AIX QUE J ‘AIME
Oui, Aix-en-Provence est une ville que j’aime… Cela va faire bientôt cinq ans que j’y suis installée et je ne me lasse pas de m’y promener! J’aime son classicisme des XVIIe et XVIIIe siècles qui domine au cœur de la ville, ses magnifiques hôtels, ses petites places ombragées et leurs fontaines, ses larges avenues encadrant le centre, tout me plaît… Je veux donc partager mon admiration avec vous. La splendide Rotonde est le point idéal pour démarrer la promenade. Cézanne qui a été installé devant l’Office du Tourisme en 2006 pour le centenaire de sa mort et a été transféré dans la verdure l’an passé, pourra nous accompagner pour saluer au passage les lieux qu’il a aimés.
Cézanne La splendide fontaine de la rotonde, alimentée par les eaux du Verdon, fut construite en 1860. Son bassin de 32 m de diamètre, est décoré d’anges qui chevauchent lions, cygnes et dauphins. Elle mesure 12 m de hauteur Au centre une colonne ornée d’une vasque de fonte supporte les statues de la Justice (Ramus), le Commerce et l’Agriculture ( Chabaud), les Arts (Ferrat). Cette fontaine d’apparat fait le lien entre la vieille ville et le quartier nouveau, Aix Sextius Mirabeau, qui s’étend vers l’ouest.
En 1649, le parlement ordonna la construction d’un Cours pour les carrosses, à la place d’un rempart, du fossé et des lices mais c’est en 1876 que Mac-Mahon approuva le nom de Cours Mirabeau. Dès 1696, quatre fontaines le jalonnaient. La plus importante, celle des chevaux marins, est aujourd’hui disparue. Le Cours se borda peu à peu des magnifiques hôtels particuliers qui subsistent encore. Il se terminait par une balustrade dominant la campagne. C’était un lieu de promenades et de fêtes. Monseigneur le Comte de Provence, futur Louis XVIII y fit son entrée, se rendit à l’Hôtel de Poët pour voir défiler la bravade et les jeux. Les petites gens étaient exclus et ce fut un tollé quand, en 1748, un limonadier voulut y ouvrir un café. Pourtant, il inaugura une longue tradition d’établissements d’accueil le long du Cours.
Côté Rotonde, deux allégories ornent le début de la vaste avenue. À gauche, l’allégorie des Arts et Sciences, à droite, celle des Arts décoratifs. Le Cours, de 440 m de longueur, fut conçu pour les carrosses des aristocrates. Il reçoit le marché les mardi, jeudi et samedi mais aussi différentes manifestations : antiquaires, métiers d’arts, etc. Côté Rotonde, deux allégories ornent le début de la vaste avenue.
Le tribunal de commerce est installé dans l’hôtel Maurel de Ponteves Le tribunal de commerce est installé dans l’hôtel Maurel de Ponteves. Construit en 1650, il offre, sur une façade à l’italienne, d’admirables atlantes.
Deux fontaines ornent le Cours Deux fontaines ornent le Cours. Elles furent d’abord abreuvoirs pour les troupeaux venant d’Arles, en transhumance. Elles servirent aussi de lavoirs pour les petites lessives et de fontaines publiques pour le ravitaillement en eau de la population. Celle des Neuf Canons, ci-dessus, fut construite en 1691, La fontaine moussue, fontaine d’eau thermale, jaillit à 17 degrés et fut construite en 1734. Son alimentation vient d’une autre fontaine thermale, celle des Bagniers.
Un trajet jalonné de gros clous de laiton permet de découvrir des sites significatifs dans la vie de Cézanne. L’un d’eux est le Café des Deux-Garçons qui existe depuis plus de deux siècles. Il doit son nom au fait qu’il fut racheté par deux garçons qui y travaillaient.
Les cafés se retrouvent nombreux le long du Cours, côté est… Ce Cours, constitue, en quelque sorte, les Champs-Élysées d’Aix. Dès que le soleil se montre, ce qui arrive fréquemment dans cette Provence bénie des Dieux, les Aixois, comme les touristes, y affluent et envahissent les terrasses.
À l’ouest du Cours, s’est développé tout un nouveau quartier à partir du XVIIe siècle, le quartier Mazarin dont le cœur est marqué par la fontaine la plus visitée d’Aix, celle des Quatre Dauphins. De facture italienne, c’est l’une des plus anciennes dans son état d’origine. Elle fut construite en 1667 par J.C.Rambot à qui l’on doit d’ailleurs l’ensemble de cette place. Donc, un petit détour avant de revenir vers le Cours. Mais il faut noter que quel que soit l’endroit où l’on se place, on ne voit jamais plus de trois dauphins!
Cette place est admirablement complétée par l’hôtel de Boisgelin construit au milieu du XVIIe siècle. Des frises en décorent l’extérieur de la cour comme les murs de la construction ainsi qu’en témoigne cette porte. Là, l’esthétique primait sur l’utilitaire. De la fontaine, la perspective englobait l’église Saint Jean de Malte.
Rue du 4 septembre, à l’angle du Cours Mirabeau.
À l’opposé de la Rotonde, le Cours Mirabeau se termine par l’hôtel du Poët devant lequel a été érigée une statue du bon Roi René, figure emblématique de la Provence. Œuvre de David d’Angers elle domine une fontaine et a été construite au XIXe siècle. Le Roi René, vêtu d’une cape d’hermine, tient d’une main un sceptre et de l’autre, une grappe de raisin de Muscat qu’il a lui-même introduit en Provence. Il est coiffé de la couronne des comtes de Provence. Ce Roi, au milieu du XVe siècle, visita souvent Aix et c’est sous son règne que furent réalisés de nombreux travaux, créant de nouveaux quartiers qui marquèrent le début d’un nouvel urbanisme de la ville. Il fut, de plus , le protecteur des Lettres et des Arts. Ce fut le dernier Comte de Provence. Après lui, cette province fut rattachée au royaume de France.
La place d’Albertas aménagée à partir de 1742 emprunta aux places royales parisiennes. La présence des petits pavés qui la recouvrent, contribue à son pittoresque. Au centre, se dresse une fontaine avec vasque, réalisée en 1912 par les élèves de l’École nationale supérieure des Arts et Métiers.
Notre promenade nous conduit ensuite sur la Place des prêcheurs ouverte par le Roi René au XVe siècle et où se dresse le Palais de Justice construit à l’emplacement de l’ancien Palais des Comtes de Provence. Commandée en 1787, sa construction fut interrompue par la Révolution, ne reprenant qu’en 1822 pour se terminer en 1831. Devant le Palais de Justice, les monuments à la gloire de Siméon et Portalis sont l’œuvre de l’Aixois Ramus.
Le Palais de Justice , les jours de marché, est entouré par les étals divers. Il faut dire que le marché ne se déroule pas sur une seule place mais en plusieurs endroits ayant chacun leur spécificité.
Sur le mur d’un immeuble, au fond de la place, on retrouve, superposés, un cadran solaire, un personnage qui sonne les heures et une horloge. La place des prêcheurs se prolonge du Palais de Justice à l’église de la Madeleine où fut baptisé Cézanne en 1839. La fontaine composée d’une vasque à 16 pans fut construite en 1758, En son centre, un obélisque, sculpté par Chastel, reposant sur quatre lions. sert de base à une sphère supportant un aigle à l’envol.
Les grandes épidémies de peste incitaient la population à se tenir cloîtrée pour éviter la contamination. Afin de pouvoir quand même participer à des cérémonies religieuses, les habitants se mirent à installer des statues de la Vierge ou de Saints sur leur maison. Les prêtres venaient célébrer un office religieux au pied de la statue et les habitants les suivaient de l’intérieur de leur habitation, en regardant par les fenêtres.
Sur la maison où naquit Cézanne en 1839, une charmante Vierge d’angle.
Arpentant les petites rues du centre de la ville, nous nous dirigerons vers la place Richelme, ancienne Place aux herbes. Elle était bordée par la Halle aux grains. L’Hôtel de Ville y fut édifié de 1655 à 1670 ,au pied de la Tour de l’Horloge, ancien Beffroi dont la base est d’origine romaine. Cet édifice marquait alors l’entrée dans le Bourg. Cette tour est surmontée d’une cage de ferronnerie dans laquelle se trouve une cloche avec un personnage chaque fois différent pour marquer le passage des saisons. Cette place fut aménagée pour mettre en valeur les édifices existants, en 1741.
La Tour de l’Horloge (XVIe siècle) La Tour de l’Horloge (XVIe siècle). Là se trouvait le carrefour des deux grandes voies romaines.
Hôtel de Ville et marché aux fleurs.
Ci-dessous, les lions gardant l’entrée de l’Hôtel de Ville L’Hôtel de ville fut construit au XVIIe siècle, peu avant la venue du Roi Louis XIV. De son balcon on peut mieux admirer l’ancien beffroi et observer la vie sur la place… Ci-dessous, les lions gardant l’entrée de l’Hôtel de Ville
Cette fontaine fut érigée en 1756 par G Cette fontaine fut érigée en 1756 par G. Vallon pour embellir la Place de l’Hôtel de ville qui venait d’être terminée. La colonne antique en granit avait été découverte au cours de fouilles réalisées derrière l’hôpital et fut récupérée chez les Chanoines de la cathédrale. Les sculptures furent réalisées par Chastel. Sur l’ancienne Halle aux grains, l’allégorie du Rhône et de la Durance, cette dernière sous la forme d’une femme qui étend sa jambe dans l’eau pour rappeler les inondations. L’ensemble de la décoration est résolument baroque.
Les petites rues d’Aix et la cathédrale… A l’époque romaine, le Forum s’étendait à l’emplacement situé devant la cathédrale. C’était un carrefour important de voies romaines
Alors qu’un évêché fut implanté dans Aix au IVe siècle, l’histoire de la cathédrale Saint-Sauveur s’inscrit entre le Ve et le XVIIIe siècle, offrant ainsi une gamme de souvenirs s’échelonnant du mérovingien au baroque... Sa partie la plus ancienne est le baptistère octogonal, le huit étant chiffre symbolique de la Résurrection, construit autour de 500. Il réutilisa des éléments antiques dont six colonnes provenant de villas gallo-romaines. La cathédrale s’enorgueillit de posséder le merveilleux triptyque de Nicolas Froment, le Buisson ardent, non visible actuellement car en restauration.
Le coquet cloître de la cathédrale dont les colonnettes jumelées donnent une impression de grande légèreté, paraît bien richement orné pour un cloître roman. C’est qu’il fut construit non pas pour des moines mais pour des chanoines suffisamment argentés pour s’offrir ce raffinement…
Les chapiteaux à feuillages ou historiés, évoquent tour à tour, l’ancien et le nouveau testament puis l’évolution de l’Église. Le lavement des pieds Saint-Pierre Saint-Mathieu
Parmi les joyaux de la cathédrale, les magnifiques vantaux de noyer, sculptés en 1508-1510 par Jean Guiramand. Ils sont protégés en permanence par de fausses portes et ne sont que rarement visibles. On peut observer sur ce vantail, à gauche le prophète Ézéchiel et à droite, Daniel. La partie supérieure montre six Sibylles d’inspiration païenne.
François Ier, Louis XIII et Aix en Provence possède 55 fontaines dont 30 furent construites intra-muros. Alors il est normal de terminer sur une fontaine. Celle-ci , la fontaine des Augustins, fut installée à un endroit stratégique puisqu’elle était proche d’une porte importante, la porte Royale. Là passaient les rois avant l’ouverture du cours Mirabeau. Outre le roi René, elle a vu François Ier, Louis XIII et Louis XIV…
Un autre diaporama vous présentera l’histoire et la modernité de cette ville qui s’attire tant de visiteurs par son climat, sa beauté et son célèbre Festival d’Art lyrique.
Musique : Ensemble médiéval Xeremia Chansons anciennes : Le Roy Loys Sources : Office du Tourisme, le Guide vert de la Provence (Michelin), le site aix-en-provence.com Josette Reale, historienne Photos, conception et réalisation : Marie-Josèphe Farizy-Chaussé Mars 2008 – Révisé et complété octobre 2010 marijo855@gmail.com
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