Avec amour, avec passion, comme à chaque fois, l’aiglonne couve ses œufs. Assez curieusement, le nid est sous le couvert des arbres. Mais elle s’est fort bien habituée, et ses différentes couvées après elle, à voler parmi les branchages pour retrouver l’air libre.
Un jour, en revenant au nid, elle avait trouvé deux chats sauvages occupés à gober les œufs. Du bec et des ongles, elle les avait chassés, mais il ne restait qu’un œuf au fond du nid… Elle le couva avec d’autant plus de tendresse, n’osant même plus aller boire ou s’alimenter si son compagnon ne montait pas la garde à sa place.
L’œuf parvint à éclosion, et l’oisillon grandit d’autant plus rapidement qu’il n’y avait que lui à nourrir…
Seulement, voilà ! Ses parents avaient beau l’encourager, le sermonner, rien à faire : Napoléon ne voulait pas voler !!!
Napoléon étirait bien une aile, de temps en temps, ce qui donnait espoir à sa mère… Mais c’était tout ! Sa maman avait beau voler autour du nid, pour l’encourager… Rien à faire ! Et il devenait de plus en plus difficile à nourrir ! Et il occupait la place qu’aurait dû occuper une nouvelle couvée ! L’aiglonne était désespérée…
Il la suivait des yeux, pourtant, lorsqu’elle évoluait autour du nid… Mais il semblait toujours se demander : « Que fait-elle ? que veut-elle ? » Et il ne bougeait pas d’un pouce. Ou d’une aile, comme vous voulez…
Ce jour-là, comme les autres jours, Il attendait tranquillement, perché sur sa branche favorite, que sa maman lui rapporte une proie. C’était rudement agréable d’avoir le repas servi à domicile ! Moi, si j’avais été là, j’aurais suggéré à l’aiglonne de le laisser jeûner ! Il serait bien parti à la recherche de nourriture ! Mais je n’étais pas là. Et, de toute façon, l’aiglonne, comme toutes les mamans, espérait qu’un jour, enfin…
Mais revenons à notre histoire ! Donc, ce jour-là, voilà que notre Napoléon – qui n’était plus un jeune aiglon, mais vraiment déjà un jeune aigle dans toute sa force ! – perçoit non loin de là des bruits insolites, des broussailles qui bougent… Et il voit arriver, rampants et lorgnant vers lui, trois chats sauvages. Sa maman l’avait toujours mis en garde. Mais peut-être avait-il oublié de grandir dans sa tête, car le naïf pensait que jamais les chats sauvages ne pourraient monter à l’arbre !
Et, au même moment, l’aiglonne, avec un cri de douleur, arrive en voletant, et se laisse abattre au pied de l’arbre. Voletant et se traînant, piaillant avec de petits cris misérables, elle essayait de s’éloigner de l’arbre… et des chats ! Mais ceux-ci l’avaient vue ! Quelle aubaine ! Une proie déjà blessée, sur laquelle il ne fallait que se jeter ! En se garant des coups de bec et de griffes, tout de même ! Et la meute change de direction, partant à la poursuite de l’aiglonne qui avance péniblement.
Avant même de réaliser ce qu’il faisait, Napoléon s’est élancé, ailes ouvertes, bec et griffes en avant, et il est tombé comme une furie sur les assaillants. Ceux-ci avaient beau être trois, ils n’étaient pas de taille. D’autant que… mais que se passait-il ? L’aiglonne blessée se relevait et fondait sur eux également ! J’aime autant vous dire qu’ils ont déguerpi sans demander leur reste !
Non, elle n’était pas blessée, mais avait employé cette ruse pour détourner l’attention des chats sauvages, car elle avait compris que son petit était en danger.
Et maintenant, le cœur gonflé de fierté et d’amour, elle regardait son petit Napoléon qui, grisé par ce vol qu’il venait de découvrir, évoluait dans le ciel bleu. Son Napoléon qui, pour la défendre et la sauver, n’avait pas hésité à surmonter sa peur, et qui devenait ainsi un aigle comme tous les aigles !!!
Photos : signées « Gary », trouvées sur le Net Texte : Jacky Musique : Ernesto Cortazar – Eternal Love Affair Diaporama de Jacky Questel, ambassadrice de la Paix