Partenariats mondiaux pour la santé et Aide à la lutte contre le sida en Afrique François Colin NKOA.

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Partenariats mondiaux pour la santé et Aide à la lutte contre le sida en Afrique François Colin NKOA

Plan de présentation I. Introduction II. Conséquences des partenariats sur les flux d’aide III. Revue de la littérature sur les déterminants de l’aide IV. Quels sont les critères de l’allocation de l’aide au sida en Afrique?

I. Introduction 1. Les partenariats mondiaux pour la santé ont pris de l’importance au cours des dernières années

Les Partenariats mondiaux pour la santé sont classés dans les grandes catégories suivantes : Partenariats de recherche et développement : Partenariats impliqués dans la découverte de produits et le développement de nouvelles thérapies (vaccins, traitements, etc.) ;

Partenariats d’assistance technique ou de soutien à un service : Partenariats offrant des dons sous forme de médicaments, permettant un meilleur accès à des prestations ou offrant une assistance technique ;

Partenariats de promotion (aux niveaux national et international) : Partenariats plaidant pour une réponse internationale et nationale accrue à des maladies particulières, levant des fonds pour des programmes relatifs à des maladies particulières, etc. Fonds : Partenariats fournissant des financements pour des programmes particuliers.

Les Partenariats mondiaux pour la santé présentent de nombreux avantages: 1) en sensibilisant l’opinion à la nécessité de mobiliser de nouveaux financements de grande ampleur et en mobilisant effectivement ces fonds ;

2) en attirant l’attention des hauts responsables politiques mondiaux et nationaux sur les maladies qu’ils ciblent; 3) en accélérant les progrès (même s'il n'est pas acquis que certains objectifs des Partenariats seront atteints à la date prévue) ; 4) en attirant de nouveaux partenaires et en faisant une plus large place aux acteurs non gouvernementaux, notamment ONG et intervenants privés, dans la lutte contre certaines maladies;

5) en encourageant des démarches fondées sur l’efficacité prouvée de certains traitements (réduction de la douleur et thérapies de substitution, par exemple) pouvant être négligés par les gouvernements ; 6) en fournissant le moyen de soutenir des biens publics mondiaux ;

7) en permettant de réaliser d’importantes économies d’échelle (par exemple dans l’achat de médicaments) ; 8) dans certains cas, en facilitant des innovations.

II. Conséquences des partenariats sur les flux d’aide Augmentation de l’APD allouée au secteur de la santé Selon l’OCDE (2009) le taux de croissance de cette forme d’aide est estimée à: 10% sur la période: 1980-2007 17% sur la période: 2000-2007

Réallocation de l’APD en faveur de la santé En 2001-2002, le secteur de la santé reçoit 12% de l’APD totale; 18% en 2006-2007. Priorité des grands pays donateurs de l’OCDE En 2006-2007 selon l’OCDE (2009), quatre importants distributeurs d’APD allouent au 25% de leur aide au secteur de la santé.

Il s’agit des pays suivants: Royaume Uni (40%) Luxembourg (36%) Etats-Unis (28%) Canada (25%)

La lutte contre le SIDA a bénéficié de façon importante de l’émergence de ces nouveaux acteurs. 32% de l’aide totale à la santé sont allés à la lutte contre le sida entre 2002-2006. La question est de savoir si les critères d’allocation de cette aide permettent d’améliorer son efficacité.

L’augmentation des flux d’aide à la santé et au sida pose le problème de son efficacité. La multiplication de ces partenariats et des projets peut nuire à l’efficacité de l’aide pour les raisons suivantes: i) Application des politiques, des procédures opérationnelles et des règles de communication financière différentes.

ii) La multiplication des projets impose aux pays un fardeau administratif insupportable et rend l’appropriation de ces projets par les pays plus difficile

La nécessité d’accroître l’efficacité de l’aide à conduit à « la déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide ».

Les cinq principes de la Déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide sont: appropriation : les pays partenaires pilotent effectivement leurs politiques et leurs stratégies de développement et coordonnent les actions de développement  

alignement : les bailleurs de fonds fondent leur soutien global sur les stratégies de développement, les institutions et les procédures nationales des pays partenaires   harmonisation : les actions des bailleurs de fonds sont plus harmonisées, transparentes et collectivement efficaces

gestion axée sur les résultats : la gestion des ressources et des procédures de décision est améliorée pour obtenir de meilleurs résultats   responsabilité mutuelle : les bailleurs de fonds et les partenaires renforcent leur responsabilité mutuelle et la transparence dans l’utilisation des ressources afin d’obtenir de meilleurs résultats de développement.

Une étude de Piva & Dodd (2009) sur les PMA bénéficiaires de l’aide à la santé sur la période 2002-2006 en utilisant la nouvelle base de données statistiques de l’OCDE met en lumière: - L’existence d’importantes inégalités dans les montants alloués aux pays.

- Des pays comparables par leurs niveaux de pauvreté et leurs besoins sanitaires reçoivent des volumes d’assistance différents. Ces deux constats nous ont inspiré la question des critères qui guident l’allocation de l’aide au sida.

Notre objectif consiste à établir quels sont parmi les critères d’allocation traditionnels de l’aide (niveau de développement; réformes économiques; facteurs non économiques-histoire; politique; géostratégie) ceux qui prédominent dans l’allocation de l’aide à la santé.

La prédominance des facteurs liés au niveau de développement et/ou les besoins sanitaires des pays récepteurs supposerait que l’allocation de l’aide à la santé est basée sur des critères concourant à son efficacité.

III. Revue de la littérature sur les déterminants de l’aide L’inefficacité constatée de l’aide qui est dénoncée aussi bien par les praticiens du développement que les économistes peut être attribuée aux conditions internes aux pays récepteurs ou alors aux critères d’allocation de cette aide par les donateurs bilatéraux et multilatéraux. Dans les milieux académiques, les travaux sur les critères qui guident l’allocation de l’aide remontent au début des années 1960.

Il ressort de l’ensemble de ces travaux que les pays donateurs distribuent l’aide en fonction des besoins réels des pays mais aussi des considérations d’ordre politique et géostratégiques (Alesina et Dollar 2000; Radelet 2006; Easterly 2003, Collier & Dollar 2002, Maizels & Nissanke 1984).

L’importance relative de chacun de ces facteurs a divisé et continue de diviser les économistes (Alesina & Dollar 2000). Le débat en cours depuis le milieu des années 1990 concerne l’hypothèse selon laquelle depuis la chute du mur de Berlin, les critères non économiques sont devenus moins importants dans la distribution de l’aide par rapport aux critères basés sur les besoins réels des pays (Claessens & al 2009; Dollar & Levin 2006; Sundberg & Gelb 2006; Roodman 2005, Berthélemy & Tichit 2004).

D’autres auteurs à l’inverse trouvent que les critères d’allocation de l’aide n’ont pas changé au cours du temps et que les considérations historiques, politiques et géostratégiques continuent à occuper une place importante dans les critères d’allocation de l’aide aux pays récepteurs (Easterly 2007; Collier & Dollar 2002).

La particularité de ces travaux est qu’ils utilisent dans leur grande majorité les données agrégées de l’aide. L’originalité de notre travail réside dans l’étude des déterminants de l’aide par l’utilisation des données sectorielles notamment dans celui de la santé. L’augmentation croissante des flux d’aide à la santé semble confirmer l’hypothèse de la prédominance des critères basés sur les besoins de développement des pays récepteurs.

IV. Critères d’allocation de l’aide à la lutte contre le sida en Afrique

i. L’aide à la santé représente une faible part de l’APD

Burkina Faso

Cameroun

Côte d’Ivoire

Sénégal

ii. L’aide à la lutte contre le sida représente une proportion importante de l’aide à la santé

Burkina Faso

Cameroun

Côte d’Ivoire

Sénégal

Quels sont les critères d’allocation de l’aide au sida? Une aide efficace suppose qu’elle soit distribuée en fonction des besoins. L’aide à la lutte contre le sida va-t-elle aux pays qui en ont le plus besoin ou répond-elle à d’autres considérations?

Aide totale à la santé reçue (02-09) Aide totale au sida reçue (02-09) Pays Aide totale à la santé reçue (02-09) Aide totale au sida reçue (02-09) Taux de prévalence du sida Burkina Faso 418,6433 154,6931 (40%) 1,6 Cameroun 235,5901 124,1328 (52,6%) 5,1 Côte d’Ivoire 172,7471 307,8122 (178,1%) 3,9 Sénégal 592,6747 106,6864 (18%) 1,0

Aide au sida/tête et taux de prévalence (2002-09)

JE VOUS REMERCIE DE VOTRE ATTENTION