Sur le point de vue (finnois: näkökulma)
Le ‘point de vue’ dans les études littéraires narration (énonciation) : QUI PARLE? point de vue: QUI VOIT/ PERÇOIT? - Dans l’usage quotidien de la langue le locuteur coïncide le plus souvent avec le percepteur (la source du point de vue); cf. la littérature!
Le texte narratif Chaque auteur doit choisir la manière – le point de vue – dont la réalité représentée est perçue C’est cette manière qui détermine la voie par laquelle le lecteur aura accès à l’univers décrit exemples : Saint-Pierre, Hugo
Modalités d’accès au monde représenté I modalité épistémique (s’appuie sur des connaissances) versus modalité perceptuelle (s’appuie sur la perception) = LE PREMIER ASPECT DU POINT DE VUE
Modalités d’accès au monde représenté II a) point de vue direct (accès sans intermédiaire) vs b) point de vue indirect (accès par le biais de qqn) = LE DEUXIÈME ASPECT DU POINT DE VUE (b): Claude Simon : le je ne peut pas renvoyer à celui/ celle qui est en charge de l’organisation du récit ; le locuteur qui dit je appartient au monde raconté point de vue limité cf. (a): Saint-Pierre: le locuteur ne fait pas partie du monde raconté le point de vue peut être « sans limites »
Modalités d’accès au monde représenté III Le degré de visibilité de l’énonciation (ou de la conscience qui en est responsable) = LE TROISIÈME ASPECT DU POINT DE VUE Les indices linguistiques de la présence de cette conscience (a) sont présents dans le texte (à quantité variable) ou (b) peuvent être complètement effacés Les textes de Hugo et de d’Urfé: caractéristiques partagées? Divergences?
Hugo vs d’Urfé En commun: description d’espaces étendus, la modalité épistémique, l’usage du présent, l’élargissement du moment présent : Divergences: chez Hugo: les signes linguistiques font clairement référence au locuteur, qui est responsable de la description (point de vue explicite) chez d’Urfé: aucun signe linguistique ne fait allusion à une prise en charge de la description par un individu donné – pas de pronoms déictiques, pas de verbes de perception (point de vue implicite)
Effacement énonciatif « effacement de l’instance énonciative » Point de vue implicite Peut s’associer à une modalité épistémique (d’Urfé) ou à une modalité perceptuelle (Le Clézio) Le discours est dénué de traces d’une conscience perceptive
Point de vue vs énonciation La source de la perception n’est pas toujours la même que la source de l’énonciation ! Autrement dit : le point de vue ne se détermine pas toujours selon le locuteur (narrateur) ex. J. Verne, L’Île mystérieuse - le narrateur (instance d’énonciation) : se trouve à l’extérieur de l’histoire racontée - ce que le lecteur voit est filtré par le point de vue des personnages = point de vue implicite et indirect
Point de vue vs énonciation Enonciation: QUI PARLE? Point de vue: QUI PERÇOIT? et QUI SAIT?
Modalités d’accès à l’information = mode dont le texte garantit l’accès du destinataire (le lecteur) au monde raconté la relation point de vue = le type de rapport qu’entretient l’énonciateur avec le monde qu’il représente par le fait même de son énonciation
Modalités d’accès à l’information: 3 axes modalité épistémique versus modalité perceptuelle accès direct versus accès indirect au monde raconté point de vue explicite versus point de vue implicite
Transitions de l’implicite à l’explicite et vice versa ex. Verne: point de vue explicite (« ils reportèrent leurs regards sur cette terre ») point de vue implicite (pas d’allusions à une conscience qui perçoit) ex. Maupassant: interprétation postérieure sur la base des indications données par le contexte (implicite explicite)
Point de vue direct vs indirect? « Le fou nous fait peur, nous inquiète, échappe à notre compréhension. » Point de vue direct ? « ? Le fou nous fait peur, nous inquiète, assis sur une chaise de paille. » ex. Flaubert, Madame Bovary point de vue explicite indirect point de vue implicite direct
Julien Gracq explicite (« il s’aperçut ») implicite Indirect (les perceptions de Grange) Modalité perceptuelle ou épistémique? s’apercevoir vs apercevoir semblait (imparf.) « la laideur du monde se dissipait » « de médiocres épaulement de collines »
Point de vue et emploi des temps verbaux passé simple (mode non embrayé): représente les faits d’une perspective qui est externe au personnage ; les événements se présentent comme rééls/ réalisés, passés et par conséquent certains présent (mode embrayé): représente les faits à partir du moment où ils sont vécus, c’est-à-dire de « l’intérieur »; les événements sont présentés comme « non achevés » imparfait: 1) mode non embrayé: l’arrière-plan des événements, descriptions 2) mode embrayé: les faits qui représentent un passé qui se définit tel par rapport au présent (maintenant vs alors)
Imparfait = « présent dans le passé » ASPECT (comme catégorie linguistique): la manière dont un temps verbal exprime la « structure interne » de l’événement décrit L’aspect imperfectif: décrit la situation « de l’intérieur », sans tenir compte de son début ni de sa fin (cf. passé simple: décrit les événements comme des ensembles à des limites très nettes, en tenant compte du début et de la fin du processus) L’imparfait est le temps qui sert à rapporter les paroles appartenant au passé