Les racismes: théories et pratiques Cours du 3 novembre 2005 Cours: Changement Social hiver 2005-2006 salle M3220 Dr. Simone Baglioni Les racismes: théories et pratiques Cours du 3 novembre 2005
Arguments traités Définitions Origines du mot « racisme » Sources: P.-A. Taguieff 1987; Miles and Brown 2004
R = Théorie selon laquelle les caractéristiques et les habilités humaines sont déterminées par la race
Définitions « Le racisme est une partie d’un tout idéologique fonctionnel, doté d’un espace géopolitique de distribution, et d’un développement temporel relativement saisissable » (P.-A. Taguieff)
Définitions (2) Racisme est d’abord et surtout une idéologie. Le R. représente les êtres humains, et les relations sociales de façon fausse, déformée. Le R. est une idéologie aussi parce que a été historiquement crée et est devenu interdépendant par/avec l’idéologie du nationalisme (Miles and Brown)
Définitions (3) Le R. est déterminé par: A) un ensemble de préjugés, opinions et attitudes attribués à des individus ou groupes; B) un ensemble de pratiques d’exclusion du marché du travail et de soumission à la violence; C) un programme politique ou une idéologie. (Wieviorka)
Définitions (4) Le R. est d’abord une forme de stratification sociale (similaire à la stratification sous forme de classes). (Gilroy)
Définitions (5) Racisme comme question morale M.L. King: 7 raisons qui expliquent pourquoi le R. est moralement injuste, erroné (depuis ses Letters from Birmingham Jail, 1963): R. (ségrégation) provoque souffrances à ceux qui en sont victimes à cause de la violence et de la pauvreté; R. provoque une réaction qui augmente la conflictualité sociale; R. est nuisible à l’humanité entière (unité de fond des tous les humains); R. substitue le préjugé, les mythes et la non-vérité à la rationalité, à la fraternité;
5. R. inverse les développements moraux et les avancements progressivement acquis par l’histoire (par ex. les valeurs de l’égalité des hommes hérité en Occident par la tradition Judéo-chrétienne ou les valeurs démocratique de la Constitution Américaine); 6. R. nie le droit à la liberté acquis par chaque individus à sa naissance; 7. R. est injuste, il se place au dehors de la loi moral (simil. Afrique du Sud, discours ANC et discours contre lois sur l’asyle ?)
Quand une loi peut être considérée comme non-morale ou même injuste et donc renversable? « Une loi injuste est un code selon lequel un groupe majoritaire, en termes numériques ou de pouvoir, oblige une minorité à obéir sans prévoir des obligations pour elle même. Ca c’est la différence rendue légale. En suivant la même logique, une loi juste est un code selon lequel une majorité oblige une minorité à se tenir au code même tout en voulant s’y tenir elle-même. Ca c’est l’égalité (sameness) rendue légale ». M.L. King
Origines du mot « racisme » Contexte idéologique et politique est bien défini: premiers échos européens de la campagne populiste-raciste (völkisch) des organisations nationalistes d’extrême droite en Allemagne 1919-1933 Entrées ‘racisme’ ‘raciste’ Larousse XXe siècle 1932: « raciste: nom donné aux nationaux-socialistes allemands »
Selon Taguieff, comportement empirique pas besoin du mot qui les désignent pour surgir dans une formation sociale…. Sens déscriptif-polémique du mot racisme se fixe dans la seconde moitié des années vingt pour des raisons qui relèvent de l’histoire politique (première guerre mondiale et nationalisme anti-allemand), l’histoire des idées (auteurs racistes) et l’histoire des sciences biologiques et sociales (théories des races)
L’événement lexical, institution du mot racisme, réalise une mutation à la fois sémantique et idéologico-politique. Dès lors le R. ne désigne plus seulement une philosophie de l’histoire fondée sur le primat ou la dominance des facteurs ethniques, il désigne une conception du monde exclusiviste, jugée fausse, scandaleuse, dangereuse
Préhistoire du racisme 1895-1897; 1902: être raciste, être français (race française, nationalisme antisémite des années 1890, race historique); Racique utilisé comme synonyme du mot ethnique (1921)
Premières apparitions Germaniste historien Henri Lichtenberger L’Allemagne d’aujourd’hui dans ses relations avec la France 1922 introduisait l’adjectif raciste pour caractériser les éléments extrémistes et activistes des milieux de la droite nationaliste allemande (utilisé pour raconter uen série de meurtres commis par l’ext-droite: connotation déjà criminalisante)
Edmond Vermeil, L’Allemagne contemporaine, 1925: traduit le mot völkisch avec l’adjectif raciste et suggère l’identification du racisme allemand avec l’antisémitisme nationaliste ou aux tendances antijuives du mouvement nationaliste dans l’Allemagne des années ’20.
René Johannet, La Revue universelle, 15 février 1925: racistes les militants et partisans de certaines organisations politiques allemandes 1925-27: rareté de l’usage, séquence identificatoire claire: allemand, d’extrême droite, nationaliste, antisémite, raciste/racisme
Deux noyaux de la définition: pureté, inégalité Larousse 1932: en référence aux nationaux-socialistes allemands: ils prétendent représenter la pure race allemande, en excluant les juifs, etc.. Supplement 1952: introduit le deux. noyau, la supériorité: Théorie qui a pour but de protéger la pureté de la race dans une nation et qui lui attribue une supériorité sur les autres
Deux modèles de R. Valorisation de la différence peut s’opérer de deux manières: Autoracisation: affirmation de l’identité raciale propre et (secondairement) de la supériorité de soi; Hétéroracisation: affirmation sur la différence raciale centrée sur l’infériorité ou la malfaisance de l’autre
Hétéroracisation=domination, exploitation (logique d’intérêt et de profit) Autoracisation=exclusion, extermination, destruction de la relation différentielle comme telle Dans le premier la différence s’élabore pas l’attribution des qualités raciales aux autres, dans le deuxième la différence s’élabore par la définition de soi comme étant la Race même