PERLES DU LUBERON -5-

 Le Luberon s’étire entre les Alpes de Haute-Provence et les plaines du Vaucluse. Cette région bénie des Dieux offre, ici réunies ,toutes les particularités de la Provence : douceur du climat, blancheur des collines calcaires, flamboiement de l’ocre, gamme diversifiée de tous les verts des forêts, mas s’étirant au milieu des étendues agricoles, champs d’oliviers, de vignes ou d’amandiers, larges stries mauves de la lavande… Mais surtout, il y a le charme de tous ces petits villages, souvent perchés sur un promontoire rocheux, avec leurs maisons de pierre dorée, semblant sortir d’un autre âge et les vues magnifiques sur leur environnement… Ce sont autant de perles rares qui émaillent le paysage et il est difficile de faire un choix car si certains villages sont davantage connus, les autres n’en ont pas moins de charme!

OPPEDE LE VIEUX

Le nom d’Oppède est mentionné pour la première fois au XIe siècle mais on a trouvé des traces d’occupation romaine. Après la croisade des Albigeois, en 1274, le village qui appartenait au comte de Toulouse, passa sous la tutelle des papes. Les Oppédois se rebellèrent contre la lourde fiscalité et reprochèrent à la papauté de ne pas les avoir protégés lorsqu’ils furent attaqués par Raymond de Turenne en 1394. Quatre ans plus tard, ils se joignirent aux Tailladais qui se révoltaient. Au moment du schisme de la papauté, ils reçurent l’antipape Benoît XIII qui devra fuir en sautant par une fenêtre du château pour se réfugier en Espagne! Son neveu fit d’Oppède une place forte en y installant des mercenaires catalans en 1409. Ceux-ci ayant rejoint les assiégeants, Oppède dut revenir au pape de Rome! Au XVIe siècle, malgré l’opposition des Oppédois, le pape céda la seigneurie à Lacurse de Maynier. Jean Maynier s’illustrera dans le massacre des Vaudois du Luberon. La famille, peu aimée, quittera les lieux au XVIIe siècle. Oppède restera propriété des papes jusqu’à la fin de 1791, lors de l’annexion à la France d’Avignon et du Comtat venaissin. Dès le XVIIe siècle, le château fut abandonné et servit de carrière à partir du XIXe… Puis, les habitants descendirent vers la plaine.

La visite doit se mériter car il faut stationner en contrebas à environ 500 m du village qui s’est développé au XIXe siècle. On traverse, en montant, le jardin paysager de Sainte-Cécile, avec 15 terrasses où poussent plus de 80 espèces de plantes rustiques.

Ancienne aire de battage de Sainte-Cécile où le rouleau, en bois ou en pierre, tiré par un cheval, pressait et écrasait les gerbes pour libérer le grain.

Nous traversons le village du bas qui subsiste encore, nous dirigeant vers la place de la Croix d’où, par un passage voûté, nous pourrons rejoindre les ruines du château et l’église restaurée.

« D'azur aux deux chevrons d'argent, rompus, le premier à dextre et le second à senestre, accompagnés en chef des lettres O et P capitales d'or. » Les habitants ayant délaissé les lieux, la mairie en fit autant en 1912. Après l’armistice de 1940, plusieurs artistes vinrent se réfugier dans le vieil Oppède. Consuelo de Saint-Exupéry, la femme de l’aviateur, était avec eux et lorsqu’elle partit aux Etats-Unis, en 1942, pour rejoindre son mari, elle leur promit de raconter leur histoire. Effectivement, elle publia un livre titré « Oppède ». Désormais, grâce à la présence d’écrivains et artistes qui s’emploient à le restaurer, le vieux village d’Oppède, taillé dans le roc et en grande partie ruiné, reprend vie.

L’itinéraire de la visite est jalonné par le signe des constructeurs… Les belles portes sont nombreuses à Oppède. Celle-ci possède un arc en plate bande. L’itinéraire de la visite est jalonné par le signe des constructeurs…

Nous arrivons sur la grande place de la Croix, place centrale du village.

Sur la grande place, une croix a été érigée en 1789 à la suite d’une mission prêchée par les capucins de Cavaillon. Il y avait aussi deux ormes magnifiques qui périrent durant la guerre de 14-18 d’une maladie venue des USA, transportée par le bois des caisses de munitions. A l’emplacement de l’ancienne porte principale du bourg fortifié a été construit un immeuble en pierre de taille de trois étages avec un passage pour accéder à l’intérieur des remparts. Il accueillait la mairie jusqu’en 1911 . Construit au XVIIIe siècle, par un serrurier de Cavaillon, un campanile le domine. A droite de la mairie, il reste deux arcs de l’ancienne chapelle Saint-Joseph qui avait été construite, en 1644, pour permettre aux personnes âgées et aux handicapés, ne pouvant monter à l’église, d’assister à des offices..

Par cette porte, au centre de la place, au-dessus de laquelle se trouvait l’ancienne mairie, nous accédons aux calades qui nous conduiront à l’église et aux ruines du château.

La nature a envahi les lieux même si quelques maisons ont été restaurées avec beaucoup de cœur…

Les habitations restaurées datent des XVe, XVIe et XVIIe siècles Les habitations restaurées datent des XVe, XVIe et XVIIe siècles. Ci-dessous, un beau portail gothique à arc brisé.

Pour atteindre ce résultat, les propriétaires ont dû faire preuve de beaucoup de détermination! Cette maison, datant du XIVe ou du XVe siècle, abrita les chanoines qui desservaient l’église.

La chapelle des Pénitents blancs fut construite par la Confrérie du même nom en 1680 et probablement remaniée au XVIIIe siècle. Elle servait au culte et aux sépultures. Elle fut utilisée jusqu’en 1855 et fut vendue après la séparation de l’Eglise et de l’Etat, en 1905.

Les ruines du château médiéval dominent le village Les ruines du château médiéval dominent le village. Bâti sur un éperon rocheux, il est inaccessible sur trois côtés. A ses pieds, du côté nord, le village s’est accroché progressivement. Il fut construit au XIIIe siècle sous Raymond V de Toulouse puis agrandi aux XIVe, XVe et XVIe siècles. A proximité, on trouve Notre-Dame de Dalidon. De style roman, cette église, probablement érigée au XIe ou XIIe siècle fut complètement remaniée au XVIe, après la guerre des Vaudois. Des adjonctions gothiques furent réalisées à la fin de ce siècle puis au XIXe. Son nom lui fut donné à la fin du XVe siècle et viendrait du latin « dolidus » signifiant « douleur ».

Malheureusement, le temps me manquait pour explorer les ruines du château

L’église, qui reçut le titre de « collégiale » en 1546, arbore un magnifique clocher octogonal.

Les anciennes marches faites de pierres irrégulières, perdurent…

La nef est encadrée de six chapelles de style gothique provençal. Un arc triomphal la sépare du chœur.

Une voûte gothique en croisée d’ogives remplaça la précédente en 1596.

Quelques trésors de la collégiale!. Le tableau représente la remise du Rosaire à Saint Dominique et à Sainte Catherine de Sienne. En bas, à droite, une reproduction de Notre Dame de Vladimir, icône miraculeuse chère aux Russes.

Dernier coup d’œil sur la plaine avant de redescendre.

Cette grille cadenassée donne accès au petit cimetière des chanoines jouxtant la collégiale.

De retour vers la porte!

Cette maison appartenait à la façade des remparts Cette maison appartenait à la façade des remparts. Deux dates se superposent : 1731 et 1820, sans doute que la plus récente marque une date de restauration…

Sur la place de la Croix, la grande Halle, construite en 1772, accueillait les quatre foires annuelles du village autorisées par le légat d’Avignon. Elle n’a conservé que sept piliers sur neuf. Elle a été transformée en buvette.

Avant de terminer, je veux noter, pour les amateurs de la petite histoire, qu’Oppède fut l’un des lieux privilégiés par le Marquis de Sade. En 1772, après son évasion de Valence, il s’y réfugia, aidé en cela par le chanoine Vidal qui l’accueillit. Cependant, toujours inquiet, il résolut de s’installer dans une grange de la campagne environnante… Puis, il regagna son château de Lacoste où il fut arrêté le 26 août 1778.

Ce n’est qu’une partie du patrimoine d’Oppède le Vieux que j’ai pu présenter. Il m’aurait fallu beaucoup plus de temps pour le sillonner complètement. Peut-être y retournerai-je pour compléter, un jour! Et je vous reviendrai alors.

Musique : You Tube – Music of Renaissance – Une jeune fillette Informations prises sur différents sites du Web Photos, conception et réalisation : M.-J. Farizy-Chaussé Août 2012 marijo855@gmail.com D’autres diaporamas sur : http://famille.morhain.net/lapagedemarijo/

AU REVOIR