La Charité Sur Loire Formation novembre 2008 Image de la victime dans le discours de l’agresseur à travers un outil thérapeutique de groupe à travers un outil thérapeutique de groupe : « Les lettres réparatrices » Jean-Pierre VOUCHE Directeur clinique de la L.F.S.M, psychologue clinicien à l’A.F.T.V.S Antenne de psychologie et de psychiatrie légales de La Garenne Colombes (92),
La Charité Sur Loire Formation novembre 2008 Nous appelons l’évaluation sous suivi psychothérapeutique des abuseurs, par la technique de la rédaction de lettres par les agresseurs sur enfants – adolescents hétérosexuels (groupe de 20). Présentation du groupe et de la manière dont on travaille avec eux : CONSIGNES DES TROIS LETTRES : Ce travail fait partie du processus thérapeutique. « Les lettres réparatrices » : - 1 ère lettre : adressée à la victime, chaque élément du groupe thérapeutique doit écrire une lettre (fictive) à sa victime.
La Charité Sur Loire Formation novembre ème lettre : la réponse envisagée de la victime. -On demande à l’abuseur d’imaginer et de rédiger la réponse probable de la victime. Cette lettre peut également contenir le récit de ce que la victime a pu dire lors d’une confrontation réelle, soit au sein de la famille, soit devant des instances judiciaires ou policières. Elle doit refléter toutes les craintes en réponse à la 1 ère lettre. L’abuseur doit se mettre à la place de la victime en répondant à sa propre lettre, sacré exercice ! Cette seconde lettre doit refléter ce que l’abuseur craint d’entendre. -Il y a un effet de décentration, de déségocentration où nous allons vérifier s’il est en mesure d’imaginer et de parler de la place de sa victime. L’abuseur connaît parfaitement le mode de fonctionnement de la victime et sait à l’avance ce qu’elle répondra.
La Charité Sur Loire Formation novembre ème lettre : lettre qu’il aimerait avoir de la victime. Au travers de ces lettres de victimes, nous allons analyser ses avancées, ses blocages autour d’axes thérapeutiques.
La Charité Sur Loire Formation novembre 2008 Suis-je coupable de ne pas avoir perçu la sensibilité de ma victime ? « Pas seulement sa sensibilité, son existence même » « Je suis coupable de ne pas avoir pu me contrôler » « Je suis coupable d’avoir bénéficié de mon ascendant sur la victime » « J’ai pris sa peur pour un consentement alors qu’il y avait de la détresse dans ses yeux (…) J’ai abusé de sa confiance en moi » « Non car j’ai été sincère dans l’amour que je lui portais » « Je suis coupable (…) mais c’était plus fort que moi » « Cela se faisait avec son accord non-dit (…) je manquais de la maturité et du recul nécessaire pour véritablement apprécier ma conduite et mon double-jeu » « Je me sens coupable oui et non car moi-même j’ai été victime à plusieurs reprises par mon frère et Monsieur X »
La Charité Sur Loire Formation novembre 2008 A travers mon discours, mes écrits, quelle image j’ai de ma victime aujourd’hui, en cours de thérapie ? « J’ai des regrets mais je pense qu’elle n’est pas malheureuse mais elle doit y penser encore car elle est suivie par un médecin. » « J’ose espérer son pardon associé à une vie tout à fait normalisée (la notion de pardon est évoquée par d’autres personnes) Je rêve de savoir et d’être sûr qu’aucune conséquence de mes actes n’aient induit une gêne dans ses relations avec les garçons de son âge. » (le devenir sentimental a aussi été évoqué par un autre) « Je pense que ma victime va bien et qu’elle a retrouvé la joie de vivre et qu’elle a oublié mon acte » « Ma victime avait 6 ans à l’époque (…) aujourd’hui, je ne sais pas si elle peut me juger » « Pour moi, elle a été le catalyseur de la somme de mes conflits »
La Charité Sur Loire Formation novembre 2008 Le décalage entre « une enfant qui a grandi jusqu’à 12 ans avec mes caresses (..) une vie commune joyeuse » et « une jeune fille de 14 ans pleine de haine » « Il n’y a pas une victime mais 2 » « J’ai l’image d’une jeune femme qui malgré les épreuves a su faire sa vie. Courageuse, elle a su passer outre des sentiments légitimes de rejet pour me pardonner et me permettre de revoir mes petits enfants » « J’ai trahi la confiance qu’elle avait en moi. (…) J’ai honte de mon acte, je comprends la souffrance qu’elle a enduré et qu’elle doir endurer, mais aussi la souffrance que j’ai affligé à sa famille. » « Je n’y pense pas seulement au cours de cette thérapie mais aussi dès les faits et pendant tout le temps qui s’est écoulé depuis ceux-ci. (…) J’ai plusieurs images : de ce qu’elle était au moment des faits, de ce qu’elle est et de ce qu’elle aurait pu être »
La Charité Sur Loire Formation novembre 2008 Suis-je coupable de ne pas avoir perçu la sensibilité de ma victime ? « Pas seulement sa sensibilité, son existence même » « Je suis coupable de ne pas avoir pu me contrôler » « Je suis coupable d’avoir bénéficié de mon ascendant sur la victime » « J’ai pris sa peur pour un consentement alors qu’il y avait de la détresse dans ses yeux (…) J’ai abusé de sa confiance en moi » « Non car j’ai été sincère dans l’amour que je lui portais » « Je suis coupable (…) mais c’était plus fort que moi » « Cela se faisait avec son accord non-dit (…) je manquais de la maturité et du recul nécessaire pour véritablement apprécier ma conduite et mon double-jeu » « Je me sens coupable oui et non car moi-même j’ai été victime à plusieurs reprises par mon frère et Monsieur X »
La Charité Sur Loire Formation novembre 2008 Citez vos points de Culpabilité « On ne peut avoir un sentiment de culpabilité que si on est coupable. Voilà ce que des gens m’ont dit. Moi je pense qu’on peut se sentir coupable pour des choses dont on est pas responsable, ou même dont on n’a seulement connaissance (…) Je me sens coupable de ce que j’ai fais, de ma faiblesse. Se sentir coupable n’est pas une pensée complaisante et apaisante vis-à-vis de moi. Ce n’est pas un façon de me disculper, c’est plutôt une persécution pour moi. Cela me permet de ne pas oublier la victime. Cela ne me rend pas fier de moi. Cela m’empêche de vivre. Pourquoi je n’ai pas pu empêcher cela ? je réfléchis sur mes faiblesses. » « J’ai un comportement égoïste » « Mon point de culpabilité c’est d’avoir abusé d’elle sachant qu’elle ignorait que c’était mal » « Je regrette de ne pas m’être fait soigné avant »
La Charité Sur Loire Formation novembre 2008 « J’ai abusé de sa jeunesse, de sa candeur » « J’ai peur de la récidive » (exprimé également par une autre personne) « Je me sens coupable d’un acte inévitable sans possibilité d’un retour en arrière (…) Coupable de n’avoir pas vu qu’il fallait s’arrêter et avouer » « Avoir travesti ma fierté et mon honneur personnel (…) m’être conduit lâchement en espérant que les choses s’arrangent après la révélation.
La Charité Sur Loire Formation novembre 2008 A travers mon discours, mes écrits, quelle image j’ai de ma victime aujourd’hui, en cours de thérapie ? « J’ai des regrets mais je pense qu’elle n’est pas malheureuse mais elle doit y penser encore car elle est suivie par un médecin. » « J’ose espérer son pardon associé à une vie tout à fait normalisée (la notion de pardon est évoquée par d’autres personnes) Je rêve de savoir et d’être sûr qu’aucune conséquence de mes actes n’aient induit une gêne dans ses relations avec les garçons de son âge. » (le devenir sentimental a aussi été évoqué par un autre) « Je pense que ma victime va bien et qu’elle a retrouvé la joie de vivre et qu’elle a oublié mon acte » « Ma victime avait 6 ans à l’époque (…) aujourd’hui, je ne sais pas si elle peut me juger » « Pour moi, elle a été le catalyseur de la somme de mes conflits » « Je ne voie pas ma victime. Elle m’a dit qu’elle me tuerait lors du procès. Pour moi, la victime veut de l’argent » Le décalage entre « une enfant qui a grandi jusqu’à 12 ans avec mes caresses (..) une vie commune joyeuse » et « une jeune fille de 14 ans pleine de haine ». « Il n’y a pas une victime mais 2 »
La Charité Sur Loire Formation novembre 2008 Suite : A travers mon discours, mes écrits, quelle image j’ai de ma victime aujourd’hui, en cours de thérapie ? « J’ai l’image d’une jeune femme qui malgré les épreuves a su faire sa vie. Courageuse, elle a su passer outre des sentiments légitimes de rejet pour me pardonner et me permettre de revoir mes petits enfants » « J’ai trahi la confiance qu’elle avait en moi. (…) J’ai honte de mon acte, je comprends la souffrance qu’elle a enduré et qu’elle doit endurer, mais aussi la souffrance que j’ai affligé à sa famille. » « Je n’y pense pas seulement au cours de cette thérapie mais aussi dès les faits et pendant tout le temps qui s’est écoulé depuis ceux-ci. (…) J’ai plusieurs images : de ce qu’elle était au moment des faits, de ce qu’elle est et de ce qu’elle aurait pu être »