Martine Galibert et Martine Morales. Epicurisme Réunion préparée avec Martine Galibert et Martine Morales. 1. Étymologie / Définitions 2. Citations choisies 3. Notions / Concepts / Prises de vue : La philosophie d'Epicure. 4. Questions / Discussion : 3 questions, 20 mn environ par question. 5. En guise de conclusion
Étymologie et définitions Substantif formé à partir du nom d’Epicure, philosophe grec (341-270 av JC). Définitions : Larousse sur internet (extrait) : Doctrine des disciples d'Épicure (Apollodore au IIe s. avant J.-C., Phèdre et Lucrèce au Ier s. av J.-C.). Morale qui se propose la recherche exclusive du plaisir. (Ce n'est pas la morale d'Épicure, mais celle qui lui a été attribuée par ses adversaires ultérieurs, notamment par les Pères de l'Église, qui luttaient contre toutes les formes de matérialisme.) Synonymes : Bon vivant, jouisseur. Contraires : ascète, puritain, stoïcien. Dictionnaire de philosophie "La philosophie de A à Z " (extrait): Doctrine d’Epicure et de ses disciples (Lucrèce par exemple), fondée sur un idéal de sagesse selon lequel le bonheur, c'est-à-dire la tranquillité de l’âme (l’ataraxie), est le but de la morale. Ni les dieux, ni la mort ne sont à craindre (cf. Matérialisme). Il convient seulement de rechercher les plaisirs simples et naturels de l’existence (cf. Hédonisme).
Citations choisies Par Martine Morales : « C'est parfois la peur de la mort qui pousse les hommes à la mort. » Epicure Par Martine Galibert : « La plus grande chose du monde, c'est de savoir être à soi. » Montaigne Par Jean-Paul : « Le plaisir n'est pas un mal en soi, mais certains plaisirs apportent plus de peine que de plaisir. » Epicure
La philosophie d’Epicure comprend trois parties : Notions / Concepts La philosophie d’Epicure comprend trois parties : La canonique (les règles de la pensée) : Contrairement à Platon pour qui les elles sont trompeuses, pour Epicure, les sensations constituent les critères de la vérité car elles seules nous mettent en contact avec la réalité. 341-270 av JC 99-55 av JC La physique (l’explication rationnelle de la nature) : Suivant l’enseignement de Démocrite (Ve siècle av JC), Epicure propose une explication atomiste de la nature. « Rien ne naît de rien » dit Lucrèce. « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » dira bien plus tard Lavoisier (père de la chimie moderne au XVIII e siècle). L’épicurisme est un matérialisme : Tout dans la nature, est formé par des agrégats d'atomes nés par hasard sans intervention divine et qui aura forcément une fin La mort n’est que la décomposition d’un corps en ses éléments atomiques. L’âme elle-même, composée d’atomes, ne survit pas à la mort.
Notions / Concepts (suite) L’éthique (les principes de la vie heureuse) : Une diététique des plaisirs : La satisfaction de certains désirs, la recherche de certains plaisirs nous causent bien plus de pleine que de bonheur. Il faut par conséquent accepter certaines frustrations et certaines douleurs en vue d’un bien-être plus grand que ces frustrations passagères. Aussi convient-il : de se satisfaire en priorité les désirs naturels et nécessaires d’éviter autant que possible les désirs naturels et non nécessaires de proscrire absolument les désirs non naturels et non nécessaires tels que l’ambition ou le désir de richesse (peurs inavouées de la mort) Si l'épicurisme est un hédonisme (le plaisir est le souverain bien), ne l'est-il pas a minima ? Une thérapeutique des craintes : Les dieux ne sont pas à craindre (l’éternité de l’âme est une chimère) La mort n’est rien pour les vivants (ou bien elle est et nous ne sommes pas ou bien nous sommes et elle n’est pas.) Le chagrin et les douleurs sont supportables (tout se fait puis se défait) Le bonheur est donc accessible. L’épicurisme n’est-il pas la sagesse la plus simple et la plus difficile : l’art de jouir (plaisirs du corps) et de se réjouir (plaisirs de l’âme ou de l'esprit) ? Cette sagesse est-elle suffisante pour vivre sereinement ?
QUESTIONS Le plaisir est-il le souverain bien ? L’épicurisme est-il moral ? Le bonheur peut-il se suffire de l’épicurisme ?
Le plaisir est-il le souverain bien ? Animation Martine Morales Bon et bien , est-ce la même chose ? Dans le plaisir, qui se réjouit : le corps ou l'esprit ? L'épicurisme est-il un hédonisme ( le plaisir est le souverain bien) ou un eudémonisme (le bonheur est le souverain bien) ?
1. Le plaisir est-il le souverain bien ? Plaisir : souverain bon ? Ce qui est bon, n'est-ce pas ce qui plaît ou semble devoir plaire ? « L’objet, quel qu’il soit, de l’appétit ou du désir d’un homme, est ce que pour sa part celui-ci appelle bon; et il appelle mauvais l’objet de sa haine ou de son aversion » dit Hobbes. La sensation ne se suffit-elle pas d’un esprit passif, ou de la seule activité du corps : sensualité, volupté et jouissance paraissent ressortir de cet ordre. C’est le corps ou la matière qui exulte. Toute bonne sensation pour un individu donné n'est-elle pas synonyme de plaisir ? Le plaisir n'est-il pas principalement le souverain bon du corps ? Plaisir : souverain bien ? Ce qui est bien, n'est-ce pas tout ce qui est bon absolument pour un individu donné ? On dit faire le bien. On ne dit pas faire le bon. N'y a-t-il pas là toute la différence ? Si le bon paraît se suffire des bonnes sensations du corps et/ou d'un esprit passif, le bien n'en appellerait-il pas plus à la perception de l’esprit qui se réjouit qu'au corps qui jouit ? Le bien n'en appellerait-il pas plus à la joie qu'au plaisir ? Le souverain bien, n'est-il pas plus la joie de l'esprit que le plaisir du corps ? Si l’esprit subit les bons plaisirs du corps, comment peut-on parler de souverain bien ? Pour que le bon du corps soit bien, ne faut-il pas que l’esprit y consente ? Si le rôle de l'esprit se limite à la "gestion" des seuls plaisirs du corps, ne peut-on pas dire que l'épicurisme est un hédonisme (le plaisir est le souverain bien) mais a minima ? 8
L’épicurisme est-il moral ? Animation Martine Galibert Qu'est-ce qu'une morale et à quoi sert-elle ? La morale épicurienne s'oppose-t-elle à la morale stoïcienne ou la complète-t-elle ?
2. L’épicurisme est-il moral ? Qu'est-ce qu'une morale ? Que dois-je faire, pour bien faire, n'est-elle pas question à laquelle tend à répondre toute morale, quelle qu'elle soit ? Sous-tendue par la volonté de bien faire et de s'opposer au Mal, la morale n’est-elle pas impérative pour un individu donné, précisément parce qu'elle est libre ? Comme dirait ACS, n'est-ce pas quand nous manquons d'amour que nous avons besoin d'une morale pour faire comme si nous aimions ? Si la morale culmine dans la sagesse, ne tend-elle pas à la vertu (l'aptitude à bien faire) ? S'efforcer de bien faire au nom de l'amour à l'égard de tout ce qui dépend de soi, n'est-elle pas la seule morale qui soit universalisable sans contradiction ? De la morale épicurienne à la morale stoïcienne ? La morale épicurienne : Le plaisir est " le commencement et la fin de la vie heureuse" , mais pour celui seulement qui sait choisir entre ses désirs. Pas de bonheur possible donc sans plaisir, mais régulé : la morale épicurienne n'est-elle pas un art de jouir ? La morale stoïcienne : Tout ce qui ne dépend pas de soi est moralement indifférent. Seul ce qui en dépend peut être bien ou mal. Seule la vertu vaut donc absolument pour bien agir. Pas de bonheur possible sans volonté vertueuse qui juge et commande : la morale stoïcienne n'est-elle pas un art de vouloir ? Plaisir/jouissance contre vertu/volonté: la morale épicurienne ne s'oppose-t-elle pas à la morale stoïcienne ? En se limitant à ne bien agir qu'à l'égard de soi, l'épicurisme n'est-il pas une morale a minima, que la morale stoïcienne viendrait compléter en l'élargissant à tout ce qui dépend de soi ? 10
Le bonheur peut-il se suffire de l’épicurisme ? Qu'est-ce que le bonheur ? Le plaisir peut-il suffire au bonheur ? Le stoïcisme n'apporterait-il pas quelque chose de plus ?
3. Le bonheur peut-il se suffire de l’épicurisme ? Qu'est-ce que le bonheur ? Le mot bonheur vient du latin « bonum augurum », bonne fortune, bon augure, bonne chance. Si l'état de contentement total, stable et permanent qu'est le bonheur paraît inatteignable dans l'absolu, n'est-il pas au moins l'optimum existentiel d'une vie terrestre heureuse ? Serait-il la seule satisfaction de nos désirs, fut-elle régulée ? Ou serait-il la joie qu'accompagne le sentiment d'avoir bien agit sur ce qui dépend de soi et/ou l'acceptation sinon joyeuse, du moins tolérante de tout ce qui n'en dépend pas ? La joie n'est-elle pas le contenu du bonheur ? Son souverain bien ? Le bonheur ne serait-il pas comme une espèce d'écrin, dit ACS, qu'il ne faudrait pas chercher pour lui-même puisqu'il ne vaut que pour la perle qu'il contient ? En pratique, le bonheur ne peut-il être que si on ne l'espère pas ? Epicurisme et bonheur ? Même si la morale épicurienne tend à limiter les désirs pour éviter les frustrations, comment pourrait-elle nous maintenir en état permanent de plaisir puisque souvent nous ne désirons que ce qui nous manque et que le monde ne nous obéit pas ? Si les plaisirs du corps et de l'âme (ou de l'esprit) paraissent nécessaires au bonheur tourné vers soi (en évitant les passions et les addictions), la sagesse épicurienne ne passe-t-elle pas à côté de la joie de bien faire à l'égard de tout ce qui, par ailleurs, dépend de soi ? En tant qu'art de jouir et de se réjouir, la morale épicurienne, n'est-elle pas nécessaire au bonheur sans être suffisante ? Comment le bonheur pourrait-il se suffire de la sagesse épicurienne très égocentrée, sans la joie que pourrait lui donner la sagesse stoïcienne par "son art de vouloir sans espérer" ? 12
Si désirer ce qui n'est pas c'est espérer, En guise de conclusion Si désirer ce qui n'est pas c'est espérer, désirer ce qui est n'est-ce pas cela aimer ? Si la sagesse épicurienne a raison dans son art de jouir et de se réjouir, la sagesse stoïcienne, en ne désirant que ce qui dépend de soi sans rien espérer, pas même le bonheur, ne nous dit-elle pas comment il convient d'aimer ?
Informations et documents sont disponibles sur : Prochaines réunions MDS Agde de 18h30 à 20h : "Méditation" : mardi 13 janvier Conférence-débat "Qu’est-ce qu’être beau ?" mardi 27 janvier de 21h à 22h30 "Solitude" : mardi 10 février "Education" : mardi 10 mars MAM Béziers de 18h30 à 20h : " La paix totale est-elle une utopie ?" : mercredi 10 décembre "Vivons-nous dans le temps ou sommes-nous le temps même?" : mercredi 25 mars. Informations et documents sont disponibles sur : http://www.cafe-philo.eu/ 14