Réseau des Tables régionales de groupes de femmes du Québec État: Source de droits ou violences institutionnelles L’expérience des Tables régionales de groupes de femmes Congrès d’orientation – FFQ Mars 2015
Présentation Joanne Blais est présidente du Réseau des Tables régionales de groupes de femmes du Québec depuis 2012 et directrice de la Table de concertation du mouvement des femmes de la Mauricie depuis Originaire de l’Estrie et diplômée de l’UQTR en récréologie, elle a débuté son implication à la Table en 1999 à titre de directrice du projet de la Marche mondiale des femmes en Mauricie. Pour 2015, elle est de plus une des quatre porte-paroles de la Marche mondiale des femmes du Québec. Blanche Paradis est coordonnatrice du Réseau des tables régionales de groupes de femmes du Québec depuis Originaire de Sept-Îles, elle est diplômée de l’Université Laval en lettres françaises et de l’UQTR en génagogie. Elle a connu ses premières expériences de travail dans le domaine de l’éducation des adultes et de l’alphabétisation en milieu populaire. Depuis plus de vingt ans maintenant, elle a assumé des tâches de direction dans divers organismes communautaires principalement des groupes de femmes.
Une question qui porte à réfléchir Est-ce que l’État exerce une forme de violence institutionnelle sur les femmes ? C’est à partir des 30 ans d’expérience terrain des Tables de groupes de femmes en région que nous répondrons à cette question.
Structures organisationnelles de l’État en région : sources d’abus de pouvoir patriarcal? Dans les régions: Pouvoir décisionnel du développement socioéconomique remis essentiellement entre les mains des élus municipaux. Conseils municipaux: mairies occupées à 83% par des hommes; postes au conseil occupés à 68% par des hommes.
Les instances que contrôlent les élus municipaux Conseils des municipalités régionales de comté: composés des maires des municipalités du territoire de la MRC où la présidence est assurée à 78% par des hommes, les préfets de MRC; Centres locaux de développements (CLD): composés de 68% d’hommes; Conférences régionales des élus (lesquelles disparaîtront pour la plupart à compter du 31 mars 2015): conseils d’administration composés à 73% d’hommes.
Les femmes qui ont percé dans ces milieux (conseils municipaux, MRC, CLD et CRÉ) ont pu constater : Des difficultés pour les femmes d’accéder et de se maintenir dans ces lieux de pouvoir étant donné le système électoral municipal et la culture organisationnelle d’un monde municipal souvent corrompu (Commission Charbonneau) et hostile à la présence des femmes (Le maire Tremblay à Saguenay); L’expérience terrain
Le refus systématique (pour ne pas dire systémique) de reconnaître la légitimité et la représentativité des groupes de femmes et leur expertise; Le refus de prendre en compte les besoins spécifiques des femmes sous prétexte que la bonne gouvernance est neutre et bénéfique pour toute la population incluant les femmes; L’expérience terrain
L’élaboration de règles du jeu qui freinent la participation des femmes et des groupes de femmes aux décisions notamment par les coûts qui y sont reliés ou par l’exigence d’être partenaire financier; Le contrôle patriarcal des sommes d’argent dédiées à des mesures structurantes pour l’égalité des femmes en région (qui viennent d’un système patriarcal); La réduction des femmes à une « clientèle ».
Concentration du pouvoir entre les mains des hommes (blancs, d’un certain âge et d’une orientation politique généralement centriste ou de droite); Sous-représentation des femmes dans les lieux de pouvoir est l’expression de la discrimination systémique vécue par les femmes et d’une forme de violence institutionnelle. Constats
Constats Cette discrimination, voire violence, s’exprime de façon « feutrée » et est à prédominance économique et idéologique.
Quasi inexistence des structures de participation citoyenne: renforcement du pouvoir patriarcal Régionalisation (de 1985 à 1995): Apparaît l’idée de structures régionales davantage participatives, créant un certain espace de pouvoir décisionnel pour les citoyennes et les citoyens non élus, mais représentatif de différents secteurs d’activités de la société civile.
L’expérience terrain Ces espaces se situaient notamment dans: Les Conseils régionaux de développement (CRD) devenus les Conférences régionales des élus (CRÉ); Les Régies régionales de la santé et des services sociaux devenues les Agences de santé et de services sociaux (ASSS); Les Conseil régionaux des partenaires du marché du travail (CRPMT); Les regroupements régionaux des Centres de la petite enfance, etc..
L’expérience terrain De plus, un certain nombre de directions régionales des ministères étaient appelées à créer des liens avec des organismes communautaires du milieu dont les groupes de femmes. Toutes ces structures régionales qui pouvaient permettre à la population d’élire ses représentantEs, pouvaient permettre aux femmes d’exercer un certain pouvoir décisionnel, sinon d’influence.
Constats Ces structures, aujourd’hui, elles sont pratiquement disparues; La composition des conseils d’administration des quelques structures qui existeront encore seront tributaires des nominations ministérielles; et ces instances seront souvent sous la présidence d’un PDG (les PDGères se font assez rares), relevant directement d’un ministre et détenant la plupart des pouvoirs.
Constats Ce déficit démocratique découle d’une discrimination systémique et constitue une forme de violence institutionnelle car : Il invalide la parole des femmes et leur expertise; Il ne tient pas compte de leur besoins spécifiques; Il ne tient pas compte de leur grande habileté à travailler en collégialité; Il les exclut des décisions qui les concernent.
La prise en compte des réalités spécifiques des femmes dans les régions Constats: Le refus de reconnaître les inégalités persistantes vécues par les femmes; Forte propension à croire que les décisions actions et sont neutres et répondent de TOUS; Le refus d’appliquer l’analyse différenciée selon les sexes (ADS).
Pour un état « source de droits »: les actions à mener Dénoncer la crise de la démocratie représentative et ses failles; Faire la promotion de la démocratie participative et d’un mode de scrutin proportionnel; Explorer et développer des mécanismes démocratiques alternatifs; Prendre la rue; Marteler le clou de l’obligation de l’analyse différenciée selon les sexes (ADS) selon une analyse féministe – et non symétrique.
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