La maison est silencieuse… La maison est déserte… Pas de chants, pas de rires… Les jouets s’ennuient dans leurs boîtes de carton. Ils attendent le retour des vacances, qui ramèneront les enfants… Mais c’est trop long ! « Allez ! Dehors ! » a dit papa Ours. Et les ours sont sortis de leur boîte.

Maman Ours a commencé par leur faire, sur la dînette d’Elodie, une bonne tasse de chocolat bien chaud. Il sentait tellement bon que Bouli, l’éléphant bleu, agitait sa trompe. « Viens avec nous ! Dit papa Ours. On t’invite volontiers ! - Je ne peux pas bouger, mes jambes sont collées sur la planchette. Pourtant, ce que je m’ennuie ! » Maman Ours porta une tasse de chocolat fumant à Bouli, pendant que papa réfléchissait. « J’ai une idée ! On va aller se promener tous les quatre ! - Mais, dit Bouli… mes jambes… - pas de problème ! Tu as des roulettes ! »

Papa installa maman et Bébé sur le dos de Bouli l’éléphant bleu, il s’empara de la ficelle, et en avant ! Marche ! Ah ! Mes amis ! Quelle bonne, quelle belle promenade ils ont fait là ! Ils s’en souviendront longtemps !!!

Mais que signifie cette agitation parmi les pingouins ? On discute, on caquette, on court de tous les côtés… Difficile de comprendre quelque chose dans tout ce brouhaha !! Ah ! Il me semble que j’ai compris… Voyons… Ces Messieurs en habit noir parlent de voyage… de voyage or - ga - ni - sé ! Et les voilà tous rassemblés, guettant l’iceberg qui les transportera vers d ’autres horizons. Qu’ils espèrent bien de toutes les couleurs ! Le blanc, il y en a marre ! Ah ! Voilà un bel icebrg ! Ça se bouscule, ça grimpe, ça glisse et ça grimpe à nouveau… Voilà ! Tout le monde est à bord !

Enfin;.. Presque tout le monde ! Parce que, si, dans la marine, on dit : « les femmes et les enfants d’abord », sur les icebergs de plaisance, on ne prend ni les femmes ni les enfants ! Les enfants sont trop jeunes, et les mères doivent les garder… A bord du bateau - pardon ! À bord de l’iceberg, on s’organise : un équipe pour la pêche, une équipe de guetteurs… Le reste commente à grand bruit l’événement. Le paysage cependant est bien monotone, et toujours semblable à ce qu’ils ont laissé : icebergs et banquise, banquise jusqu ’à l’horizon…. Mais cela ne refroidit pas leur enthousiasme. Et au bout de quelques jours, surprise ! Les hardis explorateurs découvrent à nouveau leur banquise familière. Et hop ! Tout le monde descend en échangeant ses impressions. Décidément, c’est bien agréable de voyager, mais le monde n’est guère varié ! Nous ne leur dirons jamais que l’iceberg, entraîné par des courants contraires, a tout simplement tourné en rond : ils seraient trop déçus !

Perché sur une basse branche, Cocodic a poussé ses trois cocoricos ! 1 - Voilà le soleil ! 2 - Merci le soleil d’être là ! 3 - tout le monde debout ! Voilà ce que signifient, dans l ’ordre, les trois cocoricos de Cocodic. Aussitôt, grande agitation ! Les poules se précipitent toutes dehors, battant des ailes et caquetant à l’envi. Elles grattent, et elles picorent, elles picorent, et elles grattent… Cocodic se réjouit d’une telle activité. Mais… Mais… Une, deux… trois.. Non, elles ont bougé, recommençons : une… deux… trois… quatre… Non, le compte n ’y est pas ! Est-ce que le renard….???

Au même moment, Pic-Pic, sur son perchoir, ouvre ses yeux de porce- laine, regarde autour d’elle, s’étonne : « que se passe-t-il ? Le poulailler est vide ! » Elle s’ébroue, lisse les plumes de ses ailes engourdies, et … frr ! Frr ! Elle s’envole. Cocoric la regarde d ’un air sévère et lui reproche de sa voix enrouée : « - tu n ’as pas honte de te lever si tard ? Tu n ’as pas entendu mes trois cocoricos ? - Trois ? Eh bien ! Il fallait que je dorme bien ! » Mais elle voit que Cocoric est vraiment fâché : « Excuse-moi de ne pas t’avoir obéi… »

Si petite et si seule dans la grande basse- cour vide, Pic-Pic semble perdue… Cocoric, qui de son perchoir surveille tous les mouvements de la volaille, a pitié d ’elle : « Tes sœurs sont près de l’abreuvoir, il y a là d ’excellents vermisseaux ! - Merci, Cocoric. Je vais y aller aussi. Et demain, je serai la première à obéir à ton cocorico ! Promis ! - Alors, Pic-Pic, tu seras mon amie ! » Et Pic-Pic a tenu parole… au moins pour le lendemain !!!!

Pour ses quatre ans, Marc avait reçu un éléphant en peluche. Oh ! Il en avait eu, des jouets, depuis ! Des trains électriques, des jeux vidéo… Mais Boudou était plus qu’un jouet ! Marc dormait avec lui, il lui confiait ses joies et ses peines, c’était un ami, un vrai ! Aujourd’hui, Marc a onze ans. Boudou est toujours là, bien qu ’un peu défraîchi. Il y a longtemps que Marc n ’a pas parlé à l’éléphant ! Mais ce soir, il le faut...

« Mon vieux Boudou, nous allons nous quitter. Je vais te donner à Margot qui a cinq ans et qui te regarde toujours avec des yeux émerveillés. Elle n ’est pas gâtée, et sera si heureuse de te serrer sur son cœur ! » Boudou semble remuer la trompe, comme s ’il voulait montrer qu ’il est d’accord.

Et lorsqu’ils sortent jouer, Marc et Margot voient bien, dans les nuages que le vent emporte, des Boudou et des Boudou qui fuient dans la brise du soir, comme pour aller porter la joie à d ’autres enfants….

Atchou ! Atchoum ! Quel froid ! Quelle bise ! Sur le grand chêne dénudé, ce ne sont qu’éternuements ! Les oiseaux essaient bien courageusement quelques chants, mais leur voix est enrouée. Les uns se sont emmitouflés dans des cache-nez bien épais. Les autres ont noué des fichus sur leur tête : comment se guérir ? Comment se réchauffer ? Où est parti le soleil ?

« Venez ! Dit Picorette, une fauvette compatissante. Je connais des graînes qui guérissent le rhume. » Et les voilà partis. Hélas ! Trois fois hélas ! Plus de graines ! Une pie qui passait par là a tout picoré. Et comme elle rit, la coquine !!! Les oiseaux sont désolés : ils doivent pourtant chanter demain : ils participent à un concert sur les châtaigniers du petit bois et tous les animaux y sont invités ! Que faire ? Mais le soleil a pitié d’eux. Il sort brusquement des nuages. Il chasse le vent froid. Ses chauds rayons caressent les oiseaux, qui se sentent tout à coup réchauffés.

Leur rhume disparaît. Ils pourront demain participer dignement au concert !!! Ils remercient chaleureusement le soleil, et en avant pour la répétition générale !!!

Il a neigé, encore et encore ! C ’est très beau, c’est féérique, mais… mais le petit village du Pic est bloqué par la neige depuis plusieurs jours. Qui dépannera les villageois ? L’ours Bouton- d’Or est chargé de les ravitailler. Le voilà au volant du camion de la mairie. Et voyons si vous devinez ce qu’il y a dans ce camion ? Des tas de bonnes choses : du lait concentré en boite, du pain et bien sûr…. Du miel ! Mais catastrophe ! La côte, avant l ’arrivée, est si raide que le moteur chauffe trop ! Bouton-d’Or est obligé de stopper ! Que faire ?

« Ton radiateur bout ? Tiens ! Je t’ai apporté un arrosoir d ’eau ! » C’est Longues-Oreilles, le lapin, qui a compris la situation et qui est sorti de son terrier bien chaud. « Oh ! Merci ! Comme tu es gentil ! » L ’ours et le lapin bavardent un instant, assis sur le pare-choc, pendant que le radiateur refroidit. « Je reviendrai te voir. Mais je dois maintenant reprendre la route. On m’attend. » - Je ne t’oublierai pas ! À bientôt ! » Et maintenant, je vous laisse imaginer la joie du village bloqué par la neige, lorsqu’a retenti le Klaxon du camion !

Illustrations extraites du livre « Raconte-moi une belle histoire », Editions Rouge et Or. Histoires inspirées vaguement (parfois très vaguement !) du même livre. Musique : Grieg : Peer Gynt Diaporama de Jacky Questel, ambassadrice de la Paix Site :