Rappelez-vous: Après la Haute Renaissance… Maniérisme Proto-baroque Réalisme du Nord de l’Italie
Le maniérisme (1520-1580) Le maniérisme est un style artificiel, maniéré (reprenant, s’inspirant la manière de peindre de Raphaël et de Michel-Ange), un art de citations s’adressant au goût éduqué et sophistiqué des castes sociales élevées… Le maniérisme rompt avec l’équilibre de la composition classique de la Renaissance. L’espace est désuni, la lumière irréelle, les corps déformés, en torsion (figura serpentina), les couleurs acides, irréelles. Rosso Fiorentino La déposition de la croix en 1521. Pontormo, Descente de la croix, (1525-28) Parmigiannino, Autoportrait et la vierge au long cou
Le proto-baroque Nous considérons un autre style, apparaissant vers 1520, préfigurer le baroque. Nous l’appelons le proto-baroque. Le proto-baroque utilise les techniques de la peinture acquises par la Haute Renaissance (la perspective linéaire et atmosphérique, le sfumato, le clair-obscur) pour créer de puissantes illusions, des trompe-l’œil. Le Corrège (1489/94-1534): Assomption de la Vierge, 1525, Cathédrale de Parme
Girolamo Savoldo, Saint Matthieu, vers 1535 Un troisième courant apparait au nord de l’Italie, nous parlons de réalisme du Nord de l’Italie. Ces peintres, dont Savoldo et Véronèse, représentent les thèmes religieux dans les milieux ordinaires, quotidiens, humbles. C’est une influence du protestantisme: le mystère de la foi est à porté de tous, le sacré apparait au milieu du profane. : l’ange apparait dans un intérieur humble, le sacré apparait au milieu du profane… Girolamo Savoldo, Saint Matthieu, vers 1535
3-3-2 Le Baroque en Italie Le terme, le contexte Le Baroque en Italie: art de la contreréforme Le Baroque en peinture: Le Caravage, le Carrache et ses successeurs…
Le Baroque: le nom, le contexte Le terme « Baroque », « baroco », signifiant « irrégulière, tourmentée, grotesque » a été employé par les historiens d’art pour désigner le style dominant de la période 1600-1750. Contexte historique: le baroque est l’art de la Contre-réforme. C’est la papauté qui finance les arts avec l’intention de faire de Rome la plus belle ville du monde « pour la plus grande gloire de Dieux et de l’Église ». Rome est le haut lieu du Baroque, qui s’étend aux autres pays de la foi catholique nouvellement fortifiée (en Flandres et en Espagne) mais qui va être adopté aussi bien par l’absolutisme en France (Louis XIV) que par l’Hollande protestante et bourgeoise. Ses formes vont toutefois dépendre de son contexte comme nous allons le voir. Son lien avec la philosophie et la science de son époque est moins étroit que celui de la Renaissance, tout ces domaines de la connaissance devenus trop complexes entretemps.
Le Baroque en Italie: Rome, la papauté et la Contreréforme C’est Rome qui, vers 1600, devint le haut lieu du Baroque: la papauté finançait les arts avec l’intention de faire de Rome la plus belle ville du monde « pour la plus grande gloire de Dieux et de l’Église ». Dans la ville travaillaient à l’époque les derniers maniéristes de peu d’intérêt. Cette opportunité attira bientôt les jeunes peintres du Nord de l’Italie dont un homme de génie: Le Caravage (Caravaggio) (1573-1610)
Le Caravage (1573-1610) Vers 1597-98,Le Caravage exécute plusieurs toiles monumentales pour l’église de Saint-Louis-des-Français à Rome, dont L’appel de Saint Matthieu. Vers 1597-98, plusieurs toiles monumentales pour l’église de Saint-Louis-des-Français à Rome; 1599-1602, Contarelli Chapel, San Luigi dei Francesi, Rome Le Caravage, L’appel de Saint Matthieu, 1597-98
L’appel de Saint Matthieu est une toile insolite pour la Rome de l’époque: ni Renaissance ni Maniériste, elle s’apparente à ce réalisme du Nord de l’Italie que nous avons vu chez le Saint Matthieu de Savoldo. Le Caravage, L’appel de Saint Matthieu, 1597-98, Saint-Louis-des-Français, Rome Girolamo Savoldo, Saint Matthieu, vers 1535
Nous comprenons qu’il s’agit d’un thème religieux, non pas par l’auréole à peine visible du Christ, seul élément surnaturel du tableau, mais plutôt pour le geste que Christ emprunte à la création d’Adam, et surtout pour le rayon de soleil qui illumine sa main et son visage, et aussi celui de Matthieu. Comme dans le réalisme du nord de l’Italie, le sacré apparait au milieu de l’humble quotidien. le mystère de la foi est à la porté de tous…
Le Caravage, L’incrédulité de Saint Thomas, 1601-02 Mais si nous avons parlé de réalisme avec Savoldo, nous devrions parler de naturalisme avec Caravage, tellement il traite son sujet sacré non seulement en des termes de l’humble quotidien, mais crus de la chair… Le Caravage, L’incrédulité de Saint Thomas, 1601-02
Le Caravage, 1601-02, Le Sacrifice d’Isaac Nous devons nous rendre compte de la réalité du drame: le doigt s’imprimant dans la joue du jeune homme, hurlant de terreur… Le Caravage, 1601-02, Le Sacrifice d’Isaac
La composition met en valeur la diagonale, souvent par un dramatique contraste d’éclairage. Les personnages participant à ces scènes ressemblent aux gens ordinaires, même humbles, du peuple… Le Caravage, Mise en tombeau, 1602-03
Cette idée que le mystère de la foi est à la porté de tous correspond bien à l’idée protestante. Le Caravage en a subi l’influence, mais le nord protestant va s’inspirer de lui à son tour… En Italie pourtant, les gens simples, auxquels ce style pensait s’adresser, étaient choqués de retrouver leur semblables dans des tableaux religieux traitant des thèmes sacrés… Le Caravage, La mort de la Vierge, 1606
Annibal Carrache (Caracci) (1560-1609) À l’époque, c’est la représentation idéalisée d’un autre peintre qui plaisait plus. Caracci réalise entre 1597 et 1601 les fresques du plafond du palais Farnèse à Rome, représentent les amours des Dieux classiques Le Carache, venu de Bologne où il avait travaillé dans le style maniériste
Le Carache peint non seulement ses personnages, mais les entoure de cadres peints et de sculpture simulée: nous y retrouvons le trompe l’œil inspiré du proto-baroque de Corrège…
Ganymède enlevé par Jupiter en aigle, Le Corrège, Assomption, coupole de la cathédrale de Parme, 1925 Le trompe-l’œil: le proto-baroque de Corregio: L’Assomption de la Vierge
Les successeurs de Caracci vont retenir cette illusion des sens crée par le trompe-l’œil, rendu maintenant possible par la parfaite maîtrise du clair obscur et de la perspective linéaire et atmosphérique… Dorénavant les innombrables scènes en trompe l’œil vont recouvrir les plafonds des églises et des palais, et être une des caractéristique les plus distinctive de la peinture baroque… Même si les intérêts de Caracci furent plus divers, ses successeurs vont retenir de la galerie Farnèse deux possibilités: soit le classicisme des panneaux mythologiques, soit l’illusion des sens crées par le trompe-l’œil rendu possible par la parfaite maîtrise de la perspective… Nous allons particulièrement parler de cette seconde option: Andrea POZZO, (1642-1709), L’Apothéose de St. Ignazio, 1688-90, Sant Ignazio, Rome
Puissant trompe l’oeil typique de la peinture baroque rendu possible par la parfaite maîtrise de la perspective (linéaire et athmosphérique)… Nous parlons d’illusionnisme baroque. Andrea POZZO, (1642-1709), L’Apothéose de St. Ignazio (détail), 1688-90, Sant Ignazio, Rome Andrea POZZO, L’Apothéose de St. Ignazio (détail), 1688-90, Sant Ignazio, Rome
L’illusionnisme de la peinture baroque va travailler da pair avec la sculpture et le cadre architectural pour créer une illusion composite rappelant une scène de théâtre. L’exemple de ce procédé est le la chapelle Cornaro de l’église Santa Maria Vittoria à Rome, un chef-d’œuvre du sculpteur et architecte Le Bernin, dont nous allons parler au cours prochain. Cannonized in 1622 Le Bernin, L’extase de la sainte Thérèse, (entre 1645 et 1652, chapelle Cornaro, l’église Santa Maria Vittoria, Rome)
La peinture et la sculpture: le décor (peint et en stuc) au dessus de la chapelle: le saint esprit sous la forme d’une colombe (peinte) plane au-dessus d’une nuée d’anges (peints et en stuc)…
Sculpture et architecture: « Les spectateurs » assis dans leurs « loges » à droite et à gauche, contemplent la scène…
L’architecture: la lumière éclairant la scène provient d’une lucarne cachée et descend sur le marbre blanc du groupe le long des rayons dorés…
Dégager l’essentiel: La peinture baroque en Italie Le terme « Baroque », signifiant irrégulière, tourmentée , désigne le style dominant de la période 1600-1750. C’est l’art de la Contre-réforme, financé par la papauté, avec Rome comme centre. La peinture baroque met à profit les découvertes techniques acquises pendant la Renaissance (la perspective, le clair-obscur et le sfumato) pour créer des puissants trompe l’œil, l’illusion de la réalité de l’espace peint, qui prolonge l’espace réel (comme les voûtes d’églises s’ouvrant vers l’espace infini du ciel…) La peinture du Caravage (Caravaggio, 1573-1610) illustre un autre aspect de l’art baroque, inspiré du réalisme du Nord de l’Italie. Le sacré y apparait parmi les gens simples, et dans les décors modestes. Dans son œuvre le réalisme est poussé à un tel degré que nous parlons de naturalisme…
Le Caravage, influence su réalisme du nord de l’Italie: scène religieuse dans un intérieur humble, quotidien… Fort contraste de lumière, diagonale accentuée. Le Caravage, L’appel de Saint Matthieu, 1597-98, Saint-Louis-des-Français, Rome Girolamo Savoldo, Saint Matthieu, vers 1535
Mais c’est l’illusion des sens crées par le trompe-l’œil rendu possible par la parfaite maîtrise des techniques de la peinture qui est la caractéristique le plus distinctive de la peinture baroque en Italie… Annibal Carrache, les fresques du plafond du palais Farnèse à Rome les amours des Dieux classiques (entre 1597 et 1601): cadres, sculptures en trompe l’oeil
L’illusionnisme de la peinture baroque va travailler da pair avec la sculpture et le cadre architectural pour créer une illusion composite rappelant une scène de théâtre. Cannonized in 1622 L’exemple de ce procédé est le chef-d’œuvre du Bernin, L’extase de la sainte Thérèse, (entre 1645 et 1652, chapelle Cornaro, l’église Santa Maria Vittoria, Rome)
Dorénavant, les innombrables scènes en trompe l’œil vont recouvrir les plafonds des églises et des palais. Andrea POZZO, (1642-1709), L’Apothéose de St. Ignazio, 1688-90, Sant Ignazio, Rome