A propos des unités de la langue et du concept de l’arbitraire Estanislao Sofía – Université de Paris X – Nanterre.

Slides:



Advertisements
Présentations similaires
Jacques Tardif Faculté d éducation Université de Sherbrooke 26 avril 2001 Comment l axe des compétences oblige-t-il de placer l apprenant au cœur de ses.
Advertisements

Indexation : entre concept et percept, un problème d’interprétation
Définition de la compétence et du rôle de la formation
Dans l'ouvrage PHONO qui vise le développement des compétences phonologiques des élèves de GS et CP, GOIGOUX - CEBE - PAOUR ont mis en oeuvre les principes.
La diversité culturelle!
Vers une interprétation « concrète »
Système formel Nous avons introduit : signes de variables (x, y, z, …), de constantes (0, 1), d’opérations (+, ), de relations (=, ) Axiomes : ce sont.
Relier les phrases pour former un texte
Principes de la technologie orientée objets
METHODE GLOBALE de construction d’un arbre phylogénétique
FRACTIONS PARTIELLES cours 13.
LE DISCOURS PHILOSOPHIQUE
La droite dans R2 Montage préparé par : André Ross
Espaces vectoriels Montage préparé par : S André Ross
Bienvenue Investigateur Multistade de l’Identité Sociale
États du larynx Phonologie Théories et traits Règles phonologiques
Séance 11 - Structuralisme, post-structuralisme et contenu
1.1 LES VECTEURS GÉOMÉTRIQUES
Cours de Base de Données & Langage SQL
Compétence, capacité et objectif d’apprentissage, quel lien?
Initiation à la conception des systèmes d'informations
Primitives Montage préparé par : André Ross
On entend toujours parler de la “LOI FÉMININE". Voici ce qu’est la LOI MASCULINE.
On entend toujours parler de la “LOI FÉMININE"
IFT Complexité et NP-complétude Chapitre 0 Rappels.
P ROGRAMMES DE S ECONDE Les contextes d’usage de la langue étudiée sont prioritairement dictés par l’entrée culturelle « l’art de vivre ensemble » (famille,
Exercez vous sur les tensions alternatives
Présentation de la méthode des Eléments Finis
TRAITEMENT INSTRUMENTÉ DE CORPUS
Le Père céleste.
Chapitre 3 La normalisation du modèle relationnel
Quand le français est plus important que les calculs en mathématiques
Etre responsable la vie de l’école
On entend toujours parler de la “LOI FÉMININE"
Les réseaux sémantiques[Quillian 68]
L’ÉPREUVE COMPOSÉE.
Exercice 1 Le découpage en syllabes est comme suit (les difficultés sont indiquées en vert): N.B. J’ai laissé tomber les e muets là où c’était possible.
Fabienne BUSSAC EQUATIONS (1) 1. Définition
L’ART. 1.Comment apprécier un tableau tout blanc ? Simulation : diviser la classe en 3 groupes. Groupe I : appréciation positive du tableau. Dresser une.
LES 15 CLÉS DE L’AMITIÉ Cliquez pour débuter.
Indications Géographiques
L’enseignement des compétences grammaticales
Conférence ministérielle sur l’apatridie au sein de la CEDEAO février 2015 Abidjan – Côte d’Ivoire L’apatridie et les droits de l’homme.
Sysml et le domaine de l’architecture et construction
La Logique du premier ordre LPO
NOTION DE FONCTION.
Les pointeurs Suite.
Les principes de la modélisation de systèmes
DU TRAITEMENT DU SIGNAL
Numération cycle 3 : du nombre entier aux nombres décimaux
L’apport du Connexionnisme
Cliquez pour commencer l’explication…. Trouver la poignée de recopie et incrémenter les valeurs La poignée de recopie, c’est le petit carré noir en bas.
ENA – CHEE , 20 Janvier 2010 Partie 1 L’EUROPE EST-ELLE UN CONTINENT ?
Une pédagogie de l’activité pour développer des compétences transversales Claire Herviou Alain Taurisson Juin 2003.
Notions fondamentales en linguistique
Les fonctions Les propriétés.
Etape 1: Poser le problème
7ième Classe (Mardi, 24 novembre) CSI2572. Devoir 3 ?
Qu'est ce qu'un atome ? Un atome est constitué d'un noyau autour duquel tournent un ou plusieurs électrons.
L’ ENTREPRISE SOUS FORME DE GROUPE.
Pour écrire une rédaction
D’ UN CIRCUIT RLC DEGRADE
Technologies web et web sémantique TP3 - XML. XML eXtensible Markup Language (langage extensible de balisage) – Caractéristiques: méta-langage = un langage.
Segmentation morphologique à partir de corpus Delphine Bernhard Laboratoire TIMC-IMAG, Grenoble
Sur le concept de “valeur pure” Estanislao Sofía – MoDyCo – Université de Paris X.
Sémiologie Pour comprendre les processus de construction du sens
Les déconstructions du signe Signe vs Figure : Le signe est une unité déjà trop complexe. Il doit y avoir des unités atomiques qui le composent. Quelles.
LA PHONÉTIQUE FRANÇAISE Conférence nr. 2 La théorie du phonème
FERDINAND DE SAUSSURE 3H03 Christine Javier
INTRODUCTION Claude Levi-Strauss, Anthropologie structurale : Les sciences structurales étudient les systèmes c’est-à-dire tout ensemble dont un élément.
Transcription de la présentation:

A propos des unités de la langue et du concept de l’arbitraire Estanislao Sofía – Université de Paris X – Nanterre

1. Dans la langue il n’y a que des différences

 « La langue est un système de signes »  (K2 : 7)

1. Dans la langue il n’y a que des différences  « La langue est un système de signes »  (K2 : 7)  « Les principaux caractères en sont :  1) Le caractère arbitraire du signe […] ; 2) Valeur purement négative et différentielle du signe […] ; 3) La valeur du signe est oppositive, et ne vaut que dans un système [G] […] 2) et 3) sont une conséquence nécessaire de 1). Il suffit de dire que les signes sont arbitraires. »  (CFS 15 : [=K2 : 7 ; =SM : 66])

1. Dans la langue il n’y a que des différences  S : {A, B, C, D}

1. Dans la langue il n’y a que des différences  S : {A, B, C, D}  Qu’est-ce que le terme A ?

1. Dans la langue il n’y a que des différences  S : {A, B, C, D}  Qu’est-ce que le terme A ?  Quelles sont les propriétés du terme A ?

1. Dans la langue il n’y a que des différences  S : {A, B, C, D}  Qu’est-ce que le terme A ?  Quelles sont les propriétés du terme A ?  Où réside l’identité du terme A ?  Etc.

1. Dans la langue il n’y a que des différences  S : {A, B, C, D}  Qu’est-ce que le terme A ?  Quelles sont les propriétés du terme A ?  Où réside l’identité du terme A ?  Etc.  Réponse :

1. Dans la langue il n’y a que des différences  S : {A, B, C, D}  Qu’est-ce que le terme A ?  Quelles sont les propriétés du terme A ?  Où réside l’identité du terme A ?  Etc.  Réponse : « A est ce que n’est B ni C ni D »

1. Dans la langue il n’y a que des différences  A = ¬B, ¬C, ¬D  B = ¬C, ¬D, ¬A  C = ¬D, ¬A, ¬B  D = ¬A, ¬B, ¬C

1. Dans la langue il n’y a que des différences  A = ¬B, ¬C, ¬D

1. Dans la langue il n’y a que des différences  A = ¬B, __, ¬D

1. Dans la langue il n’y a que des différences  A = ¬B, __, ¬D  B = __, ¬D, ¬A  __=_________  D = ¬A, ¬B, __

1. Dans la langue il n’y a que des différences  Les principaux caractères en sont :  1) Le caractère arbitraire du signe […] ; 2) Valeur purement négative et différentielle du signe […] ; 3) La valeur du signe est oppositive, et ne vaut que dans un système [G] […] 2) et 3) sont une conséquence nécessaire de 1). Il suffit de dire que les signes sont arbitraires. (CFS 15 : [=K2 : 7 ; =SM : 66])

1. Dans la langue il n’y a que des différences  Les principaux caractères en sont :  1) Le caractère arbitraire du signe […] ; 2) Valeur purement négative et différentielle du signe […] ; 3) La valeur du signe est oppositive, et ne vaut que dans un système [G] […] 2) et 3) sont une conséquence nécessaire de 1). Il suffit de dire que les signes sont arbitraires. (CFS 15 : [=K2 : 7 ; =SM : 66])

1. Dans la langue il n’y a que des différences  La langue est un système de valeurs purement différentielles

1. Dans la langue il n’y a que des différences  La langue est un système de valeurs purement différentielles parce que le signe est arbitraire.

1. Dans la langue il n’y a que des différences  Quel genre d’entité linguistique résulte de la considération de (et seulement de) ces caractères différentiels, oppositifs et négatifs ?

1. Dans la langue il n’y a que des différences  Quel genre d’entité linguistique résulte de la considération de (et seulement de) ces caractères différentiels, oppositifs et négatifs ?  « Seul le phonème est un signe différentiel pur et vide. L’unique contenu linguistique […] du phonème, c’est sa dissimilitude par rapport à tous les autres phonèmes du système donné. »  (Jakobson, 1976 : 78)

1. Dans la langue il n’y a que des différences  La conception selon laquelle il n’y a que des différences n’est guère applicable, en l’espèce, à toutes les entités linguistiques, car elle ne l’est pas, déjà, au seul concept de « signe ».

1. Dans la langue il n’y a que des différences  Le signe est, selon Saussure, un « être double » (K2 : 12), l’association d’un concept et une image auditive ou, suivant la terminologie introduite en mai 1911, « le lien unissant le signifiant au signifié »  (CFS 58 : 237 [=K3 : 93]).

1. Dans la langue il n’y a que des différences  Le signe est, selon Saussure, un « être double » (K2 : 12), l’association d’un concept et une image auditive ou, suivant la terminologie introduite en mai 1911, « le lien unissant le signifiant au signifié »  (CFS 58 : 237 [=K3 : 93]).  Ainsi défini, le concept de « signe » est inconciliable avec la notion de « système de pures différences ».

2. Dans la langue il n’y a pas que des différences

 « Valeur des termes et sens des mots. En quoi les deux choses se confondent et se distinguent »  (CFS 58 : 282 [=K3 : 134])

2. Dans la langue il n’y a pas que des différences  « C’est peut-être une des opérations les plus délicates à faire en linguistique, de voir comment le sens dépend et cependant reste distinct de la valeur »  (CFS 58 : 282 [=K3 : 134])

2. Dans la langue il n’y a pas que des différences  (CFS 58 : 282 [=K3 : 135])

2. Dans la langue il n’y a pas que des différences  « Dans cette vue, la signification [sic (= concept, ES)] est la contrepartie de l’image auditive et rien d’autre. »  (CFS 58 : 282 [=K3 : 135])

2. Dans la langue il n’y a pas que des différences  « La signification [sic (= concept, ES)] qui nous apparaît comme la contrepartie de l’image auditive est tout autant la contrepartie des termes coexistants dans la langue »  (CFS 58 : 282 [=K3 : 135])

2. Dans la langue il n’y a pas que des différences  (CFS 58 : 282 [=K3 : 135])

2. Dans la langue il n’y a pas que des différences  « Au premier abord, pas de rapports entre flèches a) et flèches b). […] La valeur est la contrepartie des termes coexistants. Comment cela se confond-il avec ce qui est contrepartie de l’image auditive [?] »  (CFS 58 : 283 [=K3 : 135])

2. Dans la langue il n’y a pas que des différences  « Au premier abord, pas de rapports entre flèches a) et flèches b). […] La valeur est la contrepartie des termes coexistants. Comment cela se confond-il avec ce qui est contrepartie de l’image auditive [?] »  (CFS 58 : 283 [=K3 : 135])

2. Dans la langue il n’y a pas que des différences  « Au premier abord, pas de rapports entre flèches a) et flèches b). […] La valeur est la contrepartie des termes coexistants. Comment cela se confond-il avec ce qui est contrepartie de l’image auditive [?] »  (CFS 58 : 283 [=K3 : 135])

2. Dans la langue il n’y a pas que des différences  « La signification comme contrepartie de l’image [c.-à-d. le concept, ES] et la signification comme contrepartie des termes coexistants [c.-à-d. la valeur, ES] se confondent »  (CFS 58 : 283 [=K3 : 135])

2. Dans la langue il n’y a pas que des différences  (CFS 58 : )

2. Dans la langue il n’y a pas que des différences  « Le rapport simile : dissimile est une chose parfaitement différente du rapport simile : similia »  (CFS 58 : )

2. Dans la langue il n’y a pas que des différences  

2. Dans la langue il n’y a pas que des différences  S : {A, B, C, D}

2. Dans la langue il n’y a pas que des différences  S : {A, B, C, D}

2. Dans la langue il n’y a pas que des différences  S : {A, B, C, D}  A = ¬B, ¬C, ¬D

2. Dans la langue il n’y a pas que des différences  S : {A, B, C, D}  A = ¬B, ¬C, ¬D

2. Dans la langue il n’y a pas que des différences  S : {A, B, C, D}  =  A = ¬B, ¬C, ¬D

2. Dans la langue il n’y a pas que des différences  

3. Dans la langue il y a des signes

 « Nous avons posé comme étant une vérité évidente que le lien du signe [sic (=image auditive), ES] par rapport à l’idée représentée est radicalement arbitraire. [Pourtant,] Dans toute langue, il faut distinguer ce qui reste radicalement arbitraire et ce qu’on peut appeler l’arbitraire relatif. Une partie seulement des signes dans toute langue seront radicalement arbitraires ».  (CFS 58 : 230 [=K3 : 85])

3. Dans la langue il y a des signes  « Tout ce qui fait d’une langue un système demande d’être abordé sous ce point de vue [...] : limitation de l’arbitraire par rapport à l’idée »  (CFS 58 : 232 [=K3 : 87]).

4. La langue est un système de signes  « La solidarité des termes dans le système peut être conçue comme une limitation de l’arbitraire, soit solidarité syntagmatique, soit solidarité associative »  (CFS : 289 [=K3 : 143])

4. La langue est un système de signes  « Aucune tranche […] ne peut constituer un syntagme si elle n’est pas divisée en unités plus petites, division qui n’est possible que si chacune de celles-ci fait partie d’une classe de substitutions »  (Frei 1974 : 125)

4. La langue est un système de signes  « C’est dans la mesure où ces autres formes [refaire, parfaire, faire, déranger, déplacer, ES] flottent autour de défaire que l’on peut analyser, décomposer « défaire » en unités »  (K2 : 53)

4. La langue est un système de signes  « La divisibilité du syntagme, et par conséquent son existence même, est inconcevable sans classes,

4. La langue est un système de signes  « La divisibilité du syntagme, et par conséquent son existence même, est inconcevable sans classes, [alors on comprend pourquoi]

4. La langue est un système de signes  « La divisibilité du syntagme, et par conséquent son existence même, est inconcevable sans classes, [alors on comprend pourquoi] l’arbitraire relatif syntagmatique présuppose l’arbitraire relatif non tactique. »  Frei (1974 : 125)

4. La langue est un système de signes  « Tous les signes de la langue entrent dans des classes de substitution et des paradigmes »  (Frei 1974 : 125)

4. La langue est un système de signes  « Tous les signes de la langue entrent dans des classes de substitution et des paradigmes »  (Frei 1974 : 125)  « Cf. série associative dans le fait que enseignement étant un substantif est en rapport avec les autres substantifs. »  (CFS 58 : 278 [=K3 :130])

4. La langue est un système de signes  « Il n’y a pas de signes linguistiques dont l’arbitraire ne soit pas limité »  (Frei 1974 : 124)

4. La langue est un système de signes  Système  Ensemble de valeurs purement différencielles

4. La langue est un système de signes  Système  Ensemble de valeurs purement différencielles et négatives.  ( - )

4. La langue est un système de signes  Système  Ensemble de valeurs purement différencielles et négatives.  ( - )  Réseau de rapports syntagmatico-associatifs qui organisent les entités en classes et paradigmes

4. La langue est un système de signes  Système  Ensemble de valeurs purement différencielles et négatives.  ( - )  Réseau de rapports syntagmatico-associatifs qui organisent les entités en classes et paradigmes  ( + )

4. La langue est un système de signes  « […] l’association qui se fait dans la mémoire entre mots [ou n’importe quel autre genre de signe, ES] offrant quelque chose de commun crée différents groupes, séries, familles au sein desquelles règnent rapports très divers : ce sont les rapports associatifs.  (CFS 58 : 280 [=K3 : 132]) [Je souligne, ES]

5. Deux schémas conceptuels opposés  Système  Unités purement négatives  Simples  Unités non purement négatives  Complexes (doubles)

5. Deux schémas conceptuels opposés  Système  Unités purement négatives  Simples  Modèle: phonème [Prague]  Unités non purement négatives  Complexes (doubles)

5. Deux schémas conceptuels opposés  Système  Unités purement négatives  Simples  Modèle: phonème [Prague]  Unités non purement négatives  Complexes (doubles)  Modèle: signe (entité double) [Saussure]