La sémantique lexicale

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Transcription de la présentation:

La sémantique lexicale Mme. MEDANE Université Hassiba Benbouali-Chlef- (Algérie)

Les questions que nous allons aborder concernent : La nature des significations lexicales. Autrement dit, comment le sens d’un mot est-il représenté mentalement ?  Ce problème relève de la sémantique lexicale L’organisation des significations en mémoire . C’est la question que cherche à résoudre les travaux concernant la mémoire sémantique

A. La sémantique psychologique

1. La sémantique componentielle : Les premiers travaux important de la sémantique psychologique ont commencé à se développer quand des théories linguistiques de la signification suffisamment élaborées ont pu leur fournir un cadre théorique. C’est la théorie componentielle qui a le plutôt, et le plus largement influencé les psycholinguistes. L’analyse componentielle de la signification des unités lexicales s’inspire des travaux de F. De Saussure. Il s’agit d’adopter la méthode structurale à l’analyse du sens. ( voir l’analyse sémique Pottier)

Les premiers travaux en sémantique psychologique, inspirés de la théorie componentielle, se sont attachés à montrer que la représentation sémantique d’une unité lexicale était composée d’un ensemble d’unités élémentaires correspondant aux sèmes des linguistes. ( Il s’agissait donc de voir si la théorie componentielle a une réalité psychologique)

Dans un ensemble d’expériences, H Dans un ensemble d’expériences, H. Clark et ses collaborateurs ont cherché à montrer que la complexité sémantique d’un mot ( c'est-à-dire le plus ou moins grand nombre de traits sémantiques qu’il comporte) avait un effet sur le temps de compréhension d’une phrase où il figure.

Cette étude a porté notamment sur des couples de termes antonymes tels que «  long » / « Short » par exemple. « short » possède un trait supplémentaire ( de polarité négative) qui indique une restriction sur son usage ( spécification supplémentaire) : on peut dire «  how long is it ?», mais non «  how short is it ? » Les auteurs constatent que « Short » , par exemple, met un peu plus de temps pour être compris que «  long » ( dans des épreuves de raisonnement).

Il faut cependant remarquer que les tâches utilisées par H Il faut cependant remarquer que les tâches utilisées par H. Clark comportent en général des processus plus complexes que la simple compréhension ( vérification de phrases, raisonnements,…). Les différences observées peuvent donc concerner non pas la construction de la signification, mais son utilisation.

Un autre groupe d’observations invoquées à l’appui de la théorie componentielle porte sur l’acquisition des significations lexicales par l’enfant. Eve Clark ( 1973) a proposé d’interpréter le développement des significations dans le vocabulaire enfantin comme l’acquisition successive des divers traits sémantiques attachés au mot.

Plusieurs observations peuvent être interprétées en ce sens : Les «  sur-extensions «  fréquemment observées chez les jeunes enfants : un mot est appliqué à une catégorie d’objets beaucoup plus large que ne le permet l’usage adulte ( par exemple « chien » désignant tous les animaux à quatre pattes), parce qu’il ne comporte pas encore pour, l’enfant, tous les traits sémantiques qui permettraient de restreindre son usage.

Par ailleurs, on constate des confusions entre des mots qui ne diffèrent pas par un seul trait : « plus »/ « moins », « avant »/ »après », « aller »/ « venir », etc. Ex. « plus » et « moins » Trait commun : [qualité ] Trait différenciateur : [+/- polarité] Ce serait le trait différenciateur qui serait acquis après les traits communs. Enfin, l’ordre d’acquisition de certains termes peut s’interpréter de la même façon. Le couple « grand » /  « petit », par exemple, est acquis plus tôt que « haut »/  « bas » qui comporte le trait supplémentaire [+/- vertical]

Toutefois , les observations ultérieures n’ont pas confirmé la thèse d’Eve Clark. On a pu montrer , par exemple, que les sur-extensions observées- outre leur caractère limité- n’affecteraient pas la compréhension ( l’enfant qui appelle « chien » , par exemple, tous les animaux à quatre pattes, ne se trompe pas quand on lui demande de désigner un chien parmi un ensemble d’animaux).

Conclusion L’approche componentielle a inspiré, aux premiers travaux expérimentaux sur la signification , les hypothèses les plus intéressantes. Malheureusement ces hypothèses n’ont pu être confirmées de façon convaincante. Aucune preuve décisive n’a pu être donnée d’une décomposition du sens au cours du traitement des mots. On a pu, dans certains cas, mettre en évidence une décomposition du sens en unités plus simples ; mais cette décomposition paraît plutôt liée aux tâches utilisées qu’aux processus de compréhension lui-même ( cette décomposition paraît plutôt induite par les stratégies des sujets pour réaliser les tâches de l’expérience).

Que l’esprit soit capable d’opérer un travail d’analyse sur ses représentations, cela n’est pas douteux ; mais rien ne permet de dire que cette analyse serait déjà toute préparée, dans la représentation elle-même, sous forme d’une constellation d’unités élémentaires

Il faut ajouter , par ailleurs, que l’analyse componentielle ne s’applique de façon satisfaisante que dans certains domaines sémantiques bien définis. Dans beaucoup de cas, il est difficile de définir les « traits » élémentaires qui différencient le sens d’un mot de celui des mots voisins : si le trait [+/- mâle] différencie par exemple « cheval » et « jument », quels sont les traits sémantiques qui différencient « cheval » et « âne » ? Et les « traits » par lesquels se définissent les noms concrets sont-ils de même nature que ceux que constitueraient le sens de mots fonctionnels ( articles, conjonctions,…)

2. La conception propositionnelle

Le mots n’évoque pas seulement un concept, mais tout un ensemble de connaissances qui y sont attachées. Ainsi, par exemple, le mot « étoile » peut évoquer (de façon variable, évidemment, selon les individus) toute une somme de savoirs astronomiques, historiques, littéraires, mythologiques, voire anecdotiques. On peut alors envisager d’assimiler le sens d’un mot à cet ensemble de connaissances qui lui sont reliées. C’est dans ce ses que Kintch ( 1974), renonçant à l’idée d’une décomposition en traits élémentaires, propose e une conception psychologique de la signification qui définit le sens d’un mot comme une liste de propriétés.

Pour Kintch , l’unité sémantique de base est la proposition Pour Kintch , l’unité sémantique de base est la proposition. Celle-ci contient un ou plusieurs arguments qui sont des entités référentielles pouvant correspondre à des êtres, des objets, des idées ou d’autres propositions. Des prédicats assignant des propriétés aux arguments , ou définissent la relation entre les arguments. Ex.1 Aboyer (chien) [le chien aboie] Est une proposition à un seul argument ( chien). Le prédicat (aboyer ) définit une propriété de l’argument.

Ex.2 ronger ( chien, os) [le chien ronge un os] Est une proposition dans laquelle le prédicat (ronger) met en relation les deux arguments (chien et (os) Ex.3 dans (dort)(chien) (niche) [le chien dort dans la niche] Est une proposition dont un des arguments est une autre proposition, ce qu’ont peut également noter de la façon suivante : P1 : Dort (chien) P2 : Dans (P1 , niche) Ainsi , dans un modèle propositionnel du type de celui de Kintch, la signification d’un mots correspond en mémoire à une liste de propositions, dont chaque terme renvoie à son tours à une nouvelle liste et ainsi de suite. Cette liste représente l’ensemble des connaissances attachées à ce mot.

La liste n’est pas forcément limitée ; ce qui évite- contrairement à la conception componentielle- d’avoir à énumérer un ensemble de propriétés qui soient non seulement nécessaires, mais suffisantes pour définir le concept. Cela suppose en même temps que le sens d’un mot est un ensemble ouvert, indéfini, variable selon les individus et les moments. Ce n’est palus une « définition » du lexique, mais un article d’encyclopédie ( et d’une encyclopédie en perpétuel remaniement, et dont tous les exemplaires seraient différents).

On remarque que le même format propositionnel permet de décrire la signification des mots et celles des phrase. Il permet aussi de décrire la signification des textes ( notions de microstructure et macrostructure). C’est d’ailleurs surtout aux problèmes de comprhéension des textes que s’intéresse Kintch)

B. L’organisation de la mémoire sémantique Le modèle de Collins et Quillian (1969)

Pour ces auteurs, le sens d’un mot est stocké sous forme d’un ensemble de relations que ce mot entretient avec d’autres mots. Autrement dit, dans ce modèle, la définition d’un mot est donnée par une configuration d’autres mots, ayant entre eux différents types de relations ; ces autres mots, à leur tour, renvoient à leur propore définition, qui met en jeu d’autres mots, et ainsi de suite. Ainsi les mots ( ou les concepts) se définissent ainsi les uns par les autres, sans qu’il y ait de concepts primitifs. La mémoire sémantique est donc représentée sous forme de réseau.

L’idée de base, sous-jacente à cette représentation des connaissances, est que la lecture d’une phrase (e.g., “un canari est un oiseau”) active en mémoire les concepts correspondant aux mots clés (i.e., “canari” et “oiseau”) et que la compréhension et le jugement de véracité de la phrase passe par la recherche d’une relation entre les deux concepts activés. Cette recherche consiste à suivre simultanément les liens qui partent des noeuds concernés. A chaque nouveau noeud rencontré, le “système” laisse un indice spécifiant le noeud immédiatement précédent et le noeud source. Une relation entre deux concepts est trouvée quand, sur un même noeud, apparaissent des indices correspondant aux deux noeuds sources initiaux. Cette diffusion de l’activation, des noeuds activés aux noeuds associés, est supposée se faire de manière continue et à vitesse constante.

Ainsi, ce genre de modèle hiérarchique postule qu’il est possible de prédire le temps de vérification d’une phrase du type “un canari a des plumes” ou “un canari mange” à partir du nombre de liens (ou d’intersections) qui séparent les noeuds correspondant aux concepts et propriétés dans le réseau : plus le nombre de liens entre deux noeuds est grand, plus le temps de vérification de l’existence d’une relation entre les noeuds impliqués est long.

Le processus d’activation proposé par Collins et Quillian (1969) a un champ d’application très étendu et est notamment à la base de certains modèles explicatifs des effets d’amorçage que nous présenterons au Chapitre 2. Leur modèle a fait l’objet de plusieurs reformulations théoriques. Par exemple, le modèle de Collins et Loftus (1975) est une version révisée du modèle ci-dessus qui présente, entre autre, l’avantage d’expliquer de façon plus détaillée le processus d’activation et de diffusion de l’activation.