J’avais rendez-vous ce matin-là avec mon amie Tite Pomme, et j’avais le cœur en fête… Nous devions nous retrouver à Charlieu, petite ville du département de la Loire, dont je n’avais jamais entendu parler. Déjà, en roulant dans la ville à la recherche du lieu de rendez-vous, je fus conquise par les vieilles maisons à colombages, C’est vrai, des maisons à colombages, j’en ai vu dans beaucoup de villes ayant su préserver ou restaurer leur centre historique. Mais celles-ci ont un autre cachet, une architecture que je n’ai vue que là…

En voici quelques mots de présentation : Charlieu est une petite ville très agréable pleine de trésors. Irriguée par le Sornin, placée aux confins d’un vert pays de forêts, elle a conservé de très nombreuses maisons anciennes dont les plus vieilles datent de l’époque médiévale. D’autres, à pans de bois permettent d’admirer le style en vogue à l’époque Renaissance. L’ensemble offre ainsi la possibilité de remonter le cours du temps jusqu’au siècle des Lumières et donne, sans lourdeur, une belle leçon d’architecture vernaculaire.

Mais pas seulement les maisons… Le charme de cette bourgade éclate partout ! Ce simple escalier de pierre invite à la découverte et à l’émerveillement !

Sur la place, l’église au triple vitrail arbore fièrement un tympan où le Christ en gloire, dans une mandorle, est entouré d’anges.

Après cette rencontre, un autre rendez-vous devant l’abbaye avec Marie-Jo, que les amateurs de beaux diaporamas connaissent bien !

Une tour majestueuse, une entrée digne d’un château fort… Y avait-il un pont-levis ?

Le monastère bénédictin par lequel débute l’histoire de cette bourgade a été fondé vers 870 : véritable joyaux de l’art roman, il n’offre plus de son église que de magnifiques tympans de portails et quelques pans de façades Mon amie Tite Pomme m’a raconté qu’en ce temps-là le groupe de moines qui cheminait à travers la campagne commençait à sentir la fatigue. L’un d’eux, arrivant au bord de ce cours d’eau, s’écria : Arrêtons-nous en ce cher lieu ! Et Cher lieu est devenu Charlieu. Cette immense salle était la chapelle, abritée par cette splendide charpente en chêne. Mais un plafond cachait cette charpente. Il était à la hauteur du départ d’escalier que vous voyez sur la droite, et cet escalier servait à aller aux combles.

Regardez bien : les chapiteaux coiffant les colonnes sont tous différents…

On a beau savoir que cette abbaye est en ruines, et délaissée depuis longtemps, on s’attend toujours à voir passer un moine silencieux dans sa robe de bure. Et voilà que tout à coup, du coin de l’œil, j’en vois un entrer… Mais non ! C’est une robe mise là en décor !

Nous quittons le Couvent des Cordeliers et ses ruines imposantes pour nous diriger vers l’abbaye., toujours en fouilles.

Fondée vers 875 par des moines bénédictins venus de Touraine, l'abbaye de Charlieu est rattachée à Cluny vers 930, puis réduite en prieuré avant Des fouilles ont permis de découvrir les fondations de trois églises construites sur le même emplacement aux IX è, X è et XI è siècles. De cette dernière ne subsistent que la dernière travée, la façade et le narthex (porche) ajouté au début du XII è. Son grand portail, dont la décoration s'inspire du Livre de l'Apocalypse, est un chef d'œuvre de l'art roman. Le cloître actuel, de la fin du XV è, s'ouvre sur la salle capitulaire par une colonnade romane. De là, on accède à la chapelle du prieur (fin XV è ). Par une porte monumentale crénelée, on pénètre dans la cour de l'Hôtel du Prieur (début XVI è ).

Ce plan vous donne une idée de l’importance de cette abbaye !

S’il me fallait dépeindre cette abbaye en une seule phrase, je dirai : une forêt en pierre…

Construit dans les années , ce cloître fut financé aux ¾ par la famille seigneuriale de Châteaumorand. Il doit sa préservation à son utilisation en potager ! En Juin 1910, il fut acheté par une riche américaine afin d’orner le tennis de sa demeure californienne. Alors que deux des galeries étaient déjà démontées, en caisse, et chargées sur des wagons, la Société des Amis des Arts de Charlieu, fondée deux ans auparavant, put obtenir très rapidement le classement du site comme monument historique. L’américaine fut expropriée, les caisses rapatriées sur place et les galeries remontées !

Le Jardin potager est toujours amoureusement entretenu.

Une autre vue du cloître. le Christ, maître des lieux, révélé, magnifié par cette enfilade.

Une cour intérieure.

Des fouilles continuent, pour que ces temps anciens livrent tous leurs secrets.

Nous quittons ces lieux la tête pleine de merveilles. Au revoir, Charlieu !!!

Photos : Yvonne Texte : Jacky Musique : grégorien Diaporama de Jacky Questel, ambassadrice de la Paix Site :