NAOUME, MON AMIE Diaporama de Jacky Questel

J’étais chez mamie, ce mercredi-là, je finissais un vilain rhume J’étais chez mamie, ce mercredi-là, je finissais un vilain rhume. Pas question de descendre jouer… C’est mamie qui a eu l’idée ! Tu devrais écrire un message et l’accrocher au ballon que Théo a laissé. Peut-être quelqu’un te répondra ? J’ai trouvé que c’était une super bonne idée ! J’ai passé l’après-midi à faire une magnifique lettre, nous l’avons accrochée au ballon.

Le ballon a hésité, tournant un peu au dessus du quartier Le ballon a hésité, tournant un peu au dessus du quartier. Il ne montait pas beaucoup, j’ai cru qu’il allait s’accrocher à un fil électrique. Et puis, comme happé par un courant ascendant, je l’ai vu monter, monter, et filer à toute allure. Mamie, mamie, mon ballon est parti vers l’Afrique. Tu crois que quelqu’un va me répondre ? Peut-être, il faut toujours espérer. Rentre maintenant, tu vas prendre mal !

Pendant des jours, j’ai pisté le facteur. Rien ? Rien, toujours rien. Parfois, il s’arrêtait. Je descendais le cœur battant… il s’agissait de factures pour mes parents ! Je me suis résignée : mon ballon s’était perdu…

Et puis un soir, en ouvrant mon ordinateur… Quelle surprise Et puis un soir, en ouvrant mon ordinateur… Quelle surprise ! J’ai sauté jusqu’au plafond. J’avais une réponse ! J’ai bondi sur le téléphone pour le dire à mamie, et j’étais tellement excitée que je n’arrivais pas à parler !

Mais après, il a fallu répondre. Ce que j’étais intimidée ! Enfin, tout à bien marché. Ma copine du Sénégal s’appelait Naoumé. Elle me racontait sa famille, son pays, m’envoyait des photos. Et moi pareil. Nous sommes devenues vite amies. On se disait nos petits secrets, nos joies, nos peines…

Mais bientôt, cela ne me suffit plus : je voulais la voir, la serrer dans mes bras, l’embrasser… Elle aussi avait envie que l’on se rencontre. Mais papa trouvait que le Sénégal c’était loin, c’était cher…

Un jour, Naoumé m’écrit, toute excitée Un jour, Naoumé m’écrit, toute excitée. Elle m’explique qu’elle en a parlé au marabout, il lui a dit comment faire. Je dois m’adosser au plus gros arbre du parc et compter doucement jusqu’à dix. A dix, Naoumé sera devant moi. Quelle naïve, cette Naoumé, de croire des choses pareilles ! Et pourtant… Si c’était vrai… Mamie, à qui j’ai tout raconté, me conseille d’essayer…

C’est le jour, c’est l’heure. Il fait beau, heureusement C’est le jour, c’est l’heure. Il fait beau, heureusement ! Je m’adosse au plus gros arbre du parc. Mamie lit son journal sur un banc un peu plus loin. Je compte, le cœur battant, tout de même. 1, 2, 3…. 10 !!!

Tout à coup, par-dessus l’épaule de Naoumé, je vois toute une famille sénégalaise en grande discussion avec mamie. Ces personnes, je les reconnais. C’est la famille de Naoumé. Elle m’a si souvent envoyé des photos ! Là, tout de même, là, il faut qu’on m’explique… Je regarde Naoumé d’un air interrogateur. Elle se balance d’un pied sur l’autre…

Tu sais, j’habite juste de l’autre côté du parc Tu sais, j’habite juste de l’autre côté du parc. Un jour, j’ai trouvé ta lettre accrochée à la parabole de mon balcon. C’était si merveilleux cette amitié qui me tombait du ciel… poursuit-elle. Je suis abasourdie, scandalisée, outrée. Je sens mon intérieur tomber en morceaux !

Naoumé me plante un gros baiser sur la joue, mais je me tourne pour qu’elle ne me voie pas pleurer. - Tu t’es bien moquée de moi ! Moi qui te racontais le quartier et t’envoyais des photos. Et toi qui ne connais même pas le Sénégal et me faisais croire !

- Le Sénégal. Rit Naoumé. Mais j’y suis née, et j’y vais tous les étés - Le Sénégal ? Rit Naoumé. Mais j’y suis née, et j’y vais tous les étés !!! Ne sois plus fâchée… Tu m’aurais écrit comme tu l’as fait, si tu avais su que j’étais dans ton quartier ? … Tu vois bien ! Et j’avais si peur de te perdre ! Venez à la maison boire le thé ! Faisons la paix ! Mamie me fait un clin d’œil complice, et je cède. Je prend Naoumé par la main, et elle devient rayonnante de joie.

En entrant, c’est l’émerveillement, l’éblouissement En entrant, c’est l’émerveillement, l’éblouissement. Dire que j’avais l’Afrique à deux pas de chez moi et que je ne le savais pas ! Une bonne odeur de thé à la menthe, mille petites pâtisseries toutes meilleures les unes que les autres. Des fruits dont j’ignore jusqu’au nom… Mais… vous aviez tout prévu ! Et si j’avais dit non ? Bah ! dit Naoumé en riant, j’aurais demandé au marabout !!!

Et un délicieux thé à la menthe, servi dans les règles de l’art, scella notre réconciliation et notre amitié.

Illustrations : Philippe Diemunsch Scénario et illustrations sont pris dans un livre de l’adorable collection « Moi je lis », des Éditions MILAN Jeunesse. Musique : Les TAMBOURS ottomans : Makam Hüzzam Diaporama de Jacky Questel, ambassadrice de la Paix Jacky.questel@gmail.com http://jackydubearn.over-blog.com/ http://www.jackydubearn.fr/