Montaigne, Essais « Des Cannibales »
« Ainsi, lecteur, je suis moi-même la matière de mon livre. » Il est ainsi essentiel de bien connaître la vie de Montaigne pour comprendre son œuvre. Le moi, comme un échantillon représentatif de l’humanité : « chaque homme porte la forme entière de l’humaine condition. »
La vie de Montaigne en quelques dates 1533 : il naît près de Bordeaux, dans une famille de riches négociants, récemment anoblie . Il reçoit une éducation humaniste. 1539- 1546 : il est élève au Collège de Guyenne. 1549 : il mène des études de droit à Bordeaux puis à Toulouse.
1557 : il est conseiller au Parlement de Bordeaux. 1558 : il rencontre La Boétie 1559- 1561 : il accomplit plusieurs voyages officiels à la Cour en qualité de membre du Parlement et a la charge d’une mission sur les troubles religieux. 1563 : La Boétie meurt à 33 ans.
1568 : à la mort de son père, il traduit en français l’œuvre de Raymond Sebond. 1570- 1571 : il résilie sa charge et se retire dans son château pour se consacrer à l’édition de l’œuvre de La Boétie. Il assure pourtant encore des négociations entre Henri de Navarre et le Duc de Guise.
1577 : premières atteintes de la maladie 1580-1581 : voyage aux cures thermales ; 1581-1585 : il est élu maire de Bordeaux (réélection exceptionnelle) 1588 : activités politiques à Paris dans l’entourage d’Henri III. 1592 : mort de Montaigne.
Une première remarque : La « retraite » de Montaigne ne lui a pas fait rompre ses relations avec les grands. Il a mené une vie diplomatique intense, assurant des missions et des négociations au plus haut niveau.
Montaigne, l’homme d’un seul livre : 1569, il traduit l’œuvre de Sebond 1572-1573, il travaille au premier live des Essais. 1577-1580, il travaille au second livre des Essais. 1580, première édition des Essais. 1582, deuxième édition des Essais. 1586-1587, il travaille au troisième livre des Essais. 1587, troisième édition des Essais. 1588, quatrième édition des Essais. 1589-1592, il travaille à une nouvelle édition. 1595, édition posthume des Essais (exemplaire de Bordeaux) 1676, Les Essais sont mis à l’Index.
Une remarque : La publication de l’oeuvre de La Boétie accomplit une sorte de devoir envers l’ami disparu mais Montaigne renonce tout d’abord à publier le Discours de la Servitude volontaire et même les 29 sonnets de La Boétie. L’œuvre de Raymond Sebond devait être préfacée par une « Apologie » mais en s’amplifiant elle s’est renversée en une critique radicale.
Les Essais, ou l’invention d’un nouveau genre : Il s’agit à l’origine d’une compilation de notes de lectures, de commentaires et de réflexions personnelles, rédigées par Montaigne pour lui-même et ses intimes. L’apparent désordre des essais est lié à la façon dont Montaigne écrit, consignant ses réflexions comme elles viennent et s’enchaînent, par association d’idées, accumulation, contradiction, digression, ajouts… « Mon style et mon esprit vont vagabondant de même. »
Ainsi dans le chapitre « Des Cannibales » 1°) 3 exemples : Pyrrhus, comme les Grecs devant Flaminius, et Philippus. « Voila comment il se faut garder de s’attarder …non par la voix commune. » 2°) Un exemple personnel : « Nous embrassons tout, mais nous n’étreignons que du vent. » 3°) Platon et l’Atlantide : quel est ce nouveau monde ? ….
Un livre fait de « farcissures » et d’allongeails » Les digressions d’un esprit vagabondant : la richesse de la provocation; Le désir de saisir l’insaisissable ; un esprit en train de penser. La soif extrême d’une tolérance et du respect de l’autre dans sa variété et ses contradictions.