Rutebeuf (le rude bœuf ?) Auteur parisien du XIIIe siècle
Bio-bibliographie de Rutebeuf probablement originaire de Champagne: plusieurs poèmes en l’honneur de grands personnages champenois (La complainte du roi de Navarre) vit principalement à Paris son premier écrit datable est de 1249 ou peu après (Dit des Cordeliers) connaît bien le latin (transpose des sources latines dans La Vie de sainte Marie l’Egyptienne ou Le Miracle de Théophile) probablement clerc, élève d’une université (Paris?). Défend la position des maîtres de cette université dans leur querelle contre les Franciscains et Dominicains (ex. Le dit de l’Université de Paris) marié et pauvre? (Le mariage Rutebeuf, La complainte Rutebeuf) en faveur des croisades (La complainte de Constantinople, La complainte d’Outremer) mais critique vis-à-vis de Louis IX (Renard le Bestourné) son dernier écrit datable est de 1277 (Nouvelle complainte d’outremer)
Type d’œuvres 54 œuvres lui sont attribuées avec certitude; 2 sont d’attribution discutée. Toutes sont des œuvres en vers (environ 14 000 vers en tout). On y trouve: 5 fabliaux des textes polémiques et satyriques (contre la Croisade, contre les ordres mendiants) 2 vies de saints 2 miracles (pièces de théâtre) des pièces « personnelles », notamment 6 dont les titres contiennent le nom « Rutebeuf »: Le mariage de Rutebeuf, La repentance de Rutebeuf, L’Ave Maria de Rutebeuf, La paix de Rutebeuf, La pauvreté de Rutebeuf.
Paris fin 13e s. miniature illustrant La vie de saint Denis (BnF 2090)
Marché à Paris vers 1400
Le Louvre Très riches heures du Duc de Berry c. 1412-1416 La Seine Saint-Germain des Prés
Le dit de la grièche d’hiver Contre le tenz qu’aubres deffuelle, Qu’il ne remaint en branche fuelle Qui n’aut a terre, Por pauvretei qui moi aterre, Qui de toute part me muet guerre, Contre l’yver, Dont mout me sont changié li ver, Mon dit commence trop diver De povre estoire. Forme: le tercet coué (8a8a4b 8b8b4c. . .)
Le Miracle de Théophile (v. 100-230) Bagahi laca bachahé Lamac cahi achabahé Karrelyos Lamac lamec bachalyos Cabahagi sabalyos Baryolas Lagozatha cabyolas Samahac et famyolas Harrahya. Forme: le tercet coué (8a8a4b 8b8b4c. . .)
La repentance de Rutebeuf Tart serai mais au repentir Las moi, c’onques ne sot sentir Mes soz cuers que c’est repentance N’a bien faire lui assentir. Comment oserai-je tantir Quant nes li justes auront doutance? J’ai touz touz jors engrassié ma pance D’autrui chasteil, d’autrui substance: Ci a boen clerc, a miex mentir! Se je di: “C’est par ignorance, Que je ne sai qu’est penitence”, Ce ne me puet garentir. Il est bien tard pour le repentir, Pauvre moi: jamais il n’a su sentir, Mon stupide cœur, ce que c’est que le repentir; Jamais il n’a su au bien consentir. Comment oserai-je souffler mot Le jour où même les justes trembleront? J’ai toujours engraissé ma panse Du bien d’autrui, de leur substance. Voilà un bon clerc! (quel beau mensonge!) Si je dis “C’est par ignorance: Je ne sais pas ce que c’est que la pénitence” Cela ne pourra m’excuser.