Un nouvel espoir dans le traitement de la polyarthrite rhumatoïde DROUET Maryline THERY Tiphaine ENBREL* Etanercept Un nouvel espoir dans le traitement de la polyarthrite rhumatoïde Immunex a réalisé la découverte d’Enbrel* avant d’entreprendre son développement conjoint avec Wyeth.
La polyarthrite rhumatoïde Inflammation chronique destructrice et déformante = rhumatisme très invalidant Maladie auto-immune d’étiologie inconnue (virus, bactérie, prédisposition héréditaire ?) Diagnostic : présence du facteur rhumatoïde dans le sang (anticorps qui se lie à d’autres anticorps) Poussées entrecoupées de rémission
Touche les articulations en particulier des mains et des pieds Lésion du tissu conjonctif (synovis) et des parois des vaisseaux sanguins : auto anticorps dirigés contre le collagène Lésions du cartilage, des os, des tendons, des ligaments
Peut toucher plusieurs articulations Affection systémique : peut toucher d’autres organes (yeux , poumons, cœur) Altération de l’état général : fièvre, fatigue, amaigrissement Cas particulier : rhumatisme psoriasique : apparition de squames sur la peau Arthrite psoriasique : psoriasis associé à PR ; squames = plaques composées de petites écailles d’aspect blanc nacré ou gris ; apparition sur cuir chevelu, coudes, genoux.
Un marché étendu Touche 3% de la population Femmes 3 fois plus touchées que les hommes : âge moyen 45 ans Avant 15 ans : arthrite chronique juvénile Rhumatisme psoriasique : plus rare ; survient entre 20 et 50 ans
Beaucoup d’effets indésirables et beaucoup de contraintes : Enbrel Beaucoup d’effets indésirables et beaucoup de contraintes : Enbrel* vu comme un sauveur + utilisation d’AINS pour lutter contre la douleur (anti-inflammatoires …)
L’Enbrel* : indications PR quand pas de réponse ou quand intolérance au Méthotrexate PR sévère active et évolutive non traitée au Méthotrexate Arthrite chronique juvénile active (enfant de + de 4 ans) quand pas de réponse au Méthotrexate Rhumatisme psoriasique (études en cours) Représente environ 6000 à 20000 patients en Europe + 300 patients pour la PR juvénile
L’Enbrel* : peu de concurrent Infliximab Remicade* Anticorps monoclonal chimérique (homme/souris) Complexe inactif avec TNF Indiqué dans polyarthrite rhumatoïde et maladie de Crohn Adalimumab Humira* Anticorps monoclonal entièrement humain Indiqué dans la polyarthrite rhumatoïde Pas encore autorisé sur le marché européen : études en cours
Une nouvelle cible : le TNF TNF : cytokine jouant un rôle clef dans régulation du processus inflammatoire Très augmentée dans tissu synovial en cas de PR Sécrétion constante augmente et entretient l’inflammation : rougeur, douleur, chaleur, tumeur (symptômes PR)
TNF : produit par les macrophages activés TNF : augmente la production d’IL-1, l’adhérence et la migration des PN vers la synoviale, induit la production de PG et de collagénases, favorise la résorption de l’os et l’altération du cartilage
Modèles d’ostéolyse In vitro : os cortical et culture d’ostéoblastes, culture de cellules macrophagiques, modèles transgéniques pour le TNF humain avec ostéolyse induite par micro particules de titane = étanercept inhibe directement la résorption osseuse ostéoclastique et la synthèse de cytokines produites par les macrophages In vivo : souris traitée : diminution des processus d’ostéorésorption et inhibition indirecte de l’ostéoclastogénèse Efficacité observée à des doses compatibles à ce que l’on peut observer chez l’homme
Mécanisme d’action Le TNF arrive sur les lieux de l’infection: liaison à ses récepteurs membranaires à la surface des cellules immunitaires. Fixation envoie un signal à la cellule : déclenche le processus inflammatoire.
L’organisme fabrique naturellement un récepteur soluble au TNF : module l’action du TNF sur les cellules immunitaires en empêchant sa fixation sur ses récepteurs membranaires. Limite le processus inflammatoire. Très insuffisant dans PR
= inhibition compétitive de la liaison TNF / TNFR Etanercept restaure l’équilibre entre TNF et récepteur soluble au TNF. Forme des complexes inactifs avec TNF. Diminue sa fixation sur les récepteur membranaires. Limite le processus inflammatoire responsable de symptômes de la PR = inhibition compétitive de la liaison TNF / TNFR L’étanercept bloque à la fois le TNF et le TNF : risque infections Jaune : récepteur naturel rouge : étanercept Etanercept : pourrait également moduler les réponses bio contrôlées par d’autres molécules agissant en aval dont l’activité et induite ou régulée par le TNF
Relation structure-activité Etanercept : classe des immunosupresseurs Produite par génie génétique (cellule ovariennes de hamster chinois) Etanercept : fusion du domaine de liaison extracellulaire du récepteur humain du TNF p75 kD (portion soluble), et du fragment Fc d’une IgG1 humaine Il existe 2 récepteur du TNF : 55kD (p55) et p75kD (p75) Ces 2 récepteurs existent naturellement sous les formes membranaire et soluble
Etanercept : 934 aa ; PM = 150kDa Activité spécifique = 1.7.106 unités/mg Protéine chimère 100% humaine Mime les effets des inhibiteurs naturels L’activité est déterminée en mesurant sa capacité à neutraliser l’inhibition de la croissance des cellules A375 médiée par le TNF
Optimisation du récepteur Etanercept : éponge à TNF = leurre en compétition avec le récepteur membranaire Liaison au fragment Fc d’une IgG pour assurer une demie-vie plasmatique plus longue et sa diffusion dans les tissus
Etanercept : récepteur dimère soluble : affinité plus marquée pour le TNF que récepteurs monomères ; inhibiteurs compétitifs beaucoup plus puissant de la liaison du TNF à ses récepteurs cellulaires Enbrel a une affinité 1000 fois + grande pour le TNF que le récepteur soluble naturel
Contre-indications Septicémie ou risque de septicémie Infections chroniques ou localisées Antécédents tuberculose ou tuberculose évolutive Antécédents d’atteintes hématologiques Grossesse et allaitement Enfant de moins de 4 ans
Interaction médicamenteuse Anakinra: KINERET Antagoniste du récepteur IL-1 incidence d’infections graves et de neutropénies Surveillance NFS + surveillance des signes d’infection ( fièvre )
Pharmacocinétique Concentrations sériques déterminées par ELISA injection sous-cutanée -absorption lente -concentration maximale après 48H Bio disponibilité = 76% Après administration unique en sous-cutanée de 25 mg d’Enbrel, concentration sérique max moyenne = 1,65 +/_ 0,66µg/mL
-patients atteints de PR = 0,66 L/h -volontaires sains = 0,11 L/h ½ vie longue = 70 heures Clairance : -patients atteints de PR = 0,66 L/h -volontaires sains = 0,11 L/h Métabolisme : -hépatique Élimination : -rénale Pas de différence de pharmacocinétique entre hommes et femmes ATTENTION DE METTRE AU TABLEAU ABBREVIATIONS PR ET P
Toxicologie Infections Troubles des systèmes sanguin et lymphatique Effets indésirables les plus importants = réactions au site d’injection Infections Très fréquent : infections ( des voies respiratoires supérieures: bronchites, cystites; cutanées ) Peu fréquent : infections graves ( pneumonies, cellulites, arthrites septiques, septicémies ) Troubles des systèmes sanguin et lymphatique Peu fréquent : thrombocytopénie Rare : anémie, leucopénie, pancytopénie Très rare : aplasie médullaire
Troubles du système immunitaire Fréquent : réactions allergiques, formation d’anticorps Rare : réactions allergiques/anaphylactiques grave ( angioedème, bronchospasme ) Troubles du système nerveux Rare : convulsions Troubles de la peau et du tissu sous-cutané Fréquent : prurit Peu fréquent : angioedème, urticaire
Troubles généraux et réactions au site d’administration Très fréquent : réactions au site d’injection ( saignements, contusion, érythème, démangeaison, douleur, gonflement ) Fréquent : fièvre Troubles cardiaques Cas d’aggravation de l’insuffisance cardiaque On peut parler plus en détail à l’ORAL des réactions au site d’injection,infections,auto-anticorps, pancytopénies, EI chez l’enfant
Formulation galénique Enbrel 25 mg Poudre et solvants pour solution injectable Boîte de 4 flacons d’Enbrel, 4 seringues préremplies, 8 aiguilles et 8 tampons alcoolisés Flacon en verre transparent ( 4 mL, verre de type I ) avec bouchon en caoutchouc, opercule en aluminium et capuchon en plastique Seringue remplie d’eau ppi, en verre de type I, sans aiguille fixe Excipients Poudre : mannitol, saccharose et trométamol Solvant : eau ppi
Essais cliniques Première étude Étude randomisée, double aveugle, contrôlée versus-placebo 204 patients > 18 ans PR active > 12 articulations douloureuses > 10 articulations gonflées + 1 des critères suivants: vitesse de sédimentation > 28 mm/h protéine C réactive > 2,0 mg/dl ou raideur matinale > 45 minutes
Excipients Doses administrées: 10 mg ou 25 mg d’Enbrel ou de placebo par voie sous-cutanée 2 fois/semaine pendant 6 mois Critères de réponse : Nombre d’articulations gonflées ou douloureuses: 5 critères 1/ évaluation de la douleur par le patient 2/ évaluation globale de la maladie par le patient 3/ évaluation globale de la maladie par son médecin 4/ handicap évalué par le patient 5/ marqueurs de l’inflammation Excipients Poudre : mannitol, saccharose et trométamol Solvant : eau ppi Résultats de l’étude: exprimés en pourcentage d’amélioration de la PR
ACR 20 : diminution de 20 % du nombre d’articulations gonflées ou douloureuses ce qui correspond à une amélioration de 20% d’au moins 3 des 5 critères précédents ACR 50 : amélioration de 50% ACR 70 : amélioration de 70% Résultats Réponses ACR 20 et 50 chez les patients traités par Enbrel* > Réponses ACR 20 et 50 pour le placebo à 3 et 6 mois
Réponses ACR 20 et 50 des patients traités par Enbrel* > réponses ACR 20 et 50 des patients ayant reçu un placebo
Rhumatisme psoriasique chez l’adulte Essai clinique randomisé, en double aveugle, versus placebo 205 patients de 18 à 70 ans >3 articulations gonflées >3 articulations douloureuses Traitement préalable: AINS ( 86% ) traitements de fond ( 80% ) corticoïdes ( 24% )
Réponses ACR Enbrel* > réponses ACR placebo
Essais cliniques Deuxième étude Étude randomisée, double aveugle, pendant 6 mois Comparaison de l’association MTX + Etanercept et MTX + Placebo 89 patients ( 75 femmes + 14 hommes ) De 26 à 71 ans, durant 24 semaines Patients à PR depuis environ 13 ans dont 6 mois de MTX 4 semaines avant l’épreuve: 10 à 25 mg de MTX / semaine Mêmes critères pour évaluer la réponse clinique (ACR )
MTX + MTX + Etanercept Placebo ACR 20 71 % 27 % ACR 50 39 % 3 % ACR 70 15 % 0 % Synergie d’action entre MTX et Etanercept
Réponse moyenne des patients traités par Etanercet et Methotrexate
Relation dose dépendante: Résultats avec 10 mg intermédiaires entre placebo ou MTX et 25 mg Enbrel* > placebo selon critères ACR Ainsi que sur les autres mesures d’activité de la PR - raideur matinale - échelle HAQ ( Health Assessment Questionnaire ) À savoir : - handicap - activité - états mental, général - état des fonctions articulaires
CONCLUSION Enbrel* : révolution dans le traitement de la PR : atténue les signes et les symptômes et inhibe la progression des atteintes structurelles Essor fulgurant : ATU pendant 4 ans avant d’obtenir l’AMM en sept 2002 (liste I) Prescription hospitalière de 3 mois réservée à certains spécialistes Remboursement depuis 1er février 2003 Enbrel* : seul produit biologique pouvant être administré comme monotraitement
MAIS Encore beaucoup d’interrogation car pas assez de recul Polémique autour du risque d’infection accru Etanercept ne guérit pas : arrêt traitement = récidive Grand espoir pour les malades : 6 millions de personnes atteintes dans le monde et 7.2 millions d’ici 2009 Etanercept : liste 1 + prescription uniquement hospitalière de 3 mois réservée à certains spécialistes