Massacre en Corée Pablo Picasso

Rappel de méthode 1- Je présente l’œuvre. 2- J’explique le contexte de sa rédaction. 3- Je présente son auteur. 4- Je décris l’œuvre (composition, couleurs, groupes de personnages, éléments symboliques). 5- Je définis le courant artistique. 6- J’explique le message de l’artiste.

1- Je présente l’œuvre.

2- J’explique le contexte de sa rédaction. La guerre de Corée opposa de 1950 à 1953 les Coréens du Nord soutenus par l’URSS, aux Coréens du Sud, soutenus par les Etats-Unis qui interviennent sous mandat de l’ONU. Les affrontements firent plus de deux millions de victimes et se soldèrent par un statu quo et la division de la Corée en deux Etats séparés par une frontière suivant le 38e parallèle Nord.

3- Je présente son auteur. Pablo Picasso est un peintre, dessinateur, sculpteur. Il est né en 1881 en Espagne, mais travailla l’essentiel de sa vie en France. Il est l’un des plus prolifiques et célèbres artistes du XXe siècle. De sensibilité communiste, il peint plusieurs œuvres engagées comme Guernica par laquelle il dénonce les massacres des civils espagnols par l’aviation allemande durant la guerre d’Espagne. Il en dit : « Cette peinture n’est pas faite pour décorer les appartements. C’est un instrument de guerre, offensif et défensif contre l’ennemi. » Elle symbolise toute l'horreur de la guerre et la colère ressentie par Picasso à la mort de nombreuses victimes innocentes.

Guernica

4- Je décris l’œuvre (composition, couleurs, groupes de personnages, éléments symboliques). La structure du tableau est simple. Au 1er plan à gauche se trouve un groupe de femmes (certaines enceintes) et d’enfants nus et sans défense. Toujours au 1er plan, à droite un groupe de soldats s’apprêtent à exécuter ces civils. Ils sont équipés d’armes futuristes ou médiévales, représentés comme des robots sans âme. A l’arrière-plan, la maison en ruine sur la colline évoque Hiroshima et Nagasaki. La rivière qui sépare les soldats des civils marque le fossé entre les deux Corée sur le point de se séparer mais aussi entre l’Occident et le reste du monde. La couleur dominante est le gris, qui renforce le sentiment de tristesse.

La sophistication de l’armement semble ici dénoncée et représente une métaphore de la « course aux armements ». Les cuirasses et casques symbolisent l’aveuglement de l’obéissance aux ordres. Le soldat est « robotisé ». Le chef du peloton peut également représenter la soumission de l’armée au pouvoir politique, donc à l’idéologie de l’endiguement. (doctrine Truman). Ce chef du peloton, le corps tendu vers la droite et le visage tourné à gauche symbolise–t-il l’hésitation du cas de conscience ou le refus d’assumer sa responsabilité ?

5- Je définis le courant artistique. Dans les années 1950, Picasso s’inspire des grands maîtres de la peinture comme Goya dont il reprend la composition du Tres de Mayo de 1834. Il utilise pour ses personnages la technique picturale du cubisme qu’il a inventée au début du siècle : les visages sont décomposés en des formes géométriques.

Tres de Mayo de Goya, 1834

6- J’explique le message de l’artiste. On peut y déceler l’engagement pacifiste de Picasso, qui à travers la guerre de Corée dénonce toutes les guerres. Dans massacre en Corée, il dénonce les crimes de guerre contre les civils coréens, mais fidèle à ses idées communistes, il se positionne surtout contre ceux des soldats américains, même s’il ne les identifie pas clairement sur le tableau. Les crimes de guerre commis à l’encontre des civils coréens sont autant de crimes contre l’humanité commis au nom d’une idéologie. Ils balayent l’espoir de renaissance d’un peuple, en assassinant les enfants et les femmes porteuses de la vie, qui constituent son avenir.

Picasso dénonce la cruauté de la guerre et la massacre de civils innocents mais aussi la violence que l’homme blanc a fait subir aux autres peuples dans l’histoire (conquête de l’Amérique, Traite Atlantique, colonisation de l’Afrique et de l’Asie,…). Cela explique que les soldats portent à la fois des armes modernes et des armures de chevalier. Gravure de Théodore de Bry datant de 1594

Théodore de Bry (Liège en 1528, Francfort le 27 mars 1598) est un humaniste, graveur et éditeur. Il doit sa célébrité à ses descriptions imagées des premières expéditions européennes aux Amériques publiées à Francfort dans la collection dite des Grands Voyages. Protestant, il quitte Strasbourg avant d'être accusé d'hérésie et banni. Il séjourne à Londres entre 1587 et 1588 puis s'installe définitivement à Francfort y devenant bourgeois.

Cette gravure de Théodore de Bry, datée de 1594 (plus d'un siècle après la découverte de Christophe Colomb) décrit la violence de l’arrivée des occidentaux en Amérique, armés, protégés par des armures face aux Indiens représentés nus ou presque et totalement désarmés. On remarque également la présence d’une flotte derrière C. Colomb faisant fuir des Indiens à l’arrière plan. Théodore de Bry dénonce l’arrivée brutale des Occidentaux qui font ici une démonstration de force alors qu'ils sont reçus avec de nombreux cadeaux d'or. Théodore de Bry dénonce également la conversion de force au catholicisme comme le suggère la croix plantée par les Européens comme pour montrer la nouvelle appartenance de ces terres à l’Eglise catholique.