Thème : l’art et la guerre Les artistes et la première guerre mondiale Les artistes français sur le front : . Felix Vallotton (mandaté par le Ministère de la Guerre) Analyse de Verdun (1916) . Fernand Léger (mobilisé) . En marge de la guerre , naissance d’une artiste, Séraphine
Les peintres et la première guerre mondiale . En 1914, les artistes, comme tous leurs concitoyens, sont mobilisés, envoyés en première ligne et confrontés aux horreurs de la guerre. Français, Anglais, Russes, Allemands, ils sont appelés sous les drapeaux. Ils deviennent brancardiers, cavaliers, artilleurs, ou simples soldats. Seuls les citoyens des pays neutres – Picasso et Gris parce qu’Espagnols – en sont épargnés. Certes, aucun de ces artistes n’aurait imaginé une guerre aussi sanglante. . La guerre impose aux artistes un nouveau régime : peindre ce qui est laid. Tout ce qui les entoure est laid. La guerre héroïque a cédé la place à des soldats enterrés dans les tranchées ou enfoncés dans la boue, à des corps déchiquetés par les éclats d’obus, souffrant des gaz et piétinés par les chars (voir ñes croquis d’Otto Dix).
La photographie s’empare de la guerre Les artistes dessinent et peignent ce qu’ils vivent et ce qu’ils voient. Dès carnets de croquis où ils crayonnent en première ligne,ils laissent des portraits de soldats, les paysages de ruines ou les scènes de la vie quotidienne dans les tranchées. Mais finalement, peu d’entre eux ont cherché à les montrer En revanche, la photographie en plein essor s’impose et s’empare de la guerre, étalant dans les journaux la violence du feu. Des centaines de milliers de photos sont prises au cours de la Grande Guerre.
Site intéressant à consulter : http://hdavoujeaucourt. canalblog
La guerre doit être peinte de manière moderne Les artistes des avant-gardes européennes comprennent que la guerre doit être peinte de manière moderne et s’appliquent à trouver des moyens nouveaux adaptés à la nouvelle et monstrueuse réalité. Le temps des allégories patriotiques n’est plus. À l’explosion des obus, à la toute-puissance de l’artillerie, aux nuages des gaz mortels, à la guerre totale, il faut que les lignes se brisent, que les couleurs éclatent pour donner à sentir la violence inhumaine du combat. Ces moyens sont, pour la plupart, ceux du cubisme, du futurisme, de l’expressionnisme, de l’abstraction.
Quelques exemples : - Félix Vallotton, (courant Nabi ou symboliste) L'église de Souain en silhouette, 1917
Pierre Bonnard, Un village en ruines près de Ham, 1917
Fernand Léger (1881-1955, cubiste, puis peintre de l’abstraction), France Engagé comme brancardier, Léger a combattu à Verdun. Tout en restant fidèle à son esthétique cubiste, l’artiste a fait plusieurs peintures et beaucoup de dessins, représentant les avions, les chars et le quotidien des tranchées Au cours d’une bataille, Léger identifie la cocarde d'un avion brisé au milieu de la boue. Titre : La Cocarde, l’avion brisé; Année : Circa 1916; Technique : Aquarelle et crayon; Dimension : 23 x 29,1 cm
Fernand Léger, La Partie de cartes, 1917
Peut se comparer à Les joueurs de skat d’Otto Dix (peintre allemand expressionniste), réalisé deux ans après la fin de la guerre en 1920. Ce tableau met en scène les “gueules cassées”, les grands blessés – ils sont nombreux - survivants de la guerre
Analyse d’un tableau : Félix Valloton (1865-1925) Titre : Verdun Analyse d’un tableau : Félix Valloton (1865-1925) Titre : Verdun. Tableau de guerre interprété, projections colorées noires, bleues et rouges, terrains dévastés, nuées de gaz.
http://www.histoire-image.org/site/zoom/zoom.php?i=922&oe_zoom=1263 Auteur : Félix VALLOTTON (1865-1925) Date de création : 1917 Date représentée : 1917 Dimensions : Hauteur 114 cm - Largeur 146 cm Technique et autres indications : Huile sur toile. Lieu de Conservation : Musée de l'Armée Paris
Contexte historique A la fin de l’année 1915,l’armé allemande entreprend une offensive d’envergure contre les troupes françaises à Verdun. Verdun apparaît comme le lieu d’une des batailles les plus inhumaines auxquelles l’homme s'est livré : L’artillerie y cause 80 % des pertes, le rôle des hommes y consiste surtout à survivre — et mourir — dans les pires conditions sur un terrain transformé en enfer. 378 000 hommes y trouveront la mort et plus de 215 000 seront blessés, souvent invalides. Dans le cadre des Missions d’artistes aux armées, Félix Vallotton (1865-1925, peintre symboliste rallié au courant nabi) est envoyé en juin 1917 près des lignes de front avec la consigne de représenter la guerre. Rentré à Paris le 23 juin et très impressionné par ce qu’il a vu, il entreprend une toile intitulée Verdun.et exécute rapidement quatorze autres toiles pour une exposition dite des « peintres aux armées » qui se tiendra en octobre 1917. Valloton, de nationalité suisse, n’a combattu sur aucun front, mais Il avait suivi l’actualité de l’offensive allemande à Verdun et noté dans son journal, en date du 29 février 1916 : « Quelle chose horrifique et splendide doit être ce coin de tuerie. »
Analyse de l’oeuvre . Tout en restant figuratif dans son principe, son tableau s’organise autour de faisceaux colorés qui s’entrecroisent au-dessus d’une terre en feu envahie par la fumée des incendies et les nuages de gaz. . Composition : les faisceaux qui représentent les nués de gaz toxiques et les impacts d’obus forment un ensemble de volumes parfaitement géométriques sur un champ dépourvu d’horizon. Au premier plan, les flammes, les blocs noirs et les nuées rouges qui se fondent sur le sol figurent les premières lignes du front. Seul élément figuratif, un monticule hérissé de pieux décrivant le « no man’s land » entre les tranchées ennemies. Couleurs : Les couleurs sont froideset contrastées. Le dégradé de bleus et de gris qui tendent à s’assombrir en nuées noires forment un univers entièrement minéral où la vie n’a pas sa place. Lumière : on note un contraste entre la luminosité des faisceaux bleus et les faisceaux noirs qui semblent menacer le paysage. . Par-delà le témoignage visuel, Vallotton a cherché à donner une image synthétique de la guerre, d’où, c’est remarquable, toute présence humaine a disparu. (http://www.histoire-image.org/site/oeuvre/analyse.php?i=922&oe_zoom=1263&id_sel=1263#sthash.CXQUXIjf.dpuf)
.Signification : Par-delà le témoignage visuel, Vallotton a cherché à donner une image synthétique, voire symbolique, de la guerre, d’où, c’est remarquable, toute présence humaine a disparu. . Réception : Ce tableau a été montré pour la première fois au public dans le cadre d’une exposition organisée en 1917 par le Ministère de la Guerre. Il était plus opportun de la part de l’artiste de suggérer la guerre, sans révéler complètement son atroce réalité.
Autres œuvres de Félix Vallotton: Le cimetière de Châlons-sur-Marne, 1917 (peint également à l’ocasion de sa mission), huile sur toile, 54 x 80 cm, Musée d'histoire contemporaine - BDIC, Paris
Félix Vallotton, (courant Nabi ou symboliste) L'église de Souain en silhouette, 1917, présenté en même temps que Verdun. Les villages et les églises en ruines, les cimetières bondés commencent font désormais partie du paysage.
En marge de la Grande guerre : Séraphine (1864 – 1942) Séraphine Louis, fille de paysans est domestique de 1881 à 1901 au couvent de la Charité de la Providence à Clermont-de-l’Oise (le nord de la France). Très mystique, elle voue un culte à la vierge qui lui aurait inspiré sa vocation d’artiste. A partir de 1906, elle travaille pour des familles bourgeoises à Senlis. En 1912, le collectionneur et critique d’art allemand Wilhelm Uhde la prend pour femme de ménage. Il découvre que Séraphine de Senlis peint. La guerre les sépare. En 1927, de retour en France, Wilhelm Uhde reprend contact avec elle et acquiert quelques unes de ses œuvres pour le musée de Cassel en Allemagne en 1928. Séraphine de Senlis peint de grandes toiles foisonnantes, avec une technique mixte complexe à base de Ripolin sur des thèmes de botanique diversifiés. Touché par la crise de 1929, Wilhelm Uhde cesse d’aider. Le 31 janvier 1932, Séraphine de Senlis est internée dans un hôpital psychiatrique à la suite d’une crise de folie. Elle meurt 10 ans plus tard Son œuvre est rattachée à l'art naïf. Elle s'est inspirée des images pieuses. Ses motifs décoratifs répétés, ses tableaux gorgés de lumière et de couleurs, sont parfois interprétés comme le reflet de son état psychique.
L’arbre de vie (1928) L’arbre de paradis (1928 – 1929)