM entre 2001-2005 et 2005-2007 (période de baisse il est vraie plus modérée localement qu’en moyennes en Rhône Alpes et en province)

Evolution du revenu des ménages durant la dernière décennie En dépit d’une progression plus rapide entre 1998 et 2010, le revenu moyen des ménages du CDDRA du Sud Grésivaudan est resté sensiblement inférieur aux moyennes de comparaison

Un territoire caractérisé par une structure sociale relativement homogène et une faible intensité de la pauvreté Si le revenu médian des communautés de communes du Sud Grésivaudan (les données ne sont pas disponibles à cette échelle) demeurent sensiblement inférieurs à la moyenne régionale (et même nationale pour les CC de la Bourne de l’Isère et du Pays Saint Marcellin)… … celui des catégories les plus défavorisées (le 1er décile notamment) demeure en revanche sensiblement supérieur aux moyennes, ce qui indique que l’intensité de la pauvreté demeure localement moins intense qu’ailleurs (en d’autres termes que les pauvres demeurent moins pauvres) A contrario, les populations les plus aisées présentent un niveau de revenu plutôt inférieur aux moyennes de comparaison La distribution des revenus explique les faibles niveaux d’inégalités de revenus qui frappent le territoire et demeure caractéristique d’une structure sociale relativement homogène

Conclusion

Un modèle de développement en déséquilibre Le modèle de développement du territoire du Sud Grésivaudan présente un profil de type « résidentiel » ou plus précisément « dortoir » assez caractéristique des territoires « péri-urbains » localisés dans la sphère d’influence de grandes agglomérations. Effectivement, le poids de l’économie résidentielle dans l’ensemble des revenus captés par le territoire demeure assez nettement supérieur à la moyenne observée à l’échelle des Zones d’emploi françaises en raison de la forte sur-représentation des revenus « dortoirs » qui compense largement le déficit en dépenses touristiques. A contrario, les revenus productifs exportateurs, issus de la vente de biens et de services à l’extérieur du territoire, et publics demeurent assez nettement sous-représentés au regard de cette moyenne alors que le poids des transferts sociaux demeure plutôt conforme à celle-ci. Le système de consommation du territoire se caractérise par un mode de fonctionnement clairement sous-optimal marqué par un faible potentiel de captation de richesses - symptomatique d’une attractivité territoriale modérée – et une faible propension à consommer localement (cf. l’effet multiplicateur). Combinaison qui génère une faible densité en emplois de proximité, sensiblement inférieure à la moyenne. Le système productif du Sud Grésivaudan a été particulièrement affecté par la dernière récession. Le territoire a effectivement perdu 700 emplois salariés entre 2008 et 2012, soit un rythme de baisse de – 8,3 % sensiblement supérieur aux tendances régionale et de province. Cette hypersensibilité à la « Grande récession » est liée à une orientation sectorielle largement défavorable (le système productif local demeure plutôt spécialisé dans des secteurs d’activité qui enregistrent des pertes d’emplois au niveau national) et le faible dynamisme spécifique de ses entreprises. La faible capacité de résilience du territoire s’explique effectivement par la dimension structurellement (et historiquement) concurrentielle du système productif local (cf. notamment le poids relatif du secteur Industries extractives) et une moindre spécialisation, cependant en croissance, dans des secteurs d’activité présentiels (en général moins sensibles aux aléas économiques). Effectivement, la structure du système productif local a tout de même légèrement évolué entre 1975 et 2010 en raison d’une très rapide progression des emplois présentiels combinée à un effondrement des emplois de la sphère non présentielle.

L’analyse détaillée de l’économie de proximité incite à la même conclusion. Effectivement, la nette sous-représentation des secteurs d’activité « mixtes » (secteurs d’activité dont le marché peut potentiellement être local et extérieur au territoire) et exclusivement non présentiels, ainsi que la forte dominante productive des secteurs présentiels confirment bien l’orientation sectorielle spécifique du tissu économique local. Le Sud Grésivaudan ne semble pas affecté par une précarisation excessive de ses emplois. Cependant, malgré la faible orientation présentielle de son tissu productif local, le territoire présente une part d’actifs occupés à temps partiel sensiblement supérieure aux moyennes de comparaison alors que la part des emplois en contrat stable apparaît similaire. Du côté du chômage, le constat demeure plus mitigé. Alors que le taux de chômage du territoire demeure structurellement inférieur aux moyennes et a diminué entre 1999 et 2010 grâce à une progression rapide de la population active combinée à une diminution du nombre de chômeurs, le nombre de demandeurs d’emplois (de catégorie A) a progressé à un rythme très rapide depuis 2001 en raison d’une moindre réactivité à la reprise de 2005-2007 et une réelle explosion depuis 2008. Au final, ces modalités de fonctionnement sont porteuses d’un niveau de cohésion sociale relativement mitigé. Effectivement, si le revenu des populations les plus défavorisées (notamment du 1er décile) demeure supérieur aux moyennes, ce qui traduit une moindre intensité de la pauvreté localement, celui des classes moyennes et des catégories les plus aisées apparait en revanche inférieur. Ce qui au final dessine une structure sociale très homogène, c’est-à-dire marquée par un faible niveau d’inégalités. Si de nombreux indicateurs sociaux sont au vert, il convient tout de même de faire preuve de vigilance pour une raison essentielle : l’enfermement du territoire dans une logique de « périurbanisation » marquée par le poids croissant des revenus « dortoirs » est évidemment porteuse de risques sociaux (précarisation croissante, accroissement du chômage, explosion des charges de mobilité dans le budget des ménages…) et environnementaux (croissance des nuisances environnementales liées à une empreinte écologique de plus en plus forte…) pour les années à venir.

Quatre axes stratégiques fondamentaux se dessinent ainsi à la lecture des enjeux soulevés par ce diagnostic : accompagner les mutations économiques (cf. l’évolution de l’emploi dans la sphère présentielle depuis 4O ans), porteuses de lourdes difficultés sociales, notamment dans les secteurs d’activité les plus concurrentielles encourager la propension à consommer localement pour favoriser le dynamisme de l’économie de proximité, encore largement sous-développée sur le territoire malgré son poids en croissance ; encourager le développement de l’activité touristique, excessivement sous-développée ; recréer du lien entre la dynamique de développement économique du Sud Grésivaudan et sa population résidente pour réduire l’état de dépendance du territoire vis-à-vis des dynamiques économiques externes

Annexes

Annexe I Les secteurs des sphères présentielle et non présentielle reclassés comme « mixtes »

Liste des secteurs d’activité « mixtes »

Liste des secteurs d’activité « mixtes » (suite)

Liste des secteurs d’activité « mixtes » (suite)

Liste des secteurs d’activité « mixtes » (fin)

Annexe II Les secteurs de l’économie de proximité décomposés par fonction

Liste des secteurs présentiels de production

Liste des secteurs d’activité présentiels de service

Liste des secteurs d’activité présentiels de service (suite)

Liste des secteurs d’activité présentiels de service (suite)

Liste des secteurs d’activité présentiels de service de production

Annexe III Concepts sur les revenus fiscaux par unité de consommation

Le revenu fiscal correspond à la somme des ressources déclarées par les contribuables sur la déclaration des revenus, avant tout abattement. Il ne correspond pas au revenu disponible. Le revenu fiscal comprend ainsi les revenus d'activité salariée et indépendante, les pensions d'invalidité et les retraites (hors minimum vieillesse), les pensions alimentaires reçues (déduction faite des pensions versées), certains revenus du patrimoine ainsi que les revenus sociaux imposables : indemnités de maladie et de chômage (hors RMI).   Le niveau d’observation du revenu fiscal que nous avons retenu est l’unité de consommation (plutôt que le ménage ou la personne). L’unité de consommation est un système de pondération attribuant un coefficient à chaque membre du ménage et permettant de comparer les niveaux de vie de ménages de tailles ou de compositions différentes. Avec cette pondération, le nombre de personnes est ramené à un nombre d'unités de consommation (UC). La médiane est la valeur qui partage une distribution en deux parties égales. Ainsi, pour une distribution de revenus, la médiane est le revenu au-dessous duquel se situent 50 % des revenus. C'est de manière équivalente le revenu au-dessus duquel se situent 50 % des revenus. La médiane constitue un indicateur plus fiable que la moyenne. Le premier décile est le revenu au-dessus duquel se situent 90 % des revenus. Le 1er décile concentre ainsi les 10 % des ménages (exprimés en unités de consommation) les plus pauvres. Le neuvième décile est le revenu au-dessous duquel se situent 90 % des revenus. Le 9ème décile concentre ainsi les 10 % des ménages (exprimés en unités de consommation) les plus riches. Le niveau d’inégalités sociales, c’est-à-dire entre habitants, est appréhendé à partir d’un indice de Gini. L’indice de Gini est un indice d’inégalités appliqué dans le cas présent au revenu fiscal par unité de consommation (cf. supra). L’indice de Gini varie entre 0 et 1. Il est égal à 0 dans une situation d'égalité parfaite où tous les revenus seraient égaux. A l'autre extrême, il est égal à 1 dans la situation la plus inégalitaire possible, celle où tous les revenus sauf un seraient nuls. Entre 0 et 1, l'inégalité est d'autant plus forte que l'indice de Gini est élevé. Une baisse de l'indice de Gini observée entre deux dates indique une diminution globale des inégalités. A l'inverse, une élévation de l'indice reflète une augmentation globale des inégalités. .

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