Raisonnement d’Epictète Universelle affirmative de l’opinion
texte « Est juste ce qui paraît tel à chacun. Et comment est-il possible que les opinions qui se contredisent soient justes? Par conséquent, non pas toutes. » Ces deux lignes cachent un raisonnement complexe.
Raisonnement Tout A est B: « tout ce qui paraît juste (vrai) à chacun est juste (vrai) » ( juste= fondé). ( ce qui revient à dire: est vrai ce que je tiens pour vrai; je suis la mesure du vrai). Question: Epictète argumente-t-il selon le paraître et l’être, selon l’image, l’illusion et l’essence, selon l’apparence et la réalité. Réponse: non.
Logique plutôt qu’ontologie Je vais d’abord expliquer pourquoi; et ensuite tenter de montrer pourquoi la logique, ici, est plus efficace que l’ontologie. Tout A est B; or il existe un x qui appartient à A et un y qui appartient à A, tels que x et y sont contraires. Donc, ou bien x et y sont tous deux faux, et l’opinion est exclue (RIEN de ce qui paraît juste à chacun n’EST juste); ou bien l’un des deux est faux, et TOUT ce qui paraît juste à chacun n’est pas juste. Application du principe de contradiction (économie: nous n’avons pas besoin de nous engager dans la nature du vrai).
efficacité Epictète ne commence pas par nier l’universelle. Il la prend comme une hypothèse et montre qu’elle conduit à une absurdité. Nier l’universelle, ce serait s’engager dans la définition du vrai: c’est trop tôt. Il faut commencer par déblayer le terrain.
Raisonnement destructeur de l’hypothèse Si nous admettons que tout ce qui paraît juste est juste, alors les contraires sont justes. Mais si les contraires sont justes, alors c’en est fini du principe de contradiction. Or, le conflit des opinions a besoin de ce principe. Donc, les hommes ne pourraient plus s’affronter (fin d’Eris, mais sans Eros). Or, de fait, ils s’affrontent.