Des vallées verdoyantes, des ruisseaux et, au détour d'un cirque, le bourg se dresse. Monumental. Vient le faubourg. Encore un effort, et Conques, classée parmi les Plus beaux villages de France, s'impose aux visiteurs. Une première halte au point de vue du Bancarel permet de mesurer l'ampleur de la beauté du bourg. Etape majeure pour les pèlerins sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle, il est d'un autre temps. Les curieux découvrent un patrimoine architectural miraculeusement épargné par les époques. Sur le versant ensoleillé, une ceinture de murailles se dresse, percée de portes fortifiées et flanquée de quelques tours. Elles délimitent un réseau de ruelles qui desservaient, autrefois, les lieux saints et les différents quartiers d'habitation. Préservée au cours des âges des destructions massives ou des rénovations, l'architecture civile se caractérise par la diversité des matériaux utilisés : schistes, grès rose et les fameuses toitures en lauze. Dépaysement assuré pour les visiteurs ou les pèlerins. Ces derniers y sont accueillis depuis le XIe siècle.
Pour se balader dans les rues pavées, il faut quand même prévoir de bons souliers, voire même un bon bâton de marche. Pourquoi ne pas se rafraîchir à la fontaine du Plô qui jouxte le parvis de l'abbatiale. Un petit secret : son eau aurait, paraît-il, des vertus admirables... Parsemés tout au long de l'itinéraire, les artisans ne se font pas prier pour démontrer que le travail manuel a plein de ressources. Ils conservent le savoir-faire ancestral, comme le maroquinier, le fabriquant de savon, le sculpteur sur bois, la dentellière, la tapissière, la calligraphiste, entres autres. Au détour de ce lieu chargé d'histoires, celle qui vole la vedette, c'est l'imposante abbatiale Sainte-Foy. Edifice majeur de l'architecture romane, il s'agit d'un vaisseau de pierres qui surprend par son élévation intérieure. L'étage des tribunes permet d'admirer les vitraux contemporains de Pierre Soulages. Artiste qui finalement marque son époque tout en respectant les codes du bâtiment historique.
Parmi les 10 plus beaux villages de France de l'Aveyron, partons à la découverte de toutes les richesses que nous offre Conques. Tout d'abord, Conques est situé dans un environnement atypique. Le nom de Conques vient du site en forme de coquille échancrée par le torrent de l'Ouche et dominant la vallée du Dourdou. Conques était un grand centre de pélerinages et une des principales villes-étapes sur la route de Saint-Jacques-de-Compostelle, sur la fameuse via Podensis. L'abbaye de Conques a été fondée par l'abbé Dadon vers la fin du VIII° siècle, un ermite qui avait élu domicile à Conques. C'est l'époque où les souverains carolingiens, pour des motifs autant politiques que religieux, favorisent et comblent de bienfaits les monastères de leur empire. Le Trésor de Conques a pour origine ces largesses royales. La mémoire collective ne retiendra que le nom de Charlemagne, le bienfaiteur par excellence, qui éclipsa tous les autres membres de sa famille. Et il aura tout naturellement sa place dans le cortège des élus sur le tympan du Jugement dernier.
L'abbaye se développa surtout à partir de l'arrivée des reliques de Sainte Foy. Curieusement, le destin de Conques paraît avoir été scellé au temps de l'empereur romain Dioclétien lors de grandes persécutions. Loin d'ici, une jeune chrétienne de la cité d'Agen, refusant de sacrifier aux dieux du paganisme, endura le martyre. Convertie par l'évêque de la ville saint Caprais, Foy (Fides en latin) était âgée de douze ans à peine. Or à une époque où le culte des reliques prenait de plus en plus d'ampleur, où la présence de corps saints entraînait pour l'abbaye qui les détenait un grand rayonnement spirituel, Conques se trouvait singulièrement démunie. C'est alors que ses moines, après plusieurs tentatives infructueuses, jetèrent leur dévolu sur les précieuses reliques de sainte Foy d'Agen, très vénérées en Aquitaine. Le rapt, appelé pudiquement «translation furtive», se situe en l'an 866. L'actuelle abbatiale Sainte-Foy de Conques est une église abbatiale, c'est-à-dire l'église d'une abbaye. Sa construction commença sous l'abbé Odolric (1030-1065) et semble s'être terminée sous l'abbatiat de Boniface (1107-1125).
Le tympan du Jugement dernier Au portail occidental de l'abbatiale Sainte-Foy, une profonde voussure en plein centre abrite le tympan du Jugement dernier, l'une des œuvres fondamentales de la sculpture romane par ses qualités artistiques et son originalité, par ses dimensions aussi. Large de 6,70 mètres et haut de 3,60 mètres, il n'abrite pas moins de 124 personnages dans un état de conservation tout à fait remarquable, le plus beau de la sculpture auvergnate du XIIème siècle. A l'origine, il se trouvait peut-être à l'intérieur de l'église, le transfert actuel remonterait à la fin du XIVème siècle. La source principale d'inspiration du Jugement dernier a été l'évangile de saint Matthieu. L'artiste a voulu fixer dans la pierre l'instant dramatique où le Christ prononcera les paroles gravées sur les petites banderoles que deux anges déroulent de part et d'autre de sa tête : "Alors il dira à ceux qui seront à sa droite : venez les bénis de mon Père, possédez le royaume préparé pour vous. Ensuite il dira à ceux qui seront à sa gauche : éloignez-vous de moi, maudits, dans le feu éternel préparé pour le diable...Et ils s'en iront, ceux-ci au châtiment éternel, et les justes à la vie éternelle."
En 1987, Pierre Soulages, peintre abstrait français de notoriété internationale, né en 1919 à Rodez, dont les souvenirs d'enfance ont été imprégnés par ce lieu, commence à travailler avec enthousiasme sur le projet de création des vitraux de l'église Sainte-Foy de Conques. C'est en 1994, qu'il achève la réalisation de 95 verrières et de 9 meurtrières visibles de l'intérieur comme de l'extérieur qui respectent, tout en la magnifiant, l'austérité romane et ses symboles et invitent la lumière à pénétrer dans l'église
La basilique a été classée en 1838 à l'initiative de Prosper Mérimée, alors inspecteur des Monuments historiques. Le site de Conques, déjà parmi les plus beaux villages de France, est désormais inscrit au Patrimoine mondial de l'Unesco.
Patricia