Des colonies aux Etats nouvellement indépendants Comment l’Algérie a-t-elle accédé à l’indépendance ? À travers l’œuvre de J. Ferrandez, Carnets d’Orient - Second cycle Compléments historiques extraits de « la guerre d’Algérie expliquée à tous par B. Stora
Jacques Ferrandez : né en Algérie en 1955 Jacques Ferrandez : né en Algérie en 1955. Ce pied noir souriant et chaleureux est arrivé à l'âge de 6 mois en métropole. Dix volumes des « Carnets d'Orient » racontent l'Algérie depuis la fin du 19ème siècle jusqu'à la guerre d'Indépendance. Ferrandez publie aussi régulièrement des carnets de voyage (il a partagé ses rencontres en Syrie, à Istanbul, en Irak...) et a illustré « l'Etranger » de Camus. Les Carnets 1er cycle : tomes 1 à 5 : présentent l’histoire de la colonisation de 1836 à 1954. On y suit l’histoire d’un peintre et de ses carnets, à la manière de Delacroix. Ferrandez établit un parallèle avec les peintres orientalistes. 2ème cycle : tomes 6 à 10 : présentent l’Algérie de 1954 à 1962. Il se situe aussi bien du côté des pieds noirs, de l’armée que du FLN. Il essaie aussi de rendre la vie quotidienne des habitants de l’Algérie qui ont dû choisir un camp !
Un travail d’historien Surtout pour le 2ème cycle, l’auteur a rassemblé une imposante documentation : des témoignages de l’époque jusqu’aux travaux récents d’historiens. Certains personnages sont très inspirés de personnes ayant réellement existé. Les événements et les lieux sont utilisés avec exactitude et précision. Un travail graphique Ferrandez travaille d’une manière originale. Les cases de BD sont fondues dans une aquarelle qui occupe tout le fond de la page. Son but est de planter le décor et de donner de l’espace. De plus il utilise directement les archives : par exemple Une de journaux, mise en dessin d’allocutions télévisées de De Gaulle. Afin de distinguer les dialogues en français et en arabe, la graphie ou police n’est pas la même. © Editions Casterman S.A./Ferrandez
Cerner les causes : les origines de la guerre d’Algérie. Retrouvez dans la planche quel type de société le système colonial a mis en place. T6, La guerre fantôme, p 20. Aide et complément historique © Editions Casterman S.A./Ferrandez
Sur le plan international, quelle est la position des deux Grands ? Quels autres soutiens les « rebelles » algériens reçoivent-ils ? Quel espoir a pu naître chez le peuple algérien après la défaite de la France en Indochine ? Aide et complément historique © Editions Casterman S.A./Ferrandez
Définir les acteurs du conflit : les forces en présence A l’aide de la liste ci-dessous, retrouvez les différents acteurs. Vous devrez compléter le tableau de la fiche. Les harkis Les intellectuels Les nationalistes algériens Les appelés du contingents Les parachutistes Les « pieds noirs »
Décrire l’évènement : les principales étapes de la décolonisation Comment Ferrandez a-t-il illustré les différentes étapes de la guerre d’Algérie ? Place sur la frise chronologique le numéro de la planche correspondant à l’évènement. © Editions Casterman S.A./Ferrandez
Planche n°1 « Un camion militaire est venu nous chercher mes parents, ma sœur et moi, à l’aube pour nous emmener sur une base aérienne. Avec chacun, nos deux valises et notre manteau sur le dos pour gagner de la place dans nos affaires. Nous n’avions pris ni jouet ni livres. Juste des habits. C’était la première fois que nous montions dans un avion. Nous avons décollé le soir, après une journée d’attente sous un soleil écrasant. Ma mère avait nettoyé l’appartement et mon père avait fermé à clef, comme si nous partions quelques jours en vacances. C’était pourtant bien un départ définitif ». Témoignage de B. Stora p. 109 © Editions Casterman S.A./Ferrandez
Planche n°2 La guerre d'Algérie est le principal problème politique que doit affronter le Général de Gaulle à son retour au pouvoir. Le lendemain de son investiture, il se rend à Alger, où il prononce son très ambigu « Je vous ai compris », qui déchaîne l'enthousiasme des foules. Pragmatique, il n'a pas de solutions mais sera amené, face à la lassitude des Français du continent et la pression internationale, à accorder l'indépendance à l'Algérie. © Editions Casterman S.A./Ferrandez
Planche n°3 La grande vague d’attentats qui frappe l’Algérie a été orchestrée par une poignée d’hommes qui, quelques jours auparavant avaient donné naissance à une nouvelle organisation: le Front de Libération Nationale et à sa branche armée, l’Armée de Libération Nationale © Editions Casterman S.A./Ferrandez
Les accords d'Evian sont signés, le 18 mars 1962, entraînant le cessez-le-feu dès le lendemain avant d'être approuvés massivement par les Français, le 8 avril 1962 (90 % de oui au référendum) puis soumis aux Algériens (1er juillet 1962). La France reconnaît la souveraineté de l'Etat algérien, mais conserve un statut privilégié, notamment sur le Sahara et ses ressources pétrolières et en conservant sa base militaire de Mers-el-Kébir. Le 5 juillet, l'Algérie est indépendante. Planche n°4
Planche n°5 La « bataille d'Alger » va durer neuf mois. Contrôles, fouilles, arrestations et même pratique de la torture se multiplient alors pour répondre aux attentats du FLN. © Editions Casterman S.A./Ferrandez
Planche n°6 Cette année-là, 200 000 jeunes du contingent sont rappelés, portant les effectifs à 400 000 hommes environ, chiffre qui restera maintenu jusqu'à la fin du conflit. L'armée transforme l'Algérie en une véritable province militaire et ferme les frontières avec le Maroc et la Tunisie, par où transitent les hommes et les armes à destination du FLN. Parallèlement, elle met en place une série d'actions psychologiques pour tenter de gagner l'adhésion de la population civile. Pendant ce temps, les attentats se multiplient et le FLN remporte d'incontestables succès politiques, © Editions Casterman S.A./Ferrandez
Mesurer les effets et la portée du fait étudié : les traces de la guerre - abandonner les Harkis © Editions Casterman S.A./Ferrandez La vie des Harkis est menacée car le FLN les considère comme des collaborateurs de la puissance coloniale et des traîtres à la cause algérienne. Certains officiers de l’armée , pour qui ils ont servi pendant la guerre, veulent organiser leur départ pour la métropole mais le gouvernement français s’y oppose. Certains Harkis parviennent malgré tout à rejoindre la France. Il y vivront généralement dans une situation de précarité et d’exclusion, parqués dans des camps. Des dizaines de milliers d’autres, qui restent en Algérie, seront massacrés après l’indépendance, victimes de règlements de compte… En France leur abandon provoque malaise et mauvaise conscience. En Algérie, reconnaître leur histoire conduirait à accepter que tout le peuple n’a pas été uni derrière le FLN pendant la guerre (B. Stora p 112)
- rapatrier les pieds noirs © Editions Casterman S.A./Ferrandez A Evian, le sort des Européens d’Algérie a également été discuté…De nombreux pieds noirs décident de partir en masse d’Algérie en direction de la métropole…les départs se font dans l’urgence…Ils arrivaient en France sur un territoire qui était certes leur patrie mais pas vraiment leur pays, puisqu’ils vivaient en Algérie depuis leur naissance.
Le bilan de la guerre La guerre aurait fait près de 250 000 morts en grande majorité des Algériens musulmans . Le total des pertes françaises militaires se situe autour de 30 000 hommes. On compte environ 4 000 morts dans la population des Européens d’Algérie…Il faut aussi y ajouter les très lourdes pertes matérielles, les déplacements massifs de population, les tortures, les disparitions…Ce conflit a duré 7 ans. Il a été d’une cruauté terrible. Il a divisé les Algériens et les Français, mais aussi les Algériens entre eux et les Français entre eux. C’est ce qui explique pourquoi sa mémoire a longtemps été refoulée et douloureuse. Utilisée par les deux camps, la violence, souvent poussée à l’extrême, laissera des traces très profondes dans la société française comme dans la société algérienne. Pour les Français, la guerre en Algérie a longtemps été une guerre sans nom, appelée pudiquement « évènements d’Algérie ». C’est en 1999 a adopté une loi qui autorisait l’utilisation de l’expression « guerre d’Algérie »
FIN Nous rappelons que les couvertures et les illustrations sont protégées par le droit d’auteur, qu’elles ne peuvent être utilisées sans l’autorisation des Editions Casterman S.A. et que toute reproduction ou utilisation non autorisée est constitutive de contrefaçon et passible de poursuites pénales. Nous remercions les éditions Casterman et Jacques Ferrandez de nous avoir autorisées à présenter ce travail sur le site de l’académie de Besançon,
Ils s'engagent souvent : - pour survivre, échapper à la misère, Les forces en présence Les harkis = ensemble des musulmans qui ont soutenu l'action de la France en Algérie Considérés par les uns comme des traîtres à la cause de l'indépendance et par les autres comme les victimes d'une guerre qu'ils n'ont pas comprise, les harkis ne se sont pas tous engagés par fidélité au drapeau français. Ils s'engagent souvent : - pour survivre, échapper à la misère, - pour défendre leur terre, - pour se venger du FLN qui a tué un des leurs. © Editions Casterman S.A./Ferrandez
Les intellectuels prennent la parole Dès 1956, suite aux pouvoirs spéciaux octroyés à Guy Mollet afin de mater la rébellion algérienne , des intellectuels prennent la parole: Sartre dénoncera, sans relâche, l’injustice infligée aux Algériens. Il condamnera fermement le colonialisme. Camus, écrivain né en Algérie dénonce le colonialisme et l’attitude méprisante des Français. Maurice Audin, mathématicien, militant communiste est alors arrêté. © Editions Casterman S.A./Ferrandez
Ceux qui luttent pour l’indépendance Qui sont les combattants Algériens ? Ce sont des militants nationalistes c’est-à-dire des partisans de l’indépendance de l’Algérie. Ils sont jeunes pour la plupart et pensent que pour obtenir cette indépendance, il faut recourir à la violence. Ils appartiennent à une organisation politique inconnue jusqu’alors, le Front de Libération Nationale. C’est le FLN qui revendique l’insurrection du 1er novembre 1954. Une arme efficace : la terreur Les Algériens les appellent moudjahidin, les Français les nomment fellaghas. Simples bergers ou agriculteurs, ils sont moins de cinq cents à prendre les armes le 1er novembre 1954. Quelques mois plus tard, ils seront des milliers. © Editions Casterman S.A./Ferrandez
Attentats et assassinats se multiplient au cours des premiers mois de la guerre. Dès 1956, le terrorisme est porté au cœur du quartier européen d’Alger. Des civils parmi lesquels des femmes et des enfants sont tués dans des restaurants, des bars ou des cinémas. Aux attentats répond une répression sanglante, source de vengeance et de nouvelles violences. Le FLN s’attaque aux Algériens travaillant au service des Français. Qualifiés de traîtres, ceux-ci sont tués près de leur village ou abandonnés atrocement mutilés, les oreilles ou le nez coupés. © Editions Casterman S.A./Ferrandez
Les appelés du contingent Témoignage : la plupart des appelés n’étaient pas préparés aux réalités de la guerre…. Je pris mon premier tour de garde à 2 heures du matin, la nuit était profonde. Je guettais le moindre bruit, est-ce qu’on allait nous attaquer ? Je peux l’avouer maintenant : la nuit dernière, j’ai eu peur. Extrait d’une lettre d’un appelé à ses parents, octobre 1959 Pour beaucoup de soldats venus de la métropole, la guerre d’Algérie commence par une épreuve pénible : la traversée de la méditerranée, entassés dans un paquebot… Une fois sur le sol algérien, ils suivent une période d’instruction. Ils apprennent à tirer mais surtout à marcher, à « crapahuter »… Ils mènent des opérations de surveillance, par exemple dans une rue, près d’une ferme. Ils arrêtent des suspects au hasard, lors d’opérations de ratissage ». Ils doivent faire face à un ennemi le plus souvent invisible qui connait le terrain mieux qu’eux… © Editions Casterman S.A./Ferrandez
Les parachutistes © Editions Casterman S.A./Ferrandez Au sein de l’armée française, les divisions de parachutistes jouent un rôle particulier, elles mènent des opérations de répression, les « paras » traquent, enlèvent, torturent
© Editions Casterman S.A./Ferrandez Les « pieds noirs » L’Algérie était une colonie de peuplement. Divisée en 3 départements, elle était administrée comme une partie du territoire français. Beaucoup de Français ont traversé la Méditerranée pour y habiter. Ils considèrent l’Algérie comme leur pays. Un slogan de l’époque dit « la Méditerranée traverse la France comme la Seine traverse Paris »… C’est en Algérie que le général De Gaulle a mis sur pied son Comité Français de Libération Nationale en 1943. Pour nombre d’hommes politiques, les colonies sont donc une composante essentielle de la puissance française. Le terme « pieds-noirs » est devenu courant pour désigner les Européens au moment de leur départ d’Algérie et de leur arrivée en métropole en 1962. L’origine de ce terme n’est pas certaine. Il est sans doute né au début du XXème siècle dans le commerce du vin : des pieds de vigne très noirs étaient plantés en Algérie. Le mot viendrait peut-être aussi des bottes noires que portaient les officiers français lors de la conquête de l’Algérie au XIXème siècle….
Colons français et arabes au café Maure à Oran Une société inégalitaire Il y a d’un côté une minorité : les Européens, venus s’installer à partir de 1830, qui sont environ 1 million en 1954. De l’autre la majorité, « les indigènes » que l’on appelle aussi les Algériens musulmans qui sont environ 9 millions et qui n’ont pas les mêmes droits que les Européens. Sur le plan politique: aux élections une voix d’Européen vaut sept voix d’Algériens… Colons français et arabes au café Maure à Oran Cette inégalité est aussi économique: de nombreuses régions sont dans un état de grande misère, très peu d’enfants musulmans vont à l’école. B. Stora, la guerre d’Algérie expliquée à tous, p. 19 . Témoignage : Germaine Tillion décrit la misère du peuple arabe vivant dans les campagnes « …je ne puis vous décrire l’interminable enchaînement de catastrophes qui désormais vont méthodiquement dévaster les existences de ces pauvres gens, Le pâturage? Utilisé par un trop grand nombre de bêtes, il est usé avant le renouveau-et les bêtes crèvent, La semence, espoir de l’an prochain? Mourant de faim, on l’a mangé par petites poignées ». Extrait Paris, les éditions de minuit, 1957.
Le contexte de décolonisation Pour la guerre d’Algérie, le contexte de l’époque est celui d’une aspiration générale des peuples colonisés à l’indépendance… La guerre d’Indochine dure de 1946 à 1954 et s’achève par la défaite militaire de la France à Dien Bien Phu. En Algérie ceux qui veulent l’indépendance ne peuvent ignorer cette défaite, qui leur prouve qu’ils ont une chance de vaincre la puissance coloniale… Extrait p. 21, B. Stora. Dès le début de la guerre les nationalistes algériens cherchent à obtenir des soutiens extérieurs… Ils reçoivent l’aide de l’Egypte, dirigée à l’époque par le colonel Nasser… Le FLN se fait reconnaître officiellement à la conférence de Bandung en 1955 où sont réunis les pays qui refusent de s’aligner sur les positions des deux superpuissances (EU, URSS)…La question algérienne est discutée à l’ONU peu après.