HTLV-1 dans les îles du sud-ouest de l’océan Indien P. Aubry, D. Vitrac, F. Schooneman, B-A. Gaüzère
HTLV-1 et MALADIES Le virus HTLV-1 ou human T cell leukemia /lymphome virus type 1, premier virus oncogène découvert chez l’homme, isolé en 1980, est responsable de : - la leucémie/lymphome T de l’adulte (Adult T cell Lymphome/Leukemoa [ATLL]), - la paraparésie spastique tropicale (Tropical Spastic Paraparesia/HTLV-1 Associated Myélopathie [TSP/HAM], - d’infections opportunistes, en particulier de l’ anguillulose.
EPIDEMIOLOGIE DESCRIPTIVE Nombre de personnes infectées dans le monde : 10 à 20 millions. Zones de haute prévalence (plus de 2% dans la population adulte) : sud du Japon, Afrique intertropicale, Caraïbes, Amérique centrale et du sud, certaines régions de Mélanésie et du Moyen-Orient (Iran). Transmission : de la mère à l’enfant (allaitement prolongé), par contact sexuel, par voie sanguine. Trois à sept % des sujets infectés développent une maladie ( ATLL, TSP/HAM ou plus rarement uveite, dermatite, polymyosite, arthrite, syndrome de Sjögren).
EPIDEMIOLOGIE MOLECULAIRE Bien qu’ayant une grande stabilité génétique, l’HTL-V1 a plusieurs.sous-types moléculaires viraux (génotypes) spécifiques de régions géographiques données. A ce jour, sept génotypes d’HTL-V1, dont quatre principaux, ont été définis : sous type A cosmopolite avec quatre sous-groupes (continental, japonais, d’Afrique de l’ouest, d’Afrique du nord), sous-type B d’Afrique centrale, sous-type C ou mélanésien, sous-type D de la partie ouest de l’Afrique centrale (Cameroun, Gabon, République centrafricaine).
ORIGINE de l’HTLV-1 STLV-1 : équivalent simien d’HTLV-1? Le STLV-1, isolé en 1982 , est endémique chez de nombreuses espèces de singes de l’Ancien Monde. Des cas de leucémie ou de lymphome T similaire aux ATLL ont été décrits chez des singes infestés par le STLV-1, mais aucun cas de neuro-myélopathie similaire à la TSP/HAM n’a été rapporté. Il y a une quasi-identité de séquence entre la séquence de la protéine d’enveloppe gp21 du STLV-1 et celle du HTLV-1 du sous- type B en République Démocratique du Congo (ex-Zaïre). Pour le sous-type A, aucun STLV-1 proche de ce sous-type n’a été décrit. Il en est de même pour le sous-type C.
HTLV-1 et îles du SOOI Des cas de TSH/HAM ont été rapportés aux Seychelles en 1985, sans que l'étiologie ne soit précisée. A partir de 1985, des études sur l'HTLV-1 ont été menées aux Seychelles, à Madagascar, à La Réunion, à Mayotte, chez des malades (malades en neurologie ou en médecine interne), chez des adultes en population générale, chez des donneurs de sang. Cinq études ont été rapportées de 1985 à 1994.
PROBLEMES DIAGNOSTIQUES Diagnostic sérologique : - dépistage des anticorps par tests immuno- enzymatiques : faux positifs, - confirmation par Western blot : manque de sensibilité pour diagnostiquer les protéines d’enveloppe (gp21 ), d’où des sérums indéterminés. D’ou la mise en évidence directe du virus par amplification génique (PCR).
Structure de l’HTLV-1 Western blot
Donneurs de sang - EFS de La Réunion
Evolution du taux de prévalence chez les donneurs de sang en France (1992-2010)
MODE PROBABLE DE CONTAMINATION Sur 54 donneurs confirmés positifs pour HTLV entre 2008 et 2010 : - 2 HTLV-2, - 52 HTLV-1. Sur les 52 HTLV-1 : - 16 originaires de zones d’endémie : Antilles-Guyane, Afrique subsaharienne, - 8 originaires d’autres zones géographiques, - 28 originaires de métropole : .12 avaient été probablement contaminés par un partenaire né en zone d’endémie, . 2 avaient un partenaire HTLV-1 positif, . 1 avait des partenaires multiples. :
PROBLEMES POSES par l'HTLV-1 dans les iles du SOOI Les maladies causées par l'HTLV-1? Quelques cas de TSP/HAM ont été rapportés en 1985 aux Seychelles, rattachées en 1897 à l’HTLV-1. Depuis? Mais, il faut être vigilant vu le nombre élevé actuellement d'utilisateurs de drogues IV aux Seychelles et à Maurice. Le problème posé par l'HTLV-1 dans les ISOOI est la co-infection HTLV-anguillulose.
Co-Infection HTLV-1/ Anguillulose La co-infection est cause : - d’une sur-prévalence de l’anguillulose, - du risque de formes graves d’anguillulose, - de la survenue plus précoce et plus fréquente d’une ATLL, - d’une résistance aux anti-heminthiques. La recherche d'une co-infection avec HTLV-1 doit être systématique chez les porteurs d'anguillules, ainsi que chez les porteurs d'anguillules en échec répété de traitement. :
REFERENCES - Gessain A. Le rétrovirus humain oncogène HTLV-1 : épidémiologie descriptive et moléculaire, origine, évolution et aspects diagnostiques et maladies associées. Bull. Soc. Pathol. Exot., 2011, 104, 167- 180. - Pays J-F. Co-infections HTLV-1 - Strongyloides stercoralis. Bull. Soc. Pathol. Exot., 2011, 104, 188- 199.
REMERCIEMENTS P. Bovet, CHU Vaudois, Lausanne (correspondant aux Seychelles) A. Gessain, Institut Pasteur de Paris B. Larouze, INSERM UMR-S 707, Paris C. Rogier, Institut Pasteur d'Antananarivo J-L. Solet, InVS en Région océan Indien. La Réunion