Cardio-vasculaire La Lettre de l’Infectiologue.

Slides:



Advertisements
Présentations similaires
Contexte et justification
Advertisements

Mais vous comprenez qu’il s’agit d’une « tromperie ».
Reporting de la Cellule Nationale Droit dOption Situation au 31 décembre 2011.
Présentation de la circonscription Année 2011/2012 Jeudi 24 novembre 2011.
Additions soustractions
Distance inter-locuteur
1 Plus loin dans lutilisation de Windows Vista ©Yves Roger Cornil - 2 août
7 juin 2012 DGAL.
La Lettre du Cancérologue E2100AVADORIBBON-1 (Cape) RIBBON-1 (Tax/Anthra) (n = 722)(n = 488)(n = 1 237) Non-BEVBEVNon-BEVBEV*Non-BEVBEVNon-BEVBEV SSR en.
Patients (n = 530) Biomarqueurs IHC (n = 412) Séquençage (n = 418) 200 patients évaluables pour les facteurs pronostiques cliniques et biologiques Comparaison.
Surveillance du Sida : pourquoi le nombre de cas ne diminue-t-il plus?
Les numéros 70 –
Les numéros
Les identités remarquables
Xavier Mouranche Registre e-MUST Evaluation en Médecine dUrgence des Stratégies Thérapeutiques de lInfarctus du Myocarde.
Formes et conservation
Évaluation des traitements ARV de seconde ligne en Afrique et en Asie Pujades-Rodríguez M. Epicentre, Paris.
LES TRIANGLES 1. Définitions 2. Constructions 3. Propriétés.
Données statistiques sur le droit doption au 31/01 8 février 2012.
Correspondances en Onco-Urologie - Vol. III - n° 3 – juillet-août-septembre VESSIE Daprès James ND et al., N Engl J Med 2012;366:16:
Technologies et pédagogie actives en FGA. Plan de latelier 1.Introduction 2.Les technologies en éducation 3.iPads 4.TNI 5.Ordinateurs portables 6.Téléphones.
Révision (p. 130, texte) Nombres (1-100).
La législation formation, les aides des pouvoirs publics
Structure(djs)TéléphoneFax ADRA R049,96,03,21 CHLEF027,77,22,66 /77,49, LAGHOUAT029,90,41,08029,90,42,47 OUM EL BOUAGHI032,42,16,26032,42,45,32.
Evolution des résultats des maternités de 1999 à 2010 E. Caillat-Vallet, L. Ayzac.
Le soccer & les turbans Sondage mené par lAssociation détudes canadiennes 14 juin 2013.
Daprès Davies C et al., abstr. S1-2 actualisé Rechute : 617 versus 711 femmes (2 p = 0,002) Mortalité par cancer du sein : 331 versus 397 (2 p = 0,01)
Présentation générale
Et la disparition de notre
Les nombres.
Les quartiers Villeray – La Petite-Patrie et les voisinages
Fierté envers les symboles et institutions canadiens Jack Jedwab Association détudes canadiennes 26 novembre 2012.
Conseil Administration AFRAC – 2 décembre Toulouse 1 Fermes de références Palmipèdes à foie gras Synthèse régionale – Midi Pyrénées Exercice
La consommation de boissons alcooliques chez les jeunes LICEO SCIENTIFICO N. COPERNICO PRATO ELEVES (age ans): 342 F: 192 M: 150.
Nombre de patients Placebo PCA Placebo PCA
CLL11 : chlorambucil (CLB) versus CLB + rituximab (R)
Les chiffres & les nombres
Les Monnaies et billets du FRANC Les Monnaies Euro.
Curiethérapie des cancers infiltrants de vessie
RACINES CARREES Définition Développer avec la distributivité Produit 1
SOAP Study Sepsis in European intensive care unit
DUMP GAUCHE INTERFERENCES AVEC BOITIERS IFS D.G. – Le – 1/56.
Les maths en francais 7ième année.
Année universitaire Réalisé par: Dr. Aymen Ayari Cours Réseaux étendus LATRI 3 1.
MAGIE Réalisé par Mons. RITTER J-P Le 24 octobre 2004.
Les Nombres 0 – 100 en français.
Aire d’une figure par encadrement
Sleep Heart Health Study (1) Etude longitudinale Nord-américaine : –Polysomnographie réalisée entre 1994 et 1998 –5 442 patients inclus sans antécédents.
ENGAGE-TIMI 38 : edoxaban versus warfarine (2)
Les fondements constitutionnels
MAGIE Réalisé par Mons. RITTER J-P Le 24 octobre 2004.
(analyse en modèle de Cox multivarié - HR [IC95])
1/65 微距摄影 美丽的微距摄影 Encore une belle leçon de Macrophotographies venant du Soleil Levant Louis.
Prodrogue inactive TH302 Métabolite actif Zone d’hypoxie Hypoxie
Certains droits réservés pour plus d’infos, cliquer sur l’icône.
Bactériémie à entérobactérie et BLSE :
Résumé des conditions de renouvellement Au 1 er janvier 2013.
La Lettre du Pneumologue Etude américaine monocentrique (Philadelphie) randomisée sur 1 an réalisée dans une unité de soins intensifs (USI) comparant :
Annexe Résultats provinciaux comparés à la moyenne canadienne
PLATO Ticagrelor versus clopidogrel in patients with acute coronary syndromes undergoing coronary artery bypass surgery. Held C et al. ACC 2010.
EGALITE PROFESSIONNELLE ENTRE LES FEMMES ET LES HOMMES
Essai thérapeutique de phase II À 5 ans, bras ODN en continu
S. Ollier DESC réanimation médicale, juin  Rétrospective  Dossiers  Janvier 1991  déc 98  Monocentrique  Hôpital urbain, universitaire, 528.
La formation des maîtres et la manifestation de la compétence professionnelle à intégrer les technologies de l'information et des communications (TIC)
IMPRESS : y a-t-il un bénéfice à poursuivre le géfitinib en association à la chimiothérapie lors de la résistance acquise ? Essai randomisé Patients Cisplatine.
Bienvenue.
Étude ADVANCE-ON : suivi post essai (2)
Correspondances en MHDN Étude SAVOR EASD 2013 – D'après Bhatt DL, Raz I. Communications orales R Critère primaire Décès CV, IDM, AVC ischémique Durée définie.
Caractéristiques des patients à l’inclusion Paramètres Naïfs 12 sem.
Transcription de la présentation:

Cardio-vasculaire La Lettre de l’Infectiologue

Contexte, méthode et objectif Infections de pacemakers et défibrillateurs implantables Augmentation du nombre d’implantations de pacemakers et surtout de défibrillateurs implantables Augmentation disproportionnée des infections de ces dispositifs Taux variable de 0,1 à 19,9 % (4 % en moyenne) Staphylocoques dans 70 à 90 % des cas Peu d’études sur les autres micro-organismes, petites séries, cas cliniques Impact dilué parmi les infections à staphylocoque Méthode Étude rétrospective de 2002 à 2009 4 hôpitaux universitaires de Houston (Texas) Objectif Identifier les micro-organismes autres que staphylocoques Identifier les paramètres épidémiologiques, les facteurs de risque et les facteurs pronostiques La Lettre de l’Infectiologue D'après Viola GM et al. Circulation 2010;121:2085-91.

Infections polymicrobiennes 2 % Résultats (1) Infections de pacemakers et défibrillateurs implantables Infections polymicrobiennes 2 % 504 dossiers Caractéristiques des patients : 20 % diabète non insulinodépendant (DNID), 9 % diabète insulinodépendant (DID), 44 % tabac, 16 % alcool, 3 % de toxicomanie i.v. et 5 patients dialysés, dont 2 en dialyse péritonéale (DP), 7 patients immunodéprimés. Implantation du boîtier : thorax dans 99 % des cas. Attention : définition “infection nosocomiale” = infection survenant à partir de la 48e heure d’hospitalisation ; donc, pas de notion d’infection du site opératoire (qui survient dans l’année après la pose de matériel). Délai implantation/infection : long. Délai début des signes/hospitalisation : long. 80 patients pour l’étude SASM : Staphylococcus aureus sensible à la méticilline ; SARM : Staphylococcus aureus résistant à la méticilline ; SCN : staphylocoque à coagulase négative. La Lettre de l’Infectiologue D'après Viola GM et al. Circulation 2010;121:2085-91.

Résultats (2) Infections de pacemakers et défibrillateurs implantables 52 % défibrillateurs – 48 % pacemakers Infection communautaire : 48 % Infection associée aux soins : 49 % Infection nosocomiale : 3 % Délai implantation/infection : 109 ± 27 sem. Manipulation du matériel : 44 % Dont 5 % retrait partiel pour infection, rechute dans les 28 sem. Dont 1 % drainage loge boîtier, rechute dans les 4 sem. Délai manipulation/infection : 29,5 ± 6 sem. Délai début des signes/hospitalisation : 48 ± 12,8 j Signes locaux +++ 4/5 des patients sans fièvre 15 % sepsis – 3 % sepsis sévère – 1 % choc septique Endocardite 16 % dont cœur droit 69 % La Lettre de l’Infectiologue D'après Viola GM et al. Circulation 2010;121:2085-91.

Résultats (3) Infections de pacemakers et défibrillateurs implantables Cas N Hospitalisation j (25–75 percentile) Réanimation n (%) Retrait Durée AB Décès n (%) Complet Incomplet Aucun Totale Inadaptée HC - 65 10 (6-12) 2 (3) 61 (94) 1 3 20 (14-25) 2 (0-4) HC + 6 17 (5-23) 2 (33) 5 (83) 36 (29-45) 2,3 (0-4) 0 (0) Endocardite 13 13 (10-15) 3 (23) 11 (92) 2 32 (26-41) 3 (0-4) 1 (8) Total 80 12 (6-14) 6 (8) 73 (91) 5 24 (15-29) 2,1 (0-4) 3 (4) Prédominance de BGN (n = 52), avec P. aeruginosa majoritaire (n = 19) Pas de différence infection primaire versus post-manipulation 61 % de remplacement de matériel sur les 91 % de retrait complet : site controlatéral Aucune récidive à 6 mois, mais… 6 patients parmi les 80 avaient présenté une infection avec retrait incomplet du matériel dans les 28 sem. Une antibiothérapie appropriée s’obtient grâce aux données de l’antibiogramme. Microbiologie : grande variété de micro-organismes, dont des levures. Mortalité moins importante qu’avec S. aureus (9 %). HC : hémocultures La Lettre de l’Infectiologue D'après Viola GM et al. Circulation 2010;121:2085-91.

Conclusion Infections de pacemakers et défibrillateurs implantables Infection de pacemakers ou défibrillateurs autre que staphylocoque = 16 % Prise en charge = retrait du matériel + antibiothérapie à adapter dès réception des résultats microbiologiques La Lettre de l’Infectiologue D'après Viola GM et al. Circulation 2010;121:2085-91.

Contexte, méthode et objectif Endocardite: place de la chirurgie Mortalité des endocardites sur valve native (EVN) : 15 à 30 % 6 études observationnelles chirurgie versus traitement médical Résultats divergents Problèmes d’ajustement sur différents biais (indication opératoire, gravité, comorbidités, expérience des intervenants…) Méthode Cohorte prospective internationale de 06/2000 à 08/2005 (base de données ICE-PCS) 1 859 patients avec EVN droite ou gauche  1 552 retenus pour l’étude 720 (46 %) avec chirurgie précoce versus 832 (54 %) avec traitement médical Chirurgie précoce = remplacement ou réparation valvulaire pendant l’hospitalisation initiale Objectif Évaluer le bénéfice de la chirurgie précoce sur la mortalité hospitalière en ajustant l’analyse “sans omission de biais” (méthodes du score de propension et des variables instrumentales) - 2 études rapportant une baisse de la mortalité à 6 mois et à 5 ans, à la faveur de la chirurgie précoce ; - 1 étude mettant en évidence une association entre mortalité hospitalière et score de chirurgie élevé ; - 3 études montrant une augmentation de la mortalité avec la chirurgie précoce. Toutes ces études présentent des biais (rétrospective, monocentrique, petite taille), principalement sur l’ajustement à tous les biais éventuels. Opinion d’experts : intérêt à identifier rapidement des indications chirurgicales pour une chirurgie précoce. ICE-PCS = International Collaboration on Endocarditis – Prospective Cohort Study. 1 552 dossiers retenus car exclusion des cas de toxicomanie i.v. et des dossiers incomplets (après contact téléphonique lorsqu’il y avait des données manquantes dans la cohorte). 1 seul épisode d’EVN retenu par patient : 1er épisode Définitions : - Complications = abcès intracardiaque ou fistulisation. - Endocardite infectieuse associée aux soins = infection nosocomiale ou infection associée aux soins. La Lettre de l’Infectiologue D’après Lalani T et al. Circulation 2010;121:1005-13.

Résultats (1) Endocardite : place de la chirurgie Mortalité associée à la chirurgie précoce ou au traitement médical Méthode d’ajustement ARR (%)* p OR IC95 Non ajusté – 8,6 < 0,001 0,53 0,40-0,70 Régression logistique – 5,9 0,56 0,38-0,82 Score de propension 0,55 0,31-0,96 Variables instrumentales – 11,2 0,44 0,33-0,59 * ARR : une valeur négative représente le % de différence de mortalité en faveur de la chirurgie 22 à 27 covariables et 5 variables indépendantes sont incluses dans les modèles pour ajustement Appariement 1 – 1 sur le score de propension (619 actes de chirurgie – 619 traitements médicaux) Score de propension. Les études observationnelles se caractérisant par une absence de plan expérimental, elles sont susceptibles de présenter des biais de recrutement. La méthode d’appariement sur les scores de propension permet de les réduire. Le score de propension désigne la probabilité, pour une personne de caractéristiques données, d’être exposée à un traitement. La distribution de ce score sur les 2 groupes de traitement comparés fournit un critère de jugement de leur comparabilité : si biais de recrutement il y a, les scores auront tendance à être élevés pour les patients exposés et faibles pour les non-exposés. Afin de neutraliser le plus possible ces biais, un sous-échantillon de patients comparables entre les deux groupes peut être élaboré, par appariement sur les scores de propension : chaque patient exposé est apparié au patient non exposé ayant le score le plus proche, à condition que la différence entre les deux scores ne soit pas trop grande. Ce sous-échantillon possède des caractéristiques proches de l’essai clinique ; toutefois, il ne permet pas d’assurer la comparabilité sur les caractéristiques non observées. Dans cette étude, utilisation de régression logistique multivariée faisant intervenir 25 paramètres cliniques (covariables) et 3 termes d’interaction (variables indépendantes).   Variables instrumentales. La méthode des variables instrumentales est utilisée pour estimer les relations de causalité lorsque des expériences contrôlées ne sont pas réalisables. Statistiquement, cette méthode permet une estimation cohérente lorsque les variables explicatives (covariables) sont en corrélation avec les termes d'erreur. Une telle corrélation peut se produire lorsque la variable étudiée est responsable d’au moins l'une des covariables (lien de causalité inverse), quand il y a des variables explicatives pertinentes qui ne figurent pas dans le modèle, ou lorsque les variables sont sujettes à des erreurs de mesure. Un instrument est une variable qui ne se place pas dans l'équation explicative et qui est en corrélation avec les variables explicatives endogènes, conditionnées aux autres covariables. Cette étude permet théoriquement d’identifier l’existence de biais cachés. ARR. La différence de risque est égale à la différence entre le risque de survenue d’un événement dans le groupe exposé ou le groupe d’intervention et celui dans le groupe non exposé ou le groupe contrôle. Si le risque diminue, cette différence de risque est appelée “réduction absolue du risque” ; si le risque augmente, on emploie l’expression “accroissement absolu du risque”. ARR : Absolute Risk Reduction ; OR : Odds-Ratio. La Lettre de l’Infectiologue D’après Lalani T et al. Circulation 2010;121:1005-13.

Résultats (2) Mortalité : analyse en sous-groupes selon le score de propension et les complications Chirurgie précoce (n) ARR (%) p Score de propension 1er quintile 124 – 5,3 0,142 2e quintile 0,1 0,984 3e quintile 4e quintile – 17,8 0,002 5e quintile 123 – 4,8 0,214 Complications paravalvulaires Non 482 – 3,1 0,06 Oui 137 – 17,3 < 0,001 Perforations valvulaires 516 – 6,2 103 – 3,5 0,392 Embolisation 464 – 3,4 0,052 155 – 12,9 Infarctus 518 – 4,5 0,01 101 – 13,0 0,02 S. aureus 494 – 2,3 0,148 125 – 20,1 Insuffisance cardiaque congestive 344 – 8,3 275 0,188 Le bénéfice de la chirurgie apparaît pour les scores de propension élevés, les complications paravalvulaires, les embols, les infarctus et les infections à S. aureus. Curieusement, pas de bénéfice pour les perforations valvulaires… L’étude perd donc de sa valeur lors de l’analyse en sous-groupes. Les critiques : 1. Pas de gradation de la sévérité de l’insuffisance cardiaque et pas de notion de réponse au traitement médical dans la cohorte ICE. Les indications chirurgicales sont posées notamment sur la gravité de l’insuffisance cardiaque et la réponse ou non à un traitement médical de cette insuffisance. Ces éléments ne sont pas disponibles dans les données de la cohorte. 2. Objectif principal : déterminer la mortalité ; or, nombre de patients auront besoin d’une chirurgie valvulaire au décours de l’endocardite infectieuse, source de morbi-mortalité à 6 mois et non hospitalière lors de la première hospitalisation. 3. Méthodologie statistique compliquée mais non parfaite ; possibilité d’exacerber les biais et les biais cachés si le modèle est incorrect. La Lettre de l’Infectiologue D’après Lalani T et al. Circulation 2010;121:1005-13.

Conclusion Endocardite : place de la chirurgie Quel est le bon moment pour la chirurgie dans les EVN ? Le plus tôt possible quand il existe une indication formelle La Lettre de l’Infectiologue D’après Lalani T et al. Circulation 2010;121:1005-13.

Contexte, méthode et objectif Candidémie D’après les recommandations les plus récentes : retrait précoce du cathéter veineux central (CVC) Recommandations candidose invasive 2009 : chez le patient non neutropénique Recommandations infection de cathéter 2009 : si candidémie associée au cathéter Nombreux biais dont la définition de “précoce” Méthode Sélection d’essais cliniques randomisés en double aveugle récents, pour lesquels le retrait du CVC est clairement mentionné 2 essais internationaux sélectionnés, dont 1 avec recommandation de retirer le CVC avant le début du traitement (pas de recommandations spécifiques pour l’autre) Objectif Impact du retrait précoce du CVC (24 à 48 h) sur le succès thérapeutique, l’éradication mycologique, les rechutes, la survie à J28 et J42 Biais dans les études à l’origine de l’élaboration des recommandations : rétrospectives, pas de CVC, pas de définition du retrait précoce, pas d’ajustement aux facteurs confondants, pas d’hémocultures programmées à intervalles réguliers pour s’assurer de leur négativation. 6 RCT (Randomized controlled trial [essais cliniques randomisés en double aveugle]) rapportent l’effet du retrait du cathéter sur le pronostic : - 4 ne trouvent pas de bénéfice ; - 1 montre une éradication mycologique plus rapide avec le retrait du cathéter, mais il existe un lien entre score APACHE (Acute Physiology And Chronic Health Evaluation) élevé et absence de retrait du cathéter. La Lettre de l’Infectiologue D'après Nucci M et al. Clin Infect Dis 2010;51:295-303.

Contexte, méthode et objectif Candidémie : schéma de l’étude Micafungine n = 264 Amphotéricine B n = 267 Étude A n = 531 Micafungine 100 n = 191 Micafungine 150 n = 199 Étude B n = 578 Caspofungine n = 188 n = 1109 n = 842 Retrait > 48 h n = 180 Retrait ≤ 48 h n = 354 Pas de retrait n = 308 Pas de candidémie n = 162 Âge ≤ 16 ans n = 39 Pas de CVC n = 66 Retrait ≤ 48 h n = 318 Retrait > 24 h et ≤ 48 h n = 36 La Lettre de l’Infectiologue D'après Nucci M et al. Clin Infect Dis 2010;51:295-303.

Résultats Candidémie Épidémiologie Retrait du CVC associé à C. albicans : 43,5 % Retrait du CVC associé à APACHE II plus bas Maintien du CVC associé à Insuffisance rénale Bactériémie concomitante Facteurs de risque à l’inclusion : corticothérapie 22 %, diabète 21,6 %, chirurgie 17,8 %, insuffisance rénale 17,3 %, neutropénie 10,1 %. Candidose disséminée : 9,7 % des patients inclus. La Lettre de l’Infectiologue D'après Nucci M et al. Clin Infect Dis 2010;51:295-303.

Candidémie persistante Résultats (1) Candidémie : analyse univariée Retrait ≤ 24 h Retrait ≤ 48 h Oui (n = 318) Non (n = 524) p Oui (n = 354) Non (n = 488) Succès thérapeutique 237 (74,5) 360 (68,7) 0,07 266 (75,1) 331 (67,8) 0,02 Candidémie persistante 30/292 (10,3) 66/493 (13,4) 0,20 34/328 (10,4) 62/457 (13,6) 0,18 Rechute de candidémie 18 (5,7) 42 (8,0) 0,21 22 (6,2) 38 (7,8) 0,42 Survie à J28 244 (76,7) 369 (70,4) 0,046 274 (77,4) 339 (69,4) 0,01 Survie à J42 228 (71,8) 341 (65,0) 256 (72,3) 313 (64,1) Association entre : 1. Succès thérapeutique et APACHE II, neutropénie persistante et corticothérapie. 2. Survie à J28 et APACHE II, neutropénie persistante et corticothérapie, âge, insuffisance rénale, chirurgie récente. 3. Survie à J42 et APACHE II, neutropénie persistante et corticothérapie, âge, insuffisance rénale, chirurgie récente. Idem pour - Succès thérapeutique - Âge - Insuffisance rénale - Chirurgie récente APACHE II Neutropénie persistante Corticothérapie La Lettre de l’Infectiologue D'après Nucci M et al. Clin Infect Dis 2010;51:295-303.

Résultats (2) Candidémie : analyse multivariée Variables Succès thérapeutique Survie à J28 Survie à J42 OR (IC95) p Retrait CVC ≤ 24 h - 1,15 (0,79-1,67) 0,45 1,19 (0,84-1,67) 0,33 Neutropénie persistante 0,36 (0,15-0,88) 0,03 0,38 (0,16-0,90) Score APACHE II élevé 0,90 (0,88-0,93) < 0,001 0,91 (0,89-0,93) Insuffisance hépatique 0,23 (0,07-0,72) 0,01 NT Chirurgie 1,46 (0,87-2,47) 0,16 1,97 (1,23-3,18) 0,005 Âge 0,98 (0,97-0,99) 0,02 ≤ 48 h 1,20 (0,86-1,69) 0,26 1,23 (0,85-1,75) 0,27 1,25 (0,88-1,75) 0,20 Corticothérapie 0,64 (0,44-0,94) 0,77 (0,51-1,16) 0,21 0,70 (0,47-1,02) 0,06 0,42 (0,18-0,99) 0,04 0,36 (0,15-0,89) 0,93 (0,91-0,96) 0,22 (0,07-0,72) 1,25 (0,80-1,95) 1,46 (0,86-2,46) 1,96 (1,22-3,17) 0,006 0,99 (0,98-1,01) 0,31 Limites : 1. Cette analyse est fondée sur 2 essais thérapeutiques avec une échinocandine ou l’amphotéricine B liposomale : effets in vitro connus sur le biofilm. 2. Types de patients : adultes, non neutropéniques (seulement 10 % de neutropéniques). 3. L’objectif de ces 2 études n’était pas d’analyser l’effet du retrait du cathéter. De plus, il s’agit d’une analyse en sous-groupe à partir de ces 2 études. La Lettre de l’Infectiologue D'après Nucci M et al. Clin Infect Dis 2010;51:295-303.

Conclusion Candidémie Retrait précoce du cathéter lors d’une candidémie pas toujours aussi systématique que le préconisent les recommandations Balance bénéfice/risque à évaluer, en fonction du terrain, du contexte, de l’étiologie de la candidémie et du traitement antifongique La Lettre de l’Infectiologue D'après Nucci M et al. Clin Infect Dis 2010;51:295-303.

Contexte et objectif Infections de cathéter Contexte Incidence des bactériémies sur cathéter veineux central (CVC) en Europe : 1 à 3,1/1 000 patients/j Nombreux cathéters artériels (CA) en réanimation, peu d’études sur le risque d’infections associées aux CA Durée de vie des CA courte mais manipulations nombreuses CVC : pas de changement systématique recommandé Pas de changement systématique des CA par extrapolation (CDC 2002) Objectif Comparer le risque d’infection des CVC versus le risque d’infection des CA Incidence Facteurs de risque de colonisation ou infection des CVC et CA La Lettre de l’Infectiologue D'après Lucet JC et al. Crit Care Med 2010;38:1030-5.

Méthode Infections de cathéter IAC majeure 20/12/2006 – 20/05/2008 : 5 hôpitaux français, 7 services de réanimation adulte Mise en place d’un CVC ou CA > 48 heures (hors KT pulmonaire, KT hémodialyse, insertion périphérique) Protocole de pose identique (recommandations françaises = recommandations CDC) Changement du pansement à H24, puis J3 ou J7 avec pansement standard versus pansement chlorhexidine selon randomisation en 4 bras (Timsit JF et al., JAMA 2009) Si suspicion d’infection associée au KT (IAC) : retrait du KT et mise en culture + hémocultures périphériques Définitions classiques Colonisation Sepsis associé au KT sans bactériémie Bactériémie associée au KT NB : pulsotype requis si staphylocoque à coagulase négative. IAC majeure KT : cathéter. La Lettre de l’Infectiologue D'après Lucet JC et al. Crit Care Med 2010;38:1030-5.

Schéma et résultats Infections de cathéter 2 095 patients éligibles 1 636 patients inclus 1 525 patients ≥ 1 KT évaluables 27 541 KT-j analysés (1 617 CA et 1 915 CVC) 1 212 patients ≥ 1 CA 1 403 patients ≥ 1 CVC 1 090 patients ≥ 1 CA + ≥ 1 CVC Densité d’incidence pour 1 000 cathéter-jours CA (n = 1 617) CVC (n = 1 915) Colonisation IAC majeure Tous pansements 11,4 (n = 127) 0,99 (n = 11) 11,1 (n = 183) 1,09 (n = 18) Pansement standard 17,8 (n = 90) 6,1 (n = 37) 16,2 (n = 123) 1,5 (n = 11) Pansement CHGIS 1,6 (n = 8) 0,5 (n = 3) 6,8 (n = 60) 0,8 (n = 7) Même densité d’incidence colonisation ou IAC pour CA et CVC. Les chiffres retrouvés sont ceux de la littérature : - densité d’incidence des infections : • CA : 1,7/1 000 KT-j • CVC : 2,1/1 000 KT-j - densité d’incidence de colonisation : • CA de 9,4 à 15,7/1 000 KT-j • CVC de 12 à 16,8/1 000 KT-j CHGIS : ChlorHexidine Gluconate-Impregnated Sponge. La Lettre de l’Infectiologue D'après Lucet JC et al. Crit Care Med 2010;38:1030-5.

CA < 8 jours versus ≥ 8 jours, p = 0,008 Résultats Infections de cathéter : probabilité de colonisation J5 J10 J15 CA Tous pansements (%) 1,3 2,4 3 Pansement standard (%) 1,9 3,8 5,5 Pansement CHGIS (%) 0,8 0,9 CVC 1,2 1,6 1,4 CA < 8 jours versus ≥ 8 jours, p = 0,008 CA versus CVC ≤ 7 jours NS > 7 jours p = 0,0078 Probabilité de colonisation différente en fonction du temps pour les CA. Différence significative pour la probabilité de colonisation des CA avec les pansements standards. Probabilité de colonisation différente entre CA et CVC. Aucune différence sur les infections associées aux KT : faible nombre. Densité d’incidence de colonisation des cathéters ≥ 8 jours CA CVC RR 24,5 15,4 1,59 (1,17-2,17) [p = 0,0001] La Lettre de l’Infectiologue D'après Lucet JC et al. Crit Care Med 2010;38:1030-5.

Résultats Infections de cathéter : facteurs de risque de colonisation en analyse multivariée Type de KT Variables HR (IC95) p CA Insertion fémorale 2,40 (1,66-3,49) 0,0001 Insuffisance cardiaque 2,37 (1,22-4,60) 0,011 Insuffisance respiratoire 1,62 (0,99-2,63) 0,053 Variables HR (IC95) p CVC Choc septique 0,63 (0,41-0,96) 0,033 Trauma 1,89 (1,11-3,21) 0,018 Antibiothérapie dès l’insertion 0,69 (0,50-0,95) 0,021 Site d’insertion Jugulaire 3,09 (1,96-4,88) 0,0001 Fémoral 7,05 (4,37-11,35) Limites : 1. Évaluation de la colonisation et non de l’infection associée au KT. 2. Étude observationnelle. 3. Un même patient peut être porteur d’un CVC et d’un CA ; lorsqu’il y a infection associée au KT, doit-on l’attribuer au CVC ou au CA (si même pathogène) ? HR : Hazard-Ratio. La Lettre de l’Infectiologue D'après Lucet JC et al. Crit Care Med 2010;38:1030-5.

Conclusion Infections de cathéter Contrairement aux CVC, la probabilité de colonisation (et donc d’infection) des CA augmente dans le temps Ne pas maintenir les CA plus de 8 jours La Lettre de l’Infectiologue D'après Lucet JC et al. Crit Care Med 2010;38:1030-5.

En résumé, pour la pratique… Infections de cathéter Révision des recommandations pour les CA ? Candidémie Recommandations à nuancer ? (et à harmoniser…) Infections de pacemakers et défibrillateurs implantables Modification de l’antibiothérapie probabiliste des infections de pacemakers et défibrillateurs implantables ? Adaptation de l’antibiothérapie indispensable dès réception des résultats Endocardite et chirurgie Toujours une incertitude sur le bénéfice de la chirurgie précoce dans les EVN Ne pas la retarder quand l’indication est clairement présente Oui Probable Peu probable Discussion ouverte La Lettre de l’Infectiologue