Geneviève est inquiète, crispée derrière le rideau : C’ est la scène la plus délicate. Alphonse, l’ange Gabriel, s’est montré péremptoire : un ange, ça vole ! et les autres enfants ont fait chorus. C’est le papa d’Alphonse qui a préparé le système de machinerie, mais… Et voilà l’ange Gabriel qui se pose en douceur devant Amélie-Marie. Ouf ! le plus dur est fait. Alphonse n’en a même pas oublié son texte, et c’est d’une voix claire qu’il explique à Marie qu’elle va avoir un bébé, et que ce bébé sauvera le monde… Amélie-Marie baisse dévotement les yeux pour répondre : « oui, oui, ce que veut Dieu, je le veux ! » Et le rideau tombe, tout va bien.

On retrouve les « jeunes mariés » à table pour le déjeuner du matin. « Qu’est-ce que tu fais, aujourd’hui, Joseph ? -je répare la charpente chez Aaron, et puis le voudrais commencer un beau berceau pour le petit ! Pourquoi l’ange nous a-t-il dit qu’il fallait l’appeler Jésus ? » Mais Amélie-Marie ne répond pas. Une colombe est venue se poser sur la fenêtre. « Que vont faire les enfants devant cet imprévu ? » pense Geneviève. Mais, à part cette hésitation, les enfants ne bronchent pas. Tout continue à aller bien ! On peut enchaîner avec la scène suivante !

« Tu sais, Marie, je suis désolée, dit Roger-Joseph, mais la loi, c’est la loi. Et il faut que je me fasse inscrire sur mon lieu de naissance. Mais voilà Bethléem, tu vas pouvoir te reposer. Le bébé ne te pèse pas trop dans ton ventre ? » Il faut dire qu’Amélie-Marie prend son rôle très au sérieux, et tient son ventre à deux mains en roulant des yeux dolents !!! Elle sait bien comment était sa maman, lorsqu’elle attendait le petit frère. Elle voulait même le prendre pour faire Jésus, mais là, Geneviève s’est montrée inflexible !

Personne ne voulait faire l’aubergiste. Vous pensez ! Il ne voulait pas recevoir Joseph, Marie et Jésus qui devait naître… Mais Geneviève leur a bien expliqué que le caravansérail n’est pas une auberge, mais une cour avec des arcades, où bêtes et gens dorment pêle-mêle. Pas évident pour faire naître un bébé. C’est finalement Sylvain qui a été désigné. Sa bougie à la main, son bonnet de nuit sur la tête, son apparition déclenche les rires de l’assistance ! « Non, non, dit-il, le caravansérail n’est pas la place d’une jeune dame sur le point d’avoir un bébé. Mais j’ai une grotte pas très loin, qui me sert d’étable, elle y sera tout à fait tranquille ! »

Le rideau se baisse et se relève aussitôt. Amélie-Marie a juste eu le temps de se saisir du poupon auréolé de carton et de s’asseoir avec lui. Mais, du haut de ses 9 ans, elle se demande ce qu’a dû penser l’autre Marie, la vraie, de voir que son bébé, qu’on lui avait annoncé comme le sauveur du monde, devait être couché sur de la paille, loin de chez lui ? Elle réalise tout à coup qu’être loin de chez soi, pour les petits ou les grands, ce n’est pas marrant… Et du coup, serre contre son cœur le bébé Jésus, dans un geste qui n’était pas prévu mais qui attendrit tous les spectateurs. Elle entrevoit la confiance qu’il a fallu à Marie pour continuer à dire « oui »…

Joseph a sorti la crèche du coin où elle était cachée. Geneviève a expliqué aux enfants étonnés que la crèche n’est pas l’étable, ni la grotte, mais la mangeoire où l’on met le foin pour les animaux. Et Roger-Joseph, lui, pense que c’était bien la peine que le vrai, le grand Joseph fasse un si beau berceau ! Elle ne devait pas être bien propre, cette crèche ! Et il jette un regard inquisiteur sur le berceau improvisé, comme s’il se trouvait à Bethléem !!!

Les bergers arrivent devant la crèche. Ils se sentent volés, car pour eux il n’y a pas eu d’anges dans le ciel… juste un enregistrement qui dit, pendant qu’ils se présentent devant la grotte : « paix aux hommes de bonne volonté » et qui reprend le chant… Mais ils arrivent dignement avec leurs moutons de laine et de carton, et disent dignement leur texte : « nous avons vu des anges, qui nous ont dit de venir vous voir, parce que l’on allait trouver un bébé, et que ce bébé serait célèbre. »

Geneviève hausse le sourcil. Ce n’est pas tout à fait le texte appris… enfin, c’est tout de même le sens général ! Et elle répond par un sourire au regard inquiet de ses « bergers ». Lesquels se groupent autour du berceau pour admirer le bébé. Mais on sent un flottement… Les enfants se regardent sans savoir que faire, dirait-on…

Ah ! voilà les rois mages ! Roger-Joseph pousse un soupir de soulagement et il les apostrophe sans aménité : « Enfin ! mais où étiez-vous passés ? » La salle éclate de rire, et Geneviève tousse énergiquement. Mais Florent, très dignement, sauve la situation : « nous nous étions égarés. On ne voyait plus notre étoile ! » Geneviève leur a bien expliqué : « ce n’était pas des rois, mais des savants, des astrologues, qui sont venus à l’étable en suivant une étoile. » Suivre une étoile ? Mais ils sont fous, ces mages ! Et puis, rois ou pas, les enfants ont voulu la couronne. Et après tout, pourquoi pas ? Qui sait exactement ?

« Oui, reprend dignement le « mage », reprenant le fil du texte appris, notre étoile avait disparu… Nous avons sorti nos cartes, nous ne savions plus que faire, nous avons même été voir le roi Hérode. » Et il ajoute ironiquement, de sa propre initiative : « Tu vois, Roger, c’est pour cela que nous sommes en retard ! » Bizarrement, la salle ne semble pas s’être rendu compte de l’emploi du prénom.

Et voilà ! C’est terminé ! Les enfants se regroupent devant la scène pour le salut final. Mais… Mais où s’en va Amélie- Marie ? Vous n’allez pas le croire ! elle avait oublié de prendre l’Enfant Jésus ! Mais au fond, pense tristement Geneviève, beaucoup de ceux qui fêteront Noël ne penseront même pas à cet Enfant… Les applaudissements la tirent de cette réflexion morose. Les enfants sont ravis, et les spectateurs semblent l’être tout autant… À chacun, maintenant, de mettre ce frêle Enfant au cœur des fêtes, au cœur des cœurs…

Images trouvées sur le Net. Texte : Jacky Musique : « Douce nuit » Diaporama de Jacky Questel, ambassadrice de la Paix Site :