Peut on diminuer la mortalité des patients souffrant de schizophrénie

Slides:



Advertisements
Présentations similaires
Prévention du tabagisme et enjeux identitaires
Advertisements

Syndrome de glissement et refus de soins Dr Laurence Petit EMGE.
Dr Jean-François SAYET
Direction générale de la santé Un diagnostic partagé sur la santé en France Direction générale de la santé Mo I-2-1 Les inégalités sociales de santé :
Psychiatrie du sujet âgé: l’expérience nantaise
Tabagisme et Sevrage tabagique
Pratique en santé mentale SVS 3742 Automne 2007
LA SANTE ET LA PUERICULTRICE
Education thérapeutique
L’influence du genre sur le PPH
CENTRE HOSPITALIER DE L’UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL
Epidémiologie : types d’enquêtes
Dr BOUKERROU Pr VINATIER CHU la Réunion CHU LILLE
Qualité de vie des personnes sous traitement antirétroviral
Enquête menée dans l’Essonne durant le stage chez le praticien.
Epidémiologie des cancers digestifs en France
Le dépistage organisé des cancers 79 rue Saint Eloi POITIERS
Définitions : Santé Publique
ADDICTIONS ET NOUVELLES TECHNOLOGIES
Les jeunes et la drogue, aujourd’hui
Applications pratiques de la théorie de l’attachement
L’entretien motivationnel
Cahier 6 La promotion de la santé cardio-vasculaire
Dr Laurent MICHEL Centre de Traitement des Addictions Limeil-Brévannes
L’éducation thérapeutique (ETP)
2007 École de Santé Publique John Hopkins Bloomberg Section B Suivi des maladies et des décès liés au tabac.
XX/XX/XX Schéma Régional de Prévention Conférence régionale de la santé et de lautonomie 2 octobre 2012.
Présenté par Isabelle Vézina inf. M.Sc.
Promotion de la santé et santé environnementale
Utilisation des substituts nicotiniques pour les fumeurs hospitalisés
Les étapes de changement de comportement (Prochaska)
Rôle du medecin généraliste
Département des finances, des institutions et de la santé Service de la santé publique Etat de santé de la population valaisanne Rapport janvier.
L’OBSERVATION Pour qui ? Pour quoi faire ? Comment ?
Bupropion (Zyban®) Médicament non nicotinique de la famille des inhibiteurs complet de la recapture de la noradrénaline et partiel de la dopamine Aide.
Lequel du tabac, de l'alcool ou des drogues illicites impose le plus grand fardeau à la collectivité ? Claude Jeanrenaud et Sonia Pellegrini IRER, Université.
LE TRAVAIL C’EST LA SANTE ?
Réalisé avec le soutien de la Communauté française
Du dépistage à la prévention : quelles stratégies ?
COUNSELING ET DEPISTAGE VOLONTAIRE ET ANONYME Renforcement des capacités Denis da Conceiçao – Courpotin 1DU BUJ 10 au 14 Nov 2008.
Sommet québécois des experts en AVC
De la méthodologie à la démarche qualité…en passant par l’évaluation
Troubles anxieux et dépressifs
Activité physique et santé
Programme de dissémination en santé du cœur. Principales causes de décès au Canada (1997)
15 ème ICASA Dakar, Sénégal du 3 au 7 Décembre 2008 CONNAISSANCES ATTITUDES ET PRATIQUES DES ADOLESCENTS EN SANTE DE LA REPRODUCTION DANS LE CONTEXTE DE.
1 Présentation de l’Offre Santé Sécurité et Condition de Travail.
FONCTIONS DE LA MEDECINE GENERALE
Observance des patients l’accéléromètre et ses miracles Thibaut GUIRAUD, PhD Clinique Saint Orens, Toulouse (31) tél.
Les dimensions sociales et culturelles de la maladie
EDUCATION THERAPEUTIQUE
TROUBLES PSYCHIATRIQUES DES PERSONNELS DES ETABLISSEMENTS DE SANTE
Addictions Maximilien GUERICOLAS
Activité physique en 2008 France Heures d’activité quotidienne Mécanisation et Activité Physique /10.
TROUBLES ANXIEUX L’anxiété est une émotion normale et indispensable
Les concepts en santé Catherine Flora 18 novembre 2010.
Abus de substances et comportements suicidaires à l’adolescence: de l’urgence d’améliorer la prévention N. Werner, J.P. Kahn (CHU Nancy) Société de Psychiatrie.
Symptomatologie psychiatrique
Cliquez pour poursuivre la lecture du diaporama
Idées ou Conduites Suicidaires
Cahier 6 La promotion de la santé cardio-vasculaire
EPIDEMIOLOGIE 1er cancer de la femme, tous âges confondus
• Suite à l’atteinte d’un membre de la famille, d’un ami ou d’un collègue, les maladies mentales touchent indirectement tous les Canadiens et Canadiennes.
1 Module contenant un sujet fondamental 7 Soutien psychosocial.
Place et rôle d’un Atelier Santé Ville
ETP-ACT L’éducation thérapeutique du patient en grande précarité et travail social : quelles réalités? Farida MOUDA Chargée de projets IREPS HN.
UNIVERSITE MENTOURI DE CONSTANTINE FACULTE DE MEDECINE DE CONSTANTINE DEPARTEMENT DE MEDECINE Module Economie de santé Techniques de rationalisation.
Raisonnement clinique Infirmier
Jacques Dumont Infirmier gradué Licencié en éducation pour la santé Tabacologue ULB Hôpital Erasme.
ARP prévention cardiovasculaire 21 janvier 2016 LALLIER Stéphanie.
Transcription de la présentation:

Peut on diminuer la mortalité des patients souffrant de schizophrénie Pr LANCON Psychiatrie Adulte CHU Sainte Marguerite - Marseille

Les faits !! La schizophrénie et la santé : une mauvaise histoire Ce n’est pas nouveau !

POURQUOI ETUDIER LES COMORBIDITES dans la SCHIZOPHRENIE ? Baisse de l’espérance de vie des Schizophrènes 60% par maladies physiques 28% par suicide 12% par accident (d’après Brown (1997) méta-analyse)

Suicide chez les patients souffrant de schizophrénie.

Introduction Pour l’OMS, le risque de suicide dans la schizophrénie est au moins égal à celui observé dans les troubles thymiques.

Les Facteurs de risque Partagés avec la population générale Spécifiques

Les facteurs de risque EN RESUME Pairs Histoire de la maladie et de la prise en charge Acceptation de la maladie Suicidalité Environnement Dépression Addictions Qualité de vie

Les facteurs de risque Le syndrome dépressif: l’intrication entre symptomatologie schizophrénique et dépressive est relativement fréquente. On peut l’évoquer sous quatre modalités : le trouble de l’humeur est un des éléments de la symptomatologie schizophrénique dans le cadre de la dépression post-psychotique dans le cadre du trouble schizo-affectif il s ’agit d ’une des conséquences des traitements utilisés (notion de dépression akinétique)

ETUDES DE CO-MORBIDITES Facteurs de Risque Non modifiable modifiable Prévalence dans la Schizophrénie Sexe Obésité 45 – 55% (1,5 – 2x) Antécédents familiaux Tabac 50 – 80 % (2 –3x) Antécédents personnels Diabète 10 –14% (2x) Age Hypertension  18 % Dyslipidémie Prévalence  Davidson S et al, ANZ Psych.201 : 35 :196-202 Allison DB et al, 1999 – Dixon L et al, 1999. Herran A et al, 2000; Allebeck P, 1989

Que faire !!! Certains facteurs justifient des actions « ciblées » D’autres une réorganisation des soins pour ces patients

Adopter des stratégies de prévention L’abord psychothérapique Le soutien aux familles Information sur la maladie L’environnement psychosocial Favoriser une réhabilitation psychosociale la plus précoce possible

Stratégies médicamenteuses: les NLP atypiques Meltzer et Okayli (1995) ont mis en évidence dans un échantillon de 88 patients résistants traités par clozapine, une diminution de ce que les auteurs appellent la « suicidalité » (suicidality) - évaluée en tentant de quantifier l’idéation suicidaire et les tentatives de suicide - et ce de façon significative. Meltzer et al. (2003) sur une étude en double aveugle ont montré la supériorité de la clozapine par rapport à l’olanzapine dans la prévention du suicide / population de patients schizophrènes

Le Tabac : Aspects épidémiologiques La fréquence du tabagisme chez les patients souffrant de schizophrénie varie de 64 à 93% en fonction des études et des pays (autour de 30% en population générale) Comparaison aux autres pathologies psychiatriques (LLerena et al, 2003): 7 études regroupant 1007 schizophrènes et 969 souffrant de différentes pathologies : tabagisme 78% contre 58% (OR 2,6) 6 études portant dans une population masculine et regroupant 819 schizophrènes et 969 souffrant de différentes pathologies : tabagisme 86% contre 71% (OR 2,7)

Conséquences sanitaires Lichtermann et al (2002) : étude utilisant des registres de santé (Finlande) identifiant une cohorte de 26996 patients (nés entre 1940 à 1969 et traités entre 1969 et 1991), et 39131 parents et 52976 membres de la fratrie non atteints Risque très supérieur de cancer du poumon dans la population de patients souffrant de schizophrénie par rapport à la population générale (données contradictoires – Gulbinat et al 1992, Mortensen 1994) Risque moindre dans la population des apparentés

Stratégies de réduction et schizophrénie Existence de différentes stratégies de réduction qui permettent la réduction de la consommation chez les patients schizophrènes (Barmann et al 1980, Roll et al 1998) Trois champs d’intervention : réduire l’accès aux cigarettes mise en place de la substitution renforcer positivement la réduction de consommation

Stratégies de réduction et schizophrénie Réduire l’accès aux cigarettes : Efficacité de ce type de stratégies dans les hôpitaux psychiatriques (McChargue et al, 2002) Pour Greeman et McClellan (1991), moins de 10% des patients souffrant de troubles psychiatriques ne s ’adaptent pas à ces restrictions Nécessité d ’adapter les locaux...

Sevrage tabagique et schizophrénie Evins et al 2001, George et al 2002 Utilisation du Bupropion 300 mg/j (vs placebo), associé à des mesures comportementales et psycho-éducationnelles Durée : 10-12 semaines Efficacité significativement supérieure au placebo 37,5% vs 6,3% (supériorité maintenue lors de l’évaluation à 6 mois : 18,8% vs 6,3%) Bonne tolérance (pas d’aggravation des symptômes positifs) Effet synergique avec les AP atypiques

Sevrage tabagique et schizophrénie Ziedonis et Georges 1997, Addington et al 1998, George et al 2000 Etudes associant substitution nicotinique, du conseil comportemental, des mesures psycho-éducationnelles Durée : 7 à 10 semaines A la fin du traitement 42 à 50% d’efficacité A 6 mois : maintien de l’abstinence de 12% à 17,6% Intérêt des approches combinées. Rôles de la durée d’exposition et de la substitution

Stratégies de réduction et schizophrénie Mise en place de la substitution nicotinique : Efficacité de ces stratégies pour la réduction en comparaison au placebo (Hartman et al, 1991) Réduction de 20% de la quantité de CO expiré lors de l ’utilisation de substituts nicotinique (22 mg/j) chez 10 sujets schizophrènes (Dalack et Meador-Woodruff, 1996) Pas de conséquences négatives de la simple réduction sous substitution (Dalack et Meador-Woodruff, 1996)

Promotion de la santé : « aptitude individuelle à optimiser son capital santé » Les démarches ont évolué de l’approche préventive vers une stratégie de promotion de la santé ….

Santé Il existe des définitions contradictoires parfois Absence de maladie État biologique souhaitable Santé biopsychosociale (OMS) Capacité d’une personne à gérer sa vie et son environnement Santé et Maladie se situent elles sur un continuum ??? Facteurs de Santé et Maladie sont des éléments différents d’un ensemble complexe ???

Le choix de la définition de la santé va orienter les pratiques Santé définie en termes biophysiologiques : la santé est essentiellement l’affaire des professionnels de santé et de soins Santé définie en termes de capacités : l’action ne se limite pas à la gestion ou à l’apprentissage du risque de la maladie, des comportements protecteurs ou préventifs. Elle s’tend à d’autres éléments comme les interactions sociales, le rôle et le pouvoir sur sa propre santé ….

« La salutogenèse » Antonovsky (1996) : centre ces travaux sur les facteurs et les processus qui aident les personnes à se maintenir en santé et à résister aux assauts et aux agressions pathogènes Notion de « sens de cohérence » des personnes … « la mobilisation par une personne de ses ressources générales de développement et de résistance, individuelles et sociales » , permet d’expliquer la capacité de certains à se maintenir en bonne santé

« La salutogenèse » Confrontées à un agent « stressant », les personnes à fort « sens de cohérence » réagissent au niveau Du sens, en étant motivées à faire face à la situation De la globalité, en étant convaincues que la situation est saisissable dans son ensemble De la faisabilité, en étant convaincues que des moyens sont disponibles pour y faire face

Education à la santé Deux niveaux d’actions principaux complémentaires Les comportements individuels Les comportements sociaux et leurs déterminants