PROJET D’APPUI AU DÉVELOPPEMENT DU MENABE ET DU MELAKY (AD2M) Les associations d’usagers des eaux de Migodo I, côte Ouest de Madagascar 1 Marion OLLIVEAUD Étudiante - Stagiaire FIDA, 2012
PROJET AD2M Mis en place en 2006 et s’achève en 2014 : deux phases de 4 ans Bailleurs : Gouvernement malgache, Union européenne (PARECAM), FIDA, bénéficiaires Objectif : Développement agricole, (zones pauvres et vulnérables), avec une approche combinant à la fois la sécurisation foncière décentralisée et la mise en valeur productive du milieu rural et prenant en compte la protection environnementale et le développement des populations marginalisées repoussées vers les versants et zones enclavées Zone d’intervention : Région Menabe (14 communes, 3 districts) et Région Melaky (5 communes, 1 district) Le projet d’appui au développement du Menabe et du Melaky (AD2M) est situé sur la côte ouest malgache. Il a été initié en 2006 et officiellement lancé en juin 2008. La durée du projet est prévue pour huit années (2006-2014), répartie en deux phases de quatre ans. Le projet AD2M vise le développement agricole, en particulier dans des zones pauvres et vulnérables, avec une approche combinant à la fois la sécurisation foncière décentralisée et la mise en valeur productive du milieu rural et prenant en compte la protection environnementale et le développement des populations marginalisées repoussées vers les versants et zones enclavées. Le projet AD2M vise le développement agricole, en particulier dans des zones pauvres et vulnérables, avec une approche combinant à la fois la sécurisation foncière décentralisée et la mise en valeur productive du milieu rural et prenant en compte la protection environnementale et le développement des populations marginalisées repoussées vers les versants et zones enclavées. 2
CONTEXTE L'eau joue un rôle crucial dans le développement économique et social d’un pays 2000 : La gestion intégrée des ressources en eau (GIRE) a émergé dans le monde entier face à la croissance de la population et la pollution et diminution des ressources hydriques. 2005 : Le document « Vision Madagascar, naturellement » porte une attention particulière sur le domaine de l’eau (amélioration, gestion des réseaux) 2006 : la lettre de politique de développement des bassins versants et périmètres irrigués (BV-PI) à Madagascar 2009 : Le projet AD2M tente d’améliorer la gestion et l’entretien des réseaux hydro agricoles via la formation d’associations d’usagers des eaux (AUE) comme celles de Migodo I. Face à la crainte généralisée avec l’accroissement de la population, la pollution de l’eau, la diminution en ressource d’eau douce sur la planète, la gestion intégrée des ressources en eau (GIRE) a émergé dans le monde entier. La GIRE se définit comme un processus «qui encourage la mise en valeur et la gestion coordonnée de l'eau, des terres et des ressources associées en vue de maximiser le bien-être économique et social qui en résulte d’une manière équitable, sans compromettre la durabilité d'écosystèmes vitaux » (Partenariat Mondial de l’Eau, 2000). En 2006, le gouvernement a met en place la lettre de politique de développement des bassins versants et périmètres irrigués (BV-PI). La politique de développement des BVPI vise à améliorer durablement les conditions de vie et les revenus des populations rurales dans les bassins versants intégrant les périmètres irrigués, ainsi qu’à valoriser davantage et à préserver les ressources naturelles pour le bénéfice de tous. 3
HISTORIQUE DE L’UNION MIGODO I Construction du barrage et du canal principal en 1956 Réseau géré par l’Etat jusqu’à la formation de l’association des agriculteurs dans le périmètre d’Ankilizato (ASAPA) en 1997 Implication du projet AD2M en partenariat avec le PARECAM en 2009 : restructuration de l’ASAPA, réhabilitation des ouvrages hydroagricoles La grande association de Migodo I est divisé en une Union composée de 8 associations d’usagers des eaux (AUE) de base en Mars 2012 Les ouvrages hydro agricoles (barrages, canaux principaux) de Migodo I et II ont été construits pour la première fois en 1956. L’Etat s’est occupé de la gestion des réseaux hydrauliques jusqu’à la formation de l’association des agriculteurs dans le périmètre d’Ankilizato (ASAPA) en 1997. En effet, avant le mouvement de décentralisation à Madagascar en 1985, la gestion des grands périmètres était assurée par des sociétés d’État et celle des petits périmètres par les services du génie rural. Actuellement, l’entretien, la gestion et le contrôle sont passés aux mains des bénéficiaires constitués en AUE. Ainsi, le but premier des AUE, structures paysannes locales, est de maintenir en bon état de fonctionnement les infrastructures hydro agricoles. C’est en 2009, que le projet AD2M intervient dans la restructuration de l’ASAPA face à la mauvaise gestion et au mauvais fonctionnement de celle-ci. En effet, aucune cotisation n’est payée par les usagers, aucun plan de travail annuel (PTA) n’est planifié et le réseau est mal entretenu. L’ASAPA est divisée en deux associations : Migodo I et Migodo II. En Mars 2012, face au trop grand nombre de membre de l’association (environ 700 personnes) de Migodo I, celle-ci devient une Union composée de huit associations d’usagers des eaux (AUE) de base. 4
L’INTERVENTION DU PROGRAMME D’APPUI À LA RÉSILIENCE AUX CRISES ALIMENTAIRES DE MADAGASCAR (PARECAM) Objectif spécifique du PARECAM dans la mise en place des AUE: Favoriser une augmentation significative de la production agricole dans la zone d’intervention d’AD2M en assurant une vulgarisation des techniques agricoles à un nombre croissant de producteurs agricoles. Appui par PARECAM : réhabilitation du canal principal de Migodo I (6 800 km de long) et l’aménagement de périmètres rizicoles (gestion et entretien) Canal principal de Migodo I Un des objectifs spécifiques du programme d’appui à la résilience aux crises alimentaires de Madagascar (PARECAM) est de favoriser une augmentation significative de la production agricole dans la zone d’intervention d’AD2M, sur la côte ouest, en assurant une vulgarisation des techniques agricoles à un nombre croissant de producteurs agricoles. Pour atteindre cet objectif, il y a eu la réhabilitation du canal principal de Migodo I (6 800 km de long) et l’aménagement de périmètres rizicoles, ainsi que l’étude et le contrôle des travaux d’ouvrages hydrauliques, les travaux de réhabilitation de périmètres irrigués, et l’appui à la gestion et à l’entretien des périmètres. Le PARECAM a contribué à la réhabilitation de l’infrastructure déjà existante ainsi qu’à la réorganisation de Migodo I via la constitution d’une union et de huit AUE de base. 5
L’INTERVENTION DU PROGRAMME D’APPUI À LA RÉSILIENCE AUX CRISES ALIMENTAIRES DE MADAGASCAR (PARECAM) Le PARECAM a contribué à la réhabilitation de l’infrastructure : Une Union et huit AUE de base L’Union ainsi que les huit AUE sont localisées dans la commune rurale d’ Ankilizato, dans le district de Mahabo et regroupe huit villages. Structuration des huit AUE basée sur plusieurs critères ( localisation géographique, interdépendance aux prises hydrauliques, etc.) AUE prend en charge la gestion des périmètres irrigués de rizière (1250 hectares) la formation des huit AUE a été basée sur plusieurs critères comme leur inter dépendance aux prises hydrauliques, la localisation géographique du village mais aussi de leur rizière (faciliter le regroupement des membres de l’AUE et fusionner plusieurs rizières en une seule) et parfois leur appartenance culturelle. les AUE ont été créées afin de prendre en charge la gestion des périmètres irrigués de rizière dans le but de contribuer à l’augmentation de la production du riz, après le désengagement de l’État de la gestion, de l’entretien et du contrôle des réseaux hydro-agricoles. 6
Restructuration des huit AUE de base Secteurs Effectif membres Total Superficie Village dominant Association groupés homme femme en ha N° 1 1 51 23 74 80,7 Ankilizato Sud 2 11 13 20,3 TOTAL 62 25 87 101 N° 2 3 29 8 37 26,73 Ankilizato Nord 57 9 66 114,5 4 55 144,5 137 21 158 285,73 N° 3 15 27,93 Ambalanomby Est 5 36 10 46 44,05 49 12 61 71,98 N° 4 6 95 110 208,8 Avaradrova N° 5 7 17 28 48,5 Ankilizato Centre, Ankilizato Sud, N° 6 18 33 39,16 32 40 65,9 47 26 73 105,06 N° 7 59 60,5 Mavogisa 38 41 63,3 100 123,8 N° 8 14 35 42,5 7
L’INTERVENTION DU PROGRAMME D’APPUI À LA RÉSILIENCE AUX CRISES ALIMENTAIRES DE MADAGASCAR (PARECAM) Sensibilisation du PARECAM sur la vulgarisation des techniques agricoles: SRI et SRA, rotation culturale avec l’oignon ou le haricot Actuellement, 45% de la surface cultivée (560 ha) utilise ces nouvelles techniques soit 65 % des usagers. Barrage de Migodo I Ainsi, la démarche de création des AUE est associée à l’activité du riz irrigué et a permis l’adoption de nouveaux systèmes de culture du riz comme le système de riziculture intensif (SRI), le système de riziculture amélioré (SRA) pour lequel la maîtrise de l’eau est essentielle. De plus, les paysans sont formés sur la rotation culturale sur rizière avec l’oignon et le haricot afin d’augmenter leur revenues, d’une part, et de préserver le sol, d’autre part. En effet, deux campagnes de riz sont effectués par an : le riz de saison (pluvial) est cultivé de janvier à avril et le riz de contre saison d’août à novembre. Entre avril et août le projet incite les paysans à cultiver l’oignon ou le haricot. L’haricot est une légumineuse et va donc enrichir le sol en éléments azotés ce qui sera bénéfique pour la culture de riz suivante. Actuellement, 45 % de la surface cultivée (soit environ 560 hectares) utilise les techniques SRI/SRA suite à la sensibilisation sur la vulgarisation des techniques agricoles par PARECAM. 8
FONCTIONNEMENT DE L’UNION ET DES HUIT AUE DE BASE Le but AUE : maintenir en bon état de fonctionnement les infrastructures hydro agricoles à travers la gestion, l’entretien et la police des réseaux hydro agricoles Les réseaux sont gérés par : L’Union : infrastructures communes : barrage, canal principal, désableur Les 8 AUE : canal secondaire, tertiaire et autres Canal secondaire de Migodo I le but premier de l’association d’usagers des eaux est de maintenir en bon état de fonctionnement les infrastructures hydro agricoles à travers la gestion, l’entretien et la police des réseaux hydro agricoles L’Union concerne les infrastructures primaires communes aux huit AUE dont notamment le canal principal, le désableur, et surtout le barrage pour participer à la gestion, à l’entretien et à la protection. Les AUE concernent les infrastructures secondaires propres à une ou plusieurs AUE : canal secondaire, tertiaire, etc. L’Union ainsi que les 8 AUE possède un bureau. Le président de l’Union de Migodo I est Alfred Razafindrasalama. 9
FONCTIONNEMENT DE L’UNION ET DES HUIT AUE DE BASE Structure mise en place: Organe d’exécution: le bureau composé d’un président, un vice-président, un secrétaire, un trésorier et conseiller Organe de décision: l’assemblée générale (AG). Elle permet la réunion de 80 membres (10/AUE) pour la prise des décisions concernant toutes les activités des associations, les questions financières, etc. Organe de contrôle interne Organe connexe composé de délégués 5 commissions: finance, eau et travaux, dina, production et développement. Une assemblée générale ordinaire permet la réunion de 80 membres (10 membres représentatifs par AUE) pour la prise des décisions concernant toutes les activités des associations, les questions financières, etc. 10
FONCTIONNEMENT DE L’UNION ET DES HUIT AUE DE BASE Rôles et responsabilités des AUE : Rôles et responsabilités des AUE Indépendance de gestion et d’organisation Contribuer financièrement (compte rendu financier) et physiquement (travaux) Assurer le recensement périodique de membres et des superficies irriguées et non irriguées Respecter et exécuter les décisions de l’AG Assurer le recouvrement de frais d’entretien Transmettre des rapports périodiques Assurer le partage équitable de l’eau Régler les litiges autour de l’eau Assurer la gestion, l’entretien et la police (GEP) des réseaux secondaires et tertiaires 11
CONCLUSION Restructuration de l’Union de Migodo I et des huit AUE de base a été réussie à différents niveaux: Social : les besoins des bénéficiaires sont pris en considération par les techniciens de terrain; motivation des membres pour travailler dans l’AUE Technique : infrastructures d’irrigation adaptées au contexte local et faciles à gérer; formations Institutionnel : respect du règlement intérieur, dina, etc. Économique : cotisation payée par la quasi-totalité des membres Perspectives futures : distribution équitable de l’eau et commune autonome dans la gestion de ses réseaux hydrauliques Lors des entretiens avec le président de l’Union de Migodo I, ainsi qu’avec certains membres des AUE, il ressort que la restructuration de l’Union de Migodo I et des huit AUE de base a été réussie. Au niveau social, le travail des techniciens sur le terrain et l’encadrement des différentes phases de mise en place d’une AUE ont garanti que les droits et les besoins de chaque bénéficiaire soient pris en considération pour éviter des conflits par rapport à l’eau dans l’avenir. Il existe une attitude positive et, d’une manière générale, les membres sont très motivés pour travailler dans l’AUE. De plus, les membres interviewés ont conscience de l’importance d’une bonne gestion de l’eau et se sont engagés à apprendre à bien gérer l’eau. Au niveau technique, les infrastructures d’irrigation mises en œuvre sont adaptées au contexte local et sont faciles à gérer par des organisations d’usagers. De plus, la mise en place des comités de contrôle et de surveillance assure sécurité et confiance dans la responsabilité de ses membres. Les nouveaux ouvrages hydrauliques et canaux sont bien entretenus et propres. En effet, les agriculteurs ont été formés au niveau technique à l’entretien des canaux et au fonctionnement du réseau hydro- agricole tout entier. Au niveau institutionnel, la rédaction et l’approbation des statuts, du règlement intérieur et le Dina ont suivi une démarche participative, ainsi que les dossiers constitutifs de l’AUE. Le technicien socio organisationnel a apporté tout l’appui nécessaire pour atteindre cet objectif. Au niveau économique, toutes les AUE ont établi une cotisation pour chaque membre, fixée démocratiquement. Enfin, l’Union de Migodo I et les huit AUE ont désormais pour perspective pour cette année 2012 de distribuer de façon équitable l’eau du réseau dans le but que la commune soit autonome dans la gestion de ses réseaux hydrauliques. 12
RÉFÉRENCES GWP – Partenariat mondial de l’eau (2000). La gestion intégrée des ressources en eau, TAC Background Paper no 4, Stockholm, Partenariat mondial de l’eau (GWP). FIDA. 2009. Revue intermédiaire de projet AD2M : République de Madagascar, 116 p. Moriarty P., Butterworth J., Batchelor C., 2007, La gestion intégrée des ressources en eau et le sous-secteur de l’approvisionnement en eau et de l’assainissement domestique, IRC, Centre International de l’eau et de l’assainissement, Cahier thématique 9-F, Pays-Bas, 51 p. Raharivololona S., Ranarimanana G.B., 2011, Formation des responsables élus des associations des usagers des eaux dans le cadre du projet AD2M, Ministère de l’agriculture, Madagascar. Rasolofoson-Rajaonah L., 2011, « La gestion intégrée des ressources en eau à Madagascar », Septième rencontre technique et visites sur terrain du réseau Ran’Eau, Antananarivo : CITE, Paris : pS-Eau, 37 p. 13