Analyse d'une micro-situation schématisée Comment favoriser la prise de parole en classe des élèves sans discrimination de genre ? Jean- Baptiste Martini Master 1 MEEF Philosophie 2013-2014
Le schéma que je vous remets dans le cadre de l'UE-15, représente une micro-situation qui m'a particulièrement interpellé au cours de mon stage au lycée Marie-Madeleine Fourcade de Gardanne.
Celle-ci a eu lieu lors d'un cours de Terminale Scientifique, sous la direction de monsieur Jean-Baptiste Martinez, agrégé de philosophie.
J'avais pu remarquer à plusieurs reprises que les lycéennes prenaient beaucoup moins la parole que les lycéens. Cela semble s'inscrire de manière générale dans un rapport inégalitaire entre filles et garçons. Cet état de fait a poussé le gouvernement à lancer pour la période 2013-2018 une « Convention interministérielle pour l’égalité entre les filles et les garçons, les femmes et les hommes dans le système éducatif » http://www.education.gouv.fr/pid25535/bulletin_officiel.html?cid_bo=67018
J'ai donc voulu étudier comment Monsieur Martinez s'y prenait pour essayer de résoudre cette répartition inégalitaire de la prise de parole entre filles et garçons, pour favoriser celle des lycéennes, quels moyens il met en œuvre pour lutter contre les stéréotypes et les discriminations liées au genre (comme attendu dans les compétences communes C1 et C6 du référentiel de compétences), comme dans ce nouveau cap fixé par la Convention Interministérielle. Cette présentation sera accompagnée dans un document à part d'une grille d'analyse OPTAD.
Scène de classe initiale Ceci est une représentation iconographique réalisée pour décrire la répartition spatiale des élèves par genre dans la salle de classe. Il y a 16 garçons et 10 filles dans cette classe de Terminale Scientifique. S'étant aperçu que les garçons monopolisaient la parole et la prenaient plus facilement dans le cadre des débats et des interactions langagières professeur-élèves, l'enseignant a décidé plusieurs fois de donner des petits exercices à faire en cours, afin de faire participer plus les filles. Ces exercices consistent en une analyse d'un extrait de texte qu'il leur a distribué, à propos duquel il pose deux questions. La plupart du temps ces questions s'interrogent sur le problème que soulève l'auteur. Les élèves ont dix minutes pour élaborer des réponses. Puis le professeur interroge une lycéenne comme nous allons le voir dans les scènes suivantes.
Réponse d'une lycéenne à l'exercice du professeur. L'exercice est terminé. Le professeur interroge une élève, celle-ci lui répond à partir de ce qu'elle a noté. Le phylactère vert symbolise une prise de parole « légitime », assurée. Elle parle d'une voix claire. L'enseignant et les autres élèves l'écoutent.
Une discussion parasite Alors que la lycéenne continue de lire les réponses qu'elle a pu noter, une discussion parasite commence dans le fond de la classe entre deux garçons...
Intervention de l'enseignant Déconcentrée et désarçonnée par le brouhaha naissant depuis le fond de la salle, la lycéenne s'embrouille et se coupe dans son élan. C'est le moment choisi par Monsieur Martinez pour intervenir en interpellant les garçons à l'origine de la discussion parasite: « - Laissez parler votre camarade ou sinon, c'est vous que j'interroge. Et je vous note » Sa voix est forte, claire, mais elle ne traduit aucun signe de nervosité.
La lycéenne finit son intervention Le calme est revenu dans la salle de classe. La lycéenne finit comme elle peut son intervention.
Redistribution de la parole L'enseignant remercie et félicite la lycéenne pour ses réponses. Puis il demande à l'ensemble des élèves s'ils voient des éléments à ajouter ou enlever dans le bref exposé de leur camarade, et les invitent à prendre la parole.
Prise de la parole par un élève Un garçon demande la parole et l'obtient pour développer son point de vue sur la question...
Mais il s'emmêle un peu dans ses explications et pendant qu'il cherche ses mots, une fille en profite pour lui « griller la politesse » Elle rebondit sur les derniers propos prononcés pour développer les exemples qu'elle a voulu mettre en avant dans dans son cahier pour ce mini « devoir sur table »
La lycéenne garde la parole et va jusqu'au bout de son raisonnement La lycéenne garde la parole et va jusqu'au bout de son raisonnement. Monsieur Martinez n'intervient pas. Aucun élève ne réagit à ce « vol » de parole, pas même le garçon interrompu.