Esther Granek Grand homme Par Nanou et Stan
Pour ses proches, on le sait bien, De grand homme il n’y a point. Pour ceux-là en vérité, N’y a place à se leurrer.
Pour le commun des mortels C’est l’être surnaturel. Le frôler est grand honneur Qui vous transcende sur l’heure.
Pour ses gens, sa maisonnée, De petitesses il est fait Jusqu’à devenir odieux. Que d’aigreurs en ce milieu !
Pour chacun, pour le vulgaire, Et vit dans une autre sphère. Or… Pour chacun, pour le vulgaire, Il est de noble matière Et vit dans une autre sphère. Hommage au génie divin !
Pour son clan, ô impudeur ! Il est surtout grand péteur Et qui ne se gêne en rien Car sa gloire le vaut bien !
Pour ceux qui de loin le voient, L’approcher est privilège Or… Pour ceux qui de loin le voient, L’approcher est privilège Et l’on fait souvent le siège Des lieux où il se rendra.
Pour ses familiers pourtant, Il est crétin trop souvent Et se mêle de matières Où vraiment il n’a que faire.
Pour le toucher du regard, Que d’efforts et de passion ! Et c’est tremblant d’émotion Qu’on s’en vantera plus tard.
Pour façonner sa stature (Mais il dit qu’il n’en a cure) Autour de lui papillonne Une cour qu’il affectionne.
Pour de nombreux envoûtés, Inspirer l’air qu’il respire Or… Pour de nombreux envoûtés, Inspirer l’air qu’il respire Est leur plus fervent désir Et sorte de volupté…
Pour clore : en son sanctuaire, Croyant qu’on ne le voit guère, C’est en se curant le nez Que s’élèvent ses pensées.
De grand homme il n’y a point Pour ses proches. On le sait bien. Pour ceux-là en vérité, N’y a place à se leurrer.
Esther Granek est une poétesse belge francophone Esther Granek est née à Bruxelles le 7 avril 1927, elle est autodidacte à cause des lois anti-juives pendant la Deuxième Guerre mondiale. Elle vit en Israël depuis 1956. Elle a travaillé à l’ambassade de Belgique à Tel-Aviv en tant que secrétaire-comptable pendant 35 années. La Médaille civique de première classe lui a été décernée le 8 avril 1981 en récompense des bons et loyaux services qu'elle a rendus à la Belgique. Jugements Flora Groult : « L’ombre et la lumière donnent à ces chants et contre-chants une grâce très personnelle » (préface à Portraits et chansons sans retouches) Jean-Louis Curtis : « Avec une superbe indifférence pour les modes et les mots d’ordre... » - « Enfin, de nouveau, des poèmes qui séduisent à première lecture, qui chantent à l’oreille et au cœur ! » (préface à Je cours après mon ombre) Christian Godin, philosophe : « Esther Granek n'accorde aucune confiance au non-sens ni à l'arbitraire des mots mis en chaos... » (préface à Synthèses) Œuvres Portraits et chansons sans retouches, éditions Saint-Germain-des-Prés, 1976. Préface de Flora Groult Ballades et réflexions à ma façon, éditions Saint-Germain-des-Prés, 1978 Je cours après mon ombre, éditions Saint-Germain-des-Prés, 1981. Préface de Jean-Louis Curtis De la pensée aux mots, éditions Guyot, 1997 (ISBN 2-87263-168-2) Synthèses. préface de Christian Godin, 2009 (ISBN 978-2-7466-0960-0) En revue Poème L'Offrande, en septembre 2000 dans le magazine de la Société belge des auteurs, compositeurs et éditeurs (SABAM) Nanou et Stan le 14/04/2017