Pr.Dr. ONGENDANGENDA TIENGE Albert

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Pr.Dr. ONGENDANGENDA TIENGE Albert POUR UNE EXPLOITATION RATIONNELLE, FORMALISEE ET TRANSPARENTE DES RESSOURCES PETROLIERES DES LACS ALBERT ET EDOUARD ENTRE LA RDC ET L’OUGANDA : ANALYSE ET PISTES DE SOLUTION. Présenté par : Pr.Dr. ONGENDANGENDA TIENGE Albert Directeur Général d’Energulf Congo S.A.R.L

SOMMAIRE Introduction Contexte géologique général Localisation et cadre géologique du Graben Albertine Lithostratigraphie des bassins des lacs Albert et Edouard Géologie pétrolière du Graben Albertine Travaux d’exploration géologique réalisés Fondement et nature juridique du droit congolais des hydrocarbures Conclusion et recommandations

I.INTRODUCTION

  La République Démocratique du Congo, de par ses réserves géologiques du sous-sol, est toujours considérée comme l’un des pays potentiellement riches au monde. Dans ce très vaste sous-continent, les ressources sont immenses bien qu’encore mal connues vue l’étendue du territoire et parfois très peu exploitées, voire même, non encore exploitées. Frantz Fanon écrivait, il y a quelques années, que l’Afrique a la forme d’un revolver dont la gâchette est située en République Démocratique du Congo. Cette réflexion trouve sa justification non seulement dans la position géostratégique que la RDC occupe au cœur du continent mais aussi et surtout par les innombrables richesses naturelles que regorge son sous-sol dont les hydrocarbures qu’abritent les trois grands bassins sédimentaires ci-dessous (Fig.1) : Le bassin côtier ; Le bassin de la cuvette Centrale ; Les bassins de la Branche Ouest du Rift Est Africain. Cependant, la production nationale du pétrole brut reste à ce jour très dérisoire, autour de 25.000 barils/jour.

Fig.1. Carte de localisation des différents bassins sédimentaires de la R.D.C

L’existence du pétrole dans le Graben Albertine est un fait qui a été réfuté par certains scientifiques, dont un illustre géologue Belge (Luc Tack) ; ce dernier jouit d’une longue expérience en géologie de l’Afrique Centrale pour avoir travaillé pendant 8 années en République Démocratique du Congo et 15 années au Burundi dans les domaines miniers et pétroliers. Il laisse entendre que ceux qui croient qu’ils peuvent découvrir d’importants gisements de pétrole dans la région d’Ituri, se basent sur la proximité des champs pétroliers du Sud-Soudan dont la structure géologique est totalement différente de celle du Graben Albertine. Enfin, il fait observer que dans les années 1980 des grandes sociétés pétrolières telles qu’Amoco et Elf avaient effectué des études dans cette zone, mais elles finirent par abandonner en concluant que la zone n’était pas rentable pour une exploitation rationnelle. La mise au point du géologue Belge avait ainsi ouvert le débat.  De ce qui précède, deux réflexions ci-après méritent d’être soulevées suivies d’une question importante : Si on admet que le Rift Est-Africain a commencé à s’ouvrir il y a 65 millions d’années, en affirmant que la genèse du pétrole dans le Graben Albertine est liée à celle du Rift Est- Africain dans la partie orientale de la République Démocratique du Congo ; Si on fait remarquer que l’un des aspects primordiaux de la maturation de la roche mère, conduisant à la genèse du pétrole, est la profondeur d’enfouissement, laquelle profondeur met en contribution le taux de sédimentation, la subsidence, le temps et la température ;

Comment alors concilier le moment de la maturation de la roche-mère dans le Graben Albertine avec la genèse du Rift Est-Africain dans la branche occidentale dudit Rift?

II. CONTEXTE GEOLOGIQUE GENERAL

La genèse du bassin des Lacs Albert et Edouard est étroitement liée à l’ouverture du Rift Est-Africain qui affecte la partie orientale de la plaque Africaine sur une longueur de 5.000 Km dans le secteur particulièrement bombé. Il est classiquement subdivisé en deux branches distinctes (Fig 2) : la branche orientale, qui s’amorce à la jonction de la mer rouge et du Golf d’Aden dans la dépression de l’Afar, puis se dirige à travers l’Éthiopie et le Kenya jusqu’à la divergence Nord – Tanzanienne ; la branche occidentale, qui part du lac Albert et se poursuit jusqu’au Mozambique.

Fig.2. carte structurale simplifiée du Rift Est-Africain

La succession des fossés et des lacs qui soulignent ces zones effondrées résulte d’un début de divergence entre la plaque Africaine à l’Ouest et la plaque somalienne à l’Est. Cette ouverture intracontinentale qui a débuté au Cénozoïque (65 M.a), est la prémice de l’apparition d’un possible rift océanique marqué ici par la succession des lacs (Albert, Edouard, Kivu, Tanganyika, Bangwelo et Moero) traduisant ainsi le modèle de mise en place des bassins d’un rifting actif.

III. LOCALISATION ET CADRE STRUCTURAL DU GRABEN ALBERTINE

Le bassin des Lacs Albert et Edouard se situe dans la partie Nord de la branche occidentale du système du Rift Est-Africain. Ce bassin sépare l’Ouganda et la République Démocratique du Congo. Le fossé du Lac Edouard, orienté sensiblement NNE-SSW, est situé au SW du fossé du Lac Albert-Semliki. Ce fossé s’étend sur une longueur d’environ 150Km et sa largeur varie entre 20 et 70 Km (Kipoy et Matuwana, 1996). Alors que le fossé du Lac Albert est occupé par la dépression du Lac Albert, la plaine de la vallée de Semliki, et de la rivière Wasa (De Grandry, 1957). Toutefois, les deux fossés des Lacs Albert et Edouard sont donc des dépressions séparées, disposées en échelons l’une par rapport à l’autre de chaque côté d’un soulèvement qui comprend les monts du Ruwenzori, la vallée de la Semliki et le plateau du Congo. (Fig. 3).

Fig.3. Disposition des sous-bassins du Graben Albertine (Andrew, 2007)

La superficie du Graben Albertine est de 17090 Km2 La superficie du Graben Albertine est de 17090 Km2. Le Graben Albertine est segmenté en 5 blocs d’exploration dont les blocs I et II couvrent le Lac Albert, le Bloc III couvre la vallée de Semliki et les blocs IV et V couvrent le Lac Edouard (Fig 4).

Fig.4. Découpage du Graben Albertine en blocs d’exploration

La profondeur d’eau du Lac Edouard varie entre 40 et 120 m tandis que celle du Lac Albert peut atteindre 200 m. Le fossé du Lac Edouard communique avec le fossé du Lac Albert par le fossé étroit de Semliki dont la largeur dans sa partie méridionale ne dépasse pas 8 Km. Cependant, la rivière Semliki serait simplement le déversoir du fossé du Lac Edouard.

IV. LITHOSTRATIGRAPHIE DU BASSIN DES LACS ALBERT ET EDOUARD.

  Les sédiments qui remplissent ce bassin de la branche occidentale du Rift Est-Africain se répartissent en trois séries ci-après : les sédiments du Rift d’origine continentale (stade 1) renfermant des dépôts deltaïques, fluviatiles et lacustres qui reposent sur le socle précambrien ; les sédiments du stade 2 constitués d’une alternance de schistes (imperméables) et de grès (poreux) ; les sédiments actuels du stade 3 comprenant des dépôts de turbidites. Du point de vue de l’origine des sédiments, la principale source de ces derniers est l’érosion des pentes raides du Rift d’un angle de 60°. Ces sédiments ont caché les traces de l’origine du Rift (Davis, 2007). (Fig.5)

Fig.5. Origine des sédiments comblant le bassin du Rift (Davis, 2007)

Le forage B1, exécuté en Ouganda dans la région à indices d’hydrocarbures du bassin de Graben Albertine a révélé le Log stratigraphique ci-après (Fig. 6):

Ainsi, il sied de signaler que l’orogenèse alpine d’âge Cénozoïque qui se traduit par la fermeture de la mer Méditerranée au Nord du Continent Africain, et l’érection des Atlas et de la Chaîne Alpine ainsi que l’ouverture du Rift Est Africain dont la branche occidentale est jalonnée des Lacs Tana, Albert, Edouard, Kivu, Tanganyika, Bangwelo et Moero, explique le modèle de mise en place des bassins d’un rifting actif. Les épisodes de réchauffements, bombement, volcanisme, effondrement et formations des zones lacustres ont été précédés par la présence d’un ancien milieu marin reconnu par la présence des fossiles types (Pili Pili, 2010).

V. GEOLOGIE PETROLIERE DU GRABEN ALBERTINE

  Dans le bassin du Graben Albertine, plusieurs facteurs sont favorables pour la recherche des gisements pétrolifères, à savoir : La présence d’une épaisse série sédimentaire (3000 à 5000 m d’épaisseur) d’origine continentale qui renferme des dépôts deltaïques, fluviatiles et lacustre ; La présence d’une tectonique de type Horst et Graben favorable au piégeage des hydrocarbures ; La présence d’indices d’huile et de gaz le long des failles de cette région du Rift Est-africain. Ainsi, le système pétrolier du Graben Albertine se présente de la manière suivante : Les Roches mères  L’interprétation des données géophysiques entreprises dans ces Lacs a permis de cibler les unités de roches mères potentielles. La présence des indices d’huile observables en surface constitue la preuve que ces unités ont atteint la phase de maturation. Il s’agit des schistes bitumineux du Miocène.

Les Roches réservoirs  Les grès (poreux) sont les seules roches réservoirs reconnues actuellement dans ce bassin. Les Roches couvertures  Les schistes imperméables qui recouvrent les grès poreux du bassin restent actuellement les seules roches couvertures identifiées.   Structuration et pièges  La structuration dans le bassin des Lacs Albert et Edouard est excellente. Cela se justifie par la présence des pièges par faille. Les pièges sont présents en rapport avec des blocs basculés et de petits plis associés à des failles de tension.

VI. TRAVAUX D’EXPLORATION GEOLOGIQUE REALISES

Travaux réalisés du côté de la République Démocratique du Congo   Les travaux d’exploration, qui ont débuté en 1920 jusqu’à ce jour, décrivent une succession de formations géologiques du Cénozoïque reposant sur le socle cristallin précambrien. Plusieurs indices d’hydrocarbures ont été décelés dans ce bassin et indiquent que la proportion des hydrocarbures liquides est suffisante pour justifier une exploitation à grande échelle. Le Graben Albertine étant plus profond en République Démocratique du Congo, il est supposé la mise en évidence des structures de piégeage des dimensions importantes pouvant renfermer des réserves économiquement exploitables. Les Indices de surface côté RDC Les travaux de la pré-exploration pétrolière entrepris par les géologues du ministère des hydrocarbures de la République Démocratique du Congo durant cette décennie dans les bassins de la branche occidentale du Rift Est-Africain, particulièrement dans le bassin du Graben Albertine, ont permis de mettre en évidence l’existence de plusieurs points de suintement d’hydrocarbures. Il s’agit de : Indice de Songa II ; Indice de Ziga ;

Indice de Gobu ; Indice de muganga ; Indice de Nzonzo ; Indice de Kango ; Indice de Kasua ; Indice de Mahagi Port. En outre, au fossé du lac Edouard, c’est au pied du massif de Ruwenzori que les indices d’hydrocarbures ont été observés au contact de la série sédimentaire (Kipoy et Matuwana, 1996). Il faut signaler également dans la région, la présence des sources d’eaux thermales et des dépôts de sels.

Travaux exécutés du côté ougandais du bassin   Dans la partie ougandaise du Graben Albertine, les indices d’hydrocarbures sont présents à Kibiro, Butiaba et Kaïso (Fig. 7). Les travaux sismiques et de forage entrepris en Ouganda dans les blocs adjacents aux blocs I et II de la République Démocratique Congo ont mis en évidence les structures de piégeage renfermant des réserves économiquement exploitables. En d’autres termes, les données géologiques acquises du côté de la R.D.C ont permis à l’Ouganda d’intensifier les campagnes géologiques qui ont abouti à l’implantation d’une capacité de production avoisinant les 150.000 barils/jour en 2009. L’Ouganda a enregistré, jusqu’à fin janvier 2013, un total de 88 forages d’explorations pétrolières réalisés, dont 76 concluants représentant un taux de réussite de 85% alors que la région pétrolifère de ce pays est explorée à ce jour à moins de 40% (Agence Ecofine, 2013).

Fig.7. Indices de surface en Ouganda (Ministère de l’énergie de l’Ouganda, 2004)

Le secteur pétrolier ougandais a fait un pas de plus en octobre 2013 avec la découverte d’un nouveau gisement de brut dans la partie nord du pays. C’est la compagnie française Total qui a mené l'opération et effectué la découverte sur la licence qu’elle partage avec sa consœur chinoise CNOOC. Des sources du Ministère Ougandais de l’Energie et des ressources minières stipulent que l’augmentation sans cesse des découvertes a permis de réévaluer les réserves de brut qui sont estimées à 3,5 milliards de barils aujourd’hui contre 2,5 milliards en 2012. Par ailleurs, les groupes Total et CNOOC se sont accordés avec le gouvernement ougandais pour la construction d’une raffinerie d’une capacité de 30 000 barils/jr. L’Ouganda, qui estime à 3,5 milliards de barils ses réserves de brut, veut détenir à 40% de cette raffinerie face à Total et CNOOC qui ont acquis des parts des actifs d’exploration de la société anglaise Tullow Oil pour un total de 2,9 milliards de dollars.

Une nouvelle série de permis d'exploration devraient être mis sur le marché aussitôt après la signature du code pétrolier par le Président Museveni. Le projet de loi a été adopté par le parlement et promulgué par le Président de la République depuis juillet 2013. L’adoption du Code pétrolier ougandais a suscité de vifs débats, notamment en ce qui concerne la transparence des processus d’attribution de permis. Un accord a été trouvé avec le Parlement qui ouvre ainsi la voie à de nouveaux investissements internationaux dans le secteur pétrolier ougandais. Ce pays ambitionne une bonne place sur la liste des pays africains producteurs de pétrole. Les explorations dans ce sens, conduites dans le bassin de rift du lac Albertine de 1998 à ce jour, ont coûté déjà au moins 1,7 milliards de dollars.

VII. FONDEMENT ET NATURE JURIDIQUE DU DROIT CONGOLAIS DES HYDROCARBURES

Les activités de reconnaissance, d’exploration et de production des hydrocarbures en RDC sont actuellement régies par l’ordonnance – loi n°81/013 du 02 avril 1981 portant législation générale sur les mines et les hydrocarbures plus spécialement par ses dispositions particulières contenues sous le titre VIII et par le titre V de l’ordonnance n°67 – 141 du 23 septembre 1967 portant règlement minier qui édicte les mesures d’application de ‘ordonnance – loi précitée (Journal officiel n°8 du 2 avril 1981 et Moniteur n°22 du 15 novembre 1967). L’ordonnance – loi du 02 avril 1981 telle que modifiée à ce jour constitue le dernier acte législatif en date sur les hydrocarbures après plusieurs autres promulgués depuis l’époque coloniale. En effet, c’est depuis cette dernière époque que le législateur avait compris qu’au regard de l’importance de ces substances minérales que sont les hydrocarbures, tel qu’il a été démontré ci – dessus, il était impérieux de prendre des dispositions législatives et réglementaires particulières.

Historique : Année 1888  Le premier essai de légifération des activités minières fut entrepris par le biais du décret du 18 juin 1888 qui posa trois principes : la propriété des mines est distincte de celle du sol, les mines appartiennent à l’État du Congo et sont exploitées au moyen des concessions. Année 1937  Le premier texte codifié fut le décret du 24 septembre 1937 portant législation générale sur les mines. La particularité de ce texte est qu’il a dilué dans une même moule législative les règles régissant l’exploitation des mines en métaux, en souffre ou phosphore, fossiles, combustibles ou bitumeuses (dont les hydrocarbures) et tous les autres types de mines sans distinction particulière (Bulletin Officiel du Congo Belge, 1937, p.903, Article 2). Ce décret va expliciter les principes miniers ci–dessus en ajoutant notamment que nul ne peut exploiter les substances minérales sans l’autorisation de l’État soit dans le cadre d’un permis et/ou d’une convention portant octroi d’une concession, etc…Tous les textes de loi et règlements pris plus tard reprendront tous ces différents principes.

Année 1959  En vue d’offrir une base légale aux conventions qui allaient être conclues avec l’État à l’occasion des découvertes faites, le législateur colonial prit le décret du 31 mars 1959 règlementant la recherche et l’exploitation des hydrocarbures. Ce texte demeure jusqu’à ce jour l’unique que l’État Congolais ait promulgué en vue de régir exclusivement les hydrocarbures.    Année 1967  Peu après l’indépendance, soit le 11 mai 1967, il sera promulgué par le Chef de l’État l’ordonnance – loi n°67 – 231 portant législation générale sur les mines et les hydrocarbures suivie le 23 septembre 1967 de l’ordonnance n°67 – 416 portant règlement minier. Cette nouvelle loi minière, tout en mettant en exergue les principes généraux de base, est marquée par les particularités suivantes : L’incorporation en son sein de l’essentiel des dispositions du décret du 31 mars 1959 sur les hydrocarbures auxquelles, à la différence du législateur de 1937, il a consacré un titre spécial après avoir explicité les principes généraux communs à toutes les substances concessibles.

La séparation de la loi organique de ses mesures d’application qui ont fait l’objet d’un texte particulier édicté par ordonnance du Président de la République n°67 – 416 du 23 septembre 1967 portant règlement minier. Le transfert du Pouvoir législatif à l’Exécutif de la compétence d’attribution des droits et titres miniers aussi bien des hydrocarbures que des autres substances minérales. Sous l’empire du décret de 1959, les sociétés concessionnaires avaient la latitude d’accomplir leurs activités de prospection sur toute l’étendue du territoire du Congo Belge et du Rwanda – Urundi à l’exception des zones qui avaient déjà fait l’objet d’octroi des titres miniers portant sur les mêmes substances. Dans la nouvelle loi, ce droit d’exploration est réduit sur une étendue de 50.000 Km2 pour la même durée de 5 ans renouvelables avec l’obligation pour le concessionnaire de rendre la moitié de la surface à chaque renouvellement à l’exception des permis « offshore » étant donné l’exigüité du littoral congolais. La possibilité pour le titulaire des droits miniers des hydrocarbures de céder ceux–ci à une tierce personne avec l’accord du Ministère compétent, par un contrat d’amodiation. En adoptant l’amodiation, le législateur a voulu adapter la loi congolaise aux autres législations modernes qui l’avaient déjà introduite dans leur ordonnancement juridique.

Année 1981  L’ordonnance – loi n°81/013 du 02 avril 1981 portant législation générale sur les mines et les hydrocarbures telle que modifiée à ce jour est la dernière loi édictée par l’État Congolais. Cette loi minière est une reproduction de la loi de 1967. Elle diffère néanmoins de celle – ci pour ce qui est des hydrocarbures en ce qu’en respect du principe que les droits miniers pour hydrocarbures sont accordés par convention, le régime fiscal applicable aux sociétés extractives des hydrocarbures n’y est pas organisé, le législateur préférant renvoyer cette tâche, en son article 87, aux rédacteurs des conventions pétrolières qui mettent en présence l’État Congolais concédant et les sociétés pétrolières. En effet, si la loi détermine les principes de base, elle laisse aux parties intéressées (l’État et les sociétés pétrolières) le soin de préciser en détails leurs droits et obligations lors des opérations. En somme, Il ressort donc des différents textes de loi édictés en RDC que l’État met un accent particulier sur son rôle primordial et central en que tant Pouvoir concédant des droits miniers à propos des hydrocarbures contenus dans le sous–sol, rôle qui va de pair avec le souci d’encourager les investissements étrangers dans un secteur aussi important.

Zones d’Intérêts Communs entre la RDC et Les Pays des Grands Lacs Projet de Loi portant Code des hydrocarbures en RDC   Le Code des hydrocarbures encore en étude au niveau du Parlement, précisément au Sénat, constitue un frein pour la RDC. L’opinion s’était levée pour exiger la mise en place d’un cadre juridique devant assurer la transparence dans ce secteur. Zones d’Intérêts Communs entre la RDC et Les Pays des Grands Lacs Les Etats de la région des Grands lacs dotés des potentialités pétrolières s’activent à les valoriser. Le Burundi, l’Ouganda, la Tanzanie et le Rwanda (pour ce qui est du gaz) qui partagent avec la RDC les mêmes gisements pétrolifères, ont pris la vitesse de croisière dans la conclusion des partenariats. Pendant ce temps, la RDC est toujours à la traîne face à ses voisins surtout en ce qui concerne les accords d’unitization. Le financement de la banque mondiale accordé à la R.D.C et à l’Ouganda dans les années 1980 avait permis à ces deux pays de négocier et signer un accord d’unitization en 1988 lequel fut amendé en 2008. Au terme de cet accord, les États conviennent d’octroyer les blocs adjacents à un seul opérateur en vue d’une meilleure prise en compte des intérêts de toutes les parties.

Le Burundi vient, en ce qui le concerne, d’octroyer une licence d’exploration sur le lac Tanganyika. Prenant lui aussi de l’avance sur la RDC, le gouvernement burundais a signé avec British Petroleum SureStream junior au mois d’octobre 2013. Le contrat porte sur les blocs B et D dans la partie Nord du lac Tanganyika. Le Sud-Africain South African Mineral Resources Corp (Samroc) détient, lui, le permis d’exploration du bloc C alors que le canadien Terra Seis International est opérationnel dans le bloc A. Les quatre blocs burundais du lac Tanganyika sont présentement en phase d’exploration. Quant à la Tanzanie, elle a accordé quatre licences d’exploration en 2012. Les firmes australienne et britannique Beach Petroleum et Ansco Petroleum sont opérationnelles. Le Rwanda exploite le gaz méthane du Lac Kivu qu’il transforme pour produire de l’électricité. Pourtant, compte tenu de son origine et du renouvellement de ses réserves, le gaz méthane du Lac Kivu pourra ajouter au dynamisme économique des Provinces du Nord et Sud Kivu une source d’énergie sûre, locale et susceptible de promouvoir la naissance d’une industrie pétrochimique en République Démocratique du Congo.

L’engagement de la RDC à aller jusqu’au bout de la logique et tirer des ressources additionnelles pour son budget passe par la détermination du gouvernement congolais à signer des accords d’unitization dans toutes les zones où elle a des réserves communes avec les pays voisins des Grands Lacs. La RDC dispose d’un potentiel pétrolier important. 11 blocs sur le graben Tanganyika, 5 blocs sur le graben Albertine et beaucoup d’autres à travers le pays. Dans la Cuvette centrale, le nombre de blocs n’est pas encore déterminé. Il est donc grand temps de transformer ce potentiel en ressources réelles pour augmenter substantiellement les recettes du Trésor Public et permettre ainsi le développement et le décollage définitif de ce sous-continent qu’est la République Démocratique du Congo. Apport du secteur pétrolier dans le budget de l’Etat   La production pétrolière offshore en RDC a commencé dans les années 1975 avec la société américaine Gulf Oil rachetée ensuite par le groupe Chevron. Il s’en est suivi en 1980, la production onshore par Fina qui avait racheté Total.

D’après les derniers chiffres de l’ITIE (Initiative pour la Transparence des Industries Extractives), les compagnies pétrolières en RDC ont signalé avoir versé à l’État congolais plus de 325 millions $ en 2010, soit 43 % de tous les paiements dégagés des industries extractives cette année-là. Ce chiffre devrait connaître une forte hausse au cours des prochaines années en raison de la signature fin 2012 d’un accord entre la RDC et l’Angola visant l’exploitation de gisements pétroliers offshore dans des eaux partagées dans l’Atlantique. Voici à titre d’exemple la fiscalité pétrolière décaissée en onshore et offshore de la RDC de 2005 à 2010 par la société Perenco et associés :

ANNEE REP LIREX ONSHORE MIOC TEIKOKU ODS OFFSHORE TOTAL PERENCO 2004 -22 972 -17 798 -40 710 -42 998 -39 660 -17 150 -99 808 -140 578 -83 768 2005 -35 655 -31 769 -67 424 -81 547 -48 837 -28 886 -159 270 -226 694 -148 971 2006 -51 583 -43 042 -94 726 -100 437 -63 957 -25 263 -189 658 -284 384 -195 163 2007 -52 583 -49 100 -101 683 -114 897 -60 634 -33 820 -209 351 -311 034 -216 580 2008 -77 973 -64 180 -142 153 -108 052 -106 883 -65 060 -279 996 -422 149 -250 206 2009 -43 281 -50 122 -93 404 -57 817 -17 778 -3 438 -79 032 -172 436 -151 220 2010 -41 259 -46 052 -87 312 -112 261 -79 590 -29 301 -221 152 -308 464 -199 572

CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS

  La mise en place d’une nouvelle politique pétrolière accompagnée par une législation appropriée coulée sous forme de code des hydrocarbures permettra de sécuriser les investisseurs et rendre rentable l’exploitation de nos bassins sédimentaires par l’accroissement des recettes du Trésor Public, voir l’amélioration des conditions de vie des populations. L’accélération des accords d’unitization avec tous les pays voisins afin de garantir les chances de profiter au maximum de nos gisements situés dans les zones d’intérêts communs, ce qui permettrait une exploitation rationnelle, formalisée et transparente des ressources pétrolières des Lacs Albert et Edouard entre la RDC et l’Ouganda. Les investissements dans l’Exploration-Production pétrolières comportant des hauts risques et nécessitant des capitaux élevés, il est nécessaire que les sociétés pétrolières se sentent sécurisées par le respect des contrats signés avec l’Etat Congolais. Le Gouvernement de la RDC doit mobiliser des capitaux importants pour l’exploration de ses bassins sédimentaires dans le but de les valoriser par des découvertes des nouveaux gisements pétrolifères en l’exemple de la Fédération du Nigéria. En effet, la prospection pétrolière menée par le gouvernement fédéral du Nigeria dans le bassin du lac Tchad, près de l'Etat de Borno, a donné des résultats si positifs que le vice-président Namadi Sambo annonçait un probable début d’exploitation commerciale dès les premiers mois de 2014. 75 millions de dollars ont été investis en 2012 par Abuja pour explorer cette région, et 100 autres millions ont été débloqués pour l’année 2013.

Le secteur pétrolier de la RDC ne se développera aussi que par la mise en place d’une administration forte et dynamique sur le terrain, mais à condition que celle-ci soit dotée des moyens conséquents pour exercer à bien sa politique. La promotion de la dynamique de transfert de technologie dans ce secteur par l’existence d’une société pétrolière nationale forte et organisée, en l’exemple de SONAGOL en Angola et de SONTRACH en Algérie. La ruée actuelle à l'acquisition de nouveaux actifs pétroliers et gaziers en Afrique démontre indéniablement le nouveau statut de l'Afrique comme nouvel Eldorado du pétrole. Ce statut est encore plus important à un moment où la demande de pétrole croît à un rythme plus important que les découvertes de nouveaux gisements. Face aux enjeux futurs, la RDC est en droit de se doter des moyens adéquats pour valoriser son potentiel pétrolier qui constitue en soi un secteur porteur de beaucoup d’espoirs pour le développement du pays tout entier et jouer ainsi un rôle majeur dans le paysage pétrolier africain.

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