La vitamine D et le syndrome du colon irritable Projet d’érudition Arnold Dopgwa Université de Montréal
Problématique Motif de consultation fréquent en première ligne 10-15 % de la population des pays industrialisés en est atteinte Impacts majeurs sur la qualité de vie selon la sévérité Modalités thérapeutiques plus ou moins efficaces Physiopathologie méconnue ( plusieurs hypothèses) hypersensibilité viscérale dérèglement de l’axe cérébro-instestinal dérèglement immunitaire
Pourquoi la vitamine D? Propriétés anti-inflammatoires 30-50 % de la population mondiale est déficiente. Proportion similaire chez patients avec SCI Vitamine D Propriétés imuno-modulatrices Diminution des symptômes du SCI selon l’étude Sprake EF et al 2012 Diminution des symptômes du SCI Selon une enquête sur les réseaux.
Question PICO P patients atteints du SCI selon les critères de ROME III I supplémentation en vitamine D C placébo O Diminution du score SSS ( score de sévérité des symptômes)
Méthologie de recherche ET Recherche avancée de Pubmed Syndrome du côlon irritable Vitamine D 50 articles Critères d’inclusion 5 dernières années Essais cliniques randomisés 5 articles
Étude 1(Tazzyman S et al. 2015) Étude randomisée à double insu, 3 branches Royaume Uni, Janvier- Avril 2014 Population Patients avec syndrome du colon irritable N = 51 Intervention Vitamine D3 3000 UI die x 12 semaines Contrôle Placebo
Analyse-Étude 1 Issue primaire Score de Sévérité des symptômes selon un questionnaire standardisé (IBS-SSS) Issue secondaire Dosage du taux de niveau sérique de 25-OH-vitamine D Résultats pour issue primaire Pas de différence significative dans la diminution du score SSS entre les 2 groupes. (Données non présentées dans l’article)
Analyse-Étude 1- Forces et Faiblesses Stratification selon le niveau sérique de vitamine D, minimisant les variations dans la réponse à la supplémentation Faiblesses: Projet pilote Puissance très faible et donc erreur Beta considérablement élevée N’ont pas tenu compte de la variation saisonnière de l’exposition au soleil (le suivi de la plupart des participants a été fait entre le mois de mai et août. Cf tableau ci-bas) Participants à l’étude sont des universitaires ( groupe non représentatif de la population cible)
Étude 2 (Jalili M et al 2019) Étude randomisée à double insu Iran, octobre 2014 à janvier 2016 Population Femme de 18-75 ans d’IMC de 18-25 atteint du syndrome du colon irritable N = 116 Intervention Vitamine D 50 000 UI q1sem x 6 semaines Contrôle Placebo
Analyse-Étude 2 Issue primaire Score de Sévérité des symptômes selon un questionnaire standardisé (IBS-SSS) Issues secondaires IBS-QOL IBS-total Résultats pour issue primaire Réduction du score IBS-SSS selon les groupes Semaine-6 Vitamine D 61,46 ± 14,54 Semaine-6 placebo 35,55 ± 13,54 p < 0,05 Donc réduction du score IBS-SSS 1,7 fois plus grande dans le groupe vitamine D
Étude 2-Forces et faiblesses Apports nutritionnels évalués entre les deux groupes (similaires) Exposition au soleil indirectement contrôlé par un niveau sérique stable dans le groupe placebo. Seuls les patients déficients en vitamine D sont inclus, donc minimisation de la variabilité dans la réponse à la supplémentation Étude bicentrique Faiblesses: Hommes exclus dans l’étude Puissance non spécifiée Pas tenu compte des facteurs psychosociaux ( stress émotionnel, anxiété, dépression)
Étude 3 (Abbasnezhad et al. 2016) Étude randomisée à double insu Iran, Février-Mars 2015 Population H et F de 18 à 70 ans atteint du syndrome du colon irritable N = 90 Intervention Vitamine D3 50 000 UI q2mois x 6 mois Contrôle Placebo
Analyse-Étude 3 Issue primaire Score de Sévérité des symptômes selon un questionnaire standardisé (IBS-SSS) Issue secondaire IBS-QOL Résultats pour issue primaire Réduction du score IBS-SSS selon les groupes Mois-6 Vitamine D 53,82 ± 23,30 Mois-6 placebo 16,85 ± 25,01 p < 0,001 Donc réduction du score IBS-SSS 3,2 fois plus grande dans le groupe vitamine D
Étude 3- Forces et faiblesses Analyse tenant compte de la stratification selon le niveau de vitamine D (déficient vs non déficient) Puissance de 80% et calcul de la taille de l’échantillon bien spécifiée Faible pourcentage des pertes au suivi ( 5,6%) Meilleur validité externe (inclusion des hommes) Étude plus longue 6 mois Faiblesses: Ne tient pas compte des facteurs psychosociaux Ne tient pas compte des variations de la diète des participants Unicentrique
Étude 4 (El Amrousy et al. 2018) Étude randomisée à double insu Égypte, Avril 2015 –Avril 2017 Population Adolescent de 14-18 ans atteint du syndrome du colon irritable N = 112 Intervention Vitamine D3 2 000 UI die x 6 mois Contrôle Placebo
Analyse-Étude 4 Issue primaire Score de Sévérité des symptômes selon un questionnaire standardisé (IBS-SSS) Issues secondaires IBS-QOL Mesure du taux de 25-OH-vitamine D avant et après la supplémentation Résultats pour issue primaire Réduction du score IBS-SSS pré et post intervention selon les groupes Mois-6 Vitamine D 239,3 ± 73 (pré) vs 167,6 ± 46,9 (post) Mois-6 placebo 241,9 ± 69,8 (pré) vs 233 ± 68,2 (post) p < 0,001 Donc réduction du score IBS-SSS 9 fois plus grande dans le groupe vitamine D
Étude 4 – Forces et faiblesses Seuls les patients déficients sont inclus (vit D sérique < 20 ng/ml) Puissance 80% et taille de l’échantillon escomptée respecté Pas de perte au suivi Moins grande variation de l’âge (14-18 ans) Faiblesses: Étude uni-centrique bien les patients sont sélectionnés dans un centre tertiaire N’ont pas tenu compte des facteurs psychosociaux Validité externe limitée ( diète égyptienne, pays ensoleillé à l’année longue)
Étude 5 (Jalili M et al 2016) Étude randomisée à double insu et 4 branches Iran, 2013 Population Femmes de 18-75 ans atteintes du syndrome du colon irritable N = 100 Intervention Vitamine D3 50 000 UI q2sem x 6 semaines Contrôle Placebo, Ivoflavones et Isoflavone + Vitamine D
Analyse-Étude 5 Issue primaire Score de Sévérité des symptômes selon un questionnaire standardisé (IBS-SSS) Issues secondaire IBS-QOL IBS -Total Résultats pour issue primaire Réduction du score IBS-SSS pré et post intervention selon les groupes semaine-6 Vitamine D 250,56 ± 90,60 (pré) vs 150,31 ± 10,51(post) semaine-6 placebo 250,56 ± 120,36 (pré) vs 200,36 ± 10,54 (post) Semaine-6 Isoflavone 240,00 ± 7,1 (pré) vs 120,91 ± 10,53 (post) Donc réduction du score IBS-SSS 2 et 2,4 fois plus grande dans le groupe vitamine D et isoflavone respectivement .
Étude 5 – forces et faiblesses Inclue un questionnaire sur la diète Pertes au suivi modeste (8 %) Faiblesses: Unicentrique Pas de stratification selon le niveau de vitamine D sérique (déficient Vs non déficient) Puissance limitée ( Réduction du N dans les 4 branches de l’étude) Validité externe limitée ( Hommes Exclus, plusieurs autres critères d’exclusion)
Critique Globale Validité interne globalement adéquate Puissance limitée notamment pour les études 1, 5 et 3 Validité Externe limitée par plusieurs critères d’exclusion Études 2 et 5 ne concernent que les femmes Exclusion de patients avec maladie chroniques fréquentes ( DB2, HTA, IRC etc.) Patients sous antidépresseurs Études principalement faites au moyen orient et en afrique septentrional
Effets secondaires? Aucun effet secondaire rapporté pour les différentes doses de vitamine D administrés dans les différentes études. Hathcock JN et al., 2007 Risk assessment for vitamin D Une dose de 10 000 UI die est sécuritaire chez les individus sains Sharifi N et al 2014, Does vitamin D improve liver enzymes, oxidative stress, and inflammatory biomarkers in adults with non-alcoholic fatty liver disease? Une dose de 50 000 UI q2sem x 4 mois s’est avérée sécuritaire
Conclusion: Vitamine D pour le SCI ? Pourquoi? Amélioration cliniquement significative des scores IBS-SSS et IBS-QOL Sécuritaire à moyen terme chez les patients sans autres comorbidités. 25-OH-vitamine D rarement au dessus de 70 ng/ml avec la supplémentation(dose toxique > 100 ng/ml) Posologie ? Peu de données dose-réponse / innocuité à long terme permettant de statuer la posologie indiquée pour le SCI. Mais, apports nutrionnels de référence selon ‘’ Institute of medecine’’ USA et Canada sont les suivants:
Références Sharifi N, Amani R, Hajiani E, Cheraghian B. Does vitamin D improve liver enzymes, oxidative stress, and inflammatory biomarkers in adults with non-alcoholic fatty liver disease? A randomized clinical trial Endocrine 2014 ; 47: 70–80. Sprake EF, Grant VA, Corfe BM. Vitamin D3 as a novel treatment for irritable bowel syndrome: single case leads to critical analysis of patient- centred data. BMJ Case Rep 2012: doi: 10.1136/bcr-2012-007223. Hathcock JN, Shao A, Vieth R, Heaney R. Risk assessment for vitamin D. Am J Clin Nutr 2007; 85: 6–18. Tazzyman S, Richards N, Trueman AR, et al. Vitamin D associates with improved quality of life in participants with irritable bowel syndrome: outcomes from a pilot trial. BMJ Open Gastro 2015;2:e000052. doi:10.1136/bmjgast-2015- 000052 Jalili M, Vahedi H, Poustchi H, Hekmatdoost A. Effects of Vitamin D supplementation in patients with irritable bowel syndrome: A randomized, double‑blind, placebo‑controlled clinical trial. Int J Prev Med 2019;10:16. A. ABBASNEZHAD , R. AMANI , E. HAJIANI , P. ALAVINEJAD , B. CHERAGHIAN &A. GHADIR. Effect of vitamin D on gastrointestinal symptoms and health-related quality of life in irritable bowel syndrome patients: a randomized double-blind clinical trial Neurogastroenterol Motil (2016) 28, 1533–1544 El Amrousy D, Hassan S, El Ashry H, Yousef M, Hodeib H. Vitamin D supplementation in adolescents with irritable bowel syndrome: Is it useful? A randomized controlled trial. Saudi J Gastroenterol 2018;24:109-14. Jalili M, Hekmatdoost A, Vahedi H, Poustchi H, Khademi B, Saadi M, et al. (2016) Co-Administration of Soy Isoflavones and Vitamin D in Management of Irritable Bowel Disease. PLoS ONE 11(8): e0158545. doi:10.1371/journal.pone.0158545
Remerciements Dre Julie Moreau: Médecin superviseur