LE PASTORALISME EN BEARN Diaporama de Jacky Questel
Nous avons des chevaux, tout l ’été en liberté dans la montagne,dans ces zones de pâturage que l ’on appelle « la montagne à vaches ».;
Un peu de tourisme en passant : ici, on aperçoit la célèbre silhouette du Pic du Midi d ’Ossau, point culminant des Pyrénées Françaises.
Simplement, pour que chacun reconnaisse les siens - tout de même ! - ils sont marqués à la peinture indélébile en début de saison.
Nous avons les vaches. Notre célèbre Blonde d ’Aquitaine a été primée au Salon de l ’Agri- culture à Paris. Elle donne une très bonne viande, mais c ’est aussi une bonne laitière. Pas de beurre dans la région, mais des fromages réputés.
Nous avons des porcs. Même encore, même en ville, beaucoup de familles font « la provision » : un cochon, ou un demi-cochon, pré- paré selon d ’ances- trales recettes. Les jeunes du foyer travaillent, et n ’ont plus le temps ou la science nécessaires à cette entreprise ? Qu ’à cela ne tienne ! Il y a toujours, restée à la ferme, une mémé, une belle-maman, une grand-tante qui le fera !
Et, croyez-le, c’est tout un art ! Il y la le confit, les délicieux pâtés, le jambon, salé et fumé sous le manteau de l ’âtre ou conservé au saloir, les saucisses pendues au plafond en chapelets, le boudins parfumés, d ’un noir luisant, à la peau craquante, le « coustou », ces os des côtes, qui restent une fois prélevée la viande du confit et qui, bien grillés, sont un pur délice. Je dois en oublier. Et l ’andouille ! Une seule andouille par cochon, mais un mets de roi ! Oui, oui ! Rien de tel qu’un Béarnais pour faire l’andouille ! Prenez- le comme vous voulez ! Moi, je vous dirai simplement, comme le roi d Angleterre : Honni soit qui mal y pense ! »
Et surtout il y a les moutons.
Le berger est attentif à son troupeau, mais aussi à ses chiens !
La valeur; le savoir-faire de nos bergers sont mondialement réputés. Chaque famille a son « américain », terme générique pour tous ceux qui étaient partis bergers, en Amérique ou en Australie et ont fait leur vie là-bas. A ma connaissance, tous ont réussi. Tous s ’y sont installés, et revenaient aux vacances… ou pour la donation-partage des biens familiaux. Ils y ont fait souche, et rares sont ceux qui n ’ont pas de cousins au-delà des océans ! L ’informatique permet maintenant les retrouvailles ou le rapprochement, et je connais des familles qui vont partir l ’été prochain retrouver les leurs outre-Atlantique !
Les troupeaux passent l ’hiver dans leur bergerie, près de la ferme. Mais, dès les premiers beaux jours, à eux la liberté, les grands espaces, l ’herbe parfumée !
Les brebis nous donnent leurs si doux agneaux - il n ’y a rien à faire, je ne puis pas en manger…- et leur lait. On fait des fromages de lait de brebis pur, ou mélangé avec du lait de vache. Chacun a ses connaisseurs. Ma foi… ils sont bons tous les deux !
Evidemment, le fromage d ’été, qui se fait sur l ’estive, est un pur brebis. Et la traite, qui est manuelle, n ’est pas un mince travail !!!
Les brebis nous donnent également leur laine,et le jour de la tonte est un jour d ’activité intense, où chacun s ’active, où l ’émulation entre tondeurs entre en jeu !
Non, non, ne confondez pas ! C ’est le mouton que l ’on doit tondre ! Quoi que...
Des aboiements, un bruit de piétinement, d ’aigres bêlements, un carillon mul- tiple de sonnailles secoue le village encore endormi. A vos fenêtres, bonnes gens ! C ’est le départ pour la transhumance ! En route pour plusieurs journées de route au rythme lent des animaux.
Actuellement, le départ pour la transhumance tend à devenir une fête folklorique, une grande fête où le troupeau est roi. Cette fête rapproche touristes et paysans dans une même communion d ’allégresse , et je crois que celui qui a vu s ’ébranler la lente cohorte des animaux, de leurs bergers, de leurs chiens et de leurs ânes, dans l ’agitation, les cris, les aboiements, celui-là ne s ’énervera plus lorsqu’il sera bloqué, sur la route, par quelque troupeau en route pour les vertes prairies. La connaissance amène la compréhension.
Je voudrais pouvoir vous montrer la dextérité de ces petits chiens labris pour rassembler le troupeau, le soir, en vue de la traite !
Et si le troupeau s ’égaille dans le brouillard, ne vous inquiétez pas, le chien saura bien les retrouver toutes!
On voit également à nouveau dans nos montagnes le Patou, aussi gros qu’un bélier, chien débonnaire… pour autant que l ’on ne touche pas le troupeau! La réinsertion de l ’ours dans nos montagnes oblige en effet les bergers à un surcroît de prudence, et cette réimplantation donne lieu à bien des polémiques...
Le berger va passer plusieurs mois dans ses montagnes, seul avec ses bêtes...
Les soirées fraîchissent, les premières neiges coiffent les sommets pyrénéens… C ’est le moment du retour !
Les fougères roussissent les premiers contreforts, les sonnailles se sont tues… La montagne est rendue à son apparente solitude. Mais, l ’an prochain, le cycle recommencera, comme les années précédentes, comme les prochaines années. Ainsi va la vie immuable dans nos Pyrénées...
Photos de Jean-Paul Falguières Texte : Jacky Chant traditionnel béarnais : aqueres mountagnes Diaporama de Jacky Questel, ambassadrice de la Paix Jacky.questel@gmail.com http://jackydubearn.over-blog.com/ Site : http://www.jackydubearn.fr/