Www.juris.uqam.ca Opération Dismantle c. La Reine, [1985] 1 R.C.S. 441.

Slides:



Advertisements
Présentations similaires
Université d’automne du ME-F
Advertisements

Espagne : Libre volonté privilégiée sur l’encadrement a priori. Asymétrie des régimes : communauté de pleine autonomie et communauté d’autonomie progressive.
La Réforme Des Tutelles
Révision Vrai ou faux: le droit administratif régit les relations entre les citoyens et les organismes publics. Le droit administratif est plutôt à propos.
Module 1: Les domaines du Droit
LA CONVENTION DE CHICAGO
RÉVISIONS DU PROGRAMME DE 1STG
Thème 2 : Comment est exercé le pouvoir de décision dans l’entreprise
L’ORGANISATION JUDICIAIRE
RESPONSABILITES CIVILE ET PENALE
1 Stratégies syndicales et pistes d'action possibles.
Stratégies syndicales et pistes d'action possibles
Puebla Présentation DÉFENSE DES TRAVAILLEURS ET LA DEMANDE SUITE AU CONGÉDIEMENT Décembre 2008.
II. L'institution judiciaire en France
Centre for Public Legal Education Alberta Les droits des minorités de langues officielles Introduction.
PARTENARIAT ÉDUCATIF GRUNDTVIG PARTENARIAT ÉDUCATIF GRUNDTVIG REPERES LÉ TAT DE DROIT.
Quest-ce que cest que la charte? La Charte est là pour protéger vos droits et libertés des actions du gouvernement. Si le gouvernement adopte une loi,
Loi de la bioéthique.
Association loi 1901 Régime juridique.
Unité Gouvernement.
Enoncé : Le Studio est une société qui vend du matériel de photographie. Le 12 février 2010, M. X a passé une importante commande concernant un boitier.
Centre for Public Legal Education Alberta Droits judiciaires Les droits des minorités de langues officielles.
LA RESPONSABILITE DU MONITEUR EN PRESENCE D’UN ACCIDENT
L’organisation de la justice en France
Petit exercice, analyse de l’art 293 C.cr
Les limites à la souveraineté parlementaire
1 Pour des « décisions démocratiques » inattaquables en justice? La nécessité du contrôle abstrait des normes.
Définition Définition des 3 pouvoirs
Le contrôle judiciaire de la constitutionnalité
Chapitre 2 : La souveraineté Principe fondamental du droit constitutionnel anglais Au sortir du Constitutional Settlement (1701) le pouvoir.
Chapitre 2 : Les limites à la souveraineté parlementaire
LOI CONSTITUTIONNELLE DE 1982
LES INSTITUTIONS GOUVERNEMENTALES
Lautoréglementation des médias: le Conseil de presse du Québec DRT 3805.
Présentation de la CFDT en 4h
Qu’est-ce que le DROIT? Un système…de règles ou de normes
Béliveau St-Jacques c. Fédération des employées et employés, [1996] 2 R.C.S. 345.
Les institutions européennes Les six doigts d’une main
La Cour des petites créances est ouverte!
LE COMBAT DES DROITS Notes de l’élève
PowerPoint A : Gouvernement JOURNÉE DU REPRÉSENTANT 2013.
Dossier 1.4. Les sources du droit
CMAP Cours: institutions de la République A L’attention des lauréats des lycées et collèges du 29 novembre au 1er décembre 2002 Yahya Ould Kebd.
Les pouvoirs judiciaires Par Francis Kay Tammie Nadeau Elisabeth Tavares GR: 406 Équipe 2.
. Planification et Conduite des Enquêtes Markus H. Meier - Directeur adjoint Forum Africain de la Concurrence 25 Mars, 2013.
Garanties juridiques Constat de problèmes:  Actuellement, situation d’insécurité juridique  Dysfonctionnement de l’administration Nos propositions: 
Leçon 3 : Gouvernements du Canada
Leçon 2 : Droits et responsabilités en démocratie.
Les avancées du traité de Lisbonne en matière de coopération judiciaire Anne-Lise Sibony IEJE.
Leçon 2 : Droits et responsabilités en démocratie.
Leçon 2 : Droits et responsabilités en démocratie.
Leçon 3 : Gouvernement du Canada. Gouvernements du Canada Le Canada est un État fédéral, une démocratie parlementaire et une monarchie constitutionnelle.
Pluralité de défendeurs et l’exercice des droits de Propriété industrielle Séance de travail APRAM - OHMI 30 novembre 2012.
Leçon 3 : Gouvernements du Canada
La primauté du droit The Rule of Law
La loi constitutionnelle de 1982 L’ évolution de notre constitution écrite.
Expressions utiles pour la production écrite
Leçon 2 : Droits et responsabilités en démocratie
04/28/15 CHV 204.
PowerPoint 3 : Gouvernements du Canada
Leçon 3 : Gouvernement du Canada
Le rationalisme.
La protection de l’entreprise contre ses membres Durant le contrat Le principe est l’interdiction de concurrence (détourner des clients) Associé: 2204.
Le système législatif canadien UNITÉ 2. La constitution canadienne.
Le système législatif canadien UNITÉ 2. La constitution canadienne.
PowerPoint 3 : Gouvernements du Canada. Gouvernement du Canada Le Canada est un État fédéral, une démocratie parlementaire et une monarchie constitutionnelle.
La charte canadienne des droits et libertés Réflexion de la Primauté de droit dans notre société.
Notions à construire: - Le droit et les fonctions du droit -La règle de droit -Les sources du droit Le droit vise à organiser la société au nom de certaines.
Le Canada : L’étude de cas parfaite Suzanne Legault Commissaire à l’information du Canada intérimaire Groupe de discussion 2—Institution spécialisée, ombudsman.
PowerPoint 3 : Gouvernements du Canada. Gouvernement du Canada Le Canada est un État fédéral, une démocratie parlementaire et une monarchie constitutionnelle.
Transcription de la présentation:

Opération Dismantle c. La Reine, [1985] 1 R.C.S. 441

Opération Dismantle c. La Reine, [1985] 1 R.C.S. 441 Les faits : Les appelants sont un ensemble d'organismes et de syndicats auxquels adhèrent globalement, selon eux, plus d'un million et demi de Canadiens. Ils soutiennent que la décision prise par le gouvernement canadien, le 15 juillet 1983, d'autoriser les États-Unis à procéder aux essais des missiles de croisière au Canada viole leurs droits constitutionnels garantis par la Charte canadienne des droits et libertés.

Opération Dismantle c. La Reine, [1985] 1 R.C.S. 441 Les demandeurs, outre un jugement déclaratoire, demandent donc une injonction, ou un autre redressement de cette nature, et des dommages- intérêts Les défendeurs, par requête fondée sur la règle 419(1) des Règles de la Cour fédérale, ont demandé la radiation de la déclaration des demandeurs et son rejet parce qu'elle ne révèle aucune cause raisonnable d'action. Le juge de première instance à rejeté la requête des défendeurs mais la cour fédérale dappel a renversé cette décision à lunanimité

Opération Dismantle c. La Reine, [1985] 1 R.C.S. 441 Questions en litige : 1. Une décision du gouvernement du Canada en matière de défense nationale et d'affaires étrangères échappe-t-elle à tout contrôle judiciaire pour l'un des motifs suivants: a) ce serait un exercice de la prérogative royale? b) ce serait, de par la nature des faits en cause, une affaire fondamentalement non justiciable d'une cour de justice? c) cela mettrait en cause une "question politique" d'un genre sur lequel une cour de justice ne saurait statuer? 2. Dans quelles circonstances une déclaration concluant à un jugement déclaratoire portant sur la constitutionnalité d'une loi ou d'une décision gouvernementale peut-elle être radiée pour le motif qu'elle ne révèle aucune cause d'action? 3. Les faits articulés dans la déclaration, qui doivent être considérés comme prouvés, constituent-t-ils une violation de l'art. 7 de la Charte canadienne des droits et libertés? 4. Les demandeurs ont-ils le droit de modifier leur déclaration avant la production d'une défense?

Opération Dismantle c. La Reine, [1985] 1 R.C.S. 441 Décision des juges 1- Contrôle judiciaire des décisions de lexécutif a) la prérogative royale est un domaine "relevant du Parlement" en ce sens que le Parlement détient la compétence pour légiférer sur des matières relevant de son domaine. Comme il n'existe aucune raison de principe de distinguer entre les décisions du Cabinet prises en vertu de la loi et celles prises dans l'exercice de la prérogative royale, et comme les premières relèvent manifestement de la Charte, je conclus que c'est le cas aussi pour les dernières.

Opération Dismantle c. La Reine, [1985] 1 R.C.S. 441 Décision des juges 1- Contrôle judiciaire des décisions de lexécutif b)-c) Je ne saurais accepter la proposition voulant que des difficultés de preuve justifient la Cour de ne pas rendre un certain genre de décisions s'il peut être démontré que, pour d'autres raisons, c'est son devoir de les rendre. Je crois que nous devrions nous demander si les tribunaux devraient ou doivent, et non pas s'ils peuvent, connaître de ces questions. Nous devrions mettre de côté les difficultés de preuve et nous demander si, d'un point de vue constitutionnel, il est approprié ou nécessaire que les tribunaux tranchent la question dont nous sommes saisis. les tribunaux ne devraient pas se montrer trop facilement prêts à abandonner l'exercice de leur fonction de contrôle judiciaire simplement parce qu'il s'agit d'importantes affaires d'État. De même, cependant, il faut se rendre compte que le contrôle judiciaire n'est pas la substitution de l'opinion du tribunal, quant au fond, à celle de la personne ou de l'organisme titulaire d'un pouvoir décisionnel discrétionnaire. Dans un premier temps, il faut établir qui, constitutionnellement, détient le pouvoir décisionnel; dans un second, il faut établir l'étendue (s'il y a lieu) du contrôle judiciaire de l'exercice de ce pouvoir.

Opération Dismantle c. La Reine, [1985] 1 R.C.S La cause daction (Rappel : en droit trois conditions sont essentielles afin de lier contestation juridique : 1- une cause daction ie un litige nouveau, né et actuel, 2- lintérêt pour agir, 3-demande fondée en droit cf art. 165 Cpc) Il semble donc qu'en règle générale les tribunaux hésitent à radier une déclaration pour le motif qu'elle ne révèle aucune cause raisonnable d'action. La nécessité d'un débat pour arriver à une conclusion sur ce point préliminaire n'est pas un élément décisif et la nouveauté de la cause d'action ne joue pas contre les demandeurs. À mon avis, plusieurs des allégations de la déclaration sont des énoncés de faits intangibles. Certains invitent des déductions; d'autres anticipent les conséquences probables. Ils peuvent faire l'objet de preuve par déduction à partir de faits réels ou de témoignage d'expert, (…). Il est fort douteux que les demandeurs puissent les prouver d'une quelconque manière. Il n'appartient cependant pas à la Cour à ce stade de préjuger de cette question.

Opération Dismantle c. La Reine, [1985] 1 R.C.S. 441 Les actes posés par le gouvernement violent-ils les droits des appelant ? le concept de "droit" utilisé dans la Charte doit tenir compte du fait que la communauté politique autonome que constitue l'État doit faire face à tout le moins à la possibilité, sinon à la réalité, de menaces extérieures visant son bien-être collectif et aussi le bien-être individuel de ses citoyens. Afin de protéger la collectivité de ces menaces, il peut bien s'avérer nécessaire que l'État prenne des mesures qui accroissent incidemment le danger d'atteintes à la vie ou à la sécurité personnelle de certains citoyens de l'État, voire de tous. De telles mesures, me semble-t-il, n'ont pas pu être considérées par le rédacteur de la Charte comme des violations de l'art. 7

Opération Dismantle c. La Reine, [1985] 1 R.C.S. 441 essentiellement les appelants prétendent que l'autorisation des essais du missile de croisière au Canada accroîtra le risque de guerre nucléaire. Mais, même en acceptant ce fait allégué comme avéré, (…), je suis d'avis pour les raisons déjà données que cet état de choses ne saurait constituer une violation de l'art. 7. De plus, je ne vois pas comment on pourrait établir une distinction en principe entre ce risque particulier et tout autre danger qu'une action gouvernementale vis-à-vis d'autres États pourrait incidemment faire courir à ses citoyens. (…) Ceci ne veut pas dire que toute action gouvernementale qu'on prétendrait prise dans le but d'assurer la défense nationale échapperait à l'art. 7. Si, par exemple, l'essai du missile de croisière constituait une menace directe pour une tranche spécifique de la population -- si par exemple on procédait à l'essai avec des ogives réelles - je pense que la question pourrait être différente. Un tribunal pourrait juger qu'il y a là une violation de l'art. 7 et il appartiendrait alors au gouvernement de tenter de démontrer qu'un essai du missile de croisière avec des ogives réelles est justifié en vertu de l'article premier de la Charte

Opération Dismantle c. La Reine, [1985] 1 R.C.S. 441 Opinion séparée du juge Dickson J'en suis venu à la conclusion que le lien causal entre les actes du gouvernement canadien et la violation alléguée des droits des appelants aux termes de la Charte est simplement trop incertain, trop conjectural et trop hypothétique pour étayer une cause d'action. Ainsi, quoique les décisions du cabinet fédéral soient assujetties au contrôle judiciaire en vertu de la Charte et que le gouvernement ait l'obligation générale d'agir conformément aux préceptes de la Charte, l'art. 7 de la Charte ne lui impose aucune obligation de ne pas autoriser les essais du missile de croisière.