MASTITE LYMPHOCYTAIRE: A PROPOS DE TROIS CAS Service d’Imagerie Médicale B, Centre de Maternité et de Néonatologie, CHU Fattouma Bourguiba Monastir
INTRODUCTION Les mastites lymphocytaires (ancienne mastopathie fibreuse) sont des lésions inflammatoires non infectieuses du parenchyme mammaire. Association d'un infiltrat lymphocytaire lobulo-centrique d'intensité variable et d'une sclérose collagénique avec atrophie lobulaire progressive. Leur pathogénie n'est pas encore élucidée mais une origine autoimmune est actuellement évoquée. Femme jeune, en période d’activité génitale, porteuse d’un diabète de type I
OBJECTIFS L’objectif de notre travail est de discuter à travers 3 observations et une revue de la littérature, les difficultés du diagnostic de cette pathologie bénigne et présenter son ’aspect radiologique.
RÉSULTATS Trois femmes dont l’âge moyenne est de 40 ans ATCDS= diabète de type I. Clinique: masse palpable, dure et indolore, peu évocatrice. QSE gauche: deux cas Une écho-mammographie, IRM mammaire et biopsie ont été réalisées chez les trois patientes.
Mammographie : incidences de face et oblique. Seins denses BIRADS 4 Absence de calcifications Prolongement axillaires libres
35ans, masse palpable du sein gauche. Mammographie : seins denses Surcroit de densité supéroexterne gauche?
l’échographie montrait une plage hypoéchogène, mal limitée, avec une atténuation postérieure des échos. Lésions suspectes de malignité ACR4
masse du sein gauche, hypointense en T1, non rehaussée après injection de gado. Coupe axiale T1 +gado Coupe axiale SE T1 Coupe sagittale T1 +Gado dynamique
Coupe axiale SE T1 Coupe axiale STIR
Coupe axiale soustraction plage hyposignal T1 et T2 avec une prise de contraste tardive sans cinétique de malignité T1 fat sat +gado Courbe de rehaussement
La biopsie sous contrôle échographie: -Trois patientes - Mastite lymphocytaire.
DISCUSSION La mastopathie diabétique est une pathologie rare touchant environ 13% des femmes diabétiques insulinodépendantes, survenant en moyenne à 15ans du début du diabète de type I. Moyenne d’âge de 34 ans L’étiopathogénie de cette mastopathie demeure inconnue. Les hypothèses d’un mécanisme auto-immun ou de toxicité propre de l’insuline exogène sont proposées. Cliniquement, elle se traduit par des masses mammaires palpables, dures, irrégulières et indolores. Peut être bilatérale
L’aspect radiologique est peu spécifique: la mammographie montre parfois un surcroît de densité, une opacité peu dense sans désorganisation architecturale ni foyer de microcalcifications. Elle est souvent d’interprétation difficile en raison de l’âge jeune et donc la densité du tissu mammaire. L’échographie est plus trompeuse montrant des lésions hypoéchogènes, de contours irréguliers, atténuant fortement les US, évoquant souvent une origine cancéreuse.
L’IRM peut être utile pour différencier mastopathie diabétique à partir de lésions malignes fortement évoqués par l’échographie mammaire. Le réhaussement à la phase précoce est de faible intensité, augmente progressivement au cours de l’injection dynamique de Gadolinium avec une homogénisation à la phase tardive: cinétique de réhaussement d’une lésion bénigne
Le diagnostic est histologique par biopsie à l’aiguille fine ou chirurgicale. On indique dans la littérature pour les microbiopsies guidées par imagerie des sensibilités de 92 à 98% et des spécificités pouvant atteindre 100%. L’étude anatomo-pathologique révèle des lésions non pathognomoniques mais représentant des éléments indispensables au diagnostic.
Au microscope, il existe un stroma collagènique entourant des canaux et des lobules atrophiques avec une infiltration lymphocytaire proéminente entourant les canaux et les vaisseaux. Trois lésions élémentaires sont décrites: Infiltration lymphocytaire péri-lobulaires, péri-canalaires et péri-vasculaires. Fibrose chéloide. Fibroblastes dystrophiques d’aspect épithéloide.
Étude phénotypique de la population: population lymphocytaire mixte B et T avec une légère prédominance quantitative de lymphocytes B et une répartition topographique différente en fonction de la nature B ou T de l'infiltrat. Le pathologiste doit connaître cette affection, et en sa présence, il pourra suggérer une exploration immunologique des patientes
CONCLUSION : Méconnaitre cette affection pseudotumorale bénigne risque de conduire à une chirurgie mammaire mutilante et abusive ; sachant qu’une simple biopsie permet de porter le diagnostic définitif de bénignité. Il convient d’être prudent et d’insister sur la confirmation histologique, ce d’autant que l’association d’une mastite lymphocytaire à un carcinome, en particulier de type lobulaire, a été rapportée.