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L'abbaye de Fontdouce France Charente-Maritime
L'Abbaye de Fontdouce, entre Saintes et Cognac, est située à Saint-Bris-des-Bois, en France (Charente-Maritime).
L’abbaye de Fontdouce est idéalement blottie dans un vallon boisé L’abbaye de Fontdouce est idéalement blottie dans un vallon boisé. Elle a été érigée par Guillaume de Conchamp, seigneur de Taillebourg, vers 1111. On suppose que les premiers moines ont vécu dans des bâtiments en bois, puis sont arrivés des moines bénédictins s’inspirant des règles cisterciennes. C’est à la fin du XIIe siècle qu’une grande église abbatiale est construite. Les XIIIe et XIVe siècles marquent l’apogée du monastère à travers ses richesses foncières et immobilières qui s’accroissent au fil du temps. A ces biens acquis, s’ajoutent son rayonnement spirituel et l’accueil des nombreux pèlerins se rendant à Saint-Jacques de Compostelle. Au début du XIIIe siècle, accolé à l’ouest de la première abbaye romane, un cloître de style gothique est progressivement construit. Le jouxtant, la salle capitulaire, ouverte directement sur ce cloître, un réfectoire alimenté par la ‘Fontaine douce’, la cuisine et, juste au-dessus de la salle capitulaire, le dortoir des moines.
Entrée du site de l’abbaye.
L’environnement de l’abbaye
La ‘Fontaine Douce’ a donné son nom à l’abbaye et irrigue tout le domaine.
En avant-plan, le jardin à la française; à droite, l’extérieur de la salle des moines, au fond, les deux pavillons entourant la grille d’entrée de l’abbaye; ces derniers furent construits au XIXe siècle.
En 1242, la guerre de Cent Ans amène les premières vicissitudes En 1242, la guerre de Cent Ans amène les premières vicissitudes. Le roi de France, Louis IX, serait venu se recueillir à l’abbaye, la veille de la bataille de Taillebourg, contre les Anglais. En 1305, Philippe le Bel rencontre secrètement le futur pape Clément V, Bertrand de Got, afin de négocier la fin des Templiers, ordre religieux et militaire. Ceux-ci, sont devenus une puissance financière qui fait ombrage au roi. Au XVe siècle, Fontdouce obtient le titre d’abbaye royale entraînant un profond changement de son mode d’administration : l’abbé n’est plus élu par ses pairs au sein de la communauté mais il est nommé par le roi. C’est souvent un grand laïc à qui le roi octroie la commende, c'est-à-dire 80 % des revenus de l’abbaye. Quoi qu’il en soit, cette nomination entraîne peu à peu le déclin de l’abbaye comme centre spirituel et économique. Les guerres de Religion, au XVIe siècle, accélèrent sa décadence. L’église abbatiale est saccagée : elle ne sera jamais reconstruite. Puis, après la Révolution, l’abbaye devient bien national, les moines expulsés. Mis en vente, les bâtiments restants et les terres attenantes, en 1794, un marchand de biens de Saintes, le sieur Dandré, en devient acquéreur et les rétrocède à une famille saintongeaise dénommée Boutinet. Pendant deux siècles, Fontdouce fait fonction de ferme. Une maison de style Premier Empire est construite sur les ruines des bâtiments conventuels. A partir de 1970, les actuels propriétaires entreprennent une série de fouilles destinées à la restauration de l’Abbaye de Fontdouce. Progressivement revivent la très belle salle capitulaire et le parloir gothique, les deux chapelles romanes superposées et plusieurs autres vestiges.
A gauche, le bâtiment conventuel et en face, les deux chapelles superposées datant du XIIe siècle.
La chapelle basse montre une voûte en plein cintre et un chœur en cul-de-four. Cette salle possède une acoustique remarquable grâce à des cavités répartis dans les murs à des hauteurs variables et dans lesquelles ont été incrustées des petites céramiques. Sur les murs, on remarque des croix templières. L’autel, quoique récent, est en parfaite harmonie.
La salle capitulaire est sans doute la plus grande parmi celles connues en France. Une telle taille et une telle richesse d’ornementation doivent être le signe d’une communauté monastique de cinquante à, peut-être, quatre-vingts moines. On pense que l’abbaye a bénéficié du soutien de certains grands de l’époque et d’Aliénor d’Aquitaine.
A proximité du carrelage ancien reposé, le regard est attiré par une canalisation d’eau qui traverse la salle, en provenance du jardin, circulant à l’air libre d’est en ouest. Cette eau coule sous des arcs de fontaine, encore existants, construits en soubassement des murs est et ouest. A l’origine, cette canalisation était destinée à alimenter la fontaine du cloître et, peut-être même les cuisines, avant de rejoindre en aval le ruisseau.
Ci-dessous, la Sainte Trinité en clef de formeret. Clef de voûte avec une croix templière. Clef de voûte de feuilles de chêne.
Morceaux de dallages du XIIe siècle retrouvés lors des fouilles.
Ce trou dissimulé derrière l’un des piliers du parloir, sur le mur contigu de la salle capitulaire, communique discrètement avec cette dernière (ci-contre). Il est aisé d’imaginer une oreille collée à cet endroit, écoutant les conversations du parloir. Cette communication secrète ne date pas de l’origine mais plus probablement du courant XIIIe ou XIVe siècle.
Une très belle voûte à croisée d’ogives orne ce parloir-auditorium Une très belle voûte à croisée d’ogives orne ce parloir-auditorium. Dans une abbaye, ce dernier avait une triple fonction : c’était d’abord un lieu d’échange où la parole était permise, le matin avant le travail, lorsque le prieur distribuait les tâches de la journée; c’était aussi le lieu ou les responsables de l’abbaye pouvaient recevoir un hôte de l’extérieur. Enfin, c’était un passage utilitaire entre le jardin et le cloître.
Cette petite porte lancéolée, légèrement surbaissée, rappelant la forme d’une silhouette humaine, donne accès à l’enfermerie, constituée par une belle voûte en berceau brisé.
Cette enfermerie était le cachot du monastère, traditionnellement située, chez les Cisterciens, sous l’escalier qui conduit aux cellules aux moines. Un moine pouvait être reclus dans ce lieu pour un certain temps parce qu’il avait enfreint la règle. Par la suite, l’enfermerie a été modifiée, elle a même dû servir d’oubliettes si on en juge par les graffitis trouvés dont l’expertise les fait remonter aux XIIIe et XIVe siècles.
La salle des moines impressionne par sa grandeur : 340 mètres carrés La salle des moines impressionne par sa grandeur : 340 mètres carrés. Cette salle de travail, traversée par la Fontdouce, est vaste mais à l’origine, elle était compartimentée ainsi que l’ont montré les fouilles récentes réalisées lors de son déblaiement. Des embases de piliers ont été conservées dans le sol.
Fenêtre de la salle des moines. Cul-de-lampe ornant les murs de la salle des moines.
L’une des embases des piliers qui ornaient la salle des moines.
Après les guerres de Religion, la chapelle haute est transformée en logis abbatial destiné à recevoir l’abbé commendataire lors de ses séjours à Fontdouce. La fonction de l’absidiole devient celle d’un cabinet de toilette.
Nous voici dans les salles du logis abbatial implanté dans la chapelle haute du XIIe siècle. Ces trois salles ont des portes imposantes faites de boiseries du XVIIe siècle et de beaux manteaux de cheminée en pierre d’époque Louis XIV et Louis XV.
L’emplacement de l’ancien cloître.
Arrimé à hauteur des cellules des moines, on remarque un volant en fonte avec des balanciers. Signe de modernisation du monastère et du souci d’un certain confort, après les guerres de Religion, ce volant est fixé au mur vraisemblablement à la fin du XVIe siècle ou au début du XVIIe. Il est l’un des éléments d’une pompe à balancier quadrangulaire qui, par un système de clapet, montait l’eau de la fontaine située en contrebas.
Le jardin et le vallon vus de la terrasse.
Le cellier
Ce campanile est installé à l’aplomb d’un mur encore existant Ce campanile est installé à l’aplomb d’un mur encore existant. Il était mitoyen entre le bâtiment des cuisines subsistant encore aujourd’hui et le réfectoire entièrement détruit.
Cet escalier reliait le cloître aux cellules des moines à l’étage.
Derrière l’abside des deux chapelles superposées, se trouvent les vestiges de l’ancienne église abbatiale détruite durant les guerres de Religion. Ces vestiges abbatiaux sont conservés dans un enclos à mi-pente du coteau en surplomb du monastère.
Au premier plan, la base du pilier du transept sud de l’église abbatiale donne une idée de la grandeur du monument.
A gauche, l’absidiole du XIIe siècle de l’église abbatiale, à droite le transept sud.
Aux deux extrémités de cet espace sont installés des musées lapidaires, rassemblant les pierres sculptées les plus caractéristiques trouvées au cours des fouilles.
La visite rapide de cette abbaye de Fontdouce est terminée mais pour avoir une idée exacte de ce que représente ce site, si vous en avez la possibilité, venez vous imprégner de cette atmosphère de paix si particulière. Je tiens à remercier chaleureusement, Monsieur Jean-Pierre Boutinet, l’un des deux propriétaires de cette abbaye de m’avoir servi de cicérone pour cette visite passionnante. J’ajoute à ces remerciements toute mon admiration pour l’implication de cette famille à vouloir faire renaître ce patrimoine classé ‘Monument historique’ depuis 1986. C’est, à partir de 1970, qu’une série de fouilles destinées à la restauration de l’Abbaye de Fontdouce sont entreprises. Ces travaux de restauration leur vaudront le troisième prix du concours chef-d’œuvre en péril en 1979. Aujourd’hui, Fontdouce se tourne vers les activités touristiques et culturelles, soutenue dans ses actions de mise en valeur par une équipe de passionnés regroupés au sein de l’Association Guillaume de Conchamp. Nous ne pouvons que souhaiter longue vie à cette association !
Informations données par Mr. Jean-Pierre Boutinet. Photos personnelles pour celles non identifées. Musique : We all believe in one God de J.S. Bach – Virgil Fox. Montage et réalisation : L. Cavallari. Vifs remerciements à Josette et Alain de m’avoir fait connaitre ce magnifique site. Date : Mai 2014 lilymage1@gmail.com Mes diaporamas sont hébergés sur les sites : www.imagileonation.com www.chezjoeline.com Pour mieux connaitre le site de l’abbaye : www.fontdouce.com
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