Une mouette blanche, aux ailes immenses, se mit à survoler notre bateau. C’est elle qui nous a conduit en haute mer, dans cette vaste «baye des chaleurs», vers ce lieu que l’on dit habité par les esprits des grands guerriers de la nation des Abénaquis...
Et alors, soudainement, nous l’avons vu ce puissant rocher avec un grand trou dans son flanc, comme un animal blessé, couché à tribord, tel un vaisseau immense, en plein milieu de la mer, comme s’il montait la garde en ces lieux étranges... Adapté d’une relation de l’explorateur Nicolas Denys.
Ce rocher marin de 5 millions de tonnes, sans cesse modelé par les assauts de la mer, du vent et du froid, est fait de calcaire jaune et rouge. Son imposante structure d’une longueur de 457 mètres se dresse à vingt minutes de marche du rivage, à marée basse, telle une cathédrale consacrée aux flots.
Cette masse rocheuse est vieille de 350 millions d’années. Elle est le prolongement de la chaîne des Appalaches dans les eaux de la Baie des Chaleurs. Cet ensemble apalachien possède comme forteresse l'île Bonaventure, refuge mondial d’oiseaux, et comme vaisseau de pierre le majestueux rocher percé. Dans l’île on peut s’enivrer de l'odeur et des couleurs des fleurs des champs, assaisonnées des effluves des bords de mer. Ce coin de la Gaspésie est un eden imprégné de douce quiétude des forêts et des fleurs des bois, rehaussé par le contraste des bruits et des silences, des couleurs et des ombres.
Le découvreur malouin Jacques Cartier, qui découvrit cette région dès 1534, au temps de François 1er, fut l’un des premiers à noter la présence de ce rocher étrange dans la relation de ses voyages en Nouvelle-France. Par la suite plusieurs explorateurs de la Gaspésie et de la Baie des Chaleurs ont noté leurs observations au sujet de cette curiosité de la nature.
Dans leur récit de voyage, les découvreurs des Amériques mentionnent la présence de deux trous dans le rocher. L'une des arches s‘est écroulée le 17 juin 1845, faisant ainsi disparaître le deuxième trou. Éventuellement le même phénomène se produira avec le trou actuel, à cause du phénomène de l’érosion par l’eau de mer.
A partir de 1675 des pêcheurs gaspésiens ont établi l’un des premiers comptoirs servant à saler et à sécher la morue sur des vigneaux, à l'île Bonaventure, en face du rocher. Tout s’est fort bien déroulé jusqu'au jour où des pirates américains, en provenance de la Nouvelle-Angleterre, notamment du Massachusetts et de la Virginie, ont détruit tous les établissements de l'île...
En 1831, l'île Bonaventure a connu un nouveau peuplement. Des gens de Jersey et de Gernesey, dans la Manche anglaise, d'Irlande, d'Angleterre et du Bas-Canada, se sont installés pour exploiter les produits de la mer et de la terre. C'est à cette époque que Peter Duval, corsaire légendaire d’origine jersiaise, repenti et décidé à abandonner la flibuste, est devenu résident de l'île et ensuite juge de paix...
L'île Bonaventure héberge sur ses falaises la plus grande colonie de fous de bassan au monde. Près de oiseaux marins y nichent en toute sécurité durant la saison estivale. Ces oiseaux marins vivent en mer. Ils se reproduisent à terre, particulièrement sur des îles. Parmi les oiseaux de l’île Bonaventure, on trouve, outre le fou de bassan, le gode, le pingouin gris, le cormoran noir, le macareux moine, la marmette de troil, la mouette tridactyle, l’albatros.
Des pêcheurs basques, bretons et portugais venaient pêcher dans cette région dès le début du 16ième siècle. Les principales espèces étaient – et sont encore – la morue, le hareng, la sébaste, l’aiglefin, le maquereau, le flétan et la sole grise. Plus tard on s’est aussi mis à pêcher les crustacés, dont le homard et le crabe des neiges.
En fait, la pêche a modelé l'histoire de l'île Bonaventure et de Percé. Sous le régime français, les pêcheurs sont venus profiter des bancs de poissons avoisinants. Par la suite, la conquête anglaise y a amené des anglais, des irlandais et des anglo-normands. Les premiers habitants ont aussi défriché les terres pour y pratiquer l'agriculture.
Une première chapelle fut érigée sur l’île Bonaventure en Lors du recensement de 1777, on dénombrait 44 habitants. En 1831, il y avait 35 familles dans l’île, avec une moyenne de sept enfants par couple. En 1845 ce fut l’installation du comptoir d’exportation de poisson par le marchand jersiais LeBoutillier. Grâce à son système de crédit et d’emprise sur les pêcheurs, son entreprise règnera pendant un siècle sur l'île.
Il y eut des habitants jusqu’en 1964 dans l’île Bonaventure. Le pêcheur-cultivateur John Pager fut le dernier à quitter les lieux. En 1971 le gouvernement du Québec devint propriétaire de l’île pour en faire un parc à vocation écologique
Une forêt de conifères habitée par des lichens, des mousses et des champignons recouvre une grande partie de l'île. D'anciennes aires de culture, laissées à l'abandon, se colorent d’une multitude de fleurs des champs. Une flore arctique alpine est juchée sur les hautes falaises de l'île. L’endroit, avec ses milliers d’oiseaux de mer et ses fleurs, est un paradis au milieu de l’océan.
Partons, la mer est belle – Folklore d’Acadie Anonyme - (Synthétiseur) Création Florian Bernard Tous droits réservés – 2004 jjjj ffff xxxx bbbb vvvv iiii dddd eeee oooo tttt rrrr oooo nnnn.... cccc aaaa