Des politiques de demande et des politiques d’offre et de leur influence sur l’emploi FeBISP Fédération Bruxelloise des organismes d’Insertion SocioProfessionnelle.

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Transcription de la présentation:

Des politiques de demande et des politiques d’offre et de leur influence sur l’emploi FeBISP Fédération Bruxelloise des organismes d’Insertion SocioProfessionnelle et d’économie sociale d’insertion 16 octobre 2014

Qu’est ce qu’une politique de demande? Elle vise à accroître la demande. Qu’est ce que la demande? En micro économie, c’est l’intention d’achat d’une certaine quantité d’un bien ou d’un service pour un prix donné. En macro économie, le demande peut s’assimiler à toutes les dépenses quelles soient d’origine publique (Etat) ou privée (celle des ménages: la consommation ou celle des entreprises: les investissements) Comment accroît-on la demande? – On peut en distinguer plusieurs suivant les différents agents économiques: Etat, il lui suffit d’accroître ses dépenses avec le risque d’enregistrer un déficit et d’accroître l’endettement public Ménages en augmentant leur pouvoir d’achat, en augmentant les salaires au risque de générer de l’inflation Entreprises en les incitant à investir, en développant des institutions de qualité (enseignement, infrastructure, protection de la propriété privée, de la propriété intellectuelle...), en assurant une demande solvable de la part des ménages, en leur assurant de nouveaux débouchés,….

Qu’est ce qu’une politique d’offre? Qu’est ce que l’offre: volume de biens et de services mis à la disposition du marché afin d’être vendus. Une politique d’offre devrait donc signifier le développement de la capacité des entreprises à produire plus de biens et de services. On voit l’incongruité de mener une politique d’offre sans mener une politique concomitante de demande. Un entreprise ne vendra pas plus de biens et de services simplement parce qu’elle en produit plus. C’était pourtant le postulat du père de l’économie d’offre: Jean Baptiste Say qui affirmait que l’offre crée la demande (Lois des débouchés, 1803)

Les politiques de demande dans l’Histoire Les politiques de demande sont souvent assimilées aux politiques keynésiennes qui visent à accroître les dépenses publiques (infrastructure,…) Keynes ne parlait pas à proprement parlé de politique d’augmentation de pouvoir d’achat qui est pourtant la première politique d’accroissement de la demande.

Les politiques d’offre dans l’Histoire Ferdinand de Lasalle (1863): la loi d'airain. Stipulait que si on augmentait par trop les salaires, les travailleurs allaient se reproduire, ce qui accroîtrait l'offre d'emploi faisant ainsi pression par le bas sur les salaires, ceux ci baissant ils n'auraient plus les moyens de survivre, seraient donc obligés de contrôler leur reproduction, ce qui amène à un salaire d'équilibre et au contingentement du développement de la population. (cf Malthus) La paternité de la « loi d'airain » est très controversée, car de nombreux auteurs l'ont formulée avant F. Lassalle de manière plus ou moins achevée : W.Petty dès 1672, J. Vanderlint en 1734, Turgot en 1766 (cités par Marx, in Le Capital, 1867), « Loi du salaire nécessaire » de Ricardo en 1821, Engels en 1844, Marx en 1847 dans Misère de la philosophiePettyTurgotLe CapitalRicardoEngelsMarxMisère de la philosophie

Qu’en est il aujourd’hui des politiques de demande? Les politiques de demande sont rejetées aujourd’hui alors que l’on peut dire qu’il y a à peine quelques années ( ) elles ont été appliquées dans le monde entier (Europe, US, Chine) Pour les dirigeants actuellement au pouvoir, de telles politiques ne peuvent que gonfler déficits et endettement publics, amenant les taux d’intérêt à des niveaux plus élevés, ce qui contraindrait la croissance. Les politiques de relance par augmentation des salaires ne sont tout simplement pas invoquées

Qu’en est il aujourd’hui des politiques d’offre? Ce sont ces seules politiques qui ont un écho aujourd’hui dans la presse et sont mises en pratiques par nos gouvernements. La politique de compétitivité par la régression des salaires est ainsi prônée à travers toutes l’Europe. La réduction des cotisations salariales (patronales) en est le cheval de bataille.

Quels ont été les résultats des politiques de demande? Les résultats des politiques de demande sont considérés comme négatifs. – En 2012 s’effrayant du creusement des déficits (qui étaient en train de se réduire) elles ont été abandonnées – Dans les années 90, le Japon a entrepris de mettre en œuvre ces même mesures sans que la croissance ne revienne (ne voulant pas dire que sans elles la situation aurait été pire encore et que l’économie japonaise pâtit d’une décroissance démographique). – Dans les années 70, ces politiques ont été accusées de créer de l’inflation (oubliant de dire que l’on était en situation de quasi plein emploi) – Même dans le cas du New Deal (1934 et années qui ont suivi), la plupart des observateurs ont conclu, à tort, qu’elles n’avaient pas réussi à faire revenir la création de richesse annuel aux US au dessus du niveau qu’elle avait atteint avant la crise de 1929 mais que seule la guerre permit d’atteindre ce résultat (oubliant de dire qu’à partir de 1937 soucieux de remporte les élections de 1938, Roosevelt fut contraint de tenir compte de l’avis des conservateurs qui déjà à l’époque s’effrayaient du niveau de déficit public, qui s’était pourtant stabilisé, et mis un frein à ses politiques de relance)

Quels ont été les résultats des politiques d’offre? Des politiques de relance par l’offre sont menées depuis des décennies. Des réductions de charges sociales ou de blocage de salaires ont ainsi mises en place depuis plus de 20 ans sans que l’on ait noté une reprise ni de la croissance économique, ni de celle de l’emploi.

Pourquoi des politiques d’offre ne peuvent pas fonctionner? D’abord parce qu’il ne suffit pas de produire plus, ni même à moindre coût pour vendre. Il faut avant tout une demande solvable pour écouler la production. Parce que les entreprises n’utilisent pas les réduction de charges sociales pour engager davantage, ni pour baisser leur prix ou que si elles le font, la baisse de quelques % des charges patronales ne les rend pas plus compétitives par rapport à la concurrence extra européenne ou celle des pays de l’Est européen. Parce que ces politiques de compétitivité par les salaires, si elles sont appliquées par tous les membres d’ Union Européenne ne vont redresser la compétitivité d’aucune entreprise d’aucun de ses membres mais seulement appauvrir l’ensemble de ses travailleurs-consommateurs, aggravant ainsi la crise.

Pourquoi les politiques de demande peuvent, dans certains cas, fonctionner La hausse des salaires dans un environnement déflationniste tel que nous le connaissons aujourd’hui ne risque pas de créer une inflation débridée. Une telle politique, si tant est qu’elle soit mise en place à l’échelle européenne, mérite d’être considérée. Des dépenses publiques dans un contexte de crise tel celui que nous connaissons bénéficient d’un multiplicateur (budgétaire) supérieur à 1. C-à-d qu’1€ dépensé par l ’Etat crée plus qu’1€ de croissance économique. Contrairement à la doxa actuelle, des dépenses publiques peuvent donc permettre de réduire tant le déficit que l’endettement public.

Quelques fausses idées reçues Une augmentation de salaire ne pénalise pas le compte de résultats des entreprises si tant est que toutes les entreprises appliquent une même augmentation au même moment et ce à travers toute l’Europe. Et ce de par le multiplicateur du pouvoir d’achat: une hausse de salaire octroyée à A lui permet de dépenser plus ce dont il fera bénéficier B en lui achetant p.e. un produit qui lui-même en fera bénéficier C. Ainsi on le voit une augmentation de salaire dans le chef de A donne lieu à un accroissement des chiffres d’affaires de B,C,D,… supérieur à l’augmentation de salaire de A et permet donc une augmentation des bénéfices et des marges des entreprises.

Quelques fausses idées reçues (suite) Une réduction des charges sociales octroyée aux entreprises constitue en fait une baisse du salaire total versé aux salariés, en fait une baisse des versements aux caisses de sécurité sociale, ce qui affaiblit non seulement l’Etat mais le rend dans l’impossibilité de correctement indemniser ceux qui n’ont pas d’emplois, sont à la retraite, sont handicapés, invalides, malades,… ce qui a pour effet de réduire le pouvoir d’achat global de la collectivité et donc le chiffre d’affaires des sociétés, les amenant à pour pouvoir soi disant rester plus compétitive demander de nouvelles faveurs à l’Etat accroissant ainsi son déficit. La spirale vicieuse est ainsi enclenchée.

Ce ne sont pas les entreprises qui créent de l’emploi Un entrepreneur ne crée pas de l’emploi ex nihilo. Outre le fait d’avoir une idée, un concept pour développer un bien, un service, il doit obtenir du financement pour lancer son activité et surtout pouvoir vendre ce qu’il compte produire. Pour cela il doit disposer d’une demande. Il faut donc une conjoncture favorable pour qu’une entreprise nouvelle ou ancienne réussisse. Ce n’est pas en réduisant ses charges sociales que l’entrepreneur va créer de la croissance et encore moins de l’emploi mais bien un carnet de commandes rempli.

Que conviendrait il de faire alors? Les mesures aujourd’hui proposées ont été et seront un échec. Les politiques d’offre, de relance par des cadeaux offerts aux entreprises ne relanceront pas la croissance. Il faut se réintéresser aux politiques de demande Reconstruire certaines barrières protectionnistes de manière intelligente afin de relancer des activités industrielles dans nos régions. Avoir des politiques fiscales qui aident à promouvoir la recherche et développement de réelles innovations et non à protéger certains secteurs qui brevètent tout et n’importe quoi pour pouvoir bénéficier de ces aides. Offrir des structures à nos jeunes pour qu’ils puissent y développer et mettre en pratique leurs idées innovatrices plutôt que les voir embaucher dans des sociétés formatées et formatantes. Encourager l’esprit d’entreprise, mettre fin à la stigmatisation de l’échec, réduire les contraintes administratives des PME Arrêter de faire croire que la formation est la seule planche de salut, qu’il nous faut à tout prix suivre une formation permanente tout au long de sa vie afin de rester à la page et de pouvoir s’adapter au nouveau tissu économique Il faut avant tout développer l’emploi dans sa globalité en mettant à bas les avantages outranciers que tirent les plus grands groupes auxquels seuls profitent cette soi disant concurrence libre et non faussée qui leur permet d’aller s’installer dans des zones géographiques offrant des conditions sociales et fiscales sans communes mesure avec celles qui prévalent dans nos régions.