Le Français du Québec Le vocabulaire québécois est riche de mots liés à son histoire, on retrouve à travers la parlure québécoise :
Des régionalismes français c'est-à-dire des emprunts faits aux divers patois connus des colons : bavasser (bavarder, dire des médisances); la boucane (fumée); la broue (mousse); la brunante (crépuscule); maganer (abîmer, maltraiter); une patate (pomme de terre);
Des emprunts faits à la langue amérindienne un achigan (un poisson); un atoka (canneberge); la babiche (lanière de cuir cru),…
Des québécismes c'est-à-dire des mots ou expressions propres au français du Québec : bûcher (abattre un arbre, couper du bois); il mouille (il pleut); la poudrerie (fine neige tourbillonnante); une secousse (un certain temps); le solage d'une maison (les fondations); une tuque (un bonnet de laine); etc.
Au tout début de la colonisation de la Nouvelle-France, la mer, les fleuves et autres cours d'eau constituaient les voies principales de déplacement. L'importance de ce mode de transport s'est reflétée dans la langue. On ne monte pas en voiture, on n'en descend pas, on y embarque et on en débarque. Le linoléum est appelé prélart, au Québec. On est bien greyé(gréé) quand on est bien habillé. En Acadie d'ailleurs, on ne lace pas ses chaussures mais on amarre ses souliers
Il était tout à fait naturel d'emprunter aux populations autochtones les mots décrivant l'environnement qui était le leur, comme caribou, achigan, mocassin, touladi, babiche, pécan, toboggan (algonquin), ouananiche (montagnais), anorak, parka (inuit) qui sont tous des poissons d'eau douce, et bien sûr les mots de la toponymie comme Ottawa, Québec, Yamaska, Manicouagan, Massawippi.
Les archaïsmes ou vieux français Vieilles prononciations (moé au lieu de moi, prononciation du mot canard) ou mots du vieux français : · Guenilles : vêtements ou chiffons · Un Char : une voiture · La boucane : la fumée La champelure : le robinet · Bavasser : bavarder, dire des médisances · Broue : mousse de la bière · La brunante : crépuscule · Une patate : pomme de terre Asteur : de nos jours Débarrer : ouvrir
Les dialectes régionaux Mots et prononciations importés des provinces françaises: garrocher pour lancer, achaler pour embêter, magané pour fatigué, épuisé, ou détérioré s'il s'agit d'un objet. Prononciation du t final comme dans icitte ou pantoute, ce dernier mot dérivé de pas en tout, pas du tout. "J'ai pas eu peur pantoute !".
Les anglicismes Au Québec, Il faut défendre le français contre l'anglais qui est omniprésent. Le Québec a donc remplacé au coin des rues les panneaux STOPpar ARRÊT, le week end par fin de semaine, le ferry par traversier, un email par courriel, contraction de courrier électronique et les rollers deviennent des patins à roues alignées. Autres exemples : · Le maïs éclaté : Le pop corn · Un chien chaud : Un hot dog · Mouver : Se déplacer · Truster : Faire confiance · Nettoyeur : Pressing · Stationnement : Parking
Les créations ou québécismes L'acériculteur et sa cabane à sucre dans l'érablière, la poudrerie (fine neige tourbillonnante) quand le vent souffle pour former des bancs de neige (congères), le panache de l'orignal, la tuque (bonnet de laine) sur la tête. Mais aussi : bûcher (abattre un arbre, couper du bois), il mouille (il pleut), le solage d’une maison (les fondations)….
Expressions courantes Les trois repas: le déjeuner (matin), le dîner (midi), le souper (soir), comme dans certaines régions de France, le Nord en particulier Je suis tanné, c'est platte, j'en ai marre, c'est ennuyant C'est pas si pire, c'est bien mais ça pourrait être mieux Envoye-donc, (prononcer envouaille don), allez, vas-y! T'es ben fin, tu es bien gentil Prononciation Réduction des pronoms il en y: Y peut pas v'nir, y'é malade Réduction de elle a en a: aa pas le temps, aa mal au dos Contraction de je suis en chu: chu fatigué, chu tanné Prononciation du t final: un pet(te), un bout(te) Prononciation du ï : je te haïs (« a i ») Un vieux t final qui persiste, même là où il n'y en a pas: Y fait frette (froid), pomme pourritte.
Choses et objets divers Une chicane, un conflit, une dispute Une débarbouillette, le carré de tissu éponge qui remplace le gant de toilette européen Une liqueur, boisson gazeuse Une piastre, prononcer piasse, un dollar Une tabagie, où l'on vend du tabac et des journaux Le dépanneur, épicerie ouverte 24h/24 Une tuque, un bonnet tricoté, avec ou sans pompon Du blé d'Inde, du maïs en épis ou en grains De la tartinade, pâte à tartiner "La" gang (prononcer gaingue), le groupe, d'amis ou autres Une laveuse, un lave-linge Une sécheuse, un sèche-linge Un maringouin, un moustique Les vidanges, les poubelles
Des "sacres" Le Québécois ne s'écrie pas "Nom de Dieu Des "sacres" Le Québécois ne s'écrie pas "Nom de Dieu!" comme le Français. Au lieu du "Nom de Dieu", il a à sa disposition un bon répertoire de "sacres Les sacres "durs": criss, tabernacle ou tabarnak, ostie, calvaire, câlisse, ciboire, sacrament. On les combine pour en augmenter l'effet, on les sanctifie : saint-ciboire! maudit sacrament de tabernac' à deux portes! Les sacres versions douces et donc moins choquants: tabarnouche, calvasse. Un "sacre", c'est ni plus ni moins qu'un blasphème. Il faut, pour bien sacrer, faire appel au vocabulaire religieux.
Les sacres durs criss, tabernacle ou tabarnak, ostie, calvaire, câlisse, ciboire, sacrament. On les combine pour en augmenter l'effet, on les sanctifie : saint-ciboire! maudit sacrament de tabernac' à deux portes!
Les sacres versions douces donc moins choquants: Tabarnouche calvasse.