LE TOURISME MÉTROPOLITAIN DIFFÉRENCIATION EXPÉRIENTIELLE ET INTÉGRATION SOCIALE Boualem Kadri Département d’études urbaines et touristiques, École des sciences de la gestion, Université du Québec à Montréal. Montreal and Toronto Tourism Research Partnership “Collaborate to Compete” April 30 – May 1, 2010

De la ville industrielle à la métropole comme destination touristique - Les transformations de la ville à partir des révolutions urbaines successives (Ascher, 2001) La première modernité (XVe-XVIIIe) produit la ville classique ; la deuxième modernité (XIXe-XXe) est liée à l’émergence de la ville industrielle ; la troisième correspond à l’émergence des métropoles (importance accordée aux: services, à l’autonomisation de l’individu, à la diversité des styles de vie, à la consommation de masse , à l’économie symbolique et au développement en réseaux ) La ville postmoderne: une pluralité des territoires de consommation, de simulacre et d’expériences, Une urbanité nouvelle stimulée par l’apport du modèle de parc à thème Un potentiel d’intégration sociale, avec des « haut lieux » emblématiques (ex : les Halles de Paris), ainsi que des « petits hauts lieux » (bar, bistro), « où s’élaborent les mystères de la communication-communion » (Mafessoli, 2005 : 34). De la ville industrielle à la métropole comme destination touristique

Le concept de tourisme urbain et métropolitain 1- Un flou conceptuel (Cazes et Potier, 1996; Page et Hall, 2003): Qu’est-ce que le tourisme urbain? Qui est le touriste urbain ? 2- Une réalité complexe (Law, 1996): la complexité du tourisme urbain ne peut se réduire à une définition reproduisant les catégories traditionnelles et institutionnelles du tourisme international (le touriste international, la longue durée) 3- Un tourisme défini par l’offre (positionnement du territoire, inclusion des clientèles non traditionnelles) 4- Une difficulté de classification des éléments du tourisme métropolitain (conférences, expositions, attractions urbaines, culture, événements sportifs et spéciaux, hôtels...): Les classifications observées ne permettent pas de rendre compte de la complexité urbaine mais aussi de la dynamique de communication qui a lieu entre les équipements et les activités dans le contexte d’une métropole postmoderne composée de zones urbaines interconnectées

7- L’expérience d’un «autre ordinaire»: 5- La nécessité d’une approche systémique: mise en valeur d’une communication entre les différents éléments qui constituent le produit urbain et métropolitain selon trois pôles : fonctionnel, attractionnel et récréationnel. «Le produit du tourisme urbain ou métropolitain pourrait être perçu comme le produit d’un système de communication entre différents éléments pouvant être regroupés en trois pôles, fonctionnel, attractionnel et récréationnel. Ces pôles sont en interdépendance et poursuivent un objectif commun: produire une attraction globale qui est la ville comme organisme vivant, permettant à travers des expériences diverses une récréation, voire une re-création» (Pilette et Kadri, 2005: 91) 6- L’organisation touristique métropolitaine: L’expérience du tourisme métropolitain montre que le processus de participation et le développement touristique s’inscrivent dans un contexte de décentralisation et de dynamique de gouvernance qui favorise la communication entre les acteurs sociaux et institutionnels 7- L’expérience d’un «autre ordinaire»: L’expérience du tourisme métropolitain est qualifiée par la diversité des activités, mais aussi par la différenciation expérientielle et l’intégration sociale. Elle est vécue, dans des espaces-temps de « l’ordinaire » et du quotidien d’une métropole nord-américaine, par exemple.

- L’augmentation des courts séjours; Le tourisme métropolitain et son expérience L’évolution de la notion d’expérience touristique se situe autour de certains changements et pratiques touristiques tels : - L’augmentation des courts séjours; - La démarcation des modèles traditionnels nature-culture; - L’importance des dimensions du rite et du risque qui encadrent l’expérience touristique.

Situer le tourisme métropolitain par rapport à trois éléments: Les dimensions du rite et du risque comme éléments de la société postmoderne et donc de l’expérience touristique métropolitaine; La dimension de la proximité (proximité géographique et culturelle des marchés et des clientèles touristiques) La dimension de la «métropolité » (culture métropolitaine): caractérisée notamment par le multiculturalisme et la diversité ethnoculturelle qui sont des dimensions structurantes de l’attractivité touristique. Le tourisme métropolitain et son expérience seront situés dans le cadre d’un modèle du tourisme à trois niveaux (échelle spatiale) : -         le tourisme des «extrêmes » (échelle globale diversifiée) ; -         le tourisme des «proximités « (échelle continentale); -  le tourisme et récréotourisme de la métropole (échelle métropolitaine).

Tourisme de métropolité LE MODÈLE DES TROIS NIVEAUX DE TOURISME   Tourisme des extrêmes Tourisme des proximités Tourisme de métropolité

Le tourisme métropolitain et ses caractéristiques expérientielles (B Le tourisme métropolitain et ses caractéristiques expérientielles (B.Kadri, 2009) Tourisme des extrêmes  Tourisme des  proximités  Tourisme et récréotourisme de métropolité  Espaces, territoires limites   «Non-ordinaire» Technologie et haute technologie Risques très élevés Mobilité limitée Efforts soutenus Expérience « unique » Innovation et expérimentation Multiterritorialité Métropole, ville, quartier «Non-ordinaire» de proximité «L’ordinaire» de métropole Technologie Technologie du virtuel Risques, imprévisibilité Risques et imprévisibilité Mobilité relative Grande mobilité et exploration Détente, sightseeing Participation et intensification Diversifications des activités Réalités virtuelle et socioculturelle Pratiques traditionnelles Innovation et ritualisation Distinction sociale, distanciation spatiale Ritualisation des activités Diversité expérientielle et ressourcement culturel et intégration sociale

Conclusion Les problématiques de la ville induites par la fonction touristique lancent un défi aux chercheurs en tourisme contraints de revoir leurs outils conceptuels. Comment définir le tourisme et le touriste urbain? Quelles problématiques sont associées à «la mise en tourisme» de la ville? Quels sont les facteurs de succès d’une ville touristique, et les modèles définissant leurs performances? Un projet de recherche pour contribuer à répondre à ces questions: «Le tourisme, la ville et l’urbain: analyse sémantique/conceptuelle et modélisation des facteurs de succès de la ville touristique». Les objectifs de l’étude : 1) Entreprendre une analyse sémantique des expressions et définitions conceptuelles du tourisme urbain, 2) Réaliser l’étude à partir d’une enquête internationale; 3) Développer un essai de modélisation des facteurs concernant la «mise en tourisme» de la ville.

Bibliographie Ascher, François (2001), Les nouveaux principes de l’urbanisme : la fin des villes n’est pas à l’ordre du jour, La Tour d’Aigues, L’Aube. Cazes, Georges et Françoise Potier (1996), Le tourisme urbain, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Que Sais-je ? ». Kadri, Boualem. (2009). «Le tourisme métropolitain : différenciation expérientielle et intégration sociale». Actes du colloque des Rendez-vous Champlain sur le tourisme, 29 mai, 1er et 2 juin, Montréal et Québec, Téoros et Presses universitaires du Québec. Kadri, Boualem. (2009) «Le tourisme montréalais : un reflet de l’urbanité métropolitaine». In, Montréal aujourd'hui et demain : Politique, enjeux, tourisme, sous la coordination de Pierre Delorme, Montréal : Éditions Liber Page, J. Stephen et C. Michael Hall (2003), Managing Urban Tourism, Harlow (Angl.), Prentice Hall. Mafessoli, Michel (2005), « Pouvoir des hauts lieux », dans Pierre Delorme (dir.), La ville autrement, Québec, Presses de l’Université du Québec, p. 22-42. Law, Christoper Michael (1996), Tourism in Major Cities, London, Routledge.